Débat du 27 Mai 2012: « Celui qui aime l’Humanité, n’aime pas les Hommes », animé par Gale Prawda.

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Posted on 28th mai 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Voilà. A Pentecôte, le 27 Mai 2012, cinquante jours donc après la Résurrection du Christ et dix après son Ascension, le Saint Esprit est descendu sous forme de languettes de feu sur les douze apôtres réunis auprès de Marie, tandis qu’en session plénière dans l’hémicycle de Strasbourg, sans s’attendre à des miracles, les 754 députés du Parlement Européen allaient débattre avec le Président de la Commission de Bruxelles, Monsieur Barroso, à propos de taxes, réduction du gaspillage des ressources naturelles, gestion des déchets, création d’emplois pour les jeunes, en même temps que de la réduction des écarts de salaire entre hommes et femmes, au Café des Phares®, une centaine d’habitués de l’établissement allait s’échauffer les esprits commentant le sujet qui leur était soumis, c’est-à-dire, une tirade attribuée à Fiodor Dostoïevski, déjà analysée le 9 janvier 2011 sous la direction de Gérard Tissier, et proposée par le même participant de ce jour-ci, quoique animée par Gale Prawda : « Celui qui aime l’Humanité, n’aime pas les Hommes ».

Les langues se sont déliées, hélas sans intervention particulière du Paraclet, et pour cause… Le laïus de l’illustre misanthrope semblait peu crédible, en raison de son incohérence, l’Humanité n’étant rien d’autre que l’ensemble des Hommes, passés, présents et futurs, des êtres humains qu’entre autres, il est vrai, le rire caractérise. Ainsi, le Saint Esprit a dû regarder deux fois et frapper avec sa petite patte sur la tempe, se disant qu’il devait s’agir là d’une dispute oiseuse, portant à croire que le Divin se serait trompé sur la nature humaine, rendant du coup abominables les Hommes qui auraient la velléité ou la passion inutile d’aimer l’Humanité, ainsi que la liberté, et jouiraient même d’un plus grand bonheur sans elle, alors que le russe misait sur un espoir de rédemption pour eux.

Enfin. Dostoïevski ayant réellement avoué dès 1877, dans « Les Frères Karamazov » : « Plus j’aime l’Humanité en général, moins j’aime les Hommes en particulier, comme individus », je suis porté à croire que le but de l’opération Phares était de parler de la marotte de quelques-uns, de Eric Satie à Alphonse Allais en passant par Montaigne, l’AMOUR, fut-il maternel, étant chanté par tout le monde puisqu’il y en « a deux », et « qu’avec lui on ne badine pas ».

Or, d’intéressant aurait été plutôt le décorticage, comme fait, idéal et idée, du concept d’Humanité (en opposition à celui d’Animalité ainsi que d’Inhumanité), dans ses dimensions biologiques, morales et métaphysiques allant du « sapiens-sapiens » jusqu’aux humains encore à venir, en conformité avec le plan pré déterminé de la nature et de l’espèce accomplie, voire parfaite, « non bis in idem » (pas deux fois la même chose).

Mais point du tout. Et nous voilà donc partis sur les abstractions habituelles telles que « l’argent, le rêve, l’illusion ou la possibilité d’une entente entre les gens, le cas échéant intervertissant les adjectifs, puisque les animaux ne sont pas forcément méchants, et que Dostoïevski avait plutôt peur de l’Humanité ». Nous sommes donc restés là, comme d’hab, avec l’Amour sur les bras, l’Amour, l’Amour… Mais lequel ? « Eros » ? La concupiscence ? Non. Celui dont Socrate se disait être grand connaisseur, « Agapè », l’amour oblatif ? Non ; celui-là est celui du Christ pour son Père. « Philia » ?  Apprendre aux parvenus comment se tenir dans la vie, comme le préconisait Cioran ? Non, puisque « le souverain bien » est l’expression du désir de l’ensemble des humains, abstraction faite de toute appartenance religieuse, politique ou idéologique, et puis, va savoir, si l’on part du principe que « l’amour est déterminé par un certain choix » ou du fait que « l’Humanité est un risque », en acte, pour les Hommes…

Et pourtant, il semblerait d’après des gens sensés que, comme il se passe avec un arbre tout simplement, l’avenir de l’Humanité repose sur l’intelligence collective qui s’accroît de façon exponentielle au profit du QI des individus. Or, le côté tragique du verdict en exergue attribué à Dostoïevski inverserait la problématique, négligeant une réflexion sur « les gens en général ou en particulier » au bénéfice d’une prosaïque question d’aaaamour qui a finalement transformé notre débat en un saugrenu remue-méninges.

