Compte rendu de la réunion publique.
Introduction :
Pascal Hardy rappelle les motivations de la réunion :
En regard du prestige du lieu, considéré comme berceau du mouvement « café philosophique amorcé par Marc Sautet, il est important de considérer le devoir qui implique cette position. Devoir d’excellence, mais aussi préserver le lien symbolique avec l’esprit de celui qui en a amorcé, par son activité, l’existence. Un renouvellement de la dimension sociale et politique, semblait essentiel aux initiateurs de la démarche. L’objectif pour les initiateurs de la démarche consisterait à faire des Phares un lieu d’expérimentation, de l’ouvrir vers l’extérieur, développer la coopération avec d’autres initiatives « café philo ». La première phase a consisté à ouvrir vers de nouveaux animateurs. Il était temps maintenant d’en tirer les premières conclusions et d’ébaucher un nouveau projet.
La réunion avait comme but d’informer les personnes intéressées de la démarche, mais aussi de donner l’occasion à ceux qui le désiraient, de s’exprimer par rapport à ce changement en cours : formuler critiques et propositions.
28 personnes ont pu prendre la parole. La restitution relativement brut de la parole des uns et des autres ci-dessus cherche à « fixer » l’évènement et donner un support pour étayer le travail de construction et peut-être de formalisation d’un projet « renouvelé ».
Cette liste repose sur les notes établies en hâte. L’auteur invite les voix injustement « déformées » de se manifester !
- Nous avons entendu en ouverture l’étonnement sur la faible utilisation d’internet pour faire la promotion du café philo (You tube, On va sortir…)
- Comment cela se fait-il que les intérêts du cafetier et son principe de réalité soient pris si peu en considération ?
- D’autres avaient du mal à comprendre le tumulte suscité par la transformation dans l’équipe d’animateur puisque l’intérêt était d’assister et de partager l’activité de réfléchir. Le rôle de l’animateur consiste, pour ce participant, à tirer le débat vers le haut et de distribuer la parole.
- Plusieurs voix ont exprimées l’irritation de ne pas avoir pu bénéficier d’une réunion préliminaire avant de se voir « infligé » le changement. Le mot « prise de pouvoir » a circulé. Le « mal » étant fait, l’avis s’est exprimé que la médiocrité des débats pouvait venir également des participants qui n’ont pas appris d’articuler la parole avec celle qui a précédée. Il serait souhaitable de pouvoir s’appuyer sur une véritable équipe d’animateur, avec une cohésion de valeur et de méthodes d’animation. Pour le recrutement, l’ancienneté et une formation philosophique semblent essentielle.
- Cette formation de l’animateur ne fait pas l’unanimité. D’autres évoquent l’importance de l’échange et qu’il ne s’agissait point d’instaurer une relation maître/élève.
- L’animation est reconnu comme difficile, tant par le cadre (locaux, nombre élevé des participants, sujet non préparé, mal formulé, micro médiocre) que par la gestion du « pouvoir » inhérente à la fonction.
- A la question du pourquoi du changement, nous avons appris que l’avis du patron de café a eu une importance : les débats lui semblaient apparemment ternes et il avait envisagé de fermer ces portes aux philosophants. La prévisibilité de l’animation par les animateurs « rodés « a pu faire fuir certains.
- Dans la définition d’une bonne animation, on propose de prendre le critère de nouvelles prises de paroles. En variant les styles d’animation, on pouvait s’attendre à satisfaire différentes sensibilités. L’animateur : architecte ou accoucheur ? Les deux mouvements pouvaient co-exister et s’enrichir mutuellement. Cette diversité pouvait protéger de l’abus de pouvoir, mais permettre aussi aux animateurs d’apprendre, de se laisser surprendre lors des interventions. Le dénominateur commun des animateurs devrait résider dans la bienveillance et l’intérêt pour l’autre.
- Un participant « animateur en province » constate les enjeux de pouvoir lié au prestige et à l’histoire et à la tradition. Il voit la nécessité de casser un rapport de force dans l’équipe d’encadrement. Les cafés philos auraient besoin de se renouveler comme tout vivant. Bien que la philo puisse être considéré comme « éternelle », il y aurait toujours à renouveler notre capacité de l’accueillir. Accueillir les autres, s’ouvrir aux autres.
- Pas d’animation canonique, dit-on. La pensée s’appuie sur la liberté. Mais cela ne voulait pas dire qu’on devait laisser animer « n’importe qui » ou passer la parole n’importe comment.
- Ce n’est peut-être pas tant la qualité de la parole que la qualité d’écoute qu’il faille développer ?
- S’agit-il de l’affrontement de deux systèmes, d’un rapport de force qu’il s’agirait peut-être de dépasser par l’émergence d’un nouveau, d’un troisième système qui intégrerait les aspects des deux autres ? On se questionne sur la légitimité de l’inquiétude. Pourquoi réformer un système qui marche ? Les Phares, ce serait un espace caractérisé par la liberté de parole. Et l’envie de faire des animateurs même sans diplôme serait recevable.
- Deux catégories de personnes : les philosophes professionnels qui vivent de la philosophie, les personnes qui vivent pour la philosophie. La philosophie aurait comme objet tout ce qu’est pensable. Comme tout être vivant, le bistro doit évoluer. L’importance résiderait dans la conduite respectueuse.
- Oui, le lieu est apprécié. On vient de loin pour assister. Mais parfois, on chercherait un peu plus de débat, de controverses. Question : pourquoi il n’y a pas d’association ?
- Etonnement du « première fois » : rien pour plaire dans ce bistrot. Locaux inadaptés, nombre important des participants, micro…. ; Et pourtant, on revient…
- Colère d’une ancienne, déçue de la dégradation de la qualité des débats. Elle voudrait trouver des pistes de réflexion, de lecture, pouvoir s’appuyer sur une équipe d’animateurs engagée dans un travail collectif. Elle relève aussi l’importance d’articuler les interventions les unes avec les autres.
