« Faut-il ? » Après les impressionnantes manifestations de Jeudi 23 Septembre, au cours desquelles les travailleurs de tout le pays se sont dressés contre les initiatives de ses dirigeants, telle a été la question posée, le dimanche 26 aux Café des Phares, comme thème du débat hebdomadaire, animé par Sylvie Pétin ce jour-là.
Comme s’il le fallait, on aura tout entendu, allant du « ces deux mots questionnent le bonheur et la liberté d’être heureux » au « on en meurt de religion, aujourd’hui ; essayons de penser sans Dieu », en passant par « faut-il falloir », « il s’agit de l’intériorisation d’un sur-moi », « de la suggestion d’un espace de liberté », « de la délivrance d’un nœud qui traverse toute l’histoire de la pensée », « de quelque chose qui provoque l’action à l’instar du ‘I have a dream de Luther King », « de la question de la légitimité par rapport à la liberté, qui doit s’effacer », et même « d’une autorité cachée en nous ».
Enfin, nous nous sommes, comme souvent, mis à emboîter des choses et, dans de tels cas, c’est inutile de faire appel à Kant, à Spinoza, à Descartes, Lévinas ou autres avatars, pour se dépatouiller ; on ne s’en sort pas. En effet, la nécessité est inflexible mais n’existe pas dans le chaos de nos sensations ni dans celui des choses « en-soi ». Le réel est vivant, a une histoire singulière et, dès lors, il ne dépend pas d’un prétentieux « il faut ou faut-il ? » qui nous obligerait, mais relève plutôt du hasard, une contingence.
Voyons ! Faut-il (nécessairement) « travailler plus pour gagner plus » ? Faut-il (fatalement) « travailler plus longtemps parce que l’on vit plus longtemps » ? Drôle de dilemme, vicié par une contradiction introduite dans un « falloir » aux nécessités hypothétiques auxquelles rien ne s’impose et il serait plutôt judicieux de se soustraire.
Eh ben ! Dès que la pensée est ainsi invitée à réfléchir sans conjecture ou à opter entre deux prémisses contraires du genre « la bourse ou la vie », on appelle un tel raisonnement « syllogismus cornutus » et un de ces exercices est resté célèbre dans les annales : « Ou bien il faut philosopher, ou bien il ne faut pas philosopher ; s’il faut philosopher, il faut philosopher, or s’il ne faut pas philosopher, pour démontrer qu’il ne faut pas philosopher, il faut encore philosopher ». Ça n’arrête pas.
Conclusion. On tourne en rond jusqu’à la fin des temps. On est là pour ça et, dès qu’il y a Question, on s’en fait même un devoir. Or, s’il y a devoir, c’est qu’il y a une obligation éthique préexistante, une sorte de perpétuel lien intellectuel ou contrat moral, une dette qui s’accumulerait sans coupable mais s’imposerait à tous inexorablement ; une espèce de loi intériorisée en tant que vérité « sine qua non », sur laquelle s’assiérait la nature de chacun et qui l’autoriserait à exprimer tout ce qu’il veut, cette touchante expérience sursoyant à une noria d’angoisses, de dévalorisations ou de honte que l’idée de faute implique.
Pour finir, il me revient que « Faut-il ? » n’est pas sans rappeler le « Doit-on ? », dilemme des moines de Tibhirine : « Faut-il partir en raison de la menace de mort qui pèse sur nous, ou doit-on rester et accomplir la mission que nous nous sommes donnés ? » Ils ont pris le parti dont Jules César a fait un précepte moral : « Navigare necesse est, vivere non necesse ! », Naviguer est nécessaire, vivre ne l’est point.
Carlos Gravito
GEORGES TAHAR says:
Deux petits mots… « Faut-il ? » Dérouler deux heures de discussions sur ces deux mots relèverait de la gageure, si l’animateur n’était Sylvie Pétain. Et nous laisser repartir en « désagrégés de philosophie pour mieux brouiller les cartes, c’était, semble-t-il, le but de Sylvie, et on peut lui dire : objectif atteint !
Car je suis sorti de ce débat « désagrégé » de philosophie et plein de doutes et de questions après avoir écouté les uns et les autres.
Le sujet était-il « Il faut » ou « Faut-il ? » ? De toute manière, ayant vite fait le tour de il faut, nous avons revu toutes les harmoniques « faut-il, faudrait-il, il faudrait »… Mais comme la plus belle fille du monde, le sujet ne pouvait offrir que ce qu’il avait.