J’ajoute, en parenthèse, que, ayant demandé la parole à l’animateur de la semaine dernière, il m’a répondu : « Tu as déjà parlé ! », alors que j’avais juste proposé un sujet. Et je me demande, enfin, si le but du déplacement jusqu’au café des Phares n’est pas celui de « parler », tout bêtement, ne serait-ce qu’une fois, « une fois seulement », tel si l’on était des « brèles », « à Knocke-le-Koute parmi des éléphants roses, au fond de ‘notre’ fumerie », comme le chante Jacques, le belge.

Enfin, tout ça ne mange pas de pain, mais m’a rappelé la confidence de mon voisin :

- Mon chien est génial. Il m’amène le journal tous les matins !

- Et alors ? Il n’y a là rien d’extraordinaire.

- Eh ben si ! Je ne suis même pas abonné.

Carlos

Débat du 20 Mai 2012 : « Y a-t-il un bien commun ? », animé par Idriss Sankhon.

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Posted on 21st mai 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Aussitôt après avoir été investi comme Président de la République, le 15 Mai, et renvoyé cavalièrement son prédécesseur ainsi que sa femme, Monsieur Hollande n’a pas hésité à prendre un chaleureux bain de foule ni à mouiller réellement sa chemise lors de son inspection à la flamme du Soldat Inconnu, repartant de plus belle le long d’une journée non-stop d’impérieux rendez-vous étendus jusqu’à Berlin pour une visite à Madame Merkel, dans l’idée de, renforçant la confiance en l’Euro, stimuler le capital et éviter la crise, faisant de même outre Atlantique au cours de sa rencontre avec Monsieur Obama, tandis que la Grèce battait de l’aile et à Cannes le tapis rouge était déroulé pour les stars du Septième Art accourant au 65ème Festival de cinéma, l’hebdomadaire débat-philo au Café des Phares® avait lieu, le 20 Mai 012, sous la direction de l’animateur essai Idriss Sankhon, à propos du doute « Y a-t-il un bien commun ? »

Ohhh, certainement mais, ce Quizz ludique appelant à une réponse fermée du type « oui » ou « non » tel s’il s’agissait de savoir « s’il y a un pilote dans l’avion ? », comment en discuter sans s’interroger d’abord sur la pertinence de l’expression « bien commun » ?

La réalité du monde dépend en effet de son interprétation, la vision que l’on en a incluant les ambiguïtés de la langue à laquelle nous sommes sans cesse confrontés. Dès lors, à quelle instance doit-on renvoyer la question « qu’est-ce que le ‘bien commun ?’ », pour répondre de façon suffisante, « oui » ou « non », à la première interrogation, liée si intimement à l’existentiel au point que le langage en limite l’appréciation ? Etant donné que la locution ne décrit rien et est vide de sens du fait que nous méconnaissons le rapport intime entre elle et la pensée, la question fit le miel des philosophes qui, remplissant le café, s’en donnèrent à cœur joie. Y a-t-il un bien commun ? S’il y en n’avait pas, cela se saurait, car il constitue une morale minimale devenue la bonne conscience de l’occident, même s’il a du mal à survivre au bien privé, la gestion des dégâts qui bouchent l’horizon des Hommes se présentant comme une guerre livrée à l’égoïsme d’où en découle une indéfinie répétition du même, soit une vision d’horreur qui, niant le passé, nous empêche de vivre une vraie vie humaine et nous dirige tout droit vers toutes les soumissions, empreintes de culpabilité. Je parle d’un universalisme qui, au lieu de déduire le « devoir être » de l’Etre (le mot juste de Thomas d’Aquin), procède en sens inverse, qualifiant de « bien commun » le « bon pour moi », alors que « les biens communs », se traduisait chez les romains, par « bien publique », c’est-à-dire, ce qui bénéficiait à tous indistinctement sans appartenir à personne.

