Le debat du 18 aout 2013: « Peut-on défendre l´indéfendable », animé par Idriss Sankhon.

3 comments

Posted on 14th août 2013 by Gunter in Uncategorized

3 Comments
  1. Gabriel says:

    Robert Antelme a 26 ans en 1943 .Il choisit de combattre dans la Résistance . Arrêté un an plus tard, en juin 1944, il est déporté : prison de Fresnes, Buchenwald, Gandersheim, Dachau . Libéré, il entreprend d’écrire en 1946 un livre dont le titre est : »L’espèce Humaine » . Aucun humain ne peut en sortir . Qu’il soit S.S ou déporté .
    Dans un article de novembre 1945 il s’exprime à propos du sort pafois réservé aux prisonniers de guerre allemands sur le sol français à la Libération . C’est le témoignage d’un homme qui surmonte sa haine …..
    « Il n’y a pas de problème : le prisonnier est un être sacré parce que c’est un être livré et qu’il a perdu toutes ses chances. Si cet homme s’est rendu personnellement responsable d’actes criminels, il doit être jugé, et s’il est condamné à mort, il a des droits afférents à la règle des condamnés à mort ;
    l’exécution devant être un acte net,conséquence directe du jugement, rien ne doit être « ajouté » , et rien ne doit être subi par le condamné en marge de ce déroulement linéaire. La barbarie c’est ce que quiconque y ajoute….Les crimes du nazisme ne se qualifient pas, mais appartiennent à un genre possible de l’humanité…Seul le monde dans sa vie peut venger chaque jour ceux qui sont morts, parce que ces morts ne sont pas ordinaires; seule une victoire des idées et des comportements pour lesquels ils sont morts peut avoir le sens d’ une vengeance ; cette mort ne se mesure pas à la nouvelle mort d’ un homme, c’ est l’ avénement , le développement d’ une société et d’ un certain monde intérieur qui peuvent y répondre… Car nous sommes revenus hallucinés, et lorsque nous voyons des prisonniers allemands, nous retrouvons les mêmes nuques , les mêmes dos (que ceux des SS et des kapos ) . Il serait faux de dire que nous y restons indifférents , mais il serait sot de penser que nous sentons une tentation quelconque de nous venger sur eux, imbécile surtout de croire que ,  » plus que d’ autres  » nous pourrions avoir cette tentation . Il nous reste une stupeur, mais elle ne peut se traduire par aucun acte… Pour la victoire des notions simples de justice , de liberté , de respect de l’ homme , … en maltraitant les prisonniers de guerre ou en les laissant doucement mourir de faim, on trahit ces notions qui font le contenu le plus valable de la victoire ; … Pourquoi, revenus en France , aurions-nous changé nos idées ? Dans cet ordre, il n’ y a pas une morale de départ et une morale de retour . Il est vraisemblable qu’ une partie de l’ opinion tente de nous maintenir dans la haine , en nous  » rappelant  » ce que nous avons vécu, et soit même tentée de nous reprocher d’ essayer de la dépasser, … Il y a des fatalités que nous refusons d’ accepter parce qu’ elles nous raméneraient à la guerre, à Buchenwald, à Dachau. Aussi, aux folies de la vengeance, aux abstentions secrètes, aux lâchetés des indemnes, nous disons : non (Novembre 1945)
    Merci à Idriss d’ avoir si bien fait émerger les différentes opinions des participants : j’ en resterai, pour ma part, à celle de Robert Antelme, la lecture de  » L’ espèce humaine  » m’ en a convaincu.