Socrate a-t-il été le plus grand manipulateur de l’histoire ? Etrange question et pourtant très pertinemment soulevée par Alfred de la manière suivante : Socrate, comme tout manipulateur, n’a-t-il pas cherché à amener ses interlocuteurs là où il voulait en leur faisant croire qu’ils y arrivaient par leur propre raisonnement ? C’est la thèse d’Alfred, en tous cas, qu’une question certes donne un choix mais dans la direction et l’espace définis par le questionneur.
Les sujets de débat ont-ils un sexe ? Certaines participantes le pensent qui pensent et disent que c’est un sujet qui ne peut être proposé que par une femme, pour exprimer les rapports du couple tels que les définissent les hommes. Freud, au secours, elles sont devenues folles !
Dieu a-t-il droit d’asile dans un café philo ? C’est au sujet de la discussion du « il » de faut-il que la question a été soulevée. Quelqu’un ayant assimilé ce « il » à une transcendance bien au-delà du nous ou de la société, Sylvie a immédiatement réagi en réfutant tout pouvoir de Dieu sur la philosophie, déplorant l’influence très importante de la religion dans toutes les sphères de l’activité et de la pensée actuelles. S’en est suivi ce qui équivalait à mes yeux à une querelles de moines du Moyen-Age sur la différence entre la transcendance et Dieu.
Qu’est-ce que la neuro-philosophie ? Un participant, qui se proclame spécialiste des sciences neurologiques, a introduit ce néologisme au café des Phares ! Le combinant avec quelques autres nouveaux terme comme lacano-philosophie, il semble qu’il nous pointe un iceberg lointain d’une nouvelle philosophie révolutionnaire. On devrait donner une chance à cette personne de nous expliquer son territoire.
Ainsi va le café des PHARES … Bien sûr, beaucoup d’autres questions ont été soulevées durant le débat mais je suis déjà épuisé en essayant de répondre à celles de ma liste.
27th septembre 2010 at 15 h 43 min
Elke Mallem says:
Question à laquelle vous pourriez peut-être répondre: qu’est-ce qui s’est désagrégé pendant le débat? Quelles certitudes avez-vous lâchées, quelles sont les berges sécurisantes desquels les échanges vous ont dérobés? Peur de couler? Indigné qu’on a retiré le tapis sous les pieds? Il me semble en tout cas que vous êtes bien remonté après ce débat. Que fait la police?
27th septembre 2010 at 17 h 24 min
Elke Mallem says:
Il est toujours aussi surprenant pour moi de voir, comment le café philo est utilisé différemment par chacun. Contrairement à certains, j’ai été très contente du choix de sujet de l’animateur. Christine, la participante qui a proposé le sujet, semble avoir été hanté comme moi par ce « il faut » depuis la semaine dernière voire plus longtemps lorsque nous avions débattu sur le sujet « à quoi faut-il s’attendre ? ». Elle avait interrogé le dictionnaire pour aller aux sources étymologiques de ce terme et a été surprise comme moi par sa racine partagée avec le verbe « faillir ». Elle nous disait d’avoir été souvent « chatouillées» par ce terme. Il faut…. Faut-il vraiment ?
Ainsi, le choix du sujet peut ouvrir l’appétence de l’un, ouvrir l’enfer et l’ennuie pour l’autre. Ce n’est pas un sujet, ai-je entendu à côté de moi. Irritation exprimée à plusieurs reprises. Oui, personnellement, j’ai thématisé ce phénomène par rapport à l’appartenance sexuelle : les hommes avaient visiblement moins besoin et envie de débattre du « il faut » que les femmes. Mon intervention à ce sujet a été coupée assez nettement. Le groupe n’avait pas envie d’ouvrir le front de la guerre des sexes. Moi non plus, d’ailleurs, mais je reconnais une sensibilité particulière, une attention à la distinction de la parole féminine et masculine. Une démocratie dans le monologue masculin ? Impossible. Donc : soyons courageuses, nous, les femmes. Cherchons notre voix propre. C’est dans le dialogue que la démocratie peut émerger. Encore trop timide, les vraies voix de femme. Cela ne veut pas dire qu’il faudrait brailler plus fort …
J’ai été sensible tout au long du débat à la distinction à faire entre « il » et « faut ». Qui est « il », qu’est-ce « falloir » ? Qui décide de ce qu’il faut ? « Il », vraiment neutre dans notre société? Ici, en France. Le débat concernant les possibilités de traduction de ce terme en anglais me donne la piste à explorer qu’il y a une particularité « française », une façon d’être au monde qui est difficile à saisir pour nous, les autres, élevés dans un bain culturel différent. C’est dans la difficulté de la traduction des nuances qu’une langue étrangère peut être révélatrice du poids culturel de nos représentations.