Sachant que la Nation n’a pas de vouloir et que, dans son for intérieur, l’Homme n’est point prédisposé à universaliser le devoir moral ni à cultiver l’intérêt général, c’est l’électeur qui leur donne chair, via le « Bien commun », soit la quête d’un bonheur collectif ou une vision de l’Humain retrouvés dans les cris de Liberté, Fraternité, Egalité, en ce qui concerne la France.

En fait, on veut la « Lune » et, prêts à toutes les soumissions nous nions le passé, alors que le monde de demain est le reflet de celui d’aujourd’hui et d’hier, comme on l’a évoqué le temps d’un match de football, chaque philosophe s’efforçant de transformer le réel à sa manière, confirmant en somme qu’il y a certainement « un bien commun », des propos auxquels Gill mit un terme, remémorant en vers le « bien, première nécessité/ accessible à tous… Bien commun de l’Humanité/ Universel/ Tronc commun/ Front commun/ Hérité/ Immanent/ Transcendant/ Cœur de la « res » publique/ Du Bien, la beauté/ Le panache de l’Homme de demain/ Bien de notre Humanité/ Commune Humanité ».

Toute chose est réellement un bien commun par rapport à celles qui ne le sont pas, aurait pu dire La Palisse, commun étant ce qui appartient à tous sans être la propriété de personne. Or, de courant entre les Hommes, qui se payent de bonnes intentions, au-delà de la méchanceté et du soleil il n’y a que le désir de toute puissance soutenu par des beaux mots. Dès lors, le « bien commun » ne différant pas en son essence du « bien privé » et tous les Hommes étant théoriquement égaux dans leur course au pouvoir, en absence d’un quelconque devoir de loyauté chacun a la possibilité de tuer son semblable s’il y voit un intérêt, la ruse remplaçant au besoin sa faiblesse et sa responsabilité pénale, d’où la nécessité d’un Etat.

Bref : le culte du bien commun n’existe que dans le crâne du philosophe, car il ne sait pas se retrouver dans un monde chaotique où chaque domaine de la réalité, mise à part les slogans angéliques, le force à la prudence issue de l’expérience ordinaire, c’est-à-dire, la comédie de la vie.

Comme l’hôte qui me recevait un jour adressait à sa compagne force « chérie », « mon amour », « petit ange », je lui ai exprimé mon admiration pour cette déférence peu commune, et il me répondit :

- C’est que je ne me souviens plus de son nom.    

Carlos

Débat du 13 Mai 2012: « A quoi sert le pouvoir ? », animé par Alexandra Ahouandjinou.

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Posted on 14th mai 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Tandis qu’à Madrid on assistait à une nouvelle épreuve de force de la part des « Indignados », à Moscou, Poutine et Medvedev se préparaient à un nouveau pas de deux afin de garder la toute puissance politique sempiternellement entre leurs mains, alors qu’en France cela venait d’être, selon la tradition, réglé démocratiquement, le 13 Mai 2012 on célébrait à Bruxelles la Journée de l’Europe, c’est-à-dire, le 62ème anniversaire de la déclaration de Schuman qui, invitant les autres pays européens à faire de même, plaçait ipso facto la production franco-allemande de charbon et acier sous une autorité commune (CECA). Au Café des Phares®, en revanche, comme si l’on cherchait « à quoi sert la rate », nous nous sommes demandés « A quoi sert le pouvoir ? », l’étrange question étant posée par Alexandra Ahouandjinou, qui allait nous aider, sans doute, à y voir clair… à tâtons.

Etymologiquement, la puissance étant substantielle, le terme « pouvoir », aussi bien substantif que forme verbale, signifie « la capacité à être et à opérer en vue d’une fin » au sens physique ; au sens moral, ce serait « le droit d’exercer en raison d’une permission », et, au sens politique, l’organisation d’un collectif en législatif, exécutif et judiciaire ayant la compétence d’agir, au besoin par la contrainte. Pourtant, si l’on veut ergoter, disons que, si d’un côté il dérive du latin populaire potere (être capable de), voire « potest» ou « despotês » (« chef » ou « maître de maison »), de l’autre, le grec nous l’assène sous les traits de « Kratos », le premier mortel qui, devenu dieu après avoir tué l’Hydre de Lerne et le titan Chronos, a disséminé l’espoir de par le monde, cela nous autorise à mettre le mot « Pouvoir » en rapport aussi bien avec le devoir que l’autorité, au sens éthique.

