Débat du 25 novembre 2012 : « Sommes-nous fâchés avec nous-mêmes ? », animé par Claudine Enjalbert.

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Posted on 26th novembre 2012 by Gunter in Comptes-Rendus

Malgré le début des joyeux Marchés de Noël, c’est sur fond d’échauffourées à propos de l’opposition au nouvel aéroport de Notre Dame des Landes et de la cacophonie à l’UMP pour l’élection de leur chef de file, que dans la Semaine de la Coiffure, des Droits des Enfants, des Jeux de Société, des Journées d’Action Contre les Violences à l’Egard des Femmes, en même temps départ du Festival des Arbres et de la Forêt, que, le 25 Novembre 2012, a eu lieu au Café des Phares®, le débat « Sommes-nous fâchés avec nous-mêmes ? », dont l’animation a été confiée à Claudine Enjalbert.

La guerre contre soi était ouverte ! Du latin « fastic », le mot « fâché » veut dire, étymologiquement, terre inculte, et par association d’idées, « goujat ». C’était donc à se demander si, par hasard, nous ne nous faisions pas la tête entre voyous, là, sur place et, s’il s’avérait exact qu’il y avait de l’eau dans le gaz au plus intime de nos êtres, il faudrait assumer tout de suite, sans chercher à savoir qui a provoqué la zizanie, « nous », ou « nous-mêmes », autrement que par la venue de « nous-même » vers « nous », parce que « nous » n’est pas sans reproche non plus ; il est trop gâté. Ou alors, sachant que tout ça ne date pas d’hier, on pourrait faire comme si de rien n’était, tel que la sagesse le recommande ; une fâcherie ne dure jamais plus de trois ou quatre jours et il faut rester serein, sans attendre lequel fera le premier pas pour se réconcilier. Si « nous-mêmes » est plein de morgue, « nous » ne l’est pas moins. Quoique, la moindre des choses serait peut-être de tirer au clair qui a commencé, pour quel motif, depuis quel moment, et jusqu’à quand avait-on l’intention de se tourner le dos, au risque de se rendre ridicule, s’énervant à fouiller dans ces bisbilles, puisque la raison nous disait qu’en tous cas, il ne faut pas que ça dure, et nous ne devons nous poser pas trop de questions, avant d’apprendre le motif pourquoi « nous-même » boude dans son coin, du moment que « nous » n’avons rien à nous reprocher mis à part l’ivresse d’un moment. Rêvons-nous d’une autre façon d’être ou de jouir autrement ? Pour quelle raison se demander le mobile de l’attitude du vis-à-vis qui nous tient tête, si c’est vrai que « nous » est plus indulgent qu’un « nous-mêmes », plein d’une suffisance mal venue pour ne pas dire inadéquate et que, dans ces conditions, on pourrait éventuellement se rabibocher ? Il est évident que « nous » devons dès lors faire le premier pas, sans attendre que « nous-mêmes » s’y résigne. « Nous » devons aller vers « nous-mêmes » bien avant que lui ne le fasse, et il serait alors très intéressant de chercher à connaître avec lui la raison pourquoi nous avons pu nous faire la gueule.

Certes, la colère est une émotion légitime qui nous amène à réagir, nous donne de la force et nous informe lorsque nos besoins élémentaires sont frustrés. Il ne faut pas oublier, pourtant, que souvent l’alcool y est pour quelque chose.