    14th août 2013 at 21 h 05 min

  2. Gilles ROCA says:

    doit’- on, peut’- on défendre L’indéfendable ?, Georges Tahar, Idriss, Aux Phares,

    Le bien et Le mal, Le moral et L’immoral, indéfendable …
    cause perdue … quel(s) critère(s) ?, règle de société, de Justice, responsable’,
    État de droit … À La défense, de tout coupable,
    La défense pour tous’… tout criminel … enfer’ … tout crime monstrueux, contre L’humanité,
    Légitime … Légal, devoir, capacité … de défendre … L’indéfendable …
    L’inhumain, L’immorale’ injustice’, intime’, universelle’,
    Avec’, Au fond de soi, comme’- un … cri, personnel :
    « Justice’et Vérité … quoi qu’il doive’ en coûter ! »,
    « Témoignage Chrétien », T C,
    « Non À L’intolérable ! »,
    Jean Cardonnel,
    J C,
    Gilles Roca,
    Cas-fée-Philo des Nés-nus-Phares, 18’Août’ 2013, ces-jours de Thermidor’,
    philo-défense phare … sur d’Ardentes braises … de L’indéfendable, Justice’ À terme’-y – dort …
    G R
    *
    NÉCRO – SPIRITUALS
    Jacques Vergès’,
    … et « comme de juste’,
    Avant de passer’ À table’ »,
    « Le dernier des’ injustes »,
    À 88’Ans’, est parti « L’incurable », … ( dans La chambre’ où Voltaire’
    est parti, sans se taire, … ),
    « Le salaud Lumineux » … monstre se-crée …
    « monstre … ça-crée » …
    enfant, frère … de L’Île … de La Réunion
    ( … de Jacques Vergès’ et de Jean Cardonnel ),
    « Mansour » – Le Victorieux,
    résistant, persistant, Anti-colonialiste’, Anti-impérialiste’, Aguerri, comme’- union …
    Aventurier, joueur … « Avocat – La terreur », L’Avocat « Le plus dangereux »,
    des’ idées, Le plus courageux …
    des’ hommes … de blessure … L’homme de rupture …
    L’homme d’Aventure … de La procédure …
    romanesque … plaidoirie – Littérature … de La défense … cuisine … maître – queux,
    Antoine’ Blondin, badin : « tout Le reste … n’est que … Litre’- et – rature »,
    Gilles Roca,

    Source : Franck Johannès’, Le Monde, 17’Août’ 2013

    *

    14th août 2013 at 8 h 59 min

  3. Elke says:

    Merci, Gabriel, pour cette référence que je ne connaissais pas. Ces idées m’avaient traversée quand j’ai pu visiter une exposition qui montrait les images de l’ouverture des camps par les sauveurs américains. Je me suis arrêtée avec mon fils devant deux photos mis côte à côte : une prise avant, une prise après la fin. Les deux montraient un bourreau, une victime. On pensait avoir changé de monde en mettant à genou le monstre. Mais nous avons juste changé de rôle. Le bourreau est devenu victime, le sauveur est devenu bourreau. Et l’observateur de la photo avait de la compassion pour les victimes, et du dégoût pour le bourreau. Sauver qui? De quoi? Réflexe stupide de compassion? Compassion pour des humains qui avaient fait « ça »? Par des hommes capables de faire « ça » ? Plus de soixante ans nous séparent des « faits ». Et toujours la même difficulté de les penser. Comment cela a pu arriver? Dans la « défense » d’un acte ignoble, c’est la recherche de l’Homme et de ses déterminants. J’ai regardé avec grande émotion les extraits du procès de Nuremberg. Le travail de défense remet en travail la capacité de penser. Nous ne sommes plus impuissants, sidérés. L’étalement des débats rend consciente l’intrication de l’histoire individuelle dans un contexte plus large. Si ce travail ne peut ranimer les victimes, il permet de penser notre humanité. Plus l’acte d’un humain est ignoble, plus nous avons besoin, collectivement, d’une remise en question du système qui l’a généré. Pour ma part, je regrette profondément la fin misérable de Ben Laden qui aurait mérité un procès. Son procès équitable aurait pu marquer un retournement de notre vision du monde. Un vrai procès, et non un simulacre de procès comme pour Saddam Hussein ou Ceaușescu. On ne cherche pas à défendre l’acte ignoble, mais à travers la défense, on recherche à sauver l’Homme. Nous sommes tous concernés par ce que l’Homme est capable de faire. Et chercher à comprendre, vue notre capacité technique de destruction, c’est plus que jamais une exigence morale non pour sauver l’individu, mais pour préserver l’avenir de l’espèce humaine.

    14th août 2013 at 6 h 33 min

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