Débat du 12 Mai 2013: « Penser, c’est dire « non ». Qu’en pensez-vous? », animé par Jo Strich.

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Posted on 13th mai 2013 by Carlos in Uncategorized

En France, on travaillait à une mobilisation générale contre la construction de l’aéroport de Notre Dame des Landes, aux USA douze ans après, une nouvelle Tour, « One World Trade Center » ou « Freedom Tour » qui avec 104 étages devient la troisième plus haute tour du monde, remplaça, les Tours Jumelles détruites par attentat du 11 Septembre 2001, et au Café des Phares®, les fidèles habitués remplirent la salle pour assister au Débat du12 Mai, 2013, animé par Jo Strich, lequel choisit pour sujet de ce dimanche : « Penser, c’est dire ‘Non’. Qu’en pensez-vous ? »

Dire ‘Non’ à quoi ? Si l’on affirme que « penser est dire ‘Non’ », nous « pensons répondre ‘Non’ » ! , tout bonnement, voyons !!! Dans les Hôpitaux psychiatriques, on trouve beaucoup de patients se cognant la tête sur les murs et criant « non », « non »… sans que l’on approfondisse raisonnablement leur pensée.

Dès lors, quelque chose m’inquiète, donc. Où se trouve-t-on ? On dit « NON », parce que PENSER serait ça ??? D’où est-ce que ça sort ? Apparemment, il n’y aurait même pas d’alternative ; pas d’échappatoire ! Dès lors, pourquoi ajouter ce « Qu’en pensez-vous ? » puisque la réponse ne pourrait, logiquement, différer de ‘NON’ !!!, RIEN !!! Je ne fais que passer. Si la « doxa » a tranché, affirmant que la « Pensée  est la négation de Tout », à quoi ça sert de lui retourner la question ; de lui resservir le plat, avec ce « qu’en pensez-vous ? » Et si l’on estimait que « penser , c’est dire ‘Oui’ ? » Dire « oui » à la quête de la connaissance ? Ca se mord la queue, ce truc ! Il y a là un sophisme, un manque de rigueur qui, à mon avis, ne sied pas aux philosophes. Ce débat, aporétique, consisterait, donc, à « chercher des poux » dans la tête de son interlocuteur ? Il se trouve que ce n’est pas si simple que ça ; « Penser » c’est autre chose que de dire « Non », tout bonnement ; ça se saurait, et on en aurait des résultats plus pertinents lors des différents Référendums.

Voyons ! Si l’on détermine, tout de go, que « Penser, c’est dire ‘non’ », qu’importe dès lors l’opinion de l’autre, attendue de ce « qu’en pensez-vous ? » Je ne pense Rien ! S’agit-il de démagogie ? Faire « café philo », se creusant les méninges ? « Penser » appartient, en fait, à une autre catégorie, parmi celles définies par Aristote, et il me semble que « Etre » et « Pensée » sont le même, ontique, et ontologiquement, si l’on pense en termes d’universalité ; ces représentations n’ont point le but de « dire ‘oui’ ou ‘non’ » à une simple velléité, comme le faire « Non » de la tête de quelqu’un qui peut, éventuellement, produire le bruit métallique d’une tirelire où tintent les pièces épargnées ; on ne pourrait pas le dire, pourtant, même d’un participant, présent au Phares, qui ne s’exprimerait que par des onomatopées. Mais, pour en venir au fait, je voudrais préciser que, par définition, « penser »  ne dit rien du tout ! Muette, la faculté de juger, ne fait « ni oui, ni non », contrairement à la « Poupée de cire, poupée de son… ». « Penser », c’est Juger, établissant un rapport entre les catégories du langage par lequel on s’exprime. Dérivé du bas latin « pensare », et issu de « pendere » (peser, juger, croire), le mot « Penser » signifie, en fait, « apprécier », « estimer », ce qui va dans le sens de la détermination d’une valeur. Penser, c’est dépasser la négation, par la remise en cause d’un doute sur les certitudes établies, afin de ne pas se laisser berner. Qu’en déduire ?, me demanderais-je, plutôt, alors que le terme désigne d’ordinaire tout ce qui affecte la conscience de quelqu’un, une « activité psychique qui a pour but la connaissance », au lieu de se rapporter à des sentiments ou volitions, et se conçoit, au sens de l’entendement ou de la raison, comme faculté de comprendre d’un degré plus élevé que la perception ou l’imagination. Kant le définit par « l’union de représentations dans une conscience, caractérisant le jugement ». Dès lors, « quoi penser » de cette taciturnité, d’abord ? Puis, pourquoi en tirer, un ‘NON’ comme corollaire de toute pensée ?

