Retour sur la fête de la philo

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Posted on 6th juillet 2013 by Gunter in Informations

Paris est une fête… de la philo
par Joseph STRICH

« Paris est une fête » (A Moveable Feast). Quand Ernest Hemingway
avait écrit ce livre sur ses années à Paris (1921-26), il ne pensait
pas qu’un jour viendrait où la Ville des Lumières aurait une fête pour
chaque chose: la fête de la musique, la fête de… et de … Jusqu’à
une Fête de la Philo, dont la première édition s’est déroulée du 25
mai au 17 juin.
Lancé au Grand Palais le jour de la Sainte Sophie et achevé le jour
de l’épreuve de philo, l’événement s’est tenu sous le patronage des
ministres Aurélie Filipetti (Culture) et Vincent Peillon (Eudcation
Nationale), et sous le parrainage de Jacques Attali, Elisabeth Badinter
et Luc Ferry, dans l’espace public, lieux et institutions de la culture
et de l’enseignement.
Temps modernes obligent: tout a été mis en oeuvre: invitations aux
hapenings, « appels à la philosophie » (« prenez la vie avec
philosophie »), medias mobilisés et canaux de diffusion mis à la
disposition de la Fête pour diversifier les appels: campagne
d’affichage urbain sur les Champs Elysées, maximes philosophiques dans
le métro (et de philosophes orientaux, chinois et indiens sur les
rames), émissions de télévision (le journal de 13 heures d’Elise Lucet
sur France 2, Paris est à Vous sur BFM Tv Business et au Field de la
Nuit sur TF1), couverture rédactionnelle dans la presse (Le Parisien),
internet et réseaux sociaux. Et même, événement inédit dans l’histoire
de la philosophie, une attachée de presse, Guilaine Depis.
Mais pourquoi donc une fête de la philosophie? Quelle a été la
philosophie de la Fête de la Philo?
C’était, explique l’éditrice et présidente du comité
d’organisation, Emmanuelle Collas, qui a conçu le projet bien avant de
réussir en 2013 à le concrétiser, « l’expression d’un désir de
philosophie, un désir de pensée ». Comment le faire vivre ce désir de
philosophie, comment renouer avec une philosophie vivante, s’est
demandée celle qui voulait une fête de la philo « qui marche dans les
pas d’une philosophie antique ». « A l’heure de la mondialisation
susceptible de faire taire toute créativité, où il est à craindre que
l’homme ne fasse plus l’histoire que sous l’emprise de l’économie,
rien ne révèle un désintérêt pour la culture ».
Dans le débat entre philosophie élitiste et populaire, c’est
Diderot qui a été entendu: « hâtons-nous de rendre la philosophie
populaire », écrivait-il déjà en 1753.
Se félicitant des initiatives philosophiques existantes, comme les
cafés philo, Emmanuelle Collas s’est proposée d’ »inventer un
rendez-vous pour cultiver et faire vivre ce désir de philosophie ».
Avec la participation non seulement de philosophes, mais aussi
écrivains, historiens, cinéastes, artistes. Avec des manifestations
variées: un ciné philo à l’entrepôt où a été projeté le nouveau film
sur Hannah Arendt (26/5) avec Daniel Ramirez, qui a par ailleurs donné
une conférence sur le thème: « qu’est-ce qu’une oeuvre d’art? ». Une
représentation d’une pièce de théâtre à la Sorbonne (Antigone, 29/5),
un philoconcert « Désirs » à la Belleviloise, un exposé sur le vin et la
philosophie à la boutique philovino, ou encore, une « terrasse philo »
en plus d’un café philo aux Phares (le mercredi 12/6), et un débat au
musée d’art et d’histoire du judaïsme le 2 juin: existe-t-il une
philosophie juive? Et pour clore « l’enseignement de la morale civile »
à la Sorbonne.
Mais rien n’aura valu la soirée d’ouverture au Grand Palais, avec 3
interventions marquantes:
– Charles Pépin, l’auteur de « la planète des sages », et de « quand
la beauté nous sauve », chroniquer à Philosophie Magazine, sur la
beauté, qui « n’est jamais superficielle.. la forme c’est le fond qui
remonte à la surface… le beau donne à penser (Kant) »;
– Olivier Pouriol, qui a rendu sensible son thème de désir et ciné
par des extraits de films: « c’est dans l’obscurité d’une salle de
cinéma qu’on est le mieux pour philosopher »… le cinéma, une manière
d’être seuls ensemble »;
– Raphaël Enthoven qui vient de publier un livre sur Proust, a
parlé avec brio de l’improvisation, « cette épreuve merveilleuse,
libre… qui n’est pas faire n’importe quoi, mais pas savoir où on
va… hasard et nécessite (étant) synonymes ».
– A quoi je réponds par une chute digne des dissertations
philosophiques, c’est-à-dire par une nouvelle Interrogation: le mal,
une improvisation banale? Mais ça c’est une autre question…

J.S.