Il…. Référence incontournable en France, celle du roi soleil pour aboutir en fin de parcours à Dieu : j’entends une phrase lancée avec lassitude : on y arrive toujours. Quel est ce besoin humain d’avoir besoin d’une transcendance personnifiée ? Le premier commandement des tables de la loi qui ont servi de fondation à notre civilisation judéo-chrétienne suggère de ne pas nommer « Dieu » puis qu’il est innommable et il interdirait même de s’en faire des représentations. Sylvie, l’animatrice, rappelle la règle : un débat philosophique n’est pas un débat religieux. « Il » nous échappe donc. Et pourtant, nous ne pouvons échapper à « Il »… puisqu’on y arrive toujours. C’est comme une nécessité. « Il » y a quelque chose qui nous tient. En filagramme: la préoccupation de l’autorité et du pouvoir dans les sociétés humaines et j’observe la difficulté de notre rapport au pouvoir et à l’autorité qui ne nous permet pas toujours de distinguer nettement entre ce qui « fait autorité » dans une société, malgré une constitution très claire concernant ce sujet, et « qui fait » autorité.
La nécessité. Certains actes s’imposent, faute de quoi notre vie se terminerait rapidement. Un représentant des neurosciences nous explique le phénomène d’émergences des idées. Discours accueilli par George, auteur du compte rendu ouvrant la file (il me répondra si j’interprète trop à côté de son vécu) comme un de ces discours d’apprentis sorciers, dont on doit se méfier. Acquises depuis longtemps à cette « nouvelle » science (aller donc sur lecerveau.mcgill.ca : connaître un peu comment fonctionne le disque dur qui nous sert d’interface entre soi et le monde peut servir pour les dépannages !), je peux aisément comprendre l’histoire d’Einstein comme résultat issu d’un réseau d’échanges qui lui ont permis de penser ce qu’il a pu penser et que dans le bain culturel du temps de cette époque, d’autres avaient les mêmes idées, mus par les mêmes stimulations. J’ajouterai : sa vie personnelle l’a poussé à passer le temps qu’il a pu y passer pour ce qu’il avait à penser. L’intrication de la motivation personnelle est toujours à prendre en considération dans l’activité de penser de l’être humain. C’est cette motivation toujours polarisés par des intérêts individuel qui rend nécessaire d’évoquer le danger d’emprise qu’est véhiculé par « il faut » quand ce « il faut » contraint le comportement d’un autre, et ne laisse plus la place à la faculté de penser de cet autre. Oui, nous avons évoqué Kant, qui impose de penser l’effet de son action avant d’agir ; prendre en considération non seulement les conséquences de ces actes sur sa propre vie, mais sur la vie des autres dans le présent et dans l’avenir. La fameuse question : que ce passerait-il si tout le monde faisait comme moi….Ce n’est pas parce qu’il a parlé il y a longtemps, que cet énoncé est caduque. La parole vraie, celle qui fait sens, traverse le temps non parce que Kant l’a dit, mais parce qu’elle exprime une vérité qui aide vivre.
Dans le groupe, les « mots » se transforment petit à petit en « parole ». A côté de la contrainte normative « il faut » à tonalité idéologique (contraindre l’autre à être et à faire ce qu’on attend de lui, bien souvent ces dernières années sous la contrainte d’une raison objective, dite « irréfutable », scientifique), émerge et se dessine la contrainte plus ontologique. La pulsion de vie se cherche un porte parole. José évoque finalement le lien entre ce thème et les limites d’un « indépassable » : tout n’est pas possible à l’humain. Il introduit la difficulté de composer avec le temps, d’être donc « enfermé » dans un potentiel de traitement du réel bien limité (et je pense là aussi aux neuroscience : chaque neurone a un potentiel d’action bien limité !) et une très belle phrase caresse mon cerveau : « C’est dans le temps que j’occupe l’espace ». C’est une de ces paroles qui induit un silence religieux. Sylvie se sent obligé de nommer ce silence pour ne pas induire l’impression de ne pas avoir entendu. Elle veut reformuler ce qu’elle a entendu, et il en sort une autre belle phrase: «Cela revient à dire qu’on n’est pas un accident mais une nécessité. » Elle pose la question : Ai-j bien compris ? Et nous assistons au phénomène de surprise « confusionnel » : Dans notre expression langagière, il y a toujours quelque chose qui « dépasse » ce qu’on pensait vouloir exprimer, quelque chose qui est en lien avec une intériorité profonde et en même temps « externe » à soi, incontrôlable, irraisonnable. C’est ce genre de flottement que j’affectionne. C’est dans l’espace de ce doute qu’émerge la beauté d’une parole, et je fais le lien avec le départ du débat ou on constatait avec étonnement la proximité des mots « faillir » et « falloir ». Et je constate le choix des mots en haut pour parler étymologie : source et racine. L’association des idées devient vertigineuse… ce qui a génère peut-être la fébrilité de Sylvie. Ne pas perdre l’équilibre, ne pas tomber dans le puits, l’abîme.