C’était trop de grain pour notre moulin, peut-être… ? D’abord, tout ce que nous pensons est déterminé par une langue, qui façonne à son tour notre manière de voir le monde et de le conditionner donc, alors que l’on n’est pas emprisonnés dans les lisières de cet idiome. Celui-ci ne pose pas de limites à ce qui affecte notre conscience ; il ne réfléchit pas, et pourtant toute idée peut être exprimée par lui, même s’il s’agit là de deux réalités différentes. La langue est l’instrument par lequel la pensée s’exprime et cela n’arrive que par elle ; l’une ne va pas sans l’autre. Elles sont indissolublement liées.

Evidemment, la question a provoqué beaucoup de commentaires, allant de l’adhésion au refus, ou d’autres alternatives telles que le ‘peut-être’, le bouddhisme, à la cogitation, philosopher consistant à être ailleurs, et qu’il faut beaucoup de ‘non’ pour un ‘oui’, penser faisant appel à une capacité d’analyse qui peut nous amener à dire ‘non’ à soi, et pas rester comme un enfant devant sa glace, ainsi que d’autres remarques telles que l’évocation des anecdotes tirées de l’enfance d’Hervé Bazin dans ‘Vipère au poing’, le désarrois Nietzschéen, puis la question de savoir où placer le ‘non’ philosophique, alors que par le doute on cherche des certitudes, la ‘négation’ n’étant qu’une mise à distance, et qu’il faut ‘penser’ d’abord. On a évoqué le rapport entre le ‘oui’ et le ‘non’, ainsi que ‘le penseur qui se confond avec son image’, pour revenir aux grands philosophes, mêlés à ‘la guerre de l’Irak’, et à l’acte de courage que peut signifier le fait de ‘dire non’, et à la ‘pensée’ contenue dans un dialogue avec soi-même, alors que l’on dit oui à une chose et non à une autre ou même ‘peut-être’, afin d’avancer dans la pensée. Un autre intervenant se sentait interpellé par le ‘mythe de la caverne’ et même Hannah Arendt ou la pensée en action, puis, finalisant, une synthèse fut faite, au cours de laquelle a été mise en évidence l’ambiguïté de la langue française, sans alternative, et, si l’on dit ‘Non’, ce ne serait que pour se rapprocher de soi et du présent… après quoi, nous fumes invités à prendre la sortie.

Je pense, donc il se pourrait que « ‘je’ soit un autre » ! 

