Débat du 19 Mai 2013: « Seul un équilibriste peut marcher sur le fil de la vie », animé par Pascal Hardy.

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Posted on 19th mai 2013 by Carlos in Uncategorized

Le 11 Mai, plus de 15.000 protestataires contre projet de l’Etat destiné à construction de l’Aéroport de Notre Dame des Landes, ont établi une ceinture humaine entourant le site. La même semaine, au Parlement de Strasbourg, on discutait en Session Plénière sur les questions énergétiques, tandis qu’au Sommet européen, le sujet à l’ordre du jour concernait l’évasion fiscale, qui s’élèverait à mille milliards d’Euros, raison de la défaillance grandissante des établissements de crédit, décidés à actionner les mécanismes de surveillance bancaire nécessaires afin d’enrayer le phénomène, et redresser des banques confrontées à des problèmes de solvabilité, aussi bien qu’à entamer des négociations commerciales entre l’UE et les USA, afin de préparer, finalement, dans la meilleure des conditions, les élections européennes de 2014, et à activer même le « fonds d’aide aux plus démunis ».

Pendant ce temps-là, au Café des Phares®, le 19-Mai 2013, le Débat du jour, animé par Pascal Hardy, portait prosaïquement sur « Seul un équilibriste peut marcher sur le fil de la vie ».

Encore une fois, il me semble qu’il y a là, méprise mais, peut-être que pour les philosophes des Phares, le but ne soit pas d’être précis, alors que la différence est aussi nette entre un short et un bermuda, qu’elle l’est entre un « équilibriste » et un « funambule ». L’« équilibriste », est celui qui garde l’aplomb dans des situations où il est difficile de le maintenir, comme lorsqu’il nous faut changer une ampoule, par exemple, debout sur une chaise, voire y « faire le poireau » s’appuyant d’une main sur le dossier et l’autre sur le siège, ou même, par analogie, garder les limites du raisonnable en ce qui concerne le budget de la Nation, entre autres.

Par contre, celui qui marche sur un fil, soit-il « le fil de la vie », on l’appelle « funambule », terme qui désigne effectivement une personne qui déambule, par exemple, sur une corde fixée en hauteur entre deux points opposés, et dont le français Philippe Petit fut l’exemple le plus fameux pour avoir traversé des grands espaces entre deux tours, en Europe et aux USA, ou même les chutes du Niagara.  

Il se trouve que, bien que nous nous donnions pour tâche d’être les gardiens du sens, pour exacerber à la hâte notre débat de ce dimanche, ce câble est devenu « le fil de la vie » sur lequel « seul un équilibriste serait à même de s’aventurer ». En gros, si vous n’avez pas la fibre d’un acrobate, équilibriste ou funambule, il vaudrait mieux être mort-né. Seul un équilibriste aurait des aptitudes pour vivre ; seul un acrobate serait à même de se débrouiller afin de mener sa vie à terme.

Puisque si l’on n’avance pas, on recule, comme d’habitude on a trouvé des arrangements et des combines conceptuelles sur lesquelles nous appuyer dans notre fuite en avant.

C’est ainsi que l’on s’est inquiétés de la « tension du fil », de « l’excès », de « l’effet papillon », « l’absence de vertige », « le but étant d’arriver au bout du fil », « métaphore de la fin du débat », « la querelle Sartre/Camus », « la nécessité dans la vie, d’aller de l’avant », « malgré ses absurdités », « s’adaptant au fil tendu par le collectif », « dès la naissance », « tel une toile d’araignée », « et mener une vie tel que celle de Van Gogh (ou d’un aventurier de sac à dos), plutôt que celle d’un employé de la SNCF», « comme le désir, le fil est fixe », « un Homme ça s’empêche », « on s’enferme dans la conformité », « on n’est pas équilibré, on le devient », « un nazi peut devenir Pape », « la vie n’est pas à construire, ça nous revient de le faire », « la gratuité du geste », « différence entre équilibre et image sous-jacente », « pourquoi sommes-nous à l’horizontal si le fil de la vie est à la vertical », « pourquoi vouloir marcher au-dessus du sol, s’il n’y a que deux hauteurs : le sol et le pied », « sauf pour le philosophe pour qui il y a trois : sol, sursol, sous sol ». La question de fond subsistait, c’est-à-dire, « Comment vivre sa vie », « savoir saisir le temps qui passe » et « les opportunités », « toute la vie n’étant pas que l’intention ou le projet, contingence ou absurdité ».

