Débat du 13 Janvier 2013: « La domination rend-elle idiot? », animé par Nadia Guemidi.

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Posted on 14th janvier 2013 by Carlos in Comptes-Rendus

Vaste programme. Une fois ingurgitée la galette et repartis vers l’Orient les Rois Mages venus jusqu’à Bethléem rendre hommage à Jésus, fils de la vierge Marie, ce dimanche, 13 janvier 2013, pour les partisans de l’union Maritale « ad hoc » ou « Hyménée » (du nom du beau jeune homme invoqué lors des noces grecques, pour avoir délivré les jeunes filles enlevées un jour par des pirates), il était question de battre le pavé allant jusqu’au Champs de Mars, à partir de la porte Maillot, la place d’Italie ou de Denfert Rochereau, protestant contre le projet de « Mariage pour tous », ainsi qu’à l’extension de la PMA, soit la procréation médicalement assistée, qui viendraient brouiller l’union qui se consomme et la traditionnelle logique sociale, fondée sur la famille, (père, mère, enfant). Pendant ce temps, au Café des Phares®, pragmatiques, habitués et nouveaux visiteurs ont entrepris de se pencher plutôt sur la question qui leur était posée : « La domination rend-elle idiot ? », et que Nadia Guemidi allait aider à débroussailler.

Quelle domination ?  Dans le domaine sportif ? Intellectuel ? Moral ? Et pourquoi rendrait-elle idiot au lieu de réactif ? Admettant le pire, qui est censé devenir idiot, le dominateur ou le dominé ? Il est bien connu que « le dominateur », le tyran ou le fasciste, pour tout dire, finit mal, en général, si le temps joue contre lui. De son côté, pourquoi « le dominé », plutôt qu’idiot, ne serait-il pas envahi par un sentiment d’affranchissement ou même de révolte ? Les exemples abondent à l’honneur de tous ceux qui ont su briser leurs chaînes, leur action s’étalant du XIVème au XIXème siècle, du Brésil aux USA, ayant déjà Spartacus (esclave gladiateur Thrace, mort au combat en -71) comme figure emblématique, puis Toussaint Louverture, né en 1743 dans une plantation de l’Ile de Saint-Domingue. Ainsi, répondant succinctement par « oui » ou par « non » à cette question, on n’aurait pas avancé d’un iota, car nous étions devant une « aporie », c’est-à-dire, une impasse causée par une incompatibilité logique mais, au diable l’avarice ; si l’on n’avance pas on recule, et « ça » il est hors de question. On doit finir à treize heures vingt ! On poussera jusque là, coûte que coûte.

Il parait que la question était inspirée par un film. C’est fréquemment le cas, et ce n’est donc pas pour m’étonner ; parfois le cinéma nous fait prendre les vessies pour des lanternes et, effectivement il peut souvent nous halluciner, tout comme la « domination », qui ne dérive, pas du tout, de « dominus » (traduit abusivement par « la maison », alors que ce terme vient de « Mansion » dérivé de « manere », demeurer et que, tout le monde le sait, « dominus » signifie « le maître, le seigneur », auquel il faudrait supposément obéir, tandis que l’on doit s’émanciper de l’autre, « le dominateur » au sujet duquel on débattait.

Enfin ! On a donné comme exemples la condition des chinois, le proverbe arabe « bats ta femme ; si tu ne sais pas pourquoi, elle le sait », puis  la trahison et la propagande politique qui séduit les idiots, la voûte céleste des égyptiens, l’importance de la bataille par rapport aux enjeux, le dominant qui délègue pour ne pas se salir les mains, et des témoignages du Laos où en général c’est la femme qui dominerait. Puis, on manifesté la méfiance pour les sujets qui induisent une réponse, et fait référence aux astres et astéroïdes, au sadomasochisme, à Rousseau qui serait conditionné par la fessée, à la fable de l’homme actif et de la femme passive, à la rose du Le Petit Prince, à l’idiot qui n’a pas de double car il est unique comme le démontre le terme ‘idiosyncrasie’, le tout suivi du mouton de Panurge, la domination positive, l’idiot du village, la domination bête qui peut scléroser et n’a pas de chances d’aboutir, le pouvoir du pauvre ou même syndical de la concierge qui ne distribue pas le courrier, la double autorité responsable de la défaite de Napoléon en Russie, le pouvoir du KGB, de la CIA, des énarques en tant que forme de consanguinité, ainsi qu’à la façon empirique de la philosophie dans ses réponses aux questions, par naïveté ou manque de retenue ? On a fait encore appel à Freud aussi, car la domination exacerbée est une affaire sexuelle qui vous marque dès la naissance, pour arriver à « L’idée fixe », pièce de théâtre de Paul Valérie, à « L’Idiot » de l’anticonformiste Dostoïevski, puis la servitude volontaire, la dialectique du maître et de l’esclave, le rapport de force dans le film de Joseph Losey « The servant », idiot et imbécile étant remplacés par aliéné mental.