- Venir aux Phares, c’est adhérer à un certain nombre de règles. Comment comprendre alors la discorde dans l’équipe des animateurs ?
- Ne pas tomber dans la lutte des classes !
- Ouverture, ce n’est pas s’ouvrir à tout et n’importe quoi !
- A été fait le constat d’une augmentation de « première prise de paroles » avec les nouveaux animateurs. Ce constat n’a pas été quantifié.
- En référence au débat ayant eu le jour même, une participante fait état de l’emergence d’une pensée collective, même sans controverse, sans l’intervention incessante de l’animateur.
- L’animateur en question profite pour dire le faible pouvoir dans ce sens donné à l’animateur dans ce lieu justement difficile à animer. La façon de faire de l’animateur dépendrait aussi de la salle, du contexte : on n’anime pas de la même manière au Phares qu’ailleurs
- Il s’agit d’apprendre collectivement à dire quelque chose quand on a quelque chose à dire ; savoir qu’on invente rien mais redécouvre éternellement.
- Connaître trop bien l’animateur provoquerait une tendance à orienter le débat.
- Les phares, espace militant à ouvrir non seulement aux philosophes mais aussi à d’autres courants de pensée ; des économistes, par exemple.
Conclusion :
Deux « écoles » semblent s’affronter : celle qui se représente l’évènement café philo comme une relation maître/classe, une autre qui voit l’espace café philo comme l’agora, espace d’échange et de partage. Dans cette constellation, la frustration se distribue dans une dynamique incessante. Et c’est peut-être cet espace de frustration que rend « le travail » possible? Les interventions mettent en relief la circularité entre l’animateur et le groupe des participants. Si certains focalisent sur les qualités de l’animateur, d’autres attirent l’attention sur la capacité des individus à respecter un « code de bonne conduite » : savoir non seulement s’exprimer, mais savoir aussi écouter, chercher à se faire comprendre, mais aussi chercher à comprendre ce que veut exprimer l’autre. Par les interventions, il nous a été rappelé la vanité de se raconter des histoires des grandeurs d’un temps passé et l’importance de ne pas se laisser s’en raconter pour être paralysé dans un temps qui n’arriverait jamais à la cheville du temps passé. Reste à dissiper les malentendus qui ont pu traverser la transcription des paroles. Que ceux et celles qui ne se retrouvent pas dans l’énumération et qui pensent avoir exprimé un élément essentiel, se manifestent !
Les amateurs de Platon ont reconnu dans cette petite conclusion les règles de la communication, formalisé par ce classique il y a bien longtemps. Eternelle, Platon ? Un débat à proposer !
Elke MALLEN
Gunter says:
« Ce qui ne se régénère pas dégénère » (Edgar Morin).
Toute institution, quelle qu’elle soit, formelle ou informelle est menacée par la loi de l’entropie, par la sclérose, voire la nécrose. Pour qu’une institution reste vivante, il est indispensable de la refonder régulièrement, de retrouver son état naissant, l’énergie des commencements ; un amour, par exemple, qui ne passe pas par de tels renouveaux, s’évente et ne survit – pour ne pas dire « végète », à la fin, que par le souvenir (mélancolique) du début magique et merveilleux…
J’ai assisté, dimanche dernier, à une telle refondation du café des Phares. En grande partie grâce aux très nombreux participants au débat qui avait précédé aux Phares (« Peut-on enseigner la sagesse ? », conduite avec efficacité, modestie et bienveillance par Georges), qui sont venus assister à cet événement imprévisible – comme tout vrai commencement, que signifierait en effet un « choc amoureux » prévisible, organisé (cf. le défaut fondamental de Mytic et d’autres « organisateurs d’événements », quel oxymore !) ?
Contrairement à mon attente et inquiétude d’un affrontement figé et donc stérile entre partisans et adversaires du « tournant » intervenu aux Phares il y a six mois, des participants passionnés par une pensée vivante (cf. Marianne Massin : « La pensée vive », essai sur l’inspiration philosophique) se sont largement appropriés l’enjeu de la réunion : comment continuer, approfondir, élargir les innovations déjà réalisées.
Dans une ambiance d’AG dans les amphis ou ateliers enflammés qui me rappelait ceux du joli mois de mai 68 (qui était, au fond, un immense café philo), beaucoup de propositions ont été formulées qu’il faudra formaliser, trier et ensuite réaliser.
J’ai été particulièrement impressionné et touché par les interventions de ceux qui insistaient sur la responsabilité des participants eux-mêmes quant à la qualité de nos échanges, qui ne devrait pas seulement reposer sur les épaules d’un animateur-guide (« Suivez le guide ! »). Combien de fois j’ai pu dire à un participant qui, après le débat, vient se plaindre : « On s’est répété, on n’a pas dit ça ou ca, on n’a pas traité le sujet, etc. », « Mais pourquoi ne tu l’as pas dit pendant le débat ? ».
Beaucoup de prises de parole traitaient de la question de la qualité des débats et des animateurs. Question délicate et difficile : comment les définir, selon quels critères ?
Mon expérience : moi-même je suis le moins bien placé pour le savoir; après certains échanges que j’anime et que je trouve « bonnes », des participants m’expriment leur déception et inversement, ceux que j’estime « réussis » ne sont pas appréciés par d’autres ou le mêmes.
La même chose quand je suis participant – ce qui m’arrive souvent, c’est toujours très instructif de voir comment d’autres font; il n’est pas rare que je ne sois pas d’accord avec d’autres dont j’estime pourtant les points de vue.
Réfléchir sur cette question et les propositions évoquées ci-dessus, nécessitera, entre autre, d’autres réunions comme celle aux Associés avant-hier. Pascal a pris l’engagement de renouveler cette initiative dans quelques mois, initiative renouvelable à mon avis, avec ce bénéfice secondaire précieux : empêcher la sclérose inéluctable de toute institution (formelle ou informelle) qui ne se ressource plus dans l’énergie, dans l’enthousiasme de son commencement. Merci Edgar Morin !
