Alors que huit de ses codétenus, accusés de fabriquer de l’Ecstasy ont été déjà exécutés, en Indonésie, Serge Atlaoui, employé pour faire de la maintenance de machines, son recours en grâce ayant été rejeté, attend lui-même le peloton d’exécution dans le « Couloir de la Mort » malgré les protestations internationales.
La Foire Internationale de Milan a ouvert ses Portes le Premier Mai, la France se frotte les mains en raison des six milliards d’Euros à empocher en échange de 24 avions « Rafale » à livrer au Qatar et, au Café des Phares®, avait lieu le conciliabule habituel, animé par Claudine Enjalbert, qui a choisi, pour en débattre, le sujet « L’ennui a-t-il un intérêt philosophique ? »
Il paraît que, (du latin, « inodiare »), c’est-à-dire, odieux, il y a deux types d’ennui, l’un, sémantique, correspondant à un sentiment de démotivation, l’autre, de nature métaphysique, recouvrant l’état d’esprit de celui qu’attend le bus le jour de grève, par exemple, Kierkegaard faisant savoir que ce désagrément est la mère de tous les maux, auquel il oppose l’oisiveté (ajournement du temps utile), et l’ennui de soi, (manque d’appétit de vivre), face à une temporalité sans contenu, un vide appelant à un intérêt pour quelque chose d’autre, propre à passer le temps.
Alberto Moravia y ajoute l’incommunicabilité, Heidegger le compare à une salle d’attente, Schopenhauer pensant, lui, que la souffrance est inhérente à l’existence, et Léopardi que l’Homme est, tout simplement, un animal métaphysique.
Où nous sommes nous baladés ?
Alors qu’il s’agissait d’Ennui, je préférerais voir Anna Karina dans Pierrot le Fou de Godard, (« Qu’est-ce que j’peux faire ? J’sais pas quoi faire ! ») mais, hélas, nous avons plongé dans l’affaire, « l’affaire de vente d’armes et avions Rafale », jugeant que « la science est athée », nous demandant si « nous sommes fatigués de l’Homme », si « l’expérience de l’ennui a un intérêt philosophique », appelant, à la rescousse, « Jankélévitch », « Moravia », et « Sartre ».
Puis, quelqu’un a jugé qu’il fallait faire une différence entre « ennui » et « les ennuis » ; « entre l’apathie et la super activité », « le solitaire, le désoeuvré et l’oisif », et même « l’ennui possessif ». Un autre participant, se disant revenu du Cambodge, affirme « pouvoir témoigner de ce qui s’y passe », un autre, revenu de nulle part, ajoute « quand je m’ennuie, je crie », un autre encore « parle du désir de se jeter dans le vide », « de l’ennui de la télé », ou « de la peur du néant, terme négatif », « le silence est insupportable pour les jeunes ». L’animatrice demandant s’il y a une différence entre ‘ennui’ et ‘savoir s’ennuyer’, quelqu’un répondit « que l’on peut en tirer parti », et quelqu’un d’autre d’ajouter « qu’il faut se jeter dans le futur », ou encore : « la diversité du faire, alors qu’il y a de la musique partout », etc., etc.
Gilles mit un terme à l’effervescence cérébrale, avec son brin de poésie s’exclamant : « Ex…Ex… Ex… Ex premier voyage… Ex première couturière… En attendant Godard…
Que faire de l’ennui ?
Athéisme : il n’y a pas d’ennuis !
Bouddhisme : quand les ennuis t’arrivent, s’agit-il vraiment d’ennuis ?
Catholicisme : si j’ai des ennuis, c’est que je les ai mérité…
Hindouisme : ces ennuis, ce sont déjà produits auparavant…
Judaïsme : pourquoi les ennuis m’arrivent-ils, toujours à moi ?
Islam : s’il t’arrivent des ennuis, la solution est dans le Coran.
Taoïsme : il se peut que des ennuis arrivent.
Témoins de Jéhovah : toc, toc, toc, voilà les ennuis !
Carlos