Débat du 2 Octobre 2011, au Café des Phares: « La peine de mort », animé par Bruno Magret.

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Posted on 3rd octobre 2011 by Carlos in Comptes-Rendus

Sorti directement d’une Nuit Blanche, le 2 Octobre, (275ème jour de l’année 2011, soit le Duodi Vendémiaire d’après le nouveau calendrier révolutionnaire instauré dès le Quintidi Prairial au Café Philo des Phares®), était dédié aux simples, aux vides greniers et aux sans papiers. Pourtant l’animateur, Bruno Magret, ayant choisi pour sujet de notre débat : « La peine de mort », parce que l’airbag a failli, les forçats des méninges ont dû se pencher sur un thème qui, devenu caduc en France depuis 1981, n’existe plus au sein de la Communauté Européenne, bien qu’il perdure encore par exemple aux USA dans 34/50 des Etats Fédéraux.

Quoi, la peine de mort ? On a affirmé que c’était « une question chaude », c’est-à-dire d’actualité. D’actualité ? Pour qui ? Depuis quand ? Elections en vue ? Certes, il y a encore des guillotines (démontées) à Fresnes, ainsi que dans les caves de l’Assemblée Nationale et du Palais de l’Elysée, néanmoins, en dépit du fait qu’un tel châtiment a été rayé du Nouveau Code Pénal de 1992, au Café des Phares on a senti la nécessité de revenir sur cette « ultima ratio », ce dernier mot à propos de vie ou de mort, sanction suprême que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître et rendait donc l’exercice aussi extravagant qu’un coup d’épée dans l’eau, pour ne pas dire une vaste bêtise. Dès que ça a commencé à déraper avec « le tri entre ceux qui nous sont proches et les étrangers », « ceux qui sont innocents ou ne le sont pas », « les exécutions ciblées (Etatiques) ou médicales (Euthanasie) », l’animateur recentra : « on parle de ‘Peine de Mort’ ! » et, tenace, la question devint : « La peine de mort est-elle justifiable ? »

On se complut alors à reconstruire un monde, précisant la cohérence de cette peine, abolie pourtant dans 96 pays, parce que, « la réflexion venant toujours après les sentiments, la première pulsion est de se venger », et on arriva au « Taoisme, la vie dans la mort et la mort dans la vie », « le criminel étant animé ainsi par quelque chose qui le dépasse », « au cas où il y a un sujet dans le crime ».

Voilà le pot de chambre sur lequel nous nous sommes attardés aux Phares pendant presque deux heures sans que rien ne se produise. Bien qu’il soit constant de se moquer des Cafés du Commerce, après que quelqu’un ait lancé « je ne suis ni pour ni contre, comme beaucoup de gens », nous avons « comparé le prix insignifiant de la peine de mort au coût d’une prison et un internement à vie », et au bout de trois quarts d’heure l’assemblée a commencé à délirer, affirmant que « l’objectif du châtiment est d’infliger la souffrance, tandis que le but réparateur de la guillotine est de l’éviter », puis « nous demandant ce que serait une société sans Justice ». En effet, tendant à structurer une communauté, ce principe moral écarte celui de la Vengeance, condamnée chez les individus mais permise aux Etats, voir le Code d’Hammourabi (qui rationalise la Loi du Talion), un souci de proportion « œil pour œil, dent pour dent », qui évince le bouc émissaire, soit une ‘hubris’ (démesure), compensée par la ‘némésis’ (équité).

Il n’en demeure pas moins que c’est étrange d’organiser un débat sur un thème réglé depuis trente ans et auquel on n’a plus rien à ajouter, sauf si l’on veut prier pour le retour de la Veuve. Ou alors, (hypothèse optimiste) peut-être que toute cette idiotie, inscrite à notre menu du dimanche, avait le but de nous rappeler les souffrances des 13.046 femmes et hommes qui furent à un moment trucidés par le démocratique outil de mort, nommé guillotine.

Le fait est que, dans notre empressement nous avions l’air de frénétiques tricoteuses, au lieu de crier tout simplement, comme les Communards : « A bas la peine de mort ! »  Malgré tous les efforts que les amants de la Louisette ont déployé pour « la justifier dans certains cas », l’idée d’y revenir et en parler sans frissons, répugnait à ceux qui étaient conscients que le thème était nul, nul au sens de son impertinence et donc une perte de temps. Voilà ! Rangez vos couperets, Messieurs Dames, et rentrez à la maison ; il n’y a rien à voir et il n’est pas question de revenir au Rasoir National ou de danser la carmagnole autour du thème débattu.

N.B. : Il ne nous manque plus qu’à proposer pour la semaine prochaine, ce dont me parlait

Madame Michou ce matin : « Ce qu’il nous faudrait, c’est ‘une bonne guerre’ ».

Carlos