J’étais touché par la tentative courageuse de Sylvie d’être fidèle à l’essence de l’expression de José. Les soucis de ne pas voler, voire violer ses pensées ? Je me rappelle qu’on avait proposé ce thème la semaine dernière : « Prendre la parole, est-ce la voler ? » Et puis ce besoin impérieux, l’effet quasi « automatique » d’un « traitement » de la parole entendue en quelque chose qui « parle pour soi » qui donne ce sentiment étrange de floue des limites : ou a commencé la parole de José, ou a commencé celle de Sylvie ? Une analogie avec le fonctionnement biologique des cellules me vient à l’esprit : la parole humaine est un neurotransmetteur entre les individus qui peut avoir des effets multiples. L’effet dépend autant du milieu que du producteur que du récepteur.
Conclusion : j’ai passé un moment « café philo » très fort. Ce vécu subjectif dépend de mes récepteurs et n’engage que moi-même. Désagréger ou reconstruire : chacun selon ses besoins du moment, je suppose. On est tous égoïste en venant dans ce groupe du dimanche. On cherche ce dont on a besoin. Parfois on trouve, parfois on rentre bredouille. Parfois on rentre en sautillant, parfois en trébuchant. C’est ça aussi, le café philo !
Elke
27th septembre 2010 at 7 h 38 min
Carlos says:
Le compte rendu de Georges me semble fidèle à ce qui c’est passé et, de ce point de vue, il est plus que parfait; bravo. Autrement, je suis resté interloqué par l’interprétation du commentaire qui suit, selon lequel « l’auteur du sujet aurait été ‘chatouillée’ par la proximité de ‘faillir’ (manquer) et ‘falloir’ (dont le sens dénotatif est ‘obligation’), ce qui impliquerait une préférence sexuelle dans la présence d’un des mots, IL, en l’occurrence », selon l’articuliste. J’espère qu’elle en tirât profit, mais je me demande où est-ce que l’on va chercher tout ça. En effet, « il » est vraiment un pronom personnel masculin, à la troisième personne du singulier, et sert à introduire les verbes impersonnels. Dès lors, toute cette casuistique tendant à peigner les consciences, me révulse et me fait revenir sur le terme MOT, afin de désintoxiquer les âmes sensibles à la soi-disante lutte des rôles. Entre autres considérations, il s’agit (dans le « faut-il ») d’une unité insécable sémantiquement significative et, de ce point de vue, nous nous interrogions sur UN SEUL mot, un mot lexical. A retenir, que les mots ne sont pas reliés aux choses, qui se conçoivent dans un univers qui nous est inaccessible et duquel nous n’avons que des perceptions, des représentations, conformément aux besoins sociaux ou les circonstances, en fonction d’un maillage déjà tissé selon les individus. Le problème est que, si l’un dit « AIL », l’autre entend « ECHALOTE ».
27th septembre 2010 at 13 h 02 min
Gunter Gorhan says:
Je n’ai pu malheureusement assister au café philo de dimanche dernier, mais lorsque j’ai appris le thème, j’ai immédiatement pensé au livre de M. Kundera « L’insoutenable légèreté de l’être » (folio, Gallimard) dont je cite un passage (pp. 53 ets.) :
« Tomas haussa les épaules et dit : »Es muss sein. Es muss sein. » [Il (le) faut, il (le) faut].
C’était une allusion. Le dernier mouvement du dernier quatuor de Beethoven est composé sur ces deux motifs :
[Suit la partition que je ne peux reproduire, avec ces paroles :]
Muss es sein ? (Le faut-il ?)