Carlos

8 Comments
  1. Gunter says:

    Le serpent de mer de la controverse : élitisme contre populisme a, une fois de plus, refait surface hier au café philo.
    Il me paraît opportun de rappeler ces lignes de Marc Sautet : « …la pérennité du débat n’allait absolument pas de soi. Sa forme libre et bon enfant laissait prise à bien des tentations qui, si elles s’étaient imposées, l’auraient rapidement condamné. En premier lieu, l’intellectualisme : la tendance à la surenchère sur le registre « sérieux ». Étant donné qu’il s’agissait de « philosophie », il importait, pensaient certains, de n’avoir affaire qu’aux concepts propresss à cettdiscipline, de barder son discours de référencesppropriées et d’invoquer Kant, Hegel, Heidegger, sous peine de sombrer dans la trivialité de la discussion de café. De n’a à accorder la parole qu’à ceux qui maîtrisent ce type de savoir, il n’y avait qu’un petit pas, qu’ils s’apprêtaient allègrement à franchir. Plusieurs orateurs, de manière chronique, intervinrent en ce sens, me reprochant de laisser dire n’importe quoi par n’importe qui…
    Il fallait donc frustrer ce clan pour donner aux autres le goût de la philosophie ». (Un café pour Socrate, p. 28 et s.)
    J’approuve l’élitisme d’un Antoine Vitez : « Je fais de l’élitisme pour tous, il s’agit de niveler vers le haut ». Encore faut-il partir du niveau du public, ne pas abuser d’un langage technique réservé aux initiés, ne pas confondre la philosophie vivante en acte ici et maintenant avec un cours d’histoire de la philosophie, éviter le « name droping », des citations sans explications si elles sont obscures, bref ne pas désirer impressionner le public par son savoir et son brio. Là réside peut-être la difficulté principale : la conversion à la philosophie vivante implique en effet une conversion psychologique, l’abandon du narcissisme infantile auquel nous avons tous, et chacun à sa façon, tant de mal à renoncer…
    Qualifier la position adverse de « populisme », d’ »élitisme » (ou d’ »idéologie », de simple « opinion » de « réactionnaire », d ‘ »utopie », etc.) sans en dire plus, ne sert qu’à la disqualifier à bon compte, sans réfléchir, sans justifier, bref sans faire de la « philosophie ». On n’arrive pas à passer du réflexe à la réflexion.
    « Si nous voulons aller à la rencontre de la pensée d’un penseur [au café philo, chacun est un « penseur »1, sinon il faudrait remplacer le café philo par une université (populaire), G.G.], il faut rendre encore plus grand ce qu’il a de grand en lui…Si nous voulons aller seulement contre la pensée d’un penseur, il faut que par cette volonté nous ayons déjà rapetissé ce qu’il y de grand en elle. Alors nous ne faisons que transposer sa pensée dans la supériorité évidente de notre savoir » (Heidegger : « Qu’appelle-t-on penser ? »).

    1 « N’importe quelle interrogation, même naïve, n’importe quelle réponse, même naïve, surtout naïve, peut avoir un sens, une dimension philosophique…Que les gens philosophent dans les cafés philo, cela ne signifie pas qu’ils soient des philosophes comme Descartes, mais cela signifie qu’ils sont capables de se poser les mêmes questions que lui » (Christian Godin in « Philos », n°67, novembre 2003, page 4).

    13th mai 2013 at 16 h 48 min

  2. Elke says:

    « Si nous voulons aller seulement contre la pensée d’un penseur, il faut que par cette volonté nous ayons déjà rapetissé ce qu’il y de grand en elle. Alors nous ne faisons que transposer sa pensée dans la supériorité évidente de notre savoir » Voilà un énoncé bien difficile à comprendre. Je suis contente de le trouver écrite ici, parce qu’à l’orale, il me paraissait plus indigeste encore. Face à la difficulté, deux solutions de facilité s’imposent: le rejet (quelle connerie !) ou l’adoption, l’adhésion sans bornes : quel penseur, puisqu’il pense même ce que je n’arrive pas à penser! La troisième voie : qu’est-ce qu’il a bien voulu dire avec ça ? Je suis « d’accord » (ce qu’il exprime s’accorde avec mon expérience, ma façon d’exprimer les choses), ou « pas d’accord (ce qu’il exprime ne résonne pas en moi, je n’arrive pas à établir un lien). Et le lien avec la quête de l’altérité évoqué par Carlos s’impose aussi à moi : comprendre l’expression orale ou écrite d’un autre que soi demande une disposition à s’ouvrir à la réalité d’un autre qui peut être différente de la mienne. Beaucoup d’écrits de philosophes viennent de la plume d’un homme dont la réalité perceptive et « expériencielle » ne peut se superposer à la réalité perçue d’une femme, par exemple! Et j’exprime face au continent de l’homme le même étonnement que Freud face au continent inconnu de la femme. Un ouvrier ayant travaillé son corps et son esprit pour résister à trente ans de travail à la chaine, doit faire un effort surhumain pour entrer dans l’univers d’un Heidegger. L’effort, aurait-t-il pu être réduit à moitié si Heidegger avait fait un petit effort à partager l’univers d’un ouvrier pendant quinze ans de sa vie pour être capable de traduire sa pensée en « langue ouvrier »? Les postures idéologiques font suite à l’abandon de l’effort à fournir de comprendre l’autre, il me semble. L’élite qui pense, l’ouvrier qui travaille…. Chacun dans son coin, chacun avec « ses vérités ». Je pense à une petite citation évoqué par Freud qui disait que la simplicité est preuve de vérité. Einstein a réduit son travail à une formule simple, accessible à beaucoup de monde et elle suscite ce sentiment du vrai, du juste, qui semble apaiser tout le monde. Certains textes des grands philosophes, épurés probablement par l’action de récriture de générations de copistes, montrent cette simplicité, il me semble. Heidegger n’a pas encore eu le privilège de cette épuration. Donc, il est un peu plus ardu d’accès, il me semble. J’ai déjà constaté que j’ai « un problème » avec les hommes de cette génération. Un jour, je vais aller à leur rencontre, peut-être…. Le café philo m’en donne envie, en tout cas.
    Dans ce débat induit par un sujet manifestement mal formulé, j’ai eu donc mon petit frisson « café philo » : quand j’ai pris conscience de l’importance de l’activité de penser non pour choisir entre oui ou non, mais pour sortir de la confusion, du chaos existentiel qui a tendance à nous enserrer, nous enfermer, nous inhiber…. Et je partage pleinement l’idée de Carlos qui propose de relier dans son compte rendu l’acte de penser au « oui » de la quête de la connaissance. N’est-ce pas un frisson délicieux que celui de l’Eureka qui peut anticiper de grandes actions ? L’action extériorisée, oui, elle obéît à l’organisation binaire, basique de la vie : je fais ou je ne fais pas. Je dis ou je ne dis pas. Et j’ai tout intérêt de savoir différer, de savoir dire non et de ne pas faire. Et c’est peut-être là le carrefour qui « sépare » la philosophie et le politique : du domaine de l’intériorité, on bascule dans le domaine de l’extériorité. Mais là, on ouvre un autre débat, n’est-ce pas ?