Beaucoup de choses ont été dites, à partir de « ça sert à nous imposer ce sujet », par exemple, puis à propos du « sens utilitaire », « de l’ascendant de certains sur d’autres », ou « être au service du publique », ce qui a mis « Socrate dans le jeu en vertu de sa sagesse », « le flic en raison de son pouvoir discrétionnaire », « une alternative à l’intromission divine », le tout allant  même jusqu’au « pouvoir du ‘magasinier’ », qui a rappelé « le magicien » et, par conséquence « la démocratie ». Il y a de la suite dans les idées au Phares et, à la question subsidiaire, le pouvoir « est-ce une fin ou un moyen ? », les avis se sont partagés entre « l’enjeu est le partage » et « la finalité est le pouvoir », le tout et son contraire, c’est-à-dire, « équilibrer et déséquilibrer », mais « toujours un assujettissement institutionnalisé quelque part ; une aliénation donc », quelqu’un ayant conclu enfin : « c’est l’ordre ou le chaos ». L’incontournable Anna Arendt a été évoquée, aussi bien que « la volonté de puissance », « l’indissociabilité de l’identité », « l’autocensure », « le rôle du capitaine du navire », « l’affirmation de soi tributaire de l’écoute », « le courage nécessaire à l’exercice du pouvoir », ainsi que « la responsabilité qui en découle », « le désir de laisser une trace durable », «  le pouvoir vertical opposé à l’horizontal », « l’énergie qui circule », « le ‘non’ de De Gaulle, et le ‘yes’ de Obama », « le rapport de force » et, pourquoi pas, de logorrhée…, puis, le tout finit avec quelques vers de notre fidèle chantre Gilles :

« …pouvoir de conserver… écoute de l’autre… ; pouvoir d’unité, dans la diversité ; rapport de forces, d’énergie, d’esprit… pour le peuple, … par le peuple ; musique concert, musique qui sert… »

« Querer é poder » (« Vouloir c’est pouvoir »), dit-on dans mon pays, comme dans beaucoup d’autres, certainement, ce qui a comme corollaire la devise de Jacques Cœur, l’argentier de Charles VII, « A cœur vaillant rien n’est impossible » (Nil voluntibus arduum). Tombé en disgrâce, il fut pourtant torturé, puis banni, tandis qu’Agnès Sorel, introduite par le marchant auprès de Charles VII, était empoisonnée à la cour en 1456. De nos jours, une nouvelle version de ces temps romantiques de « cœurs vaillants » est devenue le « Toujours prêt ! », devise des « boy scouts », œuvre de Baden-Powell, maître dans « l’art de survivre » des Eclaireurs que l’on peut reconnaître à leur chapeau et leur foulard noué autour du cou.

Disons donc que, s’interrogeant sur le pourquoi et le comment, la philo nous a confronté au Pouvoir, au sens moral aussi bien que logique, nous campant incidemment dans la posture d’un contre-pouvoir, le cas échéant elle s’abstiendrait des affaires de la cité. Or, le Pouvoir est, depuis toujours, un moyen de contrainte pour les uns, mais aussi une sorte d’aphrodisiaque pour d’autres, qui n’ignorent pas les pouvoirs étranges de la fascination des être de passage, à l’air innocent et aux petites ailes, armés d’arc et carquois, comme les dieux Eros ou Cupidon, et autres maîtres de la séduction, capables de mettre, d’une simple pincée, votre petit monde à l’envers. En tous cas, il nous a donné l’occasion de tailler une bavette, au sens de l’aloyau, et à propos de la prochaine visite du président Hollande à la chancelière Angela Merkel, je me suis souvenu du problème de la cuisine allemande ; c’est que, après avoir avalé autant que vous voulez à table, une heure plus tard vous aurez faim de Pouvoir.

Carlos  

Débat du 6 mai 2012 : « Tourner la page », animé par Bernard Benattar.