Voilà pourquoi le débat a eu lieu et, dès le commencement, un participant a affirmé que « nous sommes des êtres dissociés, Raison et Passion provoquant le divorce du ‘moi’, ‘ça’ et ‘surmoi’ analysé par Freud, triade sur laquelle repose toute la psychanalyse », puis l’amalgame ‘fâché/rupture de soi’ fut évité, quelqu’un ayant ajouté que « plus il vieilli plus il se réconcilie avec le pêché originel », raccommodement repris à plusieurs moments, entrecoupé de « références au masochisme », « à l’égoïsme » et « aux pires ennemis que nous sommes de nous-mêmes », « à discuter dans des Cafés Psycho » d’après l’animatrice, suivi « du doute sur la perfectibilité de l’humain » et de « la transparence à soi-même » ainsi que de « l’éventuelle soumission à d’autres », « les dernières péripéties politiques (Copé/Fillon) étant rapprochées de celle de Ségolène Royal : ‘je ne suis pas fâchée, je suis en colère’» ou « du sentiment de ne pas être à la hauteur », opposée à « la joie d’avoir tout raté ». Une voix s’est élevée pour faire remarquer que « l’on mélangeait deux choses : le ‘contre soi’ (psychologisant) et le philosophique qui occulte un diagnostic », puis une autre pour « évoquer Léo Férré ‘je suis un chien…’ ou la vie inversée », encore « l’hystérie » et « l’infantilisme qui consiste à se fâcher contre soi-même, un état de guerre permanent », une dame faisant remarquer « qu’il y des guerres ‘pour’, et des guerres ‘contre’ et qu’il faut avoir la capacité de les développer », suivie du « fâché avec ou fâché contre », « le cas Rousseau qui, manque de moyens, abandonna ses enfants », « le dualisme ‘deviens ce que tu es’, qui nous divise », « l’Homme qui se veut admirable et se voit misérable », « le divorce entre soi et soi » pour, finalement revenir au « Aime ton prochain comme toi-même », que Gilles illustra de sa poésie : « Nous sommes, nous-mêmes, notre seul ennemi : Nous sommes, nous-mêmes, notre pire ennemi. . . », puis on vida la salle pour se trouver dehors à papoter encore… Voilà, voilà ! En bref.

- « Je suis très, très fâché ! », s’épancha quelqu’un.

-Après qui ?

-Après moi-même !

- Ne soyez pas cons, vous deux ; essayez de prendre de la distance…

Carlos

Débat du 14 Octobre 2012: « Famille je vous aime, famille je vous hais, ou y a-t-il autre chose encore? », animé par Eric Zernik

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Posted on 19th novembre 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

On venait de célébrer sur la Butte Montmartre la traditionnelle fête des vendanges, événement qui, comme habituellement, culmine par l’impressionnante prouesse pyrotechnique constituée par le rituel feu d’artifice tiré devant la Basilique du Sacré Coeur, une féerie propre à enchanter d’une sorte de communicative ferveur la grande famille des parisiens, puis, le 14 Octobre, au Café des Phares®, ce fut un sujet ayant trait à la plus petite unité d’un groupe, qui, animé par Eric Zernik, nous a été proposé pour la discussion hebdomadaire : « Famille, je vous aime ; famille je vous haïe, ou y a-t-il autre chose encore? ».

Le mot « famille » apparaît en Europe vers 1600 et il est constant que dans la culture européenne le groupe naturel formé par l’union entre les sexes se fait par le mariage d’un homme et d’une femme [femina-ae ou mulier-eris, en latin, l’épouse se traduisant par uxor, γαμος (gamos), chez les grecs], plus les enfants qui vont éventuellement en naître, ayant comme corollaire la formation d’une maisonnée ou famille, c’est-à-dire, l’ensemble des personnes unies par le sang ou alliance et ayant des intérêts communs, vivant sous le même toit [domus (latin) ; oïkos, (grec)], sans compter la belle-famille, et, en sociologie, la forme d’une telle unité dépend des conditions économiques et croyances religieuses du noyau, le rôle plus important revenant dans les civilisations anciennes à l’autorité de droit du chef de famille sur tout le clan, esclaves inclus, habitant à un même endroit. Il se charge de l’éducation, qui se poursuit à l’école, et de l’entraide, en lien avec l’Etat puisque la famille constitue la plus petite quoique fondamentale cellule du peuple, car elle représente en même temps un conséquent rouage de la vie politique, figurant ainsi une sorte de premier état.