Gilles a eu enfin raison de tout et, comme des simples oiseaux nous nous sommes envolés dans la ville.

- Docteur, il y a un homme invisible dans la salle d’attente.

- Dites lui que je ne peux pas le voir !

Carlos

2 Comments
  1. ROCA Gilles says:

    La domination rend’- elle’ idiot ?, Nadia, Aux Phares,

    « Dominus’ Vobis’ cum’ ! », ou, « Dieu soit’ Avec Vous ! »,
    « et Avec Votre’ esprit … » Dieu – esprit dominant sur Vous …
    Le faux Dieu … dominant, dominateur, de subordonnés novices … Le père supérieur,
    du haut de sa domination, dominatrice’, Au-dessus de Votre soumission, d’inférieurs,
    Dieu masculin, « La domination masculine »,
    Pierre Bourdieu, sexe’ masculin, Actif, soumission féminine,
    passif, c’est du passé, ça s’est passé, présent’, encore, pouvoir réel,
    Limité, et, borné, Voire, simpliste’, et « idiot », « iDiot …gêne » … s’en …mêle,
    rend Le puissant « idiot », Voûte céleste … Dieu maître de L’univers,
    Dominus’- maître de maison, en sa demeure, dominante maîtresse de maison, At’ home,
    domination dans L’Air … de maître’ À serviteur, Valet, sinon esclave, grand pouvoir, petit’ homme,
    de nature’ en culture’, et d’inné en’Acquis, dominant / dominé, pouvoir « exquis » divers …
    de qui sur qui … masculin / féminin, yang’ / yin’, narcissisme certain,
    sans’Ailes nos racines, et nos rapports de force, L’esprit et La matière,
    Le dominant s’efforce’ d’Aliéner … Les « chaumières »,
    La où La domination tire … Vers Le bas, Le service de base tire … Vers Le haut, main dans La main,
    matriarcat, patriarcat, hiérarchie de L’« idiot », qui monte , qui monte, qui monte, …
    Le petit bête’ qui monte, qui monte’, …
    et devient grand, et devient con, quand’ il franchit Le « Rubicon » … du Pouvoir, en Lui-même,
    du Pouvoir de L’Argent, de L’Argent du Pouvoir, du Pouvoir du sexe … du Pouvoir qui … s’Aime’,
    « iDiot …gêne’ » un Pouvoir,
    dominant’, Aliénant, rend’ « idiot » Le Pouvoir,
    Aliéné, dominé, par Le Lien du service’,
    intime’, universel, Aux radicales’ Ailes’ en phase … de base’, et de son’ exercice,
    Gilles Roca, « iDiot …gêne »,

    Cas-fée-Philo des Nés-nus-Phares, en ces-jours de Nivôse’,
    où « iDiot …gêne » … phare’, en pleine Lumière’ … ose !,
    13’
    janvier 2013,
    où sert
    G R

