Alors qu’aux USA Barack Obama s’affrontait à Mitt Romney sur le sens à donner à leur politique intérieure, au Venezuela le Président Hugo Chavez briguait un mandat de plus à la tête de son pays, le Président français, François Hollande, paradait au sommet des 5+5, tandis que la Duchesse de Cambridge, Kate Middleton, s’exhibait seins nus et fesses à l’air dans le Magasine « Closer », au Café des Phares®, après une pluvieuse Nuit Blanche fêtée dans les rues à l’instar de celles bien célèbres de Visconti (voire de Dostoïevski), sur les berges assez mouillées de la Seine ainsi qu’à l’Institut du Monde Arabe, le 7 Octobre 2012 a eu lieu, malgré tout, l’habituel débat philosophique intitulé « L’éducation est-elle une conversion ? », animé ce jour-là par Idriss Sankhom.
Etymologiquement, le latin « Educatio », qui nommait au XVème siècle le fait d’élever des animaux ou plantes, désigna ensuite l’instruction de l’esprit, jusqu’aux bonnes manières ou sentiments, selon Flaubert, et signifie aujourd’hui le façonnement de la personnalité, en vue d’une plus grande élévation morale et intellectuelle des gens de tous âges, c’est-à-dire, le développement des facultés mentales chez les enfants et la préparation des adultes à un métier, à la démocratie, à l’acuité de l’œil, de l’oreille, du goût, des manières en société, aussi bien que les égards, la politesse, que sais-je. Pourquoi pas l’éducation des abeilles, des vers à soie, d’une rose comme autrefois ?… Mystère et boule de gomme. Pour ce qui est de la « La formation d’un enfant », voire le développement de ses facultés intellectuelles et morales, ne surgissant qu’au courant du XXème siècle, elle fut quelque chose d’innovateur, même en Europe.
Quant à la « Conversion » (du latin : « conversio » ; en grec : « epistrophé »), cela témoigne par contre du changement mental d’un individu, qui se rallie par exemple à une autre religion, et veut dire en somme que l’on revient sur ses pas. Plus prosaïquement, il s’agit d’un processus ou cheminement personnel aboutissant à de nouvelles croyances, ou différents comportements religieux voire philosophiques, suppléant à des conceptions antagonistes, tel qu’il est arrivé à Pascal, deux fois plutôt qu’une. Il s’agirait au fond d’un changement d’attitude ou façon de voir. Se tourner, entre autres, vers ce que l’on croit vrai ou décider d’aller à la rencontre de valeurs moins communes (parfois un éveil spirituel accompagné d’un acte symbolique comme le baptême, profession de foi, circoncision, prise de distance des biens temporels, façon bouddhiste, par exemple) ; c’est ce que l’on nomme « aller à la recherche, enfin, d’une autre voie, abandonnant certaines conduites ou idées jugées fausses ». La case à cocher était donc « Non », mais cela nous privait des délices du show, c’est-à-dire, la délectation d’empoigner, à chacun son tour le micro, afin d’assener aux autres « sa vérité » et le spectacle se poursuivi « as usual ».
C’est ainsi que l’on se trouva avec « l’enfant sauvage » sur les bras, et du coup « le bébé qu’il faut convaincre à dormir », la « conversion automatique et unidimensionnelle / éducation laborieuse, de A en B, pas de B en C », puis « conversion/ manipulation », « Napoléon III et ses petits soldats », « la guerre d’Algérie », « Manet, peintre et professeur », « éducation institutionnelle ou au sein de la famille », « le développement des idées communistes », le «deviens ce que tu es », « la conversion de St. Paul sur le chemin de Damas », « le Maître et le disciple », « Daniel Pennac et la question de l’argent », « conversion pour quoi faire ? », « pour s’affirmer ! », « pour aller vers une autre vision du monde… » A un certain moment, assis sur le comptoir mais invité par l’animateur à s’exprimer, le petit Cornélius se mit à pleurer. Pourtant, encouragé par son géniteur, à la deuxième tentative, suivie d’applaudissements, il se livra, s’expliquant sur son drame familial. Question : l’éducation est-elle une galère ?
