Débat du 28 décembre 2010 : « Le sens des mots » animé par Alexandra Ahuandjinou.

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Posted on 26th novembre 2010 by Cremilde in Comptes-Rendus

Au lendemain d’une sévère défaite de 59 à 16 essuyée par le XV de France face à l’Australie et qualifiée « d’insensée » par la presse, le 28 Novembre, à l’heure convenue j’étais au Café des Phares pour assister au débat dominical animé par Alexandra Ahuandjinou dont le sujet, de circonstance, était « Quel est le sens des mots ? »

Comme s’il s’agissait d’un schmilblick à faire progresser, ou tel si, pour ouvrir une porte sur laquelle est marqué « tirer » il fallait se demander longuement où est le tire-bouchon, sinon le lexique, nous étions sensés aller « nous entretenir du langage, objet du sens des mots et réfléchir sur cette faculté des Hommes de se parler » mais, comme il fut objecté que « le dictionnaire pouvait bien nous aider dans la recherche du sens, l’ennui étant qu’il le fait à l’aide d’autres mots et que, dans ces conditions, l’on pouvait tourner en rond pendant longtemps ». Il a été avancé alors que « les mots n’ont pas de sens mais qu’ils le prennent dans le langage de façon passionnelle » mais, une question étant posée : « Trouvons-nous les mots, parce que nous les pensons au fur et à mesure, ou pensons-nous avec les mots disponibles de notre fabrication ? », selon l’habitude, on se fraya un chemin à travers champs, l’un disant « que les mots sont ce que nous faisons et pas ce que nous disons », d’autres que « ‘papa’ a bien un sens », « comme l’a aussi une note de musique » et « que, comme la vie, ils naissent, vieillissent et meurent », pour « être revitalisés par le poète », car « le mot nomme les choses mais n’en est pas une ».

Enfin. Le bon sens nous poursuivait mais nous étions plus rapides, engagés devant lui dans un discours doloriste. Pourtant la limpidité des mots était parfaite, au point d’être notre seul outil d’échange, mais dans ce qui va de soi se glissent souvent des tas d’interrogations sans fin, oubliant que, parfois, il suffit de dire la même chose d’une autre façon pour que tout se débloque, car c’est très simple : comme l’index indique, les mots montrent ce qui va sans dire, cependant ce qui est, tient de ce que l’on dit et là, ça se complique. Une chose est sûre : tout le monde sait que les mots, visibles dans nos livres et taillés souvent dans la pierre, sont des unités linguistiques signifiantes définies à l’aide d’autres termes équivalents, inventés au fur et à mesure, et leur sens est de faire partie du discours, formant ainsi le socle de nos connaissances élémentaires. Ce qui reste d’indéfinissable ce sont les individus qui nous entourent et nous-mêmes ; se connaître soi-même, sauf par ses propres rêves, c’est une mission impossible car l’âme refuse le corps. Elle ne tremble pas, ne rit pas, ne travaille pas, ne baise pas et se passe de boire.

Alors. Sachant donc qu’un mot peut avoir plusieurs sens, (le propre et le figuré) et deux mots différents sont susceptibles d’avoir le même, auquel cas ils sont synonymes, il n’y a pas de raison pour s’en faire une jaunisse. Si l’on cherche ses mots, c’est parce qu’ils ne se trouvent pas forcément au bout de la langue ; du latin « muttum », ils sont des grognements. Le fait est que, n’obtenant pas de satisfaction, du Sens, une idée générale qui n’offre pas de mystère, nous sommes passés à la Signification, partant de l’étrangeté de « la tête en sandwich », une simple hyperbole, au fond ; une figure de style référenciée dans les abrégés de rhétorique qui entérinent l’emploi de la substance verbale.

Résumant. Bien qu’un nébuleux recensement de ce que nous ignorons suffirait à nous pourvoir du bon sens nécessaire pour traîner dans le terrain vague de la pensée, tel un parfum, la philosophie est un liniment (mot dont l’acception est : « substance médicamenteuse pour frictions sensibles »), obtenu à partir d’un langage spécifique et rien de plus, le but étant de persuader l’autre sans se faire niquer par lui, et notre performance « logos » hebdomadaire ressembla à un gilet de sauvetage pour « l’éthos », même si l’animatrice, qui de toute évidence avait très bien préparé son cours, a fait la classe de main de maître.

Pour terminer et bien établir la distinction entre les Mots et les Choses, je tiens à vous rappeler le poème fort connu de l’Abbé de l’Attaignant qui finit par « Madame, passez-moi le mot et je vous passerai la chose ».

Carlos Gravito