Débat du 10 Novembre 2013: « Moins d’écrans… plus de réel. », animé par Alois Sander

2 comments

Posted on 11th novembre 2013 by Carlos in Uncategorized

Tandis qu’un super Typhon, nommé Haiyan, se chargeait aux Philippines de raser des villes entières et qu’en France l’Etat empruntait des milliards pour solder une dette vieille de 18 ans, alors que, déjà privée du triple A, la note souveraine attribuée au Pays par Standard & Poor’s basculait de AA+ à AA, des ‘Opérations Escargot’ se déroulaient sur les routes du Nord de la nation traduisant le raz le bol des paysans aux bonnets rouges, d’autres débats, sur l’interdiction de l’achat des actes sexuels notamment, ou le manifeste « touche pas à ma pute » des ‘343 Salauds’ ont eu lieu au cours de la semaine, puis, le 10 novembre 2013, ce fut au Café des Phares® que Alois Sander a pris sur soi d’animer le sujet philosophique choisi : « Moins d’écrans… plus de réel ! »

Telle était l’injonction. Disons tout de suite, que « Réel », provient du latin « realis », dérivation de « res/rei », la simple « chose », tout bonnement. Dès lors, pourquoi devrait-il, le Réel, augmenter en fonction de la diminution du nombre d’Ecrans ;  en proportion inverse, donc ?

En guise d’information, un « Ecran » est aussi bien une paroi, un panneau, c’est-à-dire, un rideau, servant accessoirement à protéger, voire dissimuler, quelque chose de la chaleur, ou d’un rayonnement, comme la surface sur laquelle sont envoyées les images d’un projecteur cinématographique, de la même manière que celles des tubes cathodiques, par exemple.

Or, il semblerait que la pénurie ou exiguïté des « Etranges lucarnes » jouerait sur le « Dasein », puisque le sens de l’assertion a l’air d’insinuer que le Réel s’accroîtrait dès que la quantité (ou la taille) des Ecrans serait réduite. Les écrans ne feraient pas partie de la réalité ? D’une réalité devenue paysage, puisqu’elle est notre habitat, et que partout où il y a une caméra, observant comme l’œil d’un cyclope les rues, les halles de maison, les studios TV, les garages ou chez soi, un écran, des écrans, des milliers d’écrans se trouvent au bout de tels circuits. En ce sens, la pieuse injonction se posait là, comme un coup d’épée dans l’eau (…plus de réel !!!). Le Réel est absolu ; ni plus, ni moins. Aussi bien pour Hegel que pour Lacan, il est l’un des trois pôles de la vie psychique, avec le Symbolique et l’Imaginaire, la locution « Le réel voilé » traduisant l’impossibilité d’une connaissance objective de la réalité existant en soi.

En outre, comme substantif, Le Réel, constitue ce sentiment qu’a l’Homme de lui-même ou de son environnement, car la résistance du monde extérieur l’oblige à adopter un statut particulier classé sous trois registres : « 1) Ce qui est conforme à ce qui doit être, 2) Ce que l’on constate et n’est point douteux, puis, le cas échéant, (3) une fois ces forces abolies, l’ennui nous accablerait, nous piquerait, nous astiquerait et nous minerait comme un vers. En effet, le Réel encadre notre vie, mais ce n’est parce que l’on réduirait les Ecrans qu’il s’accroîtrait d’autant.

On s’est bien déridé néanmoins, au cours du débat et, même si « la révolution de 1789 n’a pas eu besoin d’écrans » l’injonction était de « ne pas retourner à la ‘Caverne de Platon’, dès que tout se passe aujourd’hui sur le tube cathodique ». Certes, « L’imagination et la solitude ont toujours existé », toutefois « Orwell nous met en garde contre tout débordement », ce qui n’empêche pas « la dictature de l’écran dans chaque bistro », propre à faire taire « notre conscience », sans compter avec « l’écran de fumée qui nous cache ce que l’on entend et ne doit pas lorgner », les « Face book », etc., etc.

Au final, c’était un peu comme à l’enterrement de Victor Hugo. On n’y voyait rien, mais on entendait tout parfaitement. Est-ce suffisant ?

Puis, pour terminer la séance, Gilles nous gratifia de sa poésie, concluant par l’injonction :

« -Vie, …rien ne presse ! »

 Un couple regardait la Télé, où l’on apercevait des moutons sur une verte prairie.

-Regarde, dit la femme, ces bêtes ont toutes été tondues…

- Oui, répond le mari, philosophe, au moins de ce côté…

Carlos

2 Comments
  1. Gilles ROCA says:

    moins d’écrans … plus’ de réel ?, Alois’ Sandner’ Diaz’, Aux Phares,

    projection … dans La Caverne … d’ écran Plat’- on … philosophe, sur des’ écrans …
    Virtuel(s) … réel(s) ?, du Mythe … de La République’… Audit Meetic’… et devant son’ écran,
    et devant son « Platon – repas » … Vincent Roca … ou pas’ … Internet’ …
    ou une nouvelle’ imprimerie ?, ou bien, et en miroir, Tel – écran … de fumée ?,
    glace … reflet, Vitrine’, image … de L’écrit ?, « petite’ poussette » …
    Michel Serres … de nos desseins’ … Animés’ ?,
    outil informatique … technologique … simulation de L’espace cybernétique …
    de L’esprit physique … Du-champ … numérique, de L’espace public’,
    de culture … Du-champ … communicationnel,
    et de son’ extension … Au champ relationnel, À L’univers spirituel, intime’, universel ?, …
    moyen d’existence … du Village global ?,
    nouveau corpus’ de Vie … de notre’ Amont – Aval, que nous’ Aimons, et … qu’- on’… Avale’ ?,
    en serions-nous, peut’- être, Les face’- book’- émissaires ?,
    Victimes … d’une … Pharma’- comm’… imaginaire’ ?,
    en-prise … Virtuelle … connexion réelle’ ?,
    un’ Orwell … À nos’… Ailes ?,
    écrans … radars … de Vie Accélérée … dare’- dare ?, « Médiapart » … nouvelle … presse ?,
    « Vite !, rien ne presse » …
    Vincent Roca,
    Gilles Roca,