Es muss sein ! (Il le faut !) Es muss sein (Il le faut !)
Pour que le sens de ces mots soit absolument clair, Beethoven a inscrit en tête du dernier mouvement les mots : « Der schwer gefasste Entschluss » – la décision gravement pesée.[…]
Cette allusion était d’ailleurs plus opportune qu’il ne l’imaginait, car le directeur était mélomane. Avec un sourire serein, il dit doucement, imitant de la voix la mélodie de Beethoven : « Muss es sein ? » Le faut-il ?
Thomas dit encore une fois : »Oui, il le faut ! Ja, es muss sein ! » »
Arrêtons là la citation, mais je conseille de lire la suite – au moins les deux pages qui suivent, un bon exemple de philosophie sous forme littéraire (ici, l’éternel et l’éphémère, le lourd et le léger, le nécessaire et le contingent), une symbiose qu’Alain Finkielkraut a pris pour thème dans son livre éclairant « Un cœur intelligent », Stock/Flammarion, 2009.
27th septembre 2010 at 13 h 28 min
Elke Mallem says:
Trois petites remarques adressées à Carlos:
- « Fidèle à ce qui c’est passé…. »: passé pour qui? J’ai constaté la différence de perception d’un débat. Y-a-t-il un vécu plus juste qu’un l’autre?
- Quand quelque chose vous « chatouille », qui est le plus à même de dire ce que vous vivez? J’ai le droit d’aimer une phrase, d’être irritée par une parole, à ce que je sache. Et j’ai le culot d’exprimer ce vécu.
- « il » peut être neutre, soit. Mais « il » sait toujours mieux ce qu’ »elle » doit ressentir.
- Parfois, la confusion entre ail et échalotte s’impose: l’acceptation de la différence n’a pas encore fait l’entrée dans le champ de la conscience.
Et toc.
27th septembre 2010 at 14 h 39 min
GEORGES TAHAR says:
Chère Elke,
(ne voyez aucun signe de machisme, de grâce dans ma manière de vous interpeller ainsi, mais un simple hommage à une femme qui se pose en tant que telle et non pas sous la capuche universelle de philosophe, ou comme dirait Gunter,de philosophant)
vous voulez savoir ce qui s’est désagrégé en moi dans le débat dont nous discutons ? – Je vais vous le dire (comme dirait quelqu’un que nous connaissons bien). En traitant une seule des questions que j’ai soulevées dans mon compte-rendu.
Avant ce débat, je n’ai jamais considéré qu’un sujet philosophique s’adressait seulement, ou pouvait sensibiliser particulièrement, une partie de l’humanité dont nous faisons vous et moi partie. Quand je disais l’Homme (vous avez remarqué le grand H) c’était au sens universel sans distinction de sexe, de race ou de couleur, comme prétendent l’affirmer beaucoup de constitutions et autres déclarations de droits. Si on traitait d’une ethnie, d’une race, d’une couleur ou d’un sexe, on faisait de la sociologie, de la politique mais sûrement pas, à mon avis de la philosophie. Et boum, on introduit le machisme, le féminisme dans la question posée. Vous avez désagrégé, Mesdames, avec ce débat l’idée que nous étions un ,ou une, et vous m’avez contraint à peser la portée sexuelle d’un sujet de philo. Un sujet tel que « l’homme est-il un monstre » devrait aujourd’hui être démultiplié en « l’homme et la femme sont-ils (encore ce il !) des monstres. Et Carlos et moi ne devrions parler qu’en tant que représentant du sexe masculin, et vous et Sylvie, par exemple, ne devriez parler qu’en temps que membres du sexe féminin. Voyez vous les gouffres vertigineux qui s’ouvrent devant nous, devant notre réflexion, devant nos valeurs ?
