SAVOIR/CONNAITRE

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Posted on 31st janvier 2021 by Gunter in Uncategorized

Au premier abord, savoir et connaissance semblent synonymes. En réalité, ces termes renvoient à deux manières d’apprendre bien différentes, voire opposées.

On peut faire la distinction suivante entre savoir et connaissance :

le savoir, ou science, est une somme d’informations accumulées ; il peut s’acquérir et se transmettre par un enseignement, par des livres et autres moyens de communication.

la connaissance (parfois même avec un C majuscule) est la tentative d’accéder à la vérité ultime. C’est une quête de réponses aux grandes questions existentielles que l’Homme se pose. A partir de là des concepts, des notions, des théories, des idées s’élaborent. Concept et notion aussi ne sont pas des synonymes.

CONCEPT, NOTION, THEORIE, IDEE : DISTINCTION

1.- Concept, théorie, idée, notion: quelles définitions et quelles différences ? Quels sont les différents types de représentations mentales ? Quel rapport avec la réalité et la vérité ?

Le langage commun confond souvent les mots de concept, théorie, idée, notion, ou encore principe. Pourtant, ils recèlent des nuances qui nous éclairent sur le fonctionnement de notre esprit, sur notre rapport au réel, et sur notre capacité à approcher la vérité.

Voyons la définition et la différence qu’il y a entre un concept, une théorie, une idée, une notion ou encore un principe.

2.-Concept, théorie, idée, notion, principe : définitions et différences.

Définitions :

  • Un concept (du latin cum capio : “saisir ensemble”) est une construction mentale, une représentation abstraite appliquée à un objet dont on peut ainsi résumer et généraliser les caractéristiques. A noter que tout concept est associé à un mot porteur de sens : c’est un outil pour penser. Exemple : une table, une pomme, la liberté, l’unité, la dualité.

  • Une théorie est un raisonnement stable s’appuyant sur un ensemble de concepts appliqués à un domaine particulier.

  • Une idée est aussi une représentation mentale. L’idée est basée sur une perception, une pensée imaginaire ou abstraite. Mais l’idée est souvent éphémère et changeante, elle est beaucoup moins stable que le concept.

  • Une notion est un concept, mais qui a un sens moins précis et plus empirique. Exemple : la notion de temps qui passe.

  • Un principe est une cause première et absolue. Ce peut être une proposition ou un postulat de départ nécessaire pour construire une théorie.

Différences de nature :

  • Le concept est issu de la pensée raisonnable, consécutivement à un travail d’analyse et de clarification. Les concepts sont des éléments stables, les plus objectifs possibles.

  • La théorie est une pensée conceptuelle d’ensemble, raisonnable et construite à partir de concepts.

  • A l’inverse, l’idée est issue de la pensée spontanée pas toujours maîtrisée, parfois appelée mental”.

  • La notion, quant à elle, est principalement issue de l’intuition.

Concept,, théorie, idée, notion et principe sont tous issus du phénomène de la pensée et de la conscience. En philosophie, la phénoménologie est l’étude des phénomènes de la conscience et de l’expérience vécue. Le but est de faire la distinction entre la “chose en soi” et le phénomène qui se montre au sujet, et d’étudier la manière dont ce dernier se forme.

Par conséquent, la différence entre savoir et connaissance peut s’exprimer ainsi :

  • Le savoir est un acquis tandis que la connaissance est un chemin,

  • Le savoir est récitation, la connaissance est compréhension et appropriation,

  • Le savoir est affirmation alors que la connaissance est questionnement,

  • Le savoir est certitude, la connaissance est doute positif,

  • Le savoir est accumulation, la connaissance est dépouillement : Il faut apprendre à désapprendre pour reconstruire.

Il y a dans cette reconstruction, un mouvement circulaire, puisqu’il y aurait un retour sur soi, un réexamen, une réflexion avant d’agir.

3.-Les “concepts” nous rapprochent-ils ou nous éloignent-ils de la réalité et de la vérité ?