Mais, puisque formée d’oncles, tantes, beaux parents, parâtres et marâtres, l’arbre généalogique de chacun de nous a plus de racines que de branches et a l’air d’une frêle pousse chez le pépiniériste, destinée à être repiquée ou à recevoir des greffes, ça promettait donc un ‘débat des familles’, c’est-à-dire, sans prétentions, et c’est ainsi que l’on a parlé  de « famille verticale, de sang, par alliance et de ‘pacs’ », « de bâtards », « de la complémentarité en maths » (suivez mon regard), « des adoptions ou des groupes informels, tel un éditeur, par exemple », « appartenance choisie ou pas », « parents biologiques ou pas », et on s’est interrogé sur « qui est le père de famille dans un couple homosexuel », « famille économique », « les différents liens non conventionnels », « des conséquences dans tout ça dues à la mort de Dieu », « à l’amour, à la haine », « au calvaire que cela peut représenter », « aux rapports sexuels ». Puis, on s’est demandé « si l’on pouvait sortir de la famille et, si oui, pour aller où ? », « famille de l’amour… peut-être de la haine (Sartre), alors que Camus en parlait avec ‘amour’ », « du fait de s’accoupler au hasard », «  de l’arbre de transmission », « du goût du sport », « de l’anthropologie », « de la ‘mère patrie’ », « de la distinction Hégélienne entre le naturel et le culturel », « un couple qui ne forme pas forcément une famille, si l’on ne se reconnaît pas comme tel », « le fait de sortir du cocon familial », et on a évoqué les couples mono parentaux ». « les situations de souffrance d’un enfant », « le chat de Schrödinger », « les enfants sauvages », « les pères nourriciers »,

Malgré une singulière misogynie chez les grecs, liés à la maisonnée (oikos) où chacun avait une place définie sous l’autorité du chef de famille, les femmes jouaient certes un rôle religieux essentiel autour du mariage, de la maternité, de l’accueil au foyer, mais se trouvaient exclues de la citoyenneté. Pourtant,

Penché sur son express, au comptoir du bistro, un consommateur se tourne vers le gars qui se trouve accoudé à ses côtés pour lui dire :

- Si ce n’était pas la moustache, vous auriez un air de famille avec ma belle mère…

- Baah, s’exclame l’autre, je n’ai pas de moustache…

- Mais elle, elle en a !

Carlos

Débat du 18 novembre 2012: « Bioéthique, un cas clinique de fin de vie », animé par Bruno Lecoris.

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Posted on 18th novembre 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Au cours de la semaine de la solidarité internationale et de la citoyenneté, voilà que l’enfer s’installait à Gaza accélérant diaboliquement le terme des existences humaines, tandis qu’à Paris on trouvait partout des Marchés de Noël, occasion rêvée pour aller lécher les vitrines de fin d’Année ou le grand Salon du Mariage Oriental, qui suscitait de nouvelles créatures, alors qu’au Café des Phares® on se souciait de leur terme, au cours du débat du 18 novembre « Bioéthique, un cas clinique de fin de vie », animé par Bruno Lecoris.

Je ne sais pas s’il y a un point d’interrogation, il se trouve en tous cas que la veille on fêtait l’arrivée du Beaujolais Nouveau, à laquelle habituellement je sacrifie en compagnie de vieux amis soixante-huitars, membres honoraires de l’Internationale Situationniste, et je ne me trouvais pas ce dimanche, en mesure de faire face à la bioéthique, ni aux cas cliniques et encore moins à la fin de vie, c’est-à-dire, l’effacement complet de nos idéaux, l’achèvement de ce qu’il s’agissait de dépasser, le point mort du passé, la disparition du centre, le flétrissement de toutes les salades.

Si je lance ce compte-rendu, c’est tout simplement afin de donner à ceux qui ont assisté au débat, l’occasion de s’en exprimer dans la rubrique « commentaires » et satisfaire ainsi le désir reconnu du dialogue, l’errance de la pensée, le refus de la lourdeur, l’effacement du négatif.