    Cas-Fée-Philo des Nés-nus-Phares, 10 novembre’ 2013’, en ces-jours de Brumaire’,
    et de notre’ écran phare’, où … sur d’Ardentes braises … fait’ écran, brume’ erre, G R

    11th novembre 2013 at 19 h 30 min

  2. Elke says:

    En lisant Carlos, je revois la densité du sujet! Pour ma part, j’ai été happé moins par la notion du « réel » que par la discussion concernant notre rapport aux nouvelles technologies de la communication. Je suis sensible à la similitude entre ce qui s’est passé avec l’invention de Gutenberg et les mouvements actuels. L’écriture et le livre a quitté dans ce temps jadis l’austérité du monastère pour être diffusé en grande quantité à partir de l’atelier de l’imprimeur pour infiltrer la ville. Avec la diffusion du savoir, le pouvoir de l’église et de la royauté a périclité, qu’on se rappelle ! Qu’aurait été la Révolution sans la diffusion large des écrits subversifs d’un Rousseau, des pamphlets et de journaux de toute sorte ? Qu’on se rappelle comment la royauté a tenté de se servir, de contrôler ce nouvel outil que l’expression écrite « démocratisée ». Un processus lent de réglementation a eu lieu pour encadrer l’activité d’écriture public . Et nous assistons in vivo au même processus qui voudrait « limiter », réglementer la diffusion de certaines informations….. Pour protéger nos enfants de la pornographie ? Ou pour maintenir le pouvoir qui, dans notre société, n’est pas toujours dans les mains d’individus « bien catholique »? Aurions-nous intérêt de maintenir une culture du secret, du mensonge, de la langue de bois ? L’interrogation sur la qualité morale de nos dirigeants, leur sens du service : n’est-ce pas par l’accès plus facilement partagé aux informations qu’une exigence « morale » revient dans la sphère politique? Dans le temps de la mémoire médiatique courte d’il y a quelques années, les médias donnaient une place démesurée aux démagogues, aux beaux parleurs. On vote pour celui qui présente le mieux à la télé. Dans l’approche d’internet en tant que technologie de la communication, une mémoire facilement accessible se joint à la parole. Une source de vérification de la parole, une mise en critique du discours peut s’opérer facilement. Et ça, j’en suis convaincue, cela énerve plus d’un. Une nouvelle élite peut se constituer à travers internet, en marge des voies de la communication autorisée. Et je pense qu’on aura bientôt une belle récolte. Bientôt, on sera peut-être élu non sur des promesses, mais en appuie sur des compétences validées de mener un projet collectif à terme. C’est le WE, j’ai le droit de rêver!
    L’écran vu ainsi peut être considéré comme fenêtre sur le monde, le réel qui nous entoure. Et comme chacun peut ouvrir et fermer les yeux pour voir ou pour ne pas voir, chacun est encore libre d’allumer ou ne pas allumer son écran pour extraire la quantité d’information qui lui est nécessaire pour s’orienter dans le réel, dans sa vie. Mais je peux aussi transmettre de l’information, et par là, j’interviens, j’agis sur le monde.
    Une autre perception de l’écran a été abordé. « Faire écran », c’est justement mettre entre soi et le réel une barrière. L’écran en verre devient abris, cloche protectrice qui empêche le contact avec le monde. Voir la vie comme à la télé et ne pas participer. Non, justement. Grâce à Internet, nous ne sommes plus assis passivement devant la télé, à ingurgiter des nouvelles sur lesquelles nous n’avons aucune influence. Internet introduit la capacité d’agir. Donner son opinion, donner RV pour voir. Et a enfanté des premières révolutions (ex. le printemps arabes) qui étaient certainement maladroites, bousculées, inefficace dans un premier temps. Mais la toile permet aussi la création de collectifs, permet de développer des nouvelles façons de faire du commerce, d’échanger : bref, c’est un outil prometteur.
    Troisième élément dans l’utilisation du terme « écran » : trop d’information tue l’information. L’excès d’information peut se dresser devant nous comme un brouillard, un écran de fumée, nous rendre confus et incapable de prendre quoi que ce soit comme décision qui aboutirait à une action sur le réel. Cette profusion d’information nous impose une certaine discipline pour échapper à l’agitation stérile. Comment s’orienter dans ce magma ? Après l’engouement provoqué par la nouveauté qui induit parfois une conduite quasi addictive, on apprend progressivement à se servir « intelligemment » de cet outil en cherchant ce dont on a besoin, et en laissant de côté ce qui peut servir, peut-être, ultérieurement.

    11th novembre 2013 at 9 h 01 min

Laisser un commentaire