Débat du 4 janvier 2015: « Ni rire ni pleurer, mais comprendre », animé par Gérard Tissier.

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Posted on 5th janvier 2015 by Carlos in Uncategorized

A peine entamée la nouvelle année, commencèrent les déboires, notamment, avec le crash d’un avion de « Malaisie Airlines », aux abords de Bornéo, et les galères, dues à l’ardue évacuation d’un bateau de croisière ayant prit feu, et de deux autres, chargés de migrants clandestins venus de Syrie qui, abandonnés par les passeurs, au moment d’une la tempête, furent envoyés se fracasser contre les côtes, dans la Mer Adriatique. Ce n’est pas toujours la cause à « pas de chance ». Vas-y piger quelque chose.

Or, afin de renouer avec nos activités philosophiques dominicales, eut lieu, le 4 janvier 2015, au Café des Phares®, l’habituel débat hebdomadaire, dont le sujet choisi, fut justement, « Ni rire, ni pleurer, mais comprendre ! », que Gérard Tissier se chargea d’animer.

Encore une affirmation, alors que nous venons là, pou nous poser des questions ? Cette phrase, « ni rire, ni pleurer, ni haïr, mais comprendre », est une injonction, plus qu’une maxime, attribuée à Spinoza, le philosophe invitant, ainsi l’interlocuteur, à mettre de côté ses émotions, lorsqu’il s’agit d’étudier, objectivement un problème, les rires et les larmes faisant, certes, partager les souffrances ou le bonheur d’autrui, mais mettant en difficulté le raisonnement, car, effectivement, il paraît que les zones cérébrales, responsables de la pensée analytique, s’activent, certes, mais en empêchant l’empathie (et inversement). Une étude fut faite à l’Université de Ohio (USA), 45 étudiants étant chargés de résoudre deux types de problèmes humains, l’un faisant appel à l’ « empathie », l’autre au « raisonnement », et il est apparu que l’activation  des zones associées à l’empathie était désactivée, lorsque celles faisant appel au raisonnement logique l’étaient aussi; par contre, en situation normale (lorsque le sujet n’est pas focalisé sur un problème précis), les deux réseaux peuvent être activés sans mal.

C’était peut-être trop de sable pour notre brouette, alors, nous détournant de la problématique, ainsi que de la distinction à faire entre « comprendre » et « entendre » (être attentif à…), on a, comme souvent, improvisé, les uns arguant qu’il s’agissait, là, « d’une réaction aux manipulations des émotions », « comprendre, bien sûr, mais pourquoi pas ‘rire’ ou ‘pleurer’ ? », « …ça soulage », « ça dépasse l’entendement », «  si l’on dit ‘ni ça, ni cela’, mais quelque chose, ça ne veut pas dire que cette chose annule les autres ; c’est une hiérarchie, une compatibilité », un « déterminisme ». Et l’on a poursuit, affirmant que l’« on a besoin de rire et pleurer, sans toujours comprendre », ou jugeant la « formulation étrange, terminant par ‘mais’, alors que l’on veut ‘être heureux’ » (sic), d’autres arguant que « l’énonciation exacte serait, ‘quand il s’agit de l’humain, il faut distinguer ‘piger’ de ‘comprendre’ », « ne pas aller du pleurer au rire », « je suis d’accord ;  on peut comprendre quelque chose que l’on n’arrive pas à résoudre », « ça ne sert à rien de pleurer », « Spinoza disait que la girouette ne savait rien du vent », «  les émotions collectives, arme des Etats Fascistes, selon Gustav le Bon, repris par Freud », «  un best-seller ayant évoqué : Spinoza avait raison, contre Descartes », l’un affirmant « que l’on va trop vite dans l’interprétation », l’autre soutenant qu’« il faut ‘piger’ et intégrer les affects », un troisième « qu’il est nécessaire de distinguer entre ‘cause efficiente’ et ‘cause finale’ », ou encore que « Socrate, sachant qu’il allait mourir, a dormi tranquille toute sa nuit, dans son lit », voire, « qu’il y a deux Spinoza, l’un à comprendre, l’autre à interpréter »… Finalement, qualifiant le débat de ‘grande qualité’, l’animateur a remercié le publique pour son écoute », et mit un  terme à la séance, alors que des voix réclamaient  la voix du « poète », Gilles, … qui a mis fin au vain exercice.

François : Arthur, je t’appelle de la voiture, avec mon portable.

Arthur : Sois prudent. Ils viennent de dire, à la radio, qu’il y a un cinglé qui roule à contresens.

François : Un cinglé ? Moi, j’en vois des centaines, mon pote !