Amicalement,Georges TAHAR
27th septembre 2010 at 17 h 39 min
Elke Mallem says:
Non, je ne vois pas de machisme dans votre discours. Mais j’entends le trouble d’une génération qui a cru comprendre que tout le monde naîssait « égal », et qui découvre que nous sommes différents les uns des autres, et qu’il s’agit de lire la phrase d’introduction de notre constitution jusqu’au bout: nous naissons égaux en droits. Oui, je suis un représentant de la gente féminine, mais je ne suis pas « les » femmes. Je suis tenue dans un bain hormonal qui me rend sensible à certains éléments du réel qui passent inaperçu pour l’homme qui lui voit d’autres éléments que je ne suis pas capable de voir. C’est dans le regard croisé de deux différences qu’émerge quelque chose de nouveau à condition d’unir l’attention à la bienveillance mutuelle. Et c’est uniquement dans ce regard croisé que peut se constituer un avenir possible. Finalement, « il » n’est ni masculin ni féminin, mais je ne le voudrais pas « neutre », « assexué » non plus. C’est plus un « nous » , mais comme ce « nous » nous échappe, il est certainement plus commode de parler d’ « Il ». Quelle place reste à l’universalité? Voilà un concept qui mériterait bien un autre débat. Si quelque chose aspire au titre de l’universalité, c’est peut-être le nécessaire dialogue de tout être vivant avec le monde qui l’entoure, et qui est pour l’humain associé à l’effort toujours à renouveler de rencontrer l’autre. Comme l’autre n’est pas soi, à chaque fois, il y a une « faille » à traverser. Pas si banale, ce petit « Il faut »….
27th septembre 2010 at 7 h 05 min
Gunter Gorhan says:
Ne faut-il pas soigneusement distinguer entre l’égalité entre hommes et femmes – qui doit être absolue – et la question du féminin et du masculin en tant que composantes, en tant qu’éléments de tout psychisme (Freud, bien qu’athée, disait « âme »), qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme ?
Il me paraît évident que l’élément féminin, à savoir les capacités d’accueil, d’ouverture et d’empathie – je répète qu’il s’agisse d’une femme ou d’un homme – est aujourd’hui en souffrance.
Est-ce à cause de la guerre économique mondiale, appelée hypocritement « mondialisation » ou « globalisation » qui fait rage et qui exige surtout des vertus viriles (de la part des hommes et des femmes !) et dont Georges, en bon réaliste me semble-t-il, défend la nécessité ?
Mais la philosophie doit-elle être réaliste, adapter les consciences philosophantes, c’est-à –dire toutes les consciences, au monde tel qu’il ne va pas ou n’a-t-elle pas plutôt pour tâche, pour mission d’explorer les champs des possibles, possibles et désirables ? C’est de ce second point de vue que, me parait-il, se place plutôt Elke.
Je me pose la question : l’élément féminin – pas la femme – est-il plus porté vers cet exploration de futurs possibles et désirables, est-il plus « philosophique » que ne l’est l’élément masculin (pas l’homme) ?
27th septembre 2010 at 17 h 17 min
ROCA says:
Faut’- il ? … Sylvie Pétin,
Faut’- il … Falloir ? Faut’- il … Faillir ? Faut’- il … devoir ? Faut’- il … nous dire ?,
conditionnel, impératif … points de suspension … sus’…pensifs …
Fautifs ?, … de manquer, Faire’ défaut ? Faux …tifs,
ou Vrais cheveux, coupés’ en quatre … pour penser, pour …parler, pour Agir, non’ Agir,
s’ Abstenir ?, de peu, de beaucoup, il s’en Faut … moi, je … m’ en …joue, Faut’- il ?,
Un …Faux, intox’ ?, Vrai paradoxe ?, derrière’ ce « il »,
et, devant « nous », et, devons- »nous » devancer « il » ?, mettre’ en’ Avant Le « nous » ?,
demandons … donc – Le « nous » !,
Faut’- il … tuer Le « Faut » ?, Le Faucher … dit La Faux ?, ce » paravent du Je » …
qui cache … notre … Jeu …
Le dire, c’est bien … Le Faire, c’est mieux …
Fatal, moyen … Le choix, c’est mieux …
Faut’- il … La finitude ?, Fatalité,
La mort, … Le choix, Finalité,
Élan, Envol, Essor … La Vitale’- Attitude’, et contingente … Liberté,
La Vie, nécessité …
c’est notre … Volonté,
notre … capacité,
» Prendre … Le risque … d’être [ humain ] « ,
Ricœur, » L’homme’ est’ un risque’ À … courir « , …
Le crocodile, Kofi Yamgnane’, … et La femme’, À Le rattraper’, À Le dépasser’, …
en’, humain, chemin,
» Ose … penser ! « , …
Kant’, … Le dire,
Le Faire … L’Être’,
ose’ Être … Naître !, Gilles Roca,
Cas-fée-Philo des Phares, 26 septembre 2010′, ces-jours de Vendémiaire, Faut’- il Les Phares ?, est-ce’ un’ indice … de Lumière ?, G R
27th septembre 2010 at 9 h 53 min