Les concepts transforment la réalité, car ce sont des procédés analytiques qui consistent en des assemblages, des associations mentales abstraites. Ainsi, le concept de “lumière” associera la lumière du soleil, la lumière d’un feu de cheminée et la lumière d’une lampe électrique, qui sont pourtant très différentes.

Les concepts sont donc une forme de simplification (les particularités sont oubliées) qui exprime une réalité différente.

Pourtant, les concepts nous aident aussi à faire le tri, à mieux comprendre le réel, à mieux accéder aux objets. Par exemple, le concept de lumière relie ce qu’il y a de plus universel dans toutes les formes de lumière. De même, le concept d’arbre définit notre rapport à l’arbre, et notre compréhension de ce qu’est ce type d’être vivant. Un animal n’a pas de rapport à l’arbre : il ne conceptualise pas « l’arbre »

Les concepts forment un réseau de relations stables avec d’autres concepts, créant un monde subtil de formes-pensées, mais pas forcément éloigné de la réalité. Par ailleurs, les concepts forment des objets de connaissance susceptibles d’évoluer : ce ne sont pas des dogmes.

A l’inverse, les idées issues du mental non maîtrisé peuvent nous plonger dans l’illusion.

QU’EST-CE QUE LA REALITE ?

Qu’est-ce que la réalité ? Définition. Quelle différence réalité/réel ? Comment sortir de l’illusion et accéder à la réalité et à la vérité ?

Celui qui cherche à savoir ce qu’est réellement le monde, cherche aussi à savoir qui il est. La question du réel ou de la réalité est donc une question ontologique, c’est-à-dire qui se rapporte à l’étude de l’être.

Par conséquent, la question de la réalité interroge notre rapport au monde : puis-je accéder au réel ou à la réalité, et si oui comment, par quels outils ? Comment contourner ce qui fait obstacle ?

On parle donc d’un rapport sujet / objet : le sujet est le moi pensant, l’objet est ce que je cherche à appréhender.

Le but est l’objectivité, c’est-à-dire saisir les choses telles qu’elles sont réellement. Cependant, il semble difficile d’appréhender le monde tel qu’il est.

Réalité : définition et différence avec le “réel.

Définition du réel : Le réel est ce qui existe en soi, indépendamment du sujet, c’est-à-dire indépendamment de sa perception ou de ses pensées. Le réel n’est pas forcément la réalité.

Définition de la réalité : La réalité est ce qu’un individu perçoit et comprend du réel. On peut distinguer :

  • La réalité empirique : ce qui existe pour nous grâce à nos sens et notre expérience. C’est la réalité matérielle.
  • La réalité intelligible : ce que nous comprenons du monde par notre pensée, notre raisonnement, nos concepts abstraits, notre réflexion (notre âme pour Platon).

Pour Platon, il convient de préférer le monde des idées au monde des perceptions, c’est-à-dire la raison à l’expérience. Cependant, Platon, dans une vision à la fois réaliste et idéaliste, ne nie pas l’existence du réel, contrairement par exemple aux philosophes du courant immatérialiste.

Du fait que nous ne pouvons pas réfléchir en dehors de nous-mêmes, la réalité est forcément un phénomène subjectif : chacun a “sa” réalité. Mais, la rencontre de la réalité et du réel permettrait-elle d’accéder à une vérité universelle, réponse à toutes les questions au sujet de Dieu, de la matière et du sens de la vie ?

Le traitement que notre cerveau réserve aux informations qu’il reçoit est lui-aussi biaisé, car soumis à une foule de limitations et de déterminismes, dont la plupart sont inconscients ; citons par exemple :

  • la génétique,
  • l’éducation reçue,
  • la culture d’origine,
  • le vécu,
  • la psychologie,
  • les conditions de vie,
  • les circonstances,
  • etc.

Notre capacité d’ouverture est limitée par notre ego, notre mental, et notre niveau de conscience.

Nous ne voyons en effet le monde que par notre propre point de vue : nos sens sont partiels, restreints, et notre capacité à percevoir est extrêmement limitée. Le principal obstacle à la réalité ou au réel est nous-mêmes.