P.S. Cette réunion a été conduite avec beaucoup de sérénité, sang-froid et de « sagesse » par Pascal, ce qui a permis, à moi et à d’autres de se « lâcher » par moments ; ça fait du bien, ça aussi, et il n’y a pas eu de dégâts; bref, c’était très vivant…
10th janvier 2012 at 23 h 42 min
GODON says:
a propos des positions personnelles exprimées lors de la réunion au cafe : les associés.
j’étais présent ce dimanche matin pour m’exprimer à propos du « devenir » du café-philo au Phare.
D’entrée, je me suis vu attribuer le qualificatif de « dictateur » très brutalement par une femme qui m’a interpellé alors que je me prononçais pour une poursuite du Phare dans sa forme , mais avec plus de choix, plus de direction, moins d’éparpillement … et surtout souhaitant que les débats soient conduits par une personne qualifiée, éclairée et nous permettant de penser dans la même direction. même si nous devons tout écouter, l’animateur doit tracer une piste pour aider les participants à toucher le dommaine de la pensée de mieux en mieux et de plus en plus fort ! Le phare , ainsi, restera éclairée et éclairant…
10th janvier 2012 at 14 h 56 min
Alicia says:
Les débats étaient en effet de plus grande qualité avant le changement, parce que les animateurs et notamment Daniel avaient le mérite de pousser les réflexions des uns et des autres jusqu’à leurs derniers retranchement, avec une logique d’exigence.
Il est évident qu’à travers ce changement de vieilles querelles se sont expurgées au bénéfice des uns (Gunter, Pascal et le nouveaux animateurs), au détriment des autres ( Daniel, Gérard).
le changement n’a été rien d’autre qu’une prise de pouvoir, attribuée mensongèrement au patron, qui a permis d’éliminer purement et simplement des animateurs.
Il a été demandé pourquoi, quand bien même la demande de changement incomberait au patron, une réunion collective avec tous les concernés n’avait pas été faite.
Comment construire maintenant ,après ce coup de force reconnu par Pascal, quelque chose qui soit légitime ?
Il se peut bien sûr qu’il y ait de bons débats aux phares, mais son prestige ne peut être que dégradé par l’arbitraire du changement et le traitement qui a été réservé aux exclus d’office.
Gunter appelle cela une « révolution « ( on a celles qu’on peut)…là où les connaissances philosophiques, notamment morales, sont défigurées et ridiculisées par les agissements iniques, arbitraires et irraisonnées de ceux qui s’emparent du pouvoir en invoquant la sagesse de Morin et la régénération ?
Bien sûr, on peut mettre n’importe quelle phrase à son service en l’extirpant de son contexte et en la parant au passage d’une vérité indiscutable parce qu’elle est celle d’un philosophe reconnu.
Il ets évident que la philosophie pâtit de cette querelles de clocher et que la grandeur de sa renommée célébrée chaque dimanche devient douteuse.
10th janvier 2012 at 11 h 27 min
Gunter says:
Dans mon souvenir, l’apostrophe de « dictateur ! » (que je désapprouve) a été lancée lorsque vous disiez que l’animateur ne doit pas donner la parole à tout le monde mais seulement à ceux qui « ont quelque chose à dire ».
Est-ce compatible avec l’élément démocratique (à côté de l’élément philosophique et convivial) du café philo ? La vérité n’est certainement pas démocratique, mais sa recherche doit l’être, n’est-ce pas ?
Quant à la nécessité du développement de la philosophie dans la cité, je conseille vivement d’écouter l’émission « Répliques » de samedi le 4 février sur la République de Platon revisitée par Badiou et sa proposition de passer du « communisme » restreint de Platon au « communisme » général de « Platiou » ; les guillemets pour ne pas confondre l’idée communiste avec le « socialisme réel » (soviétique, chinois, etc.) de triste mémoire…
10th janvier 2012 at 12 h 25 min
Gunter says:
- Heureusement, qu’il n’y a jamais eu – ou rarement et c’était toujours stérile et agaçant, ça se fait surtout dans certaines pratiques, très contestables, de la consultation philosophique en face à face – de jeux de ping-pong entre l’animateur et un participant « qu’il faut pousser jusqu’à son dernier retranchement ». C’est même un principe reconnu par tous les animateurs (sauf dans des petits groupes) de ne pas se laisser entraîner dans des « dialogues jusqu’au boutistes ».
- L’exigence du patron d’un renouvellement des Phares est un fait, il suffit de lui poser la question…
- Où est le pouvoir de Pascal et Gunter, ils n’animent pas plus que les autres et les propositions d’animateurs par Daniel et Gérard sont les bienvenues – jusqu’ici leurs « proches », susceptibles d’animer ont refusé. J’espère qu’avec le temps cela changera…Faut-il ajouter que ni Daniel ni Gérard n’ont été exclus ?
- La réunion publique a eu lieu, votre commentaire s’y rapporte !
10th janvier 2012 at 12 h 52 min
Alicia says:
A mes yeux, ce n’était ni stérile ni agaçant.
La question du rôle du patron a été posée: qu’il ait eu une initiative a été démentie par Laurent et Nadia, les gérants.
Une demande de changement du patron aurait dû de toute façon être envisagée en équipe complète, sinon c’est un putsch.Quelle « légitimité « vous a empêché de le faire? D’où tenez vous cette légitimité supposée?
