Les commerçants, à l’exception des restaurants, bars, cafés et certains centres commerciaux tirent leurs rideaux et réouvrent leurs portes. Le déconfinement vient de débuter le lundi 11 mai, permettant aux Français de sortir respirer l’air frais printanier. Mais non sans précautions. Certaines piqûres de rappel à l’ordre se font déjà ressentir.
Depuis lundi 11 mai, à 20 heures, nos oreilles ne perçoivent plus le bruit, le clappement, les vibrations de nos voisins qui applaudissaient chaque soir à leurs fenêtres, pendant pratiquement 2 mois, pour soutenir les urgentistes, médecins, infirmières, l’ensemble du personnel médical.
Les Français sont enfin autorisés à sortir sans attestation détaillée, sans justificatif prouvant qu’ils vont bien acheter des vivres et sans alibi exigé par la police. Mais pas sans masque. Et dans une limite de 100 kilomètres à vol d’oiseau de son domicile. Cela fait tourner la tête aux policiers qui se doivent de faire respecter cette règle primordiale pour éviter la propagation du virus d’une région à une autre. Pas de masque ? Une amende. Les maires s’activent pour faire en sorte de livrer ces protections éphémères directement chez les citoyens de leur ville, au mieux, déposés dans les boîtes aux lettres. Les pharmacies qui ont enfin été approvisionnés redoutent la rupture de stock. Mais ce que redoutent d’autant plus l’ensemble de la population française, c’est la seconde vague. Au risque qu’elle surgisse sans crier gare, et qu’elle emporte dans ses flots houleux plusieurs victimes. Jean Castex a été chargé par le premier ministre de coordonner la stratégie de déconfinement. En l’espace de 24 heures, ce mardi, 348 personnes sont décédées dû au virus. Ce qui nous rapproche des 30.000 cas (27.075 morts à l’heure actuelle). A en croire Platon, « le premier bien est la santé. ».
A en croire les médias, tout va bien, toutes les mesures nécessaires ont été prises. Le parallèle entre ce qui est dit et ce qui est fait, est flagrant. Pour le domaine de l’enseignement, Jean Michel Blanquer, Ministre de l’Education nationale a ordonné que fin mai, tous les élèves soient à un moment donné « revenus à l’école. » Car 86% des écoles vont réouvrir, soit 1,5 millions d’enfant concernés sur 6,7 millions d’écoliers.
Alors que la recherche d’un vaccin contre le corona virus progresse, mais n’est pas encore mise au point, le Ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a visité une usine dans le Nord à Annœullin. Tous avaient pris soin de porter leur masque durant toute la visite, et lors de la photo finale, tous sans exception, l’ont ôté. Dans le but que les Français puissent apercevoir leur sourire, ou pour montrer à la France entière leur inconscience face à cet acte irresponsable, alors que nous sommes toujours en état d’urgence sanitaire ? Comme disait Aristote, « le bon sens est inséparable de la prudence. »
Pendant 55 jours, les rideaux étaient tirés, les portes fermées à clés. Les coiffeurs ont pu à nouveau couper les cheveux, négligés pendant cette longue période, mais non sans précautions. Les caisses dans les supermarchés et chez les commerçants sont toutes équipées d’un plexiglas. Des marquages au sol obligent les clients à tenir un mètre de distance les uns des autres, à la caisse, ou pour rentrer dans les magasins.
L’état d’urgence sanitaire est prolongé jusqu’au 10 juillet, quatre régions (Ile-de-France, Hauts-de-France, Bourgogne Franche Comté et Grand-Est) sont toujours marquées en rouge sur la carte de France. Conséquence de cette guerre sanitaire : aucun touriste en vue sur les Champs-Elysées. Paris voit néanmoins sa population reprendre peu à peu sa mobilité, sur les routes qui étaient jusqu’à aujourd’hui désertées. Certains on en profité pour se rendre dans les grandes surfaces, achetant enfin les cadeaux des anniversaires retardés par le confinement.
Olivier Véran, ministre de la santé a rappelé qu’il fallait « vivre avec le Covid. »
Pour cette première journée, Valérie Pécresse, présidente Ile-de-France mobilités a affirmé que la journée de lundi s’était « globalement passée dans de bonnes conditions. » Pourtant, ce lundi, les métros parisiens notamment les RER étaient plein à craquer. Aucun respect des règles de distanciation, avec pour seule protection : le masque. Un manque de civisme et d’auto discipline à relever ? Oui. Car la météo clémente, le soleil rayonnant sur la capitale, ce sont des dizaines de personnes qui se sont rassemblées lundi le long des berges de la Seine et du Canal Saint Martin, bières à la main. La police n’a pas attendue pour les déloger, leur rappelant les règles quand bien même ils les auraient déjà entendues.
Le risque de ces indulgences, ces laisser passer, ce manque de rigueur ? Une seconde vague. De quoi en faire pâlir plus d’un. Mais ce sont principalement les services d’urgences qui, à peine se remettent-ils de leurs efforts procurés contre cette guerre sanitaire, cette surcharge de travail, pour sauver des vies, que déjà ils devront repartir au front. Un peu de répit, de repos, de tranquillité d’esprit ne leur serait pas refusé. Un peu de respect leur serait aussi redevable. Comme le pensait Platon : « la vie, qui a en partage la tempérance, le courage, la sagesse, ou la santé est plus agréable que celle où se trouvent l’intempérance, la lâcheté, la folie ou la maladie. » A méditer.
Carla Auque (14 mai 2020)