    13th mai 2013 at 4 h 32 min

  3. Gilles ROCA says:

    « Penser, c’est dire NON », qu’en pensez-vous ?, d’Après Alain, ( André S ), Joseph, Aux Phares,

    Pensée, La fleur du NON,
    en question, réflexion, de La Pensée, manquant chaînon ?
    Par-delà Le Oui et Le NON …
    je pense … donc’ … je contredis, « il dit NON …
    Avec’ La tête’, il dit OUI Avec’ Le cœur », Jacques Prévert, Le Cancre’, OUI / NON,
    pré carré, Vert, carré Pré Vert, il répète’, il rejette, NON,
    mot-cri, NON,
    mot-cœur, mot … dit NON,
    À L’encre … noir, Le NON,
    Le NON, « petite’ poussette … Michel Serres, on s’en doute’, il s’en sert … Le NON …
    qui est … poussette, jeter, Lever L’Ancre … du NON,
    différance … du NON,
    de L’encre … sympathique … OUI … À L’encre’ Antipathique … NON,
    philosophie du NON …
    À La philosophie, esprit critique … NON ?
    Penser … savoir dire’ NON,
    ceux qui ont su dire’ NON,
    savoir se dire NON,
    se contredire … NON ?,
    béni OUI OUI ne pense pas … Pensée bénie … NON NON !
    N’est-ce pas ? !, corps – esprit, NON …
    palpable … « NON …
    À L’intolérable ! », … Jean Cardonnel, J C, Gilles Roca … non …
    non ?!

    Cas-fée-Philo des Nés-nus-Phares, 12 mai 2013, ces-jours de Floréal – Pensée … NON ?!
    Philo – NON, Le NON phare … Le NON braise … NON flamme … spirale … chemin G R … non ? !

    13th mai 2013 at 13 h 51 min

  4. Joseph says:

    Debat au café philo des Phares, le dimanche 12 mai, animé par Joseph STRICH.
    Sujet: Penser, est-ce dire non, qu’en pensez-vous?