10th janvier 2012 at 13 h 03 min
Agnès Grün says:
Non, M. Günter, ce n’est pas ce qui a été dit par cet intervenant, M. Godon, mais que l’animateur devrait avoir la faculté de redonner la parole à quelqu’un, dont il sait qu’il aura quelque chose à répondre directement à ce qui vient d’être dit et de ne pas suivre à la lettre des règles comme le premier tour de parole, etc. qui ne sont que générales. Il va de soi que tout le monde a le droit à la parole dans un café-philo. C’est trop facile d’avoir raison contre quelque chose que personne ne prétend. Ce monsieur ne faisait qu’exprimer sa pensée, mais comme il n’était pas d’accord avec vous, Nadia, qui se veut « animatrice », a eu ce comportement odieux et violent, digne des extrémistes dans une assemblée. Nous avons été nombreux à être choqués.
Vous avez le chic de déformer les propos de autres pour qu’ils soient ensuite rejetés. Une attitude plus honnête intellectuellement serait de réfuter les vrais arguments de toutes ces personnes qui se sont manifesté contre votre projet et votre idée selon laquelle n’importe qui peut animer le café-philo. Même procédé quand vous caricaturez la position contraire, qui voudrait des débats animés de façon cohérente en disant que serait quelque chose comme « suivez le guide ». Une animation qui tire vers le haut, comme a dit l’intervenant, qui fait ressortir les enjeux et la cohérence des arguments qui s’opposent dans un débat n’a rien d’un « suivez le guide », ni « maître élève », comme disait de façon encore plus tendancieuse Elke dans les notes prises dans la réunion, qui ont étés aussi retirées (apparemment la pratique de l’effacement sélectif se généralise sur ce blog).
De la même façon, quand Alicia parle de questionner les intervenant dans ses retranchements, elle ne parle évidemment pas du ping-pong ou des dialogues « jusqu’au boutistes », il s’agit simplement du questionnement philosophique, de ne pas rester à une opinion, un tel pense ceci, madame pense cela, et ainsi de suite, mais d’aller un peu plus loin. Ce pour ça que nous venons au café-philo. Depuis quand le questionnement et approfondir les choses serait jusqu’au boutiste ?
« L’élément démocratique du café-philo », dites-vous. Mais des nombreuses personnes dans cette réunion vous on fait voir que le « comité » nommé par Pascal Hardy ne réunit que ceux qui sont d’accord avec vous. Les autres ont été refoulés, il vous l’on dit devant tout le monde, et que la responsabilité du café-philo, avant partagée par 4 animateurs, maintenant est dans les mains de deux (!), dont vous-même. Etes-vous bien placé pour parler de démocratie ?
10th janvier 2012 at 21 h 21 min
Gunter says:
« Mme Agnès Grün », désolé si j’ai mal traduit : « pousser les réflexions des uns et des autres jusqu’à leurs derniers retranchements » (sic, commentaire d’Alicia ci-dessus), par « dialogues jusqu’au boutistes »
Le mieux serait que Nadia donne sa propre version des faits, moi-même je suis sûr (mais je peux me tromper) que M. Godon préconisait en tout cas un traitement discriminatoire des participants du genre « il y a ceux qui ont quelque chose à dire et ceux qui, au fond, n’ont rien à dire ».
Mais surtout, il faut en finir avec le terrorisme du « moi seul je suis sérieux, rigoureux, moi seul je tire vers le haut, vers la vérité universelle, les autres ne le sont pas, ils restent dans l’opinion, ou plutôt, pour bien marquer que je suis philosophe : « Ils restent, ces pauvres, dans la doxa ». Il faut d’urgence (re) lire ce que dit Hanna Arendt (entre autres) sur l’opinion…
Ce qui est insupportable, « Mme Agnès Grün », c’est que certains animateurs croient que leur façon d’animer est la seule « sérieuse », » rigoureuse », « élévatrice » possible.
Personnellement – mais je ne voudrais surtout pas que tout le monde anime comme moi – , un échange philo doit surtout être fécond, stimuler l’imaginaire réflexif; surprendre, créer des moments philosophiques, c’est-à-dire des moments de rupture de clôture du système d’une vision du monde cohérente, logique, rigoureuse – les paranoïaques sont des champions de la pensée-système (cf. la critique de Heidegger de la philo –vision du monde).
Chaque façon d’animer a ses travers, ses pièges, y compris la mienne, j’en suis tout à fait conscient : privilégier dans la tension féconde (à rendre féconde pour sortir de la crispation) entre la Vie et le Concept – en quoi consiste pour moi la philosophie –, la Vie (risque d’une hystérisation de la philosophie).
Le fait de n’insister que sur le Concept, la construction d’une pensée cohérente, logique et rigoureuse (le Système)- ce qui très souvent implique en même temps un mépris de toute réflexion à partir du vécu, de l’existence et de l’expérience – ça fait trop désordre ! – risque de tomber dans l’autre piège (construction paranoïde de systèmes clos sur eux-mêmes) ; bref, il y a ceux qui sont plus « séduits » par la Vie et ceux qui le sont par le Concept, dans tous les cas il faut les tisser ensemble, certes, à des proportions différentes pour chaque animateur.
Non, n’importe qui ne peut pas animer un café philo et surtout, n’importe qui ne désire pas animer un café philo. Comme on ne fait bien que ce que l’on aime faire, il y a là déjà une première sélection décisive, et comme c’est bénévole, les « intéressés » s’abstiennent. Qu’est-ce qui reste ?
De toute façon, il n’a jamais été affirmé que n’importe qui peut animer, la liste retenue en témoigne ; reste pour moi la question abyssale : comment définir objectivement le bon animateur ? – une fois que l’on a abandonné l’idée à vrai dire assez folle que soi-même on serait le seul bon animateur, que l’on possède la seule façon valable d’animer.
Arrêtez d’invoquer la légitimité ! Quelle a été la légitimité de la « bande des quatre » dont je faisais partie et qui a été tant critiquée depuis des années ? Ont-ils été élus ? Qu’au temps de Marc Sautet, Daniel, Pascal et moi-même, le remplacions (avec d’autres, disparus depuis, je pense à Virgil, Jean-Christophe) quand il était indisponible, cela confère-t-il une légitimité ?