Ceci dit, puis je m’efface, il semblerait que, prêté par les médecins avant d’exercer, le Serment d’Hippocrate constitue le principe de base de leurs devoirs professionnels et respect de la vie, bioéthique pour les intimes. Ne suffirait-il plus, le Serment, à définir les responsabilités du docteur ?  Nous faudrait-il une autre réflexion sur la morale des Hommes confrontés au vivant, un second procédé donc, un savoir de plus ou une nouvelle méthode, bref, une « déontologie », concept créé dès 1960, destinée à déterminer leurs responsabilités et contenir leurs excès, comme la vente d’organes éventuellement ?

Un individu trouve un vieil ami dans la rue.

-Tiens, te voilà. On m’avait dit que tu étais mort.

- Tu vois, je suis bien vivant.

- Mais, je crois plus volontiers celui qui me l’a dit.

Carlos

Bioéthique de la fin de vie.

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Posted on 18th novembre 2012 by Carlos in Uncategorized

Au cours de la semaine de la solidarité internationale et de la citoyenneté, voilà que l’enfer s’installait à Gaza accélérant diaboliquement le terme des existences humaines, tandis qu’à Paris on trouvait partout des Marchés de Noël, occasion rêvée pour aller lécher les vitrines de fin d’Année ou le grand Salon du Mariage Oriental, qui suscitait de nouvelles créatures, alors qu’au Café des Phares® on se souciait de leur terme, au cours du débat du 18 novembre « Bioéthique, un cas clinique de fin de vie », animé par Bruno Lecoris.

Je ne sais pas s’il y a un point d’interrogation, il se trouve en tous cas que la veille on fêtait l’arrivée du Beaujolais Nouveau, à laquelle habituellement je sacrifie en compagnie de vieux amis soixante-huitars, membres honoraires de l’Internationale Situationniste, et je ne me trouvais pas ce dimanche, en mesure de faire face à la bioéthique, ni aux cas cliniques et encore moins à la fin de vie, c’est-à-dire, l’effacement complet de nos idéaux, l’achèvement de ce qu’il s’agissait de dépasser, le point mort du passé, la disparition du centre, le flétrissement de toutes les salades.

Si je lance ce compte-rendu, c’est tout simplement afin de donner à ceux qui ont assisté au débat, l’occasion de s’en exprimer dans la rubrique « commentaires » et satisfaire ainsi le désir reconnu du dialogue, l’errance de la pensée, le refus de la lourdeur, l’effacement du négatif.

Ceci dit, puis je m’efface, il semblerait que, prêté par les médecins avant d’exercer, le Serment d’Hippocrate constituerait le principe de base de leur déontologie et respect de la vie, bioéthique pour les intimes. Ne suffirait-il plus, le Serment, à définir les responsabilités du docteur et nous faudrait-il une nouvelle réflexion sur la morale des Hommes confrontés au vivant, une bioéthique donc, un savoir de plus ou une nouvelle méthodologie, bref, une déontologie, créée en 1960, destinée à déterminer leurs responsabilités et contenir leurs excès, comme la vente d’organes éventuellement ?

Un individu trouve un vieil ami dans la rue.

-Tiens, te voilà. On m’avait dit que tu étais mort.

- Tu vois, je suis bien vivant.

- Mais, je crois plus volontiers celui qui me l’a dit.