    Le thème a été proposé par André et j’ai eu l’honneur de l’animer.
    Certes, il n’a été qu’entamé, n’en déplaise à certains, mais aucun débat dans un café
    philo, d’une durée d’une heure trente net, ne pourra jamais aller au
    bout de la question posée, à peine en esquisser les contours. Et
    pourtant le jeu en vaut la peine…
    Quelques remarques toutefois: tout comme sagesse et philosophie, il
    faut distinguer penser et réfléchir (dire non, comme le suggère
    Michèle Scatigna), sujet pensant et objet pensé, et le non est une
    transformation (Claude Berger). . Penser c’est penser que pense
    l’autre, ou, comme dit Daniel Ramirez, adopter une attitude
    interrogative. Et Gunter d’ajouter: penser c’est « être ailleurs » (Amos
    Oz), et de préciser: l’éternel retour est une expérience de pensée. Et
    toujours du même Nietzsche: par-delà le bien et le mal ce n’est pas un
    non.
    J’ai pu constater au cours de ce débat combien en fait les
    intervenants n’ont eu cesse de se rejoindre dans une synthèse qui
    s’imposait, une affirmation philosophique qui revenait encore et
    encore, constituant la profonde signification du non. Le non de
    l’Homme révolté de Camus.
    Autre réflexion: à ceux (des anti-philosophes? pas anti-philosophie,
    mais anti-philosophes) qui se révoltent contre les références faites
    par moi et d’autres aux grands philosophes du passé, à l’histoire de
    la philosophie, et qui auraient préféré que je me contente de penseurs
    actuels, qui paraissent dans les médias, je réponds: faites donc,
    citez-les, vous qui, contrairement à moi, les connaissez bien, ce sera
    votre apport bénéfique au débat. Mais pourquoi diantre voulez-vous que
    de mon côté je m’ôte le droit de parler de ceux que je connais, que je
    dénature le débat, et que ce ne soit plus un CAFE-PHILO mais un
    CAFE-MACHIN?
    Alors, je vous dis que je continuerai à faire de la philosophie, AU
    NOM DE TOUS LES MIENS (de Socrate à… )

    Joseph STRICH

    13th mai 2013 at 18 h 01 min

  5. Alois Sandner says:

    Prions ensemble des prières de funérailles, chers camarades, vu que le Café Philo est devenu un Café des Vanités.

    13th mai 2013 at 18 h 11 min

  6. Gunter says:

    Réponse à Elke : J’ai peut-être eu tort de lire la citation de Heidegger pendant notre échange dominical, car on peut lire plus lentement ou même relire un écrit; on ne peut, en revanche, re-écouter la parole (non -enregistrée).
    A la lecture (plus lente ou relecture), ce texte me semble d’une grande clarté et d’humanité : pour comprendre les paroles d’autrui, il s’agit de les interpréter de façon bienveillante, de chercher à les valoriser, à les agrandir et non pas à les dévaloriser, à les rapetisser.
    Dit en passant, Heidegger, comme d’ailleurs Hegel et d’autres, sont beaucoup plus faciles à lire en allemand qu’en français. Personnellement, souvent, je ne comprends pas Heidegger tel que traduit en français…
    La difficulté de certains textes philosophiques n’est pas une question de génération, il suffit de lire Derrida, Deleuze, Stiegler ou Jean-Luc Nancy.
    Cette difficulté est-elle justifiée ? Elle l’est à mes yeux, si la question traitée est difficile, elle ne l’est pas si la difficulté n’est qu’un rideau de fumée pour cacher un vide de fond : « Plus je suis obscur, plus ça doit être profond et impressionner ». Mais il y a des questions d’existence, donc de philosophie qui sont difficiles par elles-mêmes, les exemples abondent. Je ne suis pas sûr que l’équation d’Einstein soit facile à comprendre,sa simplicité est purement esthétique. Elke, peux-tu expliquer simplement la relativité ?
    Un bon mot de l’ancien président de la FED (banque centrale américaine), j’ai oublié son nom : « Si on a compris ce que j’ai dit, c’est que je me suis mal exprimé ».
    Un autre serpent de mer est la question de la différence éventuelle entre pensée féminine et masculine, mais ce serait un autre sujet de débat…