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Posted on 7th mai 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Nuit de la plus grande pleine lune de l’année parce que totalement éclairée par le soleil et Jour déterminant pour la République française, dont les citoyens avaient à décider de leur destin pour les cinq années à venir, choisissant, entre Messieurs Hollande et Sarkozy, le plus apte à passer la Grille du Coq de l’Elysée afin d’y gouverner la nation (ce qui à terme s’est soldé par la victoire du premier), voilà que le 6 Mai 2012 fut aussi un dimanche philo au Café des Phares®, où le débat « Tourner la page… », était dirigé par Bernard Benattar.

Vu les circonstances, ça nous pendait au nez mais, à l’oreille, on était sans savoir exactement  si le verbe était à l’infinitif ou à l’impératif, s’il s’agissait de dépit amoureux ou de propos pornographiques, d’écriture ou de lecture. Dès lors, nous avançâmes à tâtons, présumant tout de même, grâce à environ soixante douze interventions, qu’il était question de « pardon, rupture, deuil, création, conversion, espoir, réécriture, imprévu, interprétation, libération, zapping, cicatrisation, désoeuvrement, fuite en avant, pêché originel, réhabilitation, élan vers l’avant, oubli, vigilance, pages interminables, prise de conscience, rouleaux de parchemin, ‘connais-toi toi-même’, ‘deviens ce que tu es’, psychanalyse et simple ‘show’, jusqu’à ce que Gilles nous conseille finalement de ‘changer de blessure plutôt que de pansement,…ici et maintenant… s’arracher au moment,… vers l’émancipation’».

Pour ma part, l’écriture contraignant forcément le scribouillard à prendre un nouveau morceau de papier chaque fois qu’il a noirci le premier, j’ai cru que, dans le sujet, il était question de la prosaïque démarche propre à la lecture d’un livre relié, peu importe lequel. Dès lors, allons-y pour le bouquin et, afin d’être pragmatiques, sachons que le terme « page » désigne bel et bien toutes les feuilles d’un même ouvrage. Celles-ci ont ainsi deux faces : quoique impaire, celle que l’on voit à droite se nome « recto » ou « belle page », parce que vue d’emblée ; dans son dos, au « verso » par conséquent, se trouve celle de gauche, paire donc, et où termine aussi chacun des chapitres, forcément. Mais, encore que « page » indique chacune des feuilles d’un livre, c’est après avoir parcouru le côté droit (impair), qu’afin de poursuivre la lecture le liseur passe à son dos, qui va figurer à gauche et pair. Lorsque l’on change de page, c’est toute la feuille qui se déplace aussi (l’ensemble des pages de droite et de gauche) et non la page (contenu à lire) tout simplement. Tournant la page, on plonge dans l’inconnu, tout en sachant néanmoins, vu le contexte, à peu près où l’on va ; le lecteur ne se sent pas dépaysé, en « terra incognita » ou dans un nouvel univers, quand il change nécessairement la page, afin de poursuivre la lecture et non la stopper, passant à autre chose, comme la doxa (l’opinion) veut l’admettre.

Ainsi, ne sachant donc pas, seul devant mon feuillet et en raison du syndrome de la page blanche, comment m’y prendre pour faire autrement le compte rendu de ce débat, je vous livre, parmi les chansons « Tourner la page » de Jenifer, Flynt, Shy’M, Saïan Supra Crew, etc., la version de Claude Nougaro :

« Il faut tourner la page

Changer de paysage

Toucher l’autre rivage

… Et là, enlacer l’arbre

La colonne de marbre

Il faut tourner la page

Devenir tout simplement

Oh yeah

Il faut faire silence

Sourire ! »

Puis, en raison des circonstances politiques, celle aussi de Saïan Supra Crew :

« Le bas peuple crie (faut tourner la page)

Personne n’entend.

Tout le monde crie (faut tourner la page)

Les militants de la Té-ci

N’apprécient pas les faux récits (non-non) ».

Voilà ! Conscient que tout ça ne mange pas de pain et que l’on peut, à sa guise, aller et venir, voyager ou se perdre dans un livre, je vous soumets un dernier chapitre :

- Chéri, où est passé le bouquin « Comment vivre 100 ans » ?, demandait une femme à son époux, la veille de la visite de sa maman.

- Je l’ai jeté !, dit-il.

- Jeté ? Et pourquoi ?

- Parce que ta mère vient nous visiter demain, et je ne veux pas qu’elle se mette à lire des trucs pareils.

Carlos