Carlos

Débat du 11 Nov. 2012: « Passer à côté du présent… », animé par Nadia Guemidi

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Posted on 12th novembre 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Peut-être parce que le problématique « Mariage gay » et autres bisbilles homoparentales a l’allure d’usine à gaz dans le paysage politique et logique français, les billets Euro changent de tête, et c’est sans doute en raison du retour inéluctable d’Obama à la Maison Blanche que l’on assiste partout au déferlement du « Gangnam style », la danse lancée par PSY, un chanteur sud coréen qui, se déhanchant comme un cavalier sur sa monture fait le tour du monde avec cette trouvaille et bénéficie d’un impact plus grand sur la toile que le hisser des voiles au Sables d’Olonne sur les immenses Yachts du septième Vendée Globe dont le propos est de faire la même chose. C’est dans cette vertigineuse logique de sacs et de cordes que, le jour de la Patrie, sous l’animation de Nadia Guemidi, a eu lieu au Café des Phares® le Débat du 11 Novembre, « Passer à côté du présent, n’est-ce pas passer à côté de sa vie ? »

Le « n’est-ce pas » semblait correspondre à une évidence, alors qu’il fallait déjà savoir à côté de quoi l’on passait, c’est-à-dire, qu’est-ce que ce présent que l’on effleure de façon si indifférente bien que cela nous éloigne de la survie, et comment peut-on frôler à peine sa vie, qui, en général a une durée assez conséquente, en somme, mais qui, facétieuse, peut nous jouer des tours, voire être pénible ou même douloureuse, au point de nous croiser d’une façon cavalière évitant même de nous dire bonjour ?  Et puis, qu’est-ce qu’une vie, au bout du compte, et de préférence une vie bonne ?

Allons-y pour le présent. Autant se pencher sur la mort subite d’un nourrisson, dont le présent fonda tout son destin, et l’on fera d’une pierre deux coups (passer à côté du présent et de la vie). Mais, essayons d’être sérieux et commençons par le commencement : Qu’est-ce que le présent ? Un moment entre le passé et le futur, OK, mais, quelle est sa durée ? Quelle est sa signification dans l’existence ? Visiblement, le problème dépassait nos compétences car, s’agissant d’un instant fugitif, d’une persistance pratiquement quasi nulle que l’on estime à trois secondes, le présent n’a pas d’« à côtés » ; il EST, tout le temps. Le présent c’est le moment fugace où l’on pense, on agit, on demande le micro, et, si l’on commence à 12,30 dans un café Philo, pour finir une heure trois quarts après, à condition de ne pas chômer, on a à peu près 2.100 instants. Sacrifiant le passé à la fatalité du futur, le présent a l’épaisseur d’un trou noir, alors qu’une vie, c’est la vie et elle nous colle à la peau ; ce n’est pas un fantôme, une chimère ou un train qui passe. Combien de temps dure-t-elle ? Va savoir… L’espérance théorique de se tenir dans sa carcasse semble aller jusqu’à 120 ans, parfois quelques-uns les dépassent mais, on a beau regarder les lignes de la main, consulter des sorcières ou des voyantes, mystère et boule de gomme : une vie c’est une vie ; elle fut, elle est, puis un jour ne le sera point. Pas de chichi. « … hey honey, take a walk on the wild side… », (Loo Reed, 2009).

Quoiqu’il en soit, l’excessive question a donné lieu à beaucoup de commentaires, allant de « l’analyse des événements, d’Ives Cusset », au « poème de Pierre Ronsard, ‘Mignonne, allons voir si la rose… », en passant par « ‘la présence’, attitude bouddhiste devant la vie », « la perception sensuelle de son corps », « Pierre Dac et son ‘Tout du côté d’ailleurs’ », « le doute sur ‘l’être-là’ », « le lien qui va d’un ‘maintenant’ à un autre », « le bien fait de vivre sa vie », « le doute sur le ‘passer à côté’ », « la présence permettant à l’enfant de ne pas être dans le doute », puis nous sommes passés au « temps poétique, prosaïque, modernité et post-modernité », « au ‘je’ et au ‘nous’ que l’on y trouve, liés à l’actuelle disette grecque », « le présent étant le temps de l’action (bonne ou mauvaise) », « alors qu’il ne va pas vite » et « qu’une vie non analysée ne vaut pas la peine d’être vécue », « que rien ne nous est acquis, à part la mort », « regrets et remords », « écart entre le ‘dire’ et le ‘faire’ », « ‘Pour qui sonne le glas’, d’Hemingway », « différence entre ‘vie’ et ‘existence’ », « faire en sorte que le futur soit agréable », nuancé par « jouir c’est une chose, vivre c’est une autre », et la remarque que « Bergson hantais le sujet et que l’on tournait autour d’un faux problème », tandis que d’autres pensaient que « c’était le sujet par excellence, la vraie vie étant le fait d’apprendre à grandir, un lieu autre que la jouissance de l’enfant qui tète », « que l’on doit vivre dans le présent », qu’il « est légitime de se demander ‘qu’est-ce qu’une vraie vie », ou « de se dire que la mort n’est pas en soi », allant « des regrets et des remords au complexe d’Œdipe (jamais Jocaste) ; mère présente ou mère puissante ? ». On évoqué la perplexité de Sartre dans ‘La Nausée’ devant la racine d’un marronnier au Havre, puis Cyrano (ou l’amour impossible ) et Neruda (qui avoue avoir vécu), puis, enfin, quelqu’un s’est dit « ravi d’avoir découvert le ‘Café Philo’ » et, pour terminer, Gilles nous fit part de ce que le débat l’avait inspiré :