La raison. La raison nous éloigne de l’illusion de nos perceptions. Mais elle a pour seul but la recherche de la vérité : elle réduit le réel à la vérité. Autrement dit, la raison crée un monde abstrait régi par des lois scientifiques et logiques, c’est-à-dire un univers “construit” qui ne correspond qu’à un certain niveau du réel.

La raison ne suffit pas à elle seule, la connaissance de soi pouvant être un obstacle à la réalité, il est essentiel de nous connaître pour lever les voiles.

La tolérance. Pratiquer la tolérance, c’est reconnaître qu’une part de la vérité nous échappe. C’est écouter, s’ouvrir à d’autres points de vue et expérimenter sans préjugé. C’est comprendre, apprendre et libérer le potentiel de son intelligence et de son intuition.

Ainsi se développent les illusions, les croyances et les superstitions, qui ne sont qu’obscurcissement et aveuglement, et qui aboutissent à entrer en conflit avec ceux qui ont des croyances différentes.

DIFFERENCE ENTRE VERITE ET REALITE

Quelle est la différence entre vérité et réalité ? Définitions philosophiques. Pourquoi la vérité n’est-elle pas forcément la réalité ?

La connaissance de la vérité et de la réalité sont des problématiques centrales en philosophie. Or, vérité et réalité sont des notions qui se recoupent mais ne se confondent pas :

  • la vérité touche à la logique et à la raison,

  • la réalité touche aux choses, c’est-à-dire à la matiè

Différence entre vérité et réalité : définitions philosophiques.

La vérité désigne un discours valide, juste, conforme. Mais conforme à quoi ?

La vérité peut être définie comme ce qui est conforme à la réalité, perçue ou objective. Mais elle peut aussi désigner ce qui est conforme à la logique, à l’intuition, à la conscience, à la morale, à l’opinion commune, à des croyances ou des convictions propres (dans une vision relativiste, la vérité peut en effet être personnelle),ou à plusieurs de ces éléments à la fois.

Existe-t-il une « vérité ultime » à atteindre ?

Bien que la vérité ultime soit difficile à définir et à atteindre, on distinguera plusieurs types de vérités :

  • la vérité logique : construite sur un raisonnement abstrait, irréfutable mais risquant d’être “hors-sol”,
  • la vérité scientifique : elle s’appuie sur des preuves expérimentales ; mais l’histoire a montré qu’il n’y avait pas de vérité scientifique définitive,
  • la vérité révélée : c’est le dogme religieux, la foi, ou encore la révélation intérieure intuitive.

L’homme-sujet étant dans l’incapacité de saisir la réalité telle qu’elle est, la vérité se cantonne souvent à la logique. On en arrive à une distinction de plus en plus marquée entre vérité et réalité :

  • la vérité concerne le rapport à la logique : un discours est jugé vrai ou faux,
  • la réalité concerne le rapport aux choses : les choses sont réelles ou non, existent ou n’existent pas.

Le risque est qu’un fossé de plus en plus grand se creuse entre vérité et réalité : par exemple, un discours peut être vrai sur le plan logique, tout en étant totalement déconnecté de la réalité. Le raisonnement peut donc se perdre et s’éloigner du terrain.

Qu’est-ce que la réalité ?

Distinguons la réalité du réel :

  • le réel est ce qui existe en soi, indépendamment du sujet, c’est-à-dire indépendamment de ses perceptions et de ses pensées,
  • la réalité est ce qu’un individu perçoit et comprend du réel. On distingue :
  1. la réalité empirique : c’est ce qui existe pour nous à travers nos sens, notre expérience, bref nos rapports avec la matière,

  2. la réalité intelligible : c’est ce que nous comprenons du monde par notre pensée, notre raisonnement, nos concepts abstraits.

Peut-on réconcilier vérité et réalité ?

Possible en évitant :

a) le relativisme, qui consiste à dire que chacun perçoit sa réalité et peut créer sa propre vérité,

b) le dualisme, qui consiste à séparer vérité et réalité.

Le philosophe devrait adopter une définition équilibrée de la vérité, selon laquelle le discours vrai doit être probant à la fois sur le plan rationnel et sur le plan empirique.

La voie de la sagesse.

