Christian Godin : « La haine de la nature »

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Posted on 28th septembre 2012 by Gunter in Suggestions de lecture

Je crois qu’il n’est plus nécessaire de présenter Christian Godin, notre ami du café des Phares…
Ce livre dont je me contenterai surtout de reproduire la quatrième de couverture n’est pas seulement extrêmement bien informé des faits, très bien écrit – on a très souvent envie de recopier ses formules imagées qui frappent – mais d’une hauteur proprement philosophique remarquable : il réalise ce que Hegel nommait « l’universel concret » et que j’appelle la « philosophie vivante ».
Une seule « critique » : apparemment, ce livre aboutit au désespoir d’une destruction de la nature fatale et irréversible, mais en même temps l’auteur s’inscrit dans la pensée d’un Jean-Pierre Dupuy et de son « catastrophisme éclairée ». Or, celui-ci prône l’inévitabilité de la catastrophe à venir – afin qu’elle soit évitée ! Sinon, à quoi bon d’écrire des livres ?
Quatrième de couverture : « L’amour de la nature, l’intérêt pour la nature, la joie éprouvée en présence des paysages et des êtres de la nature font partie des présupposés courants jamais mis en question.
Notre civilisation est bien plutôt parquée par la haine de la nature. De la construction des villes à l’édification des corps, le monde de la technique est une véritable entreprise d’anéantissement.
Les difficultés auxquelles aujourd’hui se heurtent les politiques environnementales, les échecs récurrents des conférences internationales ne peuvent être compris si ce fait est oublié.
Les orientations « vertes » du capitalisme actuel ne sont que des ruses pour faire triompher l’artifice. Elles ne font que nous éloigner davantage du sens de la nature – désormais perdue.
La catastrophe systémique qui a commencé a proprement valeur apocalyptique, de révélation. C’est la pulsion de mort qui travaille en silence, jusqu’à sa probable victoire. »
« La haine de la nature », Champ Vallon, 2012, collection « L’esprit libre ».
A lire absolument par tous ceux qui ne sont pas encore complètement artificialisés, coupés de la nature (extérieure et intérieure, les deux vont ensemble), afin de mieux convaincre ceux qui le sont déjà (c’est à dire coupés) de réagir – l’homme, tant qu’il est vivant, n’est soumis à aucune fatalité ( entre beaucoup d’autres Françoise Dolto, et mission essentielle de « la philosophie dans la cité »).
Gunter Gorhan