    13th mai 2013 at 19 h 28 min

  7. Elke says:

    Main non, Gunter: tu n’avais pas tort de citer Heidegger, et Joseph exprime bien ce que j’en pense: ce n’est pas parce que je n’ai pas compris que cela doit d’empêcher de t’exprimer! A moi de faire un effort pour comprendre! Et le fait est que j’ai plus de facilité de faire cet effort face à un texte écrit que dans le flux de la parole parlée. Qu’on se rappelle:grâce au café philo, j’ai fini par développer de la bienveillance vis-à-vis de Nietzsche qui avait pourtant le don de m’irriter. J’ai trouvé l’ancrage de cette irritation dans mon histoire familiale, donc, j’ai appelé cela la question « générationnelle ». J’aurais pu l’appeler aussi « Les homme imprégnés par l’air du temps du 19ième ». Ils nous ont quand-même mené vers un siècle qui n’était pas facile à vivre et dont l’héritage n’était pas facile à assumer. Tu peux comprendre ça, je pense. Quoi qu’il en soit: l’affect peut être un point de départ. Tant pis pour ceux qui font de l’affect un point d’arrivée ou un point d’arrêt. En vu du temps limité dont on dispose pour faire de la lecture, nous sommes amenés à faire des choix. Ni Heidegger ni Hegel n’ont jamais été sur le haut de la pile des livres que j’avais besoin et envie de lire. Ne faut-il pas un peu de contrainte pour lire des textes au premier abord indigestes? On ne peut lire tout. Mais l’effet du café philo, c’est aussi celui-ci: donner envie de lire les textes, même indigestes, puisqu’ils servent de référence à l’un ou l’autre dans l’auditoire ou alors ils ont alimenté une controverse et nous avons besoin d’aller à la source pour se faire un opinion plus éclairé. J’entends ton conseil de le lire en allemand: la traduction transforme une œuvre, le documentaire de la dame aux éléphants nous a bien rendu visible ce fait. Pour Einstein: Je n’ai pas besoin de comprendre dans les moindres recoins la théorie de la relativité, et pourtant cette formule a transformé la vision que nous avons de notre monde. Et l’esthétisme de cette formule « me suffit ». Tout en connaissant la proximité de la beauté du vraie de celle du « mal »: la beauté n’est pas forcément assurance du « vrai ». Cela me fait penser aux propos d’Idriss qui nous a rappelé dernièrement ce fait de la proximité des extrêmes.
    Maintenant, j’aimerais bien défendre mon gout pour la chose « simple » qui n’est pas forcément le goût pour la chose « facile ». J’ai en tête un débat que tu avais animé il y a quelque temps déjà sur la grâce. Mais ce sera pour une autre fois! Le temps me tient dans son étau, il faut que je me presse pour faire ce que je voulais faire aujourd’hui …..

    13th mai 2013 at 12 h 17 min

  8. Georges TAHAR says:

    La philosophie n’est pas une discipline érudite, abstraite et difficile comme ont voulu le croire et le faire croire certains professeurs. Elle est d’abord une pratique concrète et émancipatrice qu’il s’agit de partager et de faire ensemble. Ainsi, il faut penser ces conditions concrètes et effectives de la pensée philosophique (dans les cafés philo notamment) pour comprendre comment l’espoir politique d’émancipation collective peut faire sens pour nous aujourd’hui.
    Après plus d’un siècle d’enseignement obligatoire de la philosophie, où en sommes-nous de la formation de l’« esprit critique », jugé si précieux pour faire de chacun le citoyen d’une démocratie ?
    Cette question n’est pas seulement pédagogique, elle concerne l’existence même de la philosophie : la circulation des idées est ce sans quoi la pensée n’existe pas ? sinon comme archive. Une idée reste lettre morte si elle n’est pas réactualisée par des individus vivants et curieux. Dès lors, à quoi bon se féliciter d’une richesse culturelle passée si n’est pas perpétuellement suscité un désir d’y puiser des idées qui seront pensées à nouveaux frais pour une situation donnée.
    Continuez, messieurs les professeurs autoproclamés « défenseurs de la vraie philosophie » et vous aurez bientôt écoeuré, effrayé, anéanti le gout du questionnement pour le dernier carré de ceux qui se posent la question ,
    Puis-je essayer de comprendre le monde dans lequel je vis sans avoir à passer par la Sorbonne, ses « gloires » et ses totems?

    13th mai 2013 at 22 h 23 min

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