Pour conclure, l’auteur du sujet se « référa à une métaphore de base, image terre à terre qui nous a permis des élévations au niveau de l’équilibre, si connoté : rester debout et aller de l’avant », puis Gilles déclama sa poésie « entre le fil de la vie et le salaire de la peur, la solitude et l’être », …« toute la vie n’étant pas dans l’intention ou le projet », à la suite de quoi, satisfaits de la contribution apportée à l’évènement hebdomadaire et à la philosophie en général, nous avons débarrassé la salle.

- Tu sais quelle est la ressemblance entre un facteur et un équilibriste ?, demandait à l’autre, un des participants.

- Non. Je ne vois pas…

- Il faut à tous les deux, beaucoup d’adresse…

Carlos

7 Comments
  1. Gunter says:

    Cher Carlos, la philosophie n’est pas une science et encore moins une science dite à juste titre « exacte », si tu permets, mais je me trompe peut-être, que je rapproche ta demande de précision de la question de l’exactitude.
    La philosophie ne peut être exacte, car elle ne décrit pas ce qui est (l’exactitude définie comme adéquation d’une représentation de la chose à la chose décrite, représentée), mais, depuis le tournant éthique kantien (c’est la raison pratique qui gouverne les deux autres raisons, pure et esthétique), prescriptive, normative. Elle ne cherche pas l’exactitude mais la vérité qui est à faire, à inventer, à créer – au café philo : ensemble.
    La langue de la philosophie n’est pas artificielle et par conséquent univoque, comme par exemple les maths, mais heureusement plurivoque, polysémique. C’est ainsi que l’on peut lire dans le Petit Robert : « Equilibriste qui marche sur un fil de fer, sur un câble ».

    19th mai 2013 at 13 h 44 min

  2. Carlos says:

    Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Peu m’importe, cher Gunter ; le fait est que, Robert ou pas Robert, « un ‘funambule’ marche sur un fil ! C’est un artiste (de cirque, en général), héritier des danseurs de corde (ou ‘orichalciens’) du XVIII siècle », famille à laquelle appartient Philippe Petit.
    « Un ‘équilibriste’ est un artiste dont le métier consiste à faire des exercices d’équilibre, voire d’adresse, où l’équilibre est difficile à maintenir ».
    Bref, tous le funambules sont des équilibristes ; tous les équilibristes ne sont pas des funambules.

    19th mai 2013 at 16 h 22 min

  3. Carlos says:

    …et puis, parce que ça me travaille, Gunter, il me vient à l’esprit: « La vérité serait à faire? », « à INVENTER ? », comme tu le dis, ou plutôt « à découvrir »? « A-litheia »!!!! = La sincérité, la plénitude, l’authentique. C’est pas ça?

    19th mai 2013 at 17 h 46 min

  4. Gunter says:

    J’avais réagi trop vite ! En réalité il y a plusieurs sens du mot « vérité »: l’adéquation de la représentation à la chose représentée (orthothes en grec et que j’appelle « exactitude »), le dévoilement (aletheia, Heidegger), la rupture de la clôture (vérité-étonnement), la vérité à faire, en tant qu’horizon, Idéal, Etoile qui nous oriente (Castoriadis), vérité- cohérence et sûrement encore d’autres significations qui ne me viennent pas à l’esprit…
    J’aimerais seulement, Carlos, que tu ne filtres pas nos échanges selon un ou deux acceptions seulement du mot « vérité »; l’objectif primordial de la philosophie vivante (celle qui rend la Vie plus intéressante que la philosophie, pas de philo pour la philo) au café philo ne vise-t-il pas à l’elargissment/multiplication de nos filtres, à l’élargissement de notre « âme », bref à nous faire croître ? Et, en nous faisant croître, faire croître les autres, l’individuation et la socialisation se conditionnant mutuellement (Bernard Stiegler s’appuyant sur Gilles Simondon).
    Quant au funambule/équilibriste et le thème retenu, Pascal a eu raison de choisir le terme à signification plus large : « tous le funambules sont des équilibristes ; tous les équilibristes ne sont pas des funambules », comme tu remarques très justement. Et ne sommes-nous pas des équilibristes sans barre mais avec bien d’objets à tenir en équilibre en même temps ?