«Présent, passé, …/saisissable cadeau de chaque instant…/ Sensation, direction/ Objet, trajet…/ Etre, construction…/ Présence humanisante…/ Présent, je t’embrasse… 

Mais,  finalement, j’y pense.  Qu’est-ce que cette schizophrénie où le présent prend les dimensions d’une vie ? Somme toute, une telle perplexité existentielle qui nous a happé le long du débat, ne serait-elle pas à rapprocher du pénible cafard exprimé par Anna Karina dans le film de Jean Luc Godard, « Pierrot le fou », où, pour éviter d’être en dehors de la plaque, l’actrice n’arrête pas de se plaindre :

- Qu’est-ce que je peux faire ? J’sais pas quoi faire !

« Que pourrais-je bien dire ? », se demande le peuple ‘philosopheur’, afin de ne pas se trouver à côté de son ombilic.

Carlos

Débat du 4 novembre 2012: « Philosopher est-ce penser soi-même? », animé par Michel Turrini

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Posted on 5th novembre 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Une fois terminée la saga des fraîches fleurs déposées dans les cimetières ainsi qu’éteint le feu des bougies placées également le premier du mois, pour prendre effet le deux, puis rangés tous les horripilants ou comiques déguisements et consommées toutes les friandises qui faisaient l’objet de la fête celtique Halloween, mettant en vedette les citrouilles découpées de manière à éclairer les alentours d’un grimaçant sourire, passant enfin aux choses sérieuses au Café des Phares®, le 4 Novembre 2012, sous l’œil des caméras d’une Télévision nord coréenne, a eu lieu le traditionnel débat dominical où fut posée la question « Philosopher est-ce penser par soi-même ? », que Michel Turrini était chargé d’animer.

L’interrogation paraissait oiseuse, à partir du moment où l’on admet que philosopher c’est « cogiter », « une activité psychique qui a pour but la connaissance » au bénéfice de la sagesse donc, et naturellement peu importe qui s’adonne à une telle activité : soi-même, si on l’affirme à la première personne du présent, ou autrui selon les cas, passant d’une idée à toute autre qui s’y oppose, au besoin. Autrement dit : « Philosopher est penser » (c’est sûr), la raison étant la faculté de connaître, juger et agir en vertu de l’aptitude de l’entendement à le faire, peu importe qui le fait. Point.

Verbe intransitif dont le sens porte donc sur l’application de son esprit aux éléments fournis par la connaissance, « Penser » n’exige par conséquent aucun complément d’objet et peut constituer avec le sujet une phrase minimale achevée : « Cogito » ! (Je pense). Basta. Descartes pensait… Il se trouve qu’il en déduisit la réalité de son existence, et pas l’absconse redite : « Je philosophe, donc je pense moi-même, ce qui prouve que j’existe ».