Les plus « légitimes », si l’on veut absolument se placer sur ce terrain, seraient, d’une part, Pascal Hardy, co-fondateur incontesté, avec Marc Sautet, du café des Phares, (cf. le livre « Un café pour Socrate ») et Pascal Ranger, propriétaire de ce café.
Pour avoir le cœur net à propos du rôle joué par Pascal Ranger, propriétaire du café des Phares, il vaut mieux s’adresser à lui personnellement au lieu de demander aux gérants.
Le texte de Elke n’a pas été censuré, il a été piraté – ce n’est pas la première fois que cela arrive, notre hébergeur du site enquête -, il sera remis le plus vite possible.
Mme « Agnès Grün », demandez donc à Daniel qui était présent à la réunion préalable à celle tenue aux Associés (cf. ci-dessus) comment ça s’est passé. Vous simplifiez, mais je comprends, vous n’étiez pas là, mais d’où tenez vous ces infos ?
10th janvier 2012 at 18 h 14 min
Walter Cipressi says:
J’ai envie d’apporter un point, le mien, par rapport à certains commentaires traitant ici de la « bonne » et « meilleure » animation philosophique à la Bastille ou de Paris.
A mon avis, il y a des animateurs de « peu » et des animateurs « honorables ». Les premiers cherchent à plaire par des discours étudiés et un extérieur composé et « étudient » pour impressionner les autres ; les seconds « étudient » aussi mais s’instruisent afin d’améliorer leur esprit.
L’humanité honorable aspire à la perfection, et l’humanité de peu à la terre ; l’homme honorable est particulièrement attaché à observer les Lois et l’homme de peu est très attiré par les faveurs. Pas un jour ne se passe sans que l’honnête homme pense à la morale et à son progrès spirituel, tandis qu’un esprit de peu (mesquin) n’envisage que sa situation personnelle immédiate.
Une petite histoire pour finir :
Trois philosophes débâtant dans les cafés, de mille et une idées, décident d’attirer à eux la foule et s’y appliquent. Le premier dit et fait dire qu’il est le meilleur philosophe à Paris ; le second, en voyant cela, décida d’enchérir et proclame : « je suis le meilleur philosophe du quartier » et le troisième s’interroge s’il faut être le meilleur philosophe du monde. Après avoir longuement réfléchi il s’installa dans un café et dit : « je suis le meilleur philosophe de la rue » ce qui lui valut l’arrivée d’un nombre important de participants, au grand dam des ses « concurrents » …
10th janvier 2012 at 19 h 02 min
Bernard Lavelle says:
C’est très lassant, M. Gorhan, vos très longues réponses, à chaque contribution, remplis à ras-bord des préjugés et des idées déformées. Et quand vous êtes à court d’arguments vous commencez à citer des séries interminables de noms de philosophes. Ca fait cultivé, n’est-ce pas ?
Mais, d’où tenez-vous que ceux qui voudraient un meilleur niveau philosophique et des débats un peu plus cohérents, s’enfermeraient dans le concept et dans la « construction paranoïde de systèmes clos sur eux-mêmes ? » Avez-vous déjà vu ça dans un café-philo ? Et qule « système », celui de Descartes, Leibniz ou Hegel ? Vous savez bien que cela n’arrive jamais dans un café-philo. Tous animateurs confondus, c’est une ouverture à des questionnements. La seule différence est la qualité, la concentration, l’intelligence de l’exercice. Et d’où tenez-vous que les mêmes mépriseraient « toute réflexion à partir du vécu » ? C’est totalement sophistique. L’animation la plus philosophique (vous savez à qui on pense) est toujours une tension entre le vécu et le concept, un dialogue. La philosophie ne parle que de la vie. Mais s’il n’y avait aucun travail conceptuel, à quoi bon parler philosophie. Le sophisme est de déformer totalement la réalité de la tendance que vous combattez, et de revendiquer comme votre voie quelque chose que tout le monde pratique, qui est l’essence même de la philosophie. L’animation la plus philo –on peut citer Daniel Ramirez mais aussi Christian Godin – fait exactement ce que vous dites faire vous, une va et viens entre les idées et le vécu, y compris d’actualité. Sauf que d’autres le font mieux que vous. C’est ça votre problème. Et c’est pour ça que vous ne le supportez pas.
Vous êtes constamment dans l’accusation : « certains animateurs croient que leur façon d’animer est la seule sérieuse, rigoureuse, élévatrice possible ». Personne n’a jamais dit ça. Vous savez maintenant très bien qu’il y a le goût pour des différentes façons d’animer, y compris la vôtre. Mais vous accusez en permanence une de ces formes, pourtant très appréciée par les participants et votre projet est de diluer ces formes d’animation plus philosophiques dans des dizaines d’animateurs qui font dans l’à peu près.
Et si vous laissiez un peu la place aux autres opinions au lieu de vouloir tout noyer dans vos réponses interminables ?
Où Agnès aura eu les informations sur la réunion exclusive ? Mais vous étiez-là vous, vous n’avez pas entendu pas moins de quatre personnes dénoncer le fait qu’elles ont été refoulées par Pascal Hardy ?
Pour finir, ce dernier, dont vous insistez sur son statut de co-fondateur, il n’est nulle part mentionné dans le livre de Marc Sautet que vous citez. Vous comptez sur le fait que le livre est épuisé peut-être pour faire passer cette énormité ? Tout le monde peut le consulter en bibliothèque. Un peu bizarre d’oublier ainsi un cofondateur, non ?