Carlos

4 Comments
  1. Zub says:

    Bizarre…moi, j’avais entendu dire que le propre des grands criminels était leur défaut d’affect : ils pouvaient découper en morceaux leurs congénères sans que cela leur fît chaud ou froid.
    Il était d’ailleurs aisé à comprendre qu’il ne suffisait pas d’avoir accédé à la claire vision de la chaîne des causes et des effets pour se mettre en danger en faveur du bien : l’intelligence savait aussi se mettre au service du mal…qui ne se présentait jamais de lui-même comme incarnation de quelque chose de mauvais.
    Enfin, si je ne connais pas la pensée de Baruch SPINOZA , du moins savais-je que les normes économiques-et-sociales de son temps n’ étaient pas les nôtres : l’EUROPE d’alors ressemblait un peu au daeshtan !?!

    5th janvier 2015 at 14 h 40 min

  2. Gilles ROCA says:

    Ni rire … ni pleurer, mais comprendre, Spinoza, Gérard Tissier, D Ramirez’, Aux Phares,

    Comprendre … prendre’Avec’, ensemble … Larmes … rire’, émotions’,
    et Affects, et – fait … de ressentir, en’ humain, réAgir, en distanciation …
    Avec’… La satisfaction … de L’intellect’, et comprendre’, et Agir, Adéquation –
    sujet / objet, et cause / effet – rétribution, qui satisfait … distanciation …
    desdites … détermination, et, manipulation … Avant compréhension …
    « La chose La plus’ incompréhensible …
    du monde … c’est que Le monde’ est comréhensible’»,
    Einstein’, et « Comprendre c’est’ embrasser …
    de La pensée »,
    Descartes, des cartes … de La raison, et, de La passion, une répartition, ré – partition … d’unedite composition, réprimer toute tendance séparatrice : du rire … La fonction,
    châtier certains défauts, comme La maladie … châtie certains’ excès,
    Bergson’, comprendre, saisir Avec’, ensemble’, interAction, et, embrasser, par La pensée, comme’ il Le faut, telle’, intuition, Le dit, telle … tension, d’Accès,
    À La compréhension, Après explication, de L’existence’,
    essence … recherche … d’un sens’,
    La proposition … d’une signification, une’ interprétation – essai …
    transformation – … mésinterprétation, identification, ressenti(e), empathie, non justification … Primo Levi, et puis Larmes’… et rire … de L’entendement,
    com – préhension … Avec’ conscience … sentiment,
    comme’ il nous semble’, ensemble, ni pleurer, ni rire … dit’- il,
    comprendre’ utile,
    s’y osa … Spinoza,
    Gilles’ Roca,

    Cas-fée-Philo des ( nés – nus ) Phares, 4’ janvier 2015’, en ces-jours de Nivôse’,
    et de rire’ et de larmes … phares, … À comprendre’, ose ! G R

    5th janvier 2015 at 15 h 14 min

  3. Elke says:

    Lors de mon tour rituel du dimanche sur le site du café philo pour rester en lien avec les débats malgré mon éloignement géographique, je croise aujourd’hui deux thèmes qui soutiennent le travail de penser que je dois, comme chacun, effectuer. Secouée par les évènements de la semaine, il me semble important de trouver un sens à l’insensé pour prendre la mesure de ma responsabilité. L’effervescence médiatique surfe sur l’émotion immédiate : la proximité du rire et du pleurer montre bien l’aspect réactionnel de ces « défenses » du psychique quand l’information nous déborde, quand l’équilibre interne est perturbé par l’effraction d’évènements traumatiques. Mais d’ici et là, la mise en récit tente à se faire jour. Car nous, les humains, nous avons besoin de « nous » raconter. Comment on a pu en arriver là ? Cette tuerie me remet en mémoire celle de Merah, quand la barbarie a touché nos enfants, horreur qui sidère notre capacité de penser autant plus qu’elle résonne avec le crime à l’humanité nazi qu’on sait. Ce qu’on en a appris de cette catastrophe, cela n’aurait donc servi à rien ? Toutes ses familles disséminées pour « rien » ?
    Il me semble intéressant de croiser ces pensées avec celles déclinées dans l’article de Nadia. Nadia nous rappelle la difficulté immense de trouver une issue favorable à l’imbroglio historique enclenché par l’histoire de la colonisation quand, en même temps que l’émergence des Lumières, s’est développé l’aristocratie de l’argent qui sait si bien faire fi de l’histoire, qui cherche à nous ancrer dans le présent éternel en voulant nier le poids de l’Histoire, de la transmission et la responsabilité envers les générations passées et futures. Tout dans notre société est réduit à des questions « d’argent » : l’éducation de nos enfants, la justice, la sante…. Il n’y a plus de travail parce qu’il n’y a plus d’argent, et tout le monde y croit… L’argent est devenu notre tyran. Faut-il rappeler le poids important du monde des finances sur la liberté d’expression dans nos médias ? La violence barbare de la mitraillette nous choque, mais avons-nous conscience du danger du discours ronronnant du « politiquement correct » de ces dernières décennies ? Au lieu de se rappeler nos histoires, on tient des discours. Des discours bientôt écrit par l’ordinateur, selon des lois d’une rhétorique affinée par une science qui ne ménage pas ses efforts pour élucider les rouages de l’influence efficace. A travers cet usage de la parole, le verbe s’est dévitalisé. La parole ne vaut plus rien, une terrible crise de confiance nous secoue à présent. Le génie de la jeunesse a été de tout temps la capacité de traquer l’hypocrisie, le secret, le mensonge, de remettre en question les fondements de la société. La jeunesse oblige la génération des parents de dire, d’énoncer, donner sens aux choses. Parfois, les parents ne peuvent pas dire, ne peuvent pas raconter, ne peuvent faire face aux exigences d’une génération qui demande des comptes. Et dans ces cas, il me semble, la tentation de la violence doit être grande. Il y a peut-être un défaut de savoir raconter l’Histoire dans notre société. Raconter une Histoire contenant toutes les histoires, non seulement celles glorieuses, mais aussi celles des erreurs, des impasses, une Histoire ou tout un chacun trouve sa place. L’Europe a permis l’ouverture de l’angle de vue des livres d’Histoire pour que chacun puisse y trouver sa trajectoire, celle qui lui permet de comprendre pourquoi il est ici aujourd’hui, pour pouvoir décider en toute liberté ou il veut être demain. Pour nombre de jeunes, ce demain semble bouché. La prise d’armes constitue peut-être une ultime tentative d’exister dans un monde vide de sens, de direction. Une impasse terrible. Nous le savons, mais que faudrait-il pour l’éviter?