En effet, on pourrait éventuellement envisager que « Philosopher » soit quelque chose d’autre que « Penser » (personnellement ou pas), comme par exemple accepter les choses comme elles sont, c’est-à-dire, avec philosophie, ou chercher à savoir pourquoi elles sont là, plutôt que rien, quitte à la raison de le confirmer ou infirmer. Enfin, philosopher c’est connaître l’univers, un univers composé de deux mondes, le monde physique et le monde moral, et être éventuellement en désaccord à propos de tout avec ses congénères, afin de ne pas épuiser le plaisir de discuter, auquel on donne le nom de dialectique ou logique de l’apparence selon Kant, qui le nommait aussi de « diallèle », « cercle vicieux » pour les intimes.

Mais, étant là pour s’exprimer, les candidats à la manifestation de leur pensée signalaient leur envie de le faire, qui pour « prôner l’innovation » (qui n’était pas du goût de l’animateur), qui pour confesser « qu’il en a qui sont plus malins que les autres », qui encore pour « admettre le recours à des références tels que Heidegger, Kant, Aristote, Ricoeur, pour apprendre à dire ‘je’ » ou « pas d’accord » avec « l’académisme et la démagogie », voire à « n’être pas d’accord » ou à sympathiser plutôt avec les « pataphysiciens », « la musique étant elle aussi de la pensée », ainsi que « la haine de la philo », tandis que « philosopher ce n’est pas penser par soi-même, mais contre soi-même, parce que l’on est asservis par la famille, l’école, etc., et que les philosophes pensent pour soi-même et contre nous », alors que « personne ne peut m’empêcher de lire » ; « Philosopher ? Mon cul ! », « C’est un abîme ! ». Une fois qu’un autre intervenant ait fait « l’éloge de son téléphone mobil », « les termes philosophiques furent considérés difficiles à déchiffrer », et que « les philosophes se contredisent », une jeune fille « se plaignit de ne savoir que faire de toutes ces théories, ignorant ce que c’est ‘penser ce qu’on dit’ et ‘dire ce que l’on pense’ », une autre « qu’en ce moment il y a trop de questions à se poser », et dès lors, ajoute une troisième, « à quoi ça sert la pensée de Descartes si elle ne peut pas s’appliquer tout le temps ? » Il lui a été répondu que « philosopher c’est simple : c’est apprendre à voir ; on est à l’atelier de peinture. Chacun sa vérité ! », puis, l’un, « que la philo est une grosse salade », l’autre que « c’est une passoire », un autre encore « qu’il s’agit de trier ». Un coutumier du zinc voulut donner la parole à son petit enfant qui dit : « je veux apprendre à penser, mais pas à obéir », alors que l’intervenant suivant faisait référence comme étant « un grand ordinateur qui marche en dehors de nous », et un autre à la « culture qui n’est pas accessible à tout le monde et qu’il faut procéder à la ‘doxification’ des idées, car on n’est pas des ordinateurs »

Finalement, Gilles a eu raison de tout ça, déclamant : « Pensée, s’y frotter, approfondir ce que l’on dit… Experts, expertises, penser par soi-même… vivre sa pensée… chercher ce que tu es. » … et nous voilà dehors, où un participant au débat dit à son ami:

- Tu sais, il parait que « philosopher » c’est penser soi-même…

- Il faut pas trop tirer sur la ficelle.

- C’est ce que je pensais !

Carlos

Addenda

Au lieu d’un Ciné-Philo, Daniel Ramirez nous a invité ensuite à participer à un Théâtre-Philo, et une partie d’entre nous s’est dirigée vers la magnifique salle de spectacles du Ranelagh, afin d’y assister à la représentation de Macbeth, ou le drame du Pouvoir, tragédie bien connue de Shakespeare où il est question de l’assassinat de Duncan, roi d’Ecosse. En scène jusqu’au 11 Novembre, elle a été suivie d’un excellent débat sur le tenaillement du remords et autres questions annexes.

CG