10th janvier 2012 at 19 h 12 min
Gunter says:
Cher « Monsieur Bernard Lavelle » – coucou ! qui donc se cache derrière ce pseudonyme ?- Devinez ! Peu importe finalement…
Juste ceci, le reste ne serait que répétitions inutiles, « lassantes » comme vous l’écrivez si justement :
Le livre de Marc Sautet « Un café pour Socrate » (édit. Laffont, 1995) n’est pas épuisé, je compte d’ailleurs recommencer à le proposer à l’achat aux Phares le dimanche matin ; il raconte avec talent et profondeur, les débuts, les enjeux et les difficultés de cette aventure extraordinaire qu’est la « philosophie dans la cité » et qui n’est, à mon avis, encore qu’à ses débuts. Bientôt vingt ans d’existence (en juin 2012), c’est finalement très peu.
Re-(lisez), la page 123 ; je vous en recopie deux extraits :
-« Néanmoins, je ne manquais pas de soutien [Marc fait allusion à la période qui précédait l’ouverture du premier café philo, celui des Phares]. Or, pas plus que Cagnat, ceux qui se déclarèrent partants, n‘étaient issus du milieu universitaire : Eric était photographe, Bertrand avocat, Pascal [Hardy] conseiller en informatique. Je les ai évoqués plus haut [sur le rôle de Pascal Hardy dans la création du cabinet de philosophie concomitante avec l’ouverture du café philo des Phares, cf. id., p. 54: « Pascal qui travaillait comme consultant dans une entreprise de conseil en informatique (lui aussi préparait un essai, mais de manière beaucoup plus posée, sur le concept de développement), et qui joua bientôt un rôle central dans l’organisation des prestations extérieures] ce sont eux qui m’ont aidé à m’élancer, à défendre ma cause et à établir mon programme ».
-« Je pense aussi à Gunter Gorhan. D’origine autrichienne, juriste de profession […], ce qui ne l’empêche pas d’avoir un éventail de préoccupations beaucoup plus étendu. Qu’on en juge : animateur de séminaires en entreprise, il part souvent en mission culturelle ; germaniste (sa langue maternelle est l’allemand), il est traducteur de Freud. Mais quelque chose lui manquait, que le débat du café lui a révélé (ce sont ses termes) : la controverse philosophique, libre et sans concessions, mais aussi sans argument d’autorité. C’est pourquoi, après une longue phase de « consommation », il s’est décidé de prendre part à sa mesure à la promotion de ce type d’initiative en acceptant de présider l’association ».
Monsieur « B. Lavelle », je compte sur vous pour rectifier autour de vous votre oubli ou votre erreur…
10th janvier 2012 at 16 h 03 min
Gunter says:
Ci-dessous le courriel reçu d’un participant à la réunion du 15 janvier dernier, qui m’a autorisé à le publier; entre [ ] mes commentaires envoyés à Pierre, l’auteur du texte :
Bonjour,
Je tiens d’abord à vous remercier pour ces textes et le compte rendu qui me rassurent sur l’avenir du « café philo ».
Suite à la réunion beaucoup de gens se sont posés des questions sur les intentions du propriétaire, j’ai moi même craint la perte de ce lieu qui m’est déjà cher. Mais je suis content de constater que, comme je l‘avais espéré, le patron semble juste vouloir raviver la flamme des phares.
Ayant plutôt des intérêt pour l’économie ou la politique je me suis dirigé vers le café des phares car la philosophie m’a semblé être le berceau de toute discipline. Je ne vois plus la philosophie comme une matière scolaire ennuyante, mais simplement comme le fait de penser, de remettre les choses en question, de chercher comment vivre le mieux possible ensemble dans une société déjà mal en point.
Le pouvoir des philosophes de la Grèce antique m’a particulièrement frappé, je pense qu’ils ont imprimé leur vision du monde à notre culture occidentale (et pas toujours en bien) ce qui montre bien le pouvoir et la respectabilité passé de la philosophie.
Un proche du Dalai lama a dit « l’humanité en est à l’enfance de l’esprit », aussi je pense que les choses ne sont pas figées et qu’il nous appartient d’essayer d’améliorer nos modes de vie, j’attribue donc une importance primordiale au café des phares. Je le vois comme le gardien de la pensée, un carrefour où peuvent se rencontrer les personnes en « éveil ». J’aime l’image du café comme agora moderne et je le vois aussi comme le jardin Epicurien, lieu de pensées libres et constructives ou règne l’entente entre chacun (pour ça bien sur il faut définir quelque règles et s’y contraindre ( pas question de chaines ou de guide des idées juste que chaque participant ai conscience en y entrant qu’il faut par exemple du respect et de l’écoute pour que le débat ne reste pas stérile) )… Ainsi je comprends l’envie d’écarter les « philosophants » ou autre personne ne partageant pas les désirs ou règles du café, la philosophie ne peut se contenter de mise en scène ou de rhétorique, chacun devrait chercher à faire évoluer sa connaissance et celle des autres. J’espère que les phares brilleront a nouveau comme la philosophie elle même !! On pourrait un jour rêver de voir la Bastilles remplie de gens venu par milliers parce qu’ils sentent que chaque dimanche leur apporte. L’idée est ambitieuse, mais vous l’avez dit vous même dimanche dernier « il faut pouvoir mourir pour ses idées ». [je ne peux rien y ajouter, c'est aussi mon "horizon d'attente", G.G.]
Je ne suis qu’apprenti philosophe et nouveau au café mais j’aimerais soumettre quelques idées simples en me basant sur le compte rendu et vos remarques.
- Les problèmes de matériel (comme le micro) ne devrait pas être admissible, le temps du débat est déjà trop court, je pense donc qu’une contribution annuelle d’adhésion pourrait être demandée afin de nous doter d’un budget de fonctionnement. Je comprends la polémique que cela pourrait susciter mais j’ai une vision antiphonique de l’argent, je pense qu’il ne doit pas être perçu comme but mais comme moyen d’améliorer l’existence alors rien de choquant a ce qu’il serve la philosophie et je serait fier de donner !! Bien sûr une personne n’ayant pas les moyens pourrait bénéficier exactement des mêmes droits mais ce qui le peuvent pourraient donner une somme comme 50 euros ne dégradant ainsi pas trop leur quotidien et améliorant le débat de tous. [le patron du café vient d'investir 1.500 € dans les micros, je lui demanderai de se retourner vers le fournisseur, mais compter sur l'argent du public me paraît difficile - dans d'autres cafés on a essayé et ça n'a pas marché. G.G.]