Pour conclure, arrêtons les définitions suivantes :

  • le réel est le monde tel qu’il est, indépendamment de l’observateur,
  • la réalité est le monde tel qu’il apparaît aux yeux de l’observateur,
  • le vrai est l’ordre du cosmos, indépendamment de l’observateur,
  • la vérité est ce que l’observateur saisit de l’ordre du cosmos.

Le sage comprendra qu’il ne peut y avoir d’écart entre le réel et le vrai : l’ordre du cosmos exprime une perfection à la fois spirituelle et matérielle, les deux aspects étant indissociables.

A l’inverse, sur le plan individuel, il peut y avoir un écart entre réel, réalité, vrai et vérité.

Pour limiter ces écarts, le sage devra plonger en lui-même afin d’identifier les causes de ses illusions. L’introspection l’amènera à visiter son psychisme pour extraire ce qui fait obstacle à l’expression de la part de son être profond censé atteindre l’universel.

Dépouillé de ses préjugés, de son ego et de ses conditionnements, le sage se réconciliera avec toute chose. Il découvrira le réel en lui comme une évidence : il fait partie d’un Tout qui le dépasse.

Marie-Noëlle Douin, janvier 2021

EDUQUER

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Posted on 31st janvier 2021 by Gunter in Textes

EDUQUER : vient du latin « educare » signifiant « instruire », « élever ».  Or, ces 2 définitions ne sont pas synonymes, car elles indiquent 2 actions différentes :

« Instruire » (qui relève de l’intellect) et « Elever » (qui relève de la sensibilité. Il y a une nuance à ajouter qui me semble fondamentale. De mon point de vue : « instruire » permet l’enracinement dans la matière, alors que « élever » permet de faire sentir ce qui nous dépasse et nous élève vers des valeurs universelles plus hautes, plus fines, en apparence invisibles.  Il y a là un double mouvement :

- un mouvement horizontal : instruction des savoirs (philosophiques, scientifiques, historiques, artistiques…) enseignés dans les écoles et liés à l’espace-temps terrestre, donc de l’ordre du visible ;

- un mouvement vertical : élévation, d’ordre spirituel, soit la saisie intuitive des processus interconnectés et corrélatifs entre le monde visible et le monde invisible, le monde extérieur et le monde intérieur.  En conséquence, notre champ de vision s’élargit et s’agrandit.  Notre comportement se transforme selon les niveaux de conscience.  Il y aurait donc une amélioration, un enrichissement.  Le but de l’éducation a pour objectif l’épanouissement de l’être dans sa triple dimension : physique, psychique, spirituelle.  En principe, l’éducation commence dans la famille et se poursuit dans les écoles, la société. Le rôle des parents serait de guider et d’inviter l’enfant à trouver son propre chemin et à en faire l’expérience par lui-même.  Il n’y a donc pas d’opposition entre instruire et élever qui se distinguent, mais une coopération pour la réalisation de soi, un soi unique en relation avec tout ce qui vit, de manière « équitable« , c’est-à-dire « juste« .  Il y a une sorte d’équilibre, d’ajustement, entre raison et sensibilité qui s’effectue.

Le vrai problème, ou plutôt la solution, serait de défaire l’écheveau de nos pensées, entretenu par l’ensemble de l’humanité et devenu inextricable.  Et pourtant… ce serait  plus facile – que l’on ne se l’imagine – de s’en défaire ! Il suffit de « vouloir », de reformuler le  postulat de base :  « Ce n’est pas la matière qui crée la vie, mais la vie qui anime la matière« .  A partir de là, tout devient lumineux et les retombées se manifestent tout autrement et s’ancrent dans toutes les activités humaines.  Notre vision de la Réalité change. En appliquant, en concrétisant cette nouvelle perception, nous en voyons les effets, les conséquences.

Mais la simplicité de cette réorientation semble « utopique » pour beaucoup, voire même un « idéal irréaliste » ou « ennuyeux » pour bien d’autres.  Mais c’est le prix de la liberté de choix (libre arbitre et responsabilité personnelle).  Il n’y a là rien de mystique !

Marie-Noëlle Douin, janvier 2021