    14th janvier 2013 at 9 h 59 min

  2. Elke says:

    Quel bonheur de retrouver après quelques semaines d’absence les discutants du dimanche et de pouvoir assister à un débat concernant la domination. Carlos nous décrit le joyeux pêle-mêle des associations d’idées autour du sujet. J’ai envie d’en saisir quelques unes pour éclaircir un peu la vue sur ce phénomène qu’est la « domination ».
    Pour démarrer, je vais reprendre Carlos et son étude étymologique. Domicile (demeure) ou maître ? Les deux sont indissociables : aucune maison ne peut persister sans gouvernance. Et l’obéissance au maître, c’est l’obéissance à la loi du maître qui dicte ce qu’on peut, ce qu’on ne peut faire au sein du domaine du maître. Cette obéissance est toujours dépendante du groupe autour du maître qui accepte ou n’accepte pas cette loi. Ne pas accepter la loi mène à l’exclusion. Proposer une loi qui n’est acceptable pour personne mène à l’isolement.
    Ce constat peut s’appliquer à plusieurs niveaux d’organisation. Si la loi d’un seul dans un espace réduit semble facile à établir, nous sommes amené rapidement à constater que l’espace « propre », restreint, par exemple celui limité par notre peau, notre corps, ne suffit pas à la survie : l’idée d’agrandir notre domaine d’influence, conquérir de nouvelles espaces nous vient rapidement : imprimer le seaux de notre volonté à mon immeuble, à ma ville, à un pays…. ne serait-ce pour trouver à manger, à boire….. Dominer, c’est alors de pouvoir dire : j’ai conquis un territoire qui me permet de me nourrir ; j’ai réussi à « soumettre » ce territoire à ma loi, à ma volonté, à mes besoins. Ou est-ce, à l’envers, moi qui a soumis ma loi à ce territoire ? Territoire intellectuelle, géographique… Circularité de la pensée complexe….
    Une fois l’espace, le sujet, le territoire « dominé » : est-ce que je vais devenir « idiot » ? Le père du sujet introduisait le débat par le constat statistique d’une réussite scolaire de plus en plus faible des jeunes garçons de notre nation, garçons issus de la branche traditionnellement « dominante » de notre société. Sont-ils idiots pour autant ? Et est-ce que c’est le statut « dominant »que les y a conduits ? Nous avons bien réfléchi à ce terme « idiot » : est-ce un manque d’intelligence, on voulons-nous attribuer à l’idiot la place valorisé qu’on lui connait depuis Foucault ou Dostoïevski?
    L’individu sexué nous touche de trop près. Qui porte la culotte dans la maison, qui « domine » : personne ne veut plus endosser le rôle du dominant, mais personne ne veut paraître comme perdant. Ne plus dominer, c’est une perte. Et me venait, avec l’évocation de la voute céleste des égyptiens, le souvenir d’une exposition au Louvre, « Les portes du ciel ». J’avais alors été touché par la représentation du pouvoir impériale des débuts de cette civilisation : un couple homme et femme de taille identique. Dans une autre représentation de la cosmogonie égyptienne, la femme représentait le plancher, l’homme de toit protecteur du foyer. Pas de problème de domination, mais souci de « demeurer », survivre dans une nature qui, dans un temps lointain, s’opposait en même temps qu’elle se proposait. La force de la nature a été un adversaire de taille dans les débuts de notre humanité. De l’avoir « domestiquée » depuis la révolution néolithique a indéniablement dégagé beaucoup d’énergie. Faut-il rappeler la fonction des premiers « pharaons » ? Il connaissait le calendrier, pouvaient dire le moment opportun pour les semences, les récoltes. Son pouvoir s’appuyait sur une autorité, un savoir faire. Ce n’était pas la domination aveugle, mais une guidance savant. Il faisait la loi non centré sur ses besoins, mais centré sur l’articulation d’un monde terrestre lové dans un contexte plus large. A présent, nous ne sommes plus « dominés » par la nature, mais elle commence à se rebeller. Nous sommes amenés collectivement à repenser notre rapport à la nature, et cela introduit le troisième pan de la problématique de la domination, celui de la dépendance. Une loi doit être le fruit du dialogue d’un milieu interne avec le milieu externe. Elle émerge d’un espace de dialogue. Ce dialogue se construit parfois dans la douleur, demande un effort. En absence d’adversaire, (et c’est là que l’ennemie apparaît ; je me rappelle d’un débat très riche à ce sujet !) pas de dialogue possible, et c’est alors qu’on devient « idiot », bête, paresseux. Mais l’absence d’adversaire, c’est un constat purement rétorque. Même dans notre civilisation réputée « douillette », nous sommes tous, de temps en temps, acculé à souscrire à une loi qui ne correspond pas entièrement à nos aspirations. L’aliénation par le travail existe au sein de notre pays, plus qu’une certaine partie de la population veut bien le voir. Comment s’en sortir ? Des voies de sorties se dessinent d’ici, de là. Au terme de ce débat, je constate : chacun de nous devrait chercher à « dominer », à élargir son champ d’influence pour alimenter ce dialogue nécessaire. Et je salue avec gratitude la volonté de domination de mes petits fils …. Tenez bon, chers parents : faut pas leur céder trop top pour ne pas les rendre idiots !

    14th janvier 2013 at 11 h 05 min

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