Débat du 20 Mai 2012 : « Y a-t-il un bien commun ? », animé par Idriss Sankhon.

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Posted on 21st mai 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Aussitôt après avoir été investi comme Président de la République, le 15 Mai, et renvoyé cavalièrement son prédécesseur ainsi que sa femme, Monsieur Hollande n’a pas hésité à prendre un chaleureux bain de foule ni à mouiller réellement sa chemise lors de son inspection à la flamme du Soldat Inconnu, repartant de plus belle le long d’une journée non-stop d’impérieux rendez-vous étendus jusqu’à Berlin pour une visite à Madame Merkel, dans l’idée de, renforçant la confiance en l’Euro, stimuler le capital et éviter la crise, faisant de même outre Atlantique au cours de sa rencontre avec Monsieur Obama, tandis que la Grèce battait de l’aile et à Cannes le tapis rouge était déroulé pour les stars du Septième Art accourant au 65ème Festival de cinéma, l’hebdomadaire débat-philo au Café des Phares® avait lieu, le 20 Mai 012, sous la direction de l’animateur essai Idriss Sankhon, à propos du doute « Y a-t-il un bien commun ? »

Ohhh, certainement mais, ce Quizz ludique appelant à une réponse fermée du type « oui » ou « non » tel s’il s’agissait de savoir « s’il y a un pilote dans l’avion ? », comment en discuter sans s’interroger d’abord sur la pertinence de l’expression « bien commun » ?

La réalité du monde dépend en effet de son interprétation, la vision que l’on en a incluant les ambiguïtés de la langue à laquelle nous sommes sans cesse confrontés. Dès lors, à quelle instance doit-on renvoyer la question « qu’est-ce que le ‘bien commun ?’ », pour répondre de façon suffisante, « oui » ou « non », à la première interrogation, liée si intimement à l’existentiel au point que le langage en limite l’appréciation ? Etant donné que la locution ne décrit rien et est vide de sens du fait que nous méconnaissons le rapport intime entre elle et la pensée, la question fit le miel des philosophes qui, remplissant le café, s’en donnèrent à cœur joie. Y a-t-il un bien commun ? S’il y en n’avait pas, cela se saurait, car il constitue une morale minimale devenue la bonne conscience de l’occident, même s’il a du mal à survivre au bien privé, la gestion des dégâts qui bouchent l’horizon des Hommes se présentant comme une guerre livrée à l’égoïsme d’où en découle une indéfinie répétition du même, soit une vision d’horreur qui, niant le passé, nous empêche de vivre une vraie vie humaine et nous dirige tout droit vers toutes les soumissions, empreintes de culpabilité. Je parle d’un universalisme qui, au lieu de déduire le « devoir être » de l’Etre (le mot juste de Thomas d’Aquin), procède en sens inverse, qualifiant de « bien commun » le « bon pour moi », alors que « les biens communs », se traduisait chez les romains, par « bien publique », c’est-à-dire, ce qui bénéficiait à tous indistinctement sans appartenir à personne.

Sachant que la Nation n’a pas de vouloir et que, dans son for intérieur, l’Homme n’est point prédisposé à universaliser le devoir moral ni à cultiver l’intérêt général, c’est l’électeur qui leur donne chair, via le « Bien commun », soit la quête d’un bonheur collectif ou une vision de l’Humain retrouvés dans les cris de Liberté, Fraternité, Egalité, en ce qui concerne la France.

En fait, on veut la « Lune » et, prêts à toutes les soumissions nous nions le passé, alors que le monde de demain est le reflet de celui d’aujourd’hui et d’hier, comme on l’a évoqué le temps d’un match de football, chaque philosophe s’efforçant de transformer le réel à sa manière, confirmant en somme qu’il y a certainement « un bien commun », des propos auxquels Gill mit un terme, remémorant en vers le « bien, première nécessité/ accessible à tous… Bien commun de l’Humanité/ Universel/ Tronc commun/ Front commun/ Hérité/ Immanent/ Transcendant/ Cœur de la « res » publique/ Du Bien, la beauté/ Le panache de l’Homme de demain/ Bien de notre Humanité/ Commune Humanité ».

Toute chose est réellement un bien commun par rapport à celles qui ne le sont pas, aurait pu dire La Palisse, commun étant ce qui appartient à tous sans être la propriété de personne. Or, de courant entre les Hommes, qui se payent de bonnes intentions, au-delà de la méchanceté et du soleil il n’y a que le désir de toute puissance soutenu par des beaux mots. Dès lors, le « bien commun » ne différant pas en son essence du « bien privé » et tous les Hommes étant théoriquement égaux dans leur course au pouvoir, en absence d’un quelconque devoir de loyauté chacun a la possibilité de tuer son semblable s’il y voit un intérêt, la ruse remplaçant au besoin sa faiblesse et sa responsabilité pénale, d’où la nécessité d’un Etat.

Bref : le culte du bien commun n’existe que dans le crâne du philosophe, car il ne sait pas se retrouver dans un monde chaotique où chaque domaine de la réalité, mise à part les slogans angéliques, le force à la prudence issue de l’expérience ordinaire, c’est-à-dire, la comédie de la vie.

Comme l’hôte qui me recevait un jour adressait à sa compagne force « chérie », « mon amour », « petit ange », je lui ai exprimé mon admiration pour cette déférence peu commune, et il me répondit :

- C’est que je ne me souviens plus de son nom.    

Carlos