– La qualité du débat me semble elle assez difficile a améliorer sans une prise de conscience des participants. A la fois sur la qualité de l’intervention mais aussi sur le but commun de ce rendez vous dominical. (but sans doute a fixer en respectant celui du créateur.) Il faudrait peut être aussi réfléchir a la manière de « privilégier » en toute démocratie certaines personnes non pas pour leur égo mais parce que beaucoup veulent entendre leurs idées [une de mes "révélations" dans les cafés philo : la diversité incroyable des réactions par rapport à la qualité des interventions et des animations, d'où la difficulté extrême de définir LA bonne animation - ce qui est très différent en ce qui concerne les conférences, G.G.] , que les orateurs se fassent par le nombres de personnes voulant les écouter comme sur l’agora. (Bien sur j’ai conscience de la difficulté d’une telle tache d’autant qu’elle ne peut être réalisée que dans un climat bienveillant !)
- Afin d’attiser la flamme des phares je pense qu’il serait intéressant comme cela a été dit d’avoir un échange avec l’extérieur, développer la communication, les médias mais pourquoi pas aussi avec des sortes d’ambassadeurs permettant l’échange bilatéral avec d’autre café, fac ou autres… Pourquoi ne pas aussi penser à la création de stylos par exemple laissant une trace [j'avoue ne pas comprendre, l'échange avec l'extérieur est prévu par le nouveau projet, cf. le blog projetphares.blogspot.com] une invitation à revenir ou découvrir le café. Cela pourrait aussi renforcer le sentiment d’appartenance et l’envie d’avancer ensemble.
- Pour la question de l’animation qui a fait polémique je pense que la philosophie ne peut se développer que dans un climat de bienveillance comme au jardin, ainsi l’animateur ne devrait presque pas avoir à intervenir. Lors des discussion d’après café le nombre est certes bien diminué mais les sujets parfois très controversés et pourtant personne ne coupe la parole, tout le monde veut entendre avec modestie le point de vue de l’autre, simplement parce que chacun s’apprécie et se respecte. Je pense par ailleurs qu’un désir de pouvoir serait assez mal venu dans un café dont le créateur était me semble t il d’influence Nietzschiste. [point difficile : il y a des philosophes respectables pour qui la philosophie est un champ de bataille - d'idées s'entend; ce n'est pas ma vision mais je suis un "fanatique" de la diversité dans tous les domaines (biologique, psychol., artistique, spirituels, etc.), G.G.]
-La question du service et des serveurs est aussi me semble t il fondamentale on doit pouvoir travailler en symbiose et ne pas les gêner mais difficile d’envisage des solutions sans consulter le patron. Mais si des règles sont établies il serait bien d’y inclure ce problème effectivement. [absolument, G.G.]
- Enfin je voudrais revenir sur la question du choix du sujet… Comme vous l’avez écrit « La praxis philosophique est à elle-même sa propre fin » j’aimerais ajouter que vivre ensuite sa philosophie en dehors des murs du café est un grand confort de vie ! Aussi je pense que les sujets doivent être choisis pour leur capacité à susciter les questions mais que si possibles ses questions répondent à des interrogations du quotidien, que les pensées du café puissent à la fois satisfaire nos esprits mais aussi amélioré la vie de ses membres.[sinon la philosophie n'est qu'un divertissement de plus : "panem et circenses", voire un nouvel opium du peuple, c'était la plus grande crainte du fondateur, Marc Sautet, malheureusement mort trop tôt !, G.G.]
Je tiens à préciser encore une fois que je sais mon arrivé assez tardive dans ce café et je ne suis sans doute pas le plus grand philosophe alors je tenais à faire pars de mes impression mais en toute modestie !
J’ai récemment entendu une phrase que l’on attribue à Christophe Colomb :
« Rien de ce qui résulte du progrès humain ne s’obtient avec l’assentiment de tous. Ceux qui aperçoivent la lumière avant les autres sont condamnés à la poursuivre en dépit des autres. » …
Pour finir merci a ceux qui ont contribué a la création et vie de ce café qui malgré quelques choses à améliorer, est déjà un bien être pour l’esprit .
Respectueusement, Pierre
10th janvier 2012 at 19 h 29 min
Elke says:
Merci à Pierre pour sa contribution nuancée. En parlant finance, je pense qu’un petit panier pourrait circuler (un peu comme à la messe) pour que, petit à petit, un équipement meilleur pourrait être acheté. Cela nécessiterait bien entendu la structuration d’un groupe d’encadrement pour pouvoir tenir la comptabilité. Et, pourquoi ne pas utiliser l’argent récolté de façon complètement libre (ne mettant en difficulté ni les fauchés ni les avares!) pour porter les frais du site? Faire un travail de convergence des deux sites, peut-être, pour en faire un site officiel. J’apprécie d’y laisser une trace après des dimanches quand le sujet m’avait particulièrement plu ou des traces quand je n’ai pas pu assister. Un financement clairement défini, des règles de publication bien établies,, accompagné d’un comité de lecture collégiale qui veillerait à l’acceptation de ces règles des publications permettrait peut-être de couper court aux rumeurs de censure. Ce serait un beau message que de retrouver les responsables des deux sites autour d’une table pour fusionner vers un troisième site plus beau, plus riche, plus vivant….
10th janvier 2012 at 12 h 46 min
tissier gérard says:
Une petite mise au point pour éclairer ce débat du 15 janvier et qui se poursuit ici.