    19th mai 2013 at 16 h 13 min

  5. Carlos says:

    Puisque, cher Gunter, nous en sommes à « la Vérité » et à ses divers sens, « adéquation, dévoilement, cohérence, plus ‘l’étonnement’ », qui est à créer ensemble, restons-y alors un instant, faisant le détour par la « surdité », même s’il faut croire aux autres. Alors que l’écoute mutuelle a rarement lieu, comme tu l’as déjà certainement remarqué aux Phares, afin de s’insérer dans le débat, mon ami, chacun sort de son côté « quelque chose », ne serait ce qu’un film qu’il a vu, le livre qu’il est en train de lire ou un épisode télévisuel, voire mondain, ce qui fait de cet alambique un univers de surdité mixte, où il ne demeure que l’espérance de voir les ruses de la raison faire prendre la mayonnaise, usant donc de la stratégie de la pieuvre, c’est-à-dire, d’un savoir faire liée à l’intelligence pratique. Au Phares, on assiste à un jeu de miroirs où chacun s’ingénie à imaginer des sens puisés dans l’artisanat culturel ou au jour le jour. On impose le « Vrai », même s’il est absent en grec. Le terme grec pour ‘image’ (que l’on voit de ses yeux), c’est « eidolon », ce que l’on voit comme si cela était la chose même, (le vrai), alors qu’en réalité il s’agit d’un mirage.

    19th mai 2013 at 18 h 38 min

  6. Gilles ROCA says:

    Puisque La Vie ne tient qu’À un fil, seul un équilibriste peut marcher sur Le fil de La Vie, Pascal Hardy,

    « Sur Le fil dérisoire » … de La Vie, bascule … de Vincent Roca,
    À balancier, humain, nous’ Autres … funambules, équilibristes … de L’Absurde … L’inconnu,
    À La mesure … des-mesures … d’ un … connu,
    de L’Attention … Aux pas, humains’ …
    À La … tension du fil, À La … tension du pas, humain,
    sur Le fil de La Vie, qui file’… entre Les doigts … des pieds … des mains,
    Le Vertige du risque … La peur de tomber, « La pesanteur et La grâce » … sur Le chemin …
    de Simone Weil, de La Vie, surplombée, en rupture … plombée, « Le salaire’ de La peur » … sol-Air, Lâche … téméraire …
    La quête … d’équilibre’,
    Avance … prudence … que Libre fibre Vibre …
    « L’insoutenable Légèreté de L’être » ! … de Milan’ Kundera, contingente’, immanence, nécessaire, transcendance’,
    et … sens’, de L’existence …
    La marche’, en’ Avant, pro-jet … La projection,
    Esprit … Souffle’ … En-Vie … Vent … de La transformation,
    À-vide … plénitude … sollicitude … suscitée,
    et, res’-suscitée,
    Aux radicales’ … Ailes, intimes, universelles … de La Volonté,
    « citoyenne … révolution », Aérienne … L’élévation, de notre’ humanité … Gilles Roca,

    Cas-fée-Philo des Nés-nus-Phares, ces-jours … de Floréal, 19’- 5’- 2013,
    sur un fil’… haut, philo-phare … de nos jours, idéal, sur des braises, G R

    19th mai 2013 at 8 h 38 min

  7. Elke says:

    Funambule, équilibriste: peu m’importe.Ce qui s’impose à ma réflexion, c’est la notion du fil de la vie dans l’énoncé. Dans l’image proposée, la vie semble extérieure à nous, on glisse « dessus ». Sur le fil, nous craignons la chute. Mais notre vie, ne vient-elle pas de l’intérieur? Il me semble que la vie nous habite plus que nous l’habitons. la vie nous pousse à nous lever, à nous dresser. Elle oriente vers l’expansion. L’équilibriste funambule oriente le regard vers un point situé plutôt en bas, la vie nous pousse vers le haut. Se représenter toute sa vie sur un fil, cela peut engendrer un tel soucis de ne pas tomber, qu’on en oubliera de grandir. Nos efforts, sont-ils orienté vers une recherche d’équilibre ou recherchons nous l’harmonie? Mais l’équilibre fait probablement partie de l’harmonie.

    19th mai 2013 at 22 h 06 min

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