    5th janvier 2015 at 18 h 30 min

  4. Gérard Tissier says:

    Ce n’est jamais inutile de revenir au texte pour comprendre meem pares coup qu’elle était la problématique derrière la citation posée hors contexte comme sujet

    Devant une citation dont le sens semble ouvert, il n’est pas étonnant que beaucoup se soient attachés à faire une sorte d’arbitrage entre émotion et raison. Souvent les participants témoignaient de leur ressenti personnel de la citation dans leur vie sans voir pour autant que la question st celle de la liberté par rapport à la nature. Nature dont relève nos affects en général et notre Raison qui pourrait les maîtriser, les canaliser, les transformer, les sublimer

    Dans une société qui vénère le corps, attribue de l’authenticité à l’expression des émotions et sur-valorise les sensations opposés à une perception juste des chose, ceci doit se comprendre. Le sujet de la raison chère aux lumières est devenu celui qui revendique un droit à la subjectivité. Il faut aussi ici ni rire ni pleur, mais comprendre.

    Que disait Spinoza ? Que l’homme à tendance à se considérer dans la nature « comme un empire dans un empire ». En gros, qu’il ne serait déterminé que par soi. Spinoza oppose que, lui, que « la nature des sentiments, leur force impulsive et à l’inverse le pouvoir modérateur de la raison, personne ne l’a déterminé » ( je cite)

    Au lieu de penser les passions comme un vice par rapport à la nature il faut selon lui, les considérer commune une nécessité. Au lieu de s’en moquer ou d’en rire pour soi ou chez les autres, il faut sortir de l’illusion du libre arbitre. Car il est lui -même l’effet d’une cause qui le détermine et cette cause ce sont les passions. Ainsi la cause de la raison qui agit sur les passions est l’effet des dites passions.

    Rire ( ici se moquer ) ou pleurer d’un mauvais usage du libre arbitre par les passions n’est pas une attitude adéquate. Il faut plutôt comprendre rationnellement les choses car pour Spinoza, le salut est, dans, et par, la connaissance.

    Cette recherche de la compréhension des hommes et du monde est libératrice de l’illusion ion d’un réel différent de ce qu’il est. Mais aussi et surtout, à ne pas se sentir condamné à demeurer passif, à subir. L’homme est t actif quand il dé ploie sa puissance rationnelle.
    Ainsi, ce philosophe du XVII eme pose les limites des causes qui nous déterminent et il annonce celles que, plus tard, dont Freud essaiera d’en éclairer la psychogenèse

    Les derniers événements viennent nous rappeler ce que comprendre veut dire. Apres l’émotion, la peur ; l’indignation la fraternité, le temps s’ouvre pour entendre et voir. Ecoutez ceux qui savent un peu mieux que nous et sortir de nos préjugés. Surtout ceux dont nous ne savons pas d’où ils viennent.

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    5th janvier 2015 at 2 h 28 min

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