Débat du 6 mai 2012 : « Tourner la page », animé par Bernard Benattar.

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Posted on 7th mai 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Nuit de la plus grande pleine lune de l’année parce que totalement éclairée par le soleil et Jour déterminant pour la République française, dont les citoyens avaient à décider de leur destin pour les cinq années à venir, choisissant, entre Messieurs Hollande et Sarkozy, le plus apte à passer la Grille du Coq de l’Elysée afin d’y gouverner la nation (ce qui à terme s’est soldé par la victoire du premier), voilà que le 6 Mai 2012 fut aussi un dimanche philo au Café des Phares®, où le débat « Tourner la page… », était dirigé par Bernard Benattar.

Vu les circonstances, ça nous pendait au nez mais, à l’oreille, on était sans savoir exactement  si le verbe était à l’infinitif ou à l’impératif, s’il s’agissait de dépit amoureux ou de propos pornographiques, d’écriture ou de lecture. Dès lors, nous avançâmes à tâtons, présumant tout de même, grâce à environ soixante douze interventions, qu’il était question de « pardon, rupture, deuil, création, conversion, espoir, réécriture, imprévu, interprétation, libération, zapping, cicatrisation, désoeuvrement, fuite en avant, pêché originel, réhabilitation, élan vers l’avant, oubli, vigilance, pages interminables, prise de conscience, rouleaux de parchemin, ‘connais-toi toi-même’, ‘deviens ce que tu es’, psychanalyse et simple ‘show’, jusqu’à ce que Gilles nous conseille finalement de ‘changer de blessure plutôt que de pansement,…ici et maintenant… s’arracher au moment,… vers l’émancipation’».

Pour ma part, l’écriture contraignant forcément le scribouillard à prendre un nouveau morceau de papier chaque fois qu’il a noirci le premier, j’ai cru que, dans le sujet, il était question de la prosaïque démarche propre à la lecture d’un livre relié, peu importe lequel. Dès lors, allons-y pour le bouquin et, afin d’être pragmatiques, sachons que le terme « page » désigne bel et bien toutes les feuilles d’un même ouvrage. Celles-ci ont ainsi deux faces : quoique impaire, celle que l’on voit à droite se nome « recto » ou « belle page », parce que vue d’emblée ; dans son dos, au « verso » par conséquent, se trouve celle de gauche, paire donc, et où termine aussi chacun des chapitres, forcément. Mais, encore que « page » indique chacune des feuilles d’un livre, c’est après avoir parcouru le côté droit (impair), qu’afin de poursuivre la lecture le liseur passe à son dos, qui va figurer à gauche et pair. Lorsque l’on change de page, c’est toute la feuille qui se déplace aussi (l’ensemble des pages de droite et de gauche) et non la page (contenu à lire) tout simplement. Tournant la page, on plonge dans l’inconnu, tout en sachant néanmoins, vu le contexte, à peu près où l’on va ; le lecteur ne se sent pas dépaysé, en « terra incognita » ou dans un nouvel univers, quand il change nécessairement la page, afin de poursuivre la lecture et non la stopper, passant à autre chose, comme la doxa (l’opinion) veut l’admettre.

Ainsi, ne sachant donc pas, seul devant mon feuillet et en raison du syndrome de la page blanche, comment m’y prendre pour faire autrement le compte rendu de ce débat, je vous livre, parmi les chansons « Tourner la page » de Jenifer, Flynt, Shy’M, Saïan Supra Crew, etc., la version de Claude Nougaro :

« Il faut tourner la page

Changer de paysage

Toucher l’autre rivage

… Et là, enlacer l’arbre

La colonne de marbre

Il faut tourner la page

Devenir tout simplement

Oh yeah

Il faut faire silence

Sourire ! »

Puis, en raison des circonstances politiques, celle aussi de Saïan Supra Crew :

« Le bas peuple crie (faut tourner la page)

Personne n’entend.

Tout le monde crie (faut tourner la page)

Les militants de la Té-ci

N’apprécient pas les faux récits (non-non) ».

Voilà ! Conscient que tout ça ne mange pas de pain et que l’on peut, à sa guise, aller et venir, voyager ou se perdre dans un livre, je vous soumets un dernier chapitre :

- Chéri, où est passé le bouquin « Comment vivre 100 ans » ?, demandait une femme à son époux, la veille de la visite de sa maman.

- Je l’ai jeté !, dit-il.

- Jeté ? Et pourquoi ?

- Parce que ta mère vient nous visiter demain, et je ne veux pas qu’elle se mette à lire des trucs pareils.

Carlos