Je reprends le point soulevé plus haut d’une question vécue comme «abyssale »: l’objectivité d’une bonne animation ?
Mais la réponse est universelle,c’est le concept de «professionnalisme
C’est, ce qui suppose des rites de reconnaissance ou de cooptations, des diplômes, examens, concours, etc bref tout ce qui à un «effet de frontière »et aussi plus dernièrement, la « reconnaissance des acquis de l’expérience. » lorsque des éléments objectifs de passage ne sont pas acquis.
Ce professionnalisme définit ou produit un consensus invoqué et accepté par une charte , un règlèment, une loi etc les bonnes pratiques. Elles se nomment aussi les «règles de l’art »
Cela vaut autant pour la sphère professionnelle que bénévole. Il y a partoput séléction ,admission, formation intégration, reconnaissance .Cela s’appelle un statut que personne ne peut s’auto-accorder sauf à être dans une pratique illégitime, illégale ou abusive.
Evidement, ici, la réduction qui consiste à choisir 12 animateurs parmi ceux «qui veulent animer» fait fi de toute responsabilité à l’égard des personnes supposée être d’accord ou devoir subir (car le lieu ne leur appartient pas , ils n’ont aucun droit ? ) Comme si la chose pouvait potentiellement appartenir à tous et que tout le monde voulant animer serait autorisé à essayer ?
Ce serait absurde et c’est pourquoi le plan «lesphares3.00 » présenté à Pascal Ranger, parle «d’animateurs reconnus » au service d’un « engagement » qui consiste à « mettre en valeur la spécificité de l’orle d’animateur de café- philo »
Evidemment aussi s’il s’agit de faire du lieu un espace de parole et partage et d’être dans une horizontalité de bon aloi ( au sens de l’air du temps), la question d’une bonne animation ne se pose pas.
Laissons donc aux autres -les non désignés -ceux dont la lente maturation de leur posture et de leur savoir-faire laisse place à une congruence, une identité claire, à une intentionnalité dont ils témoignent par leur actes et leur parole, le droit de savoir ce qu’est une bonne animation.
Il n’ont plus a devoir la discuter car ils exercent cette responsabilité dans la durée et incarnent cette fonction dans un éventail de postures acceptées par les règles de l’art. Evidement, si on ne les sait pas ou, si définitivement tout est relatif et subjectif, comment placer un curseur sur ce qu’est une bonne animation ? Comment interpeller un acteur sur les principes qu’il assume autrement qu’en en invoquant d’autres au nom de sa subjectivité et hors, précisément, d’une position d’acteur et de pair ?
En tout cas, leur engagement dans une posture publique est ce qui en fait en autre, les hommes libres. Ils se positionnent et c’est par ce positionnement que les autres peuvent aussi se positionner .Cela participe d’une écologie de la relation. Aux autres et au monde. C’est incarner sa liberté et sa singularité dans un engagement que l’on fait sien au travers de l’institution que l’on sert.
Bien sûr, ce faisant, ils s’exposent à des critiques dont on instille soit les bruits soit la rumeur. Comme si le but d u jeu était d’être apprécié par tous alors que, selon moi en tout cas, c’est cette congruence et la transparence de leur position qui forcent le respect.
Au risque de l’espoir comme en toutes choses dans un monde de chair de passions.
10th janvier 2012 at 11 h 45 min
Gunter says:
Comment apprécier le « bon animateur » ?
« Mais la réponse est universelle, c’est le concept de «professionnalisme » vient d’écrire Gérard…
Tous les professionnels sont-ils de bons professionnels ? Suffit-il de créer une nouvelle profession pour que la qualité des nouveaux professionnels soit garantie ? Plus sérieusement : la pratique d’animer un échange philo peut-elle être comparée à une profession présupposant une sélection objective, par examens, sur dossier, concours, etc. ?
A quelle sélection « professionnelle » avait été soumis Socrate, patron de « la philosophie dans la cité » ? Il faut (re)lire Pierre Hadot sur la philosophie antique ainsi que Pierre Macherey à propos de la confusion entre philosophie universitaire et la philosophie vivante, pratique !
La philosophie, celle de Socrate et de ses contemporains était une façon de vivre, un style de vie, une posture existentielle.
A moins de réduire « la philosophie dans la cité » à des exercices de pure pensée (j’ai entendu : «l’animateur doit œuvrer en vue d’une architecture de pensée ») obéissant à la logique sous ses différentes formes et de ne pas y voir un engagement de toute l’épaisseur d’une existence – de l’animateur comme des participants –, quelle technique ou savoir-faire évaluable, objectivable pourrait faire le tri entre les futurs pros et les autres ?
D’une part, ne faut-il pas redonner toute sa noblesse à l’amatorat (Bernard Stiegler : « je suis un amateur (amare : aimer) de la philosophie »), le nom même de la philo-sophie ne renvoie-t-il pas à l’amour (en réalité, elle devrait s’appeler eros-sophie, cf. le Banquet de Platon) ? Le « vrai » philosophe est un amateur, un amoureux et non pas un pro certifié !
D’autre part, le philosophe sur l’Agora, l’animateur de « la philosophie dans la cité » n’accouche pas l’autre, les autres seulement de leurs idées ou de leurs pensées, mais d’eux-mêmes
Comment séparer les idées, ou les pensées de la totalité d’une existence ? La conversion philosophique (cf. le Gorgias et la République de Platon) implique en effet la personne tout entière, pas seulement ses « idées ».
C’est pourquoi je pense que l’animateur caféphiliste est très proche des psychothérapeutes (les philosophes de l’antiquité se qualifiaient eux-mêmes de médecins de l’âme) dont les tentatives de professionnalisation (formelle, législative, réglementaire, etc.) ont, jusqu’ici et heureusement, largement échoué…
10th janvier 2012 at 20 h 30 min