Le collectif poursuivi, néanmoins, évoquant successivement « la socialisation », « l’émancipation », « l’amour platonique », « le rite de passage », « l’apprentissage de la broderie, pour les filles d’autrefois », et soutenant qu’« il faut s’appartenir », « transmettre et point éduquer », et cetera…
Finalement, Gilles mit un point final à la séance, clamant : « Education/ élévation/ instruction… Objectif/ Finalité… Déconstruction/ Désorientation/ Reconstruction… Lien d’Humanité/ Deviens ce que tu es… »
Histoire de refaire l’instant, tout le monde se trouva dehors, et quelqu’un a raconté que :
Porté par le désir d’éduquer sa propre diction, un patient fut invité par l’orthophoniste à poser ses parties génitales sur le bord du bureau, puis celui-ci porta sur elles un violent coup de marteau à réflexes tendineux…
- Ahhhh, fit le malheureux.
Le docteur :
- Revenez demain pour le « B » !
Carlos
Gérard says:
Ce serait intéressant de savoir ce que l’ animateur pense de ce sujet lui qui l’a choisi. Pami d’autres.
Un sujet qui serait » la conversion est une éducation » est un classique de ceux qui savent de quelle conversion il s’agit. En gros, pour les antiques:( les sens vers l’intellect et le sensible vers l’intelligible )
Mais la formulation oposée : » l’éducation est- elle une conversion ? » Est ce quelqu’un a pu dérouler un discours articulé ? Pas sûr à lire Carlos.
C’était un clin d’oeil pour profs ou bien cherche -t-on à faire des formules, des vrais faux sujets, des « comme si on faisait de la philo » ??
Le texte de Carlos donne une idée assez large de ce à quoi cela a fait penser à x, Y, ou Z mais y- a- t-il quelque chose qui sorte de tout cela?
Je veix dire, un consensus qui traduirait une élaboration collective qui se serait enrichie des apports des uns et des autres ?
On peut rêver d’une expérience disons « culturelle » qui ferait que l’on sorte des phares plus riches qu »en y entrant.?
Tel que cela est formulé, il y a une quand même un piste sérieuse de paradoxe. Ce serait celle du parent- apprenant éducateur.
En ces temps où « la parole du père » se fait absence, peut- être y- a -t-il une « conversion » à vivre pour un père actuel de jouer consciemment le rôle du père plutot que de l’être simplement.
De ce point de vue l’éducation à la parentalité a de l’avenir.Cela suppose pour être reconnue massivement une conversion des esprits relativement problématique.
Cela pourrait fairt l’objet d’un débat En tout cas la question est posée dans la société.Alors pourquoi pas aux phares ? .
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8th octobre 2012 at 0 h 22 min
Gunter says:
C’est sûr, Gérard : depuis que tu n’animes plus les Phares – je suis très content que tu reviendras bientôt – nous faisons seulement semblant de faire de la philosophie..
Il ne faut pas se fier aux comptes-rendus de Carlos, il faut le lire au 2nd et 3ème degré; son mérite, à mes yeux, c’est de se moquer de la philosophie et de nous empêcher de nous prendre ainsi trop au sérieux. Il suffit que tu relises ses compte-rendus de tes animations à toi et de celles des autres; son ironie, pour ne pas dire plus, n’épargne personne…
Il est vrai aussi, que je m’inquiète parfois que ceux qui ne connaissent pas Carlos et lisent ses textes puissent les prendre au premier degré, ce qui les empêcherait, peut-être, d’aller voir et écouter par leurs propres yeux et oreilles.
Finalement, pourquoi veux-tu que l’animation doit consister à élaborer collectivement un consensus ? Un café philo tel que je l’entends n’est pas la réunion d’une équipe cherchant à agir le plus efficacement possible, ce qui implique, en effet, la recherche obstinée d’un consensus le plus large possible.
8th octobre 2012 at 15 h 17 min
Gunter says:
Addendum : Gérard, si tu reviens aux Phares aussi en tant que « simple » participant (coresponable de toute animation non-infantilisante), pourquoi ne pas proposer un sujet, tel que « Peut-on apprendre être père ou mère ? » ou « Qu’est-ce qu’être père ou mère, etc. ? »
8th octobre 2012 at 15 h 48 min