Débat du 10 Mars 2013: « Si les choses ne changent pas, change ta façon de voir! », animé par Claudine Enjalbert.

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Posted on 12th mars 2013 by Carlos in Uncategorized

Lors de la Journée mondiale de lutte pour les droits des femmes, on était en pleine campagne contre violences sexuelles et conflits armés, ainsi qu’à l’adresse de l’accord pour la sécurisation de l’emploi, place du Châtelet, alors que les « sans papiers » se rassemblaient devant le siège du PS,  d’autres se dressant contre la venue à Paris de Monsieur Shimon Pérès, ou contre le nucléaire devant Ambassade du Japon. Au Café des Phares®, Claudine Enjalbert se proposait d’aider les participants présents, à tirer une morale à partir de l’injonction : « Si les choses ne changent pas, change ta façon de les voir ! », au cours du Débat du 10 Mars 2013.

Et quoi encore ? C’est-à-dire, le mot d’ordre serait que les choses devraient changer, sinon il faudrait tout regarder autrement. Toujours ou de temps en temps ? Faire comme SI ou pourrait-on éluder le problème en changeant de lunettes ? D’abord, pourquoi faudrait-il que les choses changent ? Puis, qui prétend qu’elles ne changent pas ? S’il s’agit de changer le regard sur les choses, chacun peut très bien le faire, indépendamment du fait qu’elles changent ou pas.  

Pour être sérieux, il parait que la trouvaille vient de Lao Tseu, père fondateur du taoïsme et auteur du « Dao De Jing », ‘Livre de la Voie et de la Vertu’. Or, son opinion serait plutôt : « Plus les choses changent, plus elles restent elles-mêmes », et ça ne s’arrange pas. Mais, voyons, que sont « Les choses ? » Qu’est-ce que « Changer ? »  « La Chose-en-soi » (Ding in Sich), est un concept Kantien désignant la Réalité, en dehors de toute autre expérience possible, c’est-à-dire, l’intuition envisagée comme phénomène qui implique une relation à l’objet. « Changer » ; « les choses changent, et d’autant plus qu’elles restent elles mêmes puisqu’elles existent indépendamment du Sujet ou de sa façon de voir. Puis, souvenons-nous que l’expression « changer le monde » a enchanté toutes les génération d’Humains, optimistes, en tous cas disposés à tout envisager sous un jour favorable, alors que chaque chose change à chaque instant, même si rien ne le laisse transpirer, et que dans l’univers impitoyable de la réalité, « chose » désigne chaque phénomène, voire « être » qui existe, soit-il concret, abstrait, réel ou mental, concevable, enfin, comme objet. Le problème, donc, en ce qui concerne le sujet du jour, est que les choses changent, puisque « changer », est devenir autre, muter, se transformer, se modifier, alors que l’a priori était qu’« elles ne changent pas », et que donc il faudrait les regarder autrement pour qu’elles donnent des signes de vie. « Rien de nouveau sous le soleil » ; pas la peine de se frotter les yeux !

Dans la salle, on a commencé par se demander ce que c’est que le Temps, si changer et bouger c’est la même chose, ou si l’on est responsables. Là, Stéphane Hessel fut appelé à contribution, ainsi que la mort de Chavez, Le Guépard de Lampedusa mis en scène par Visconti, et Milos Forman avec son « Vol au-dessus d’un nid de coucous », suivi de la Pub « mangez du poisson pour vous libérer du café » et, « la façon de voir ne pouvant pas changer les choses », on s’est demandé « quel serait le point de vue de l’aveugle », « résignation ou désir de réalité », puis « le regard à porter sur l’économie qui va dans le mur », tout en nous demandant si « le changement est vraiment nécessaire », «  certainement, car cela est bon pour soi et une preuve de considération pour l’autre », « on veut nous faire croire que tous les maux viennent de l’Homme ; il faudrait relire la mythologie ». Quelqu’un ajouta : « je reviens au plancher des vaches ; de la question des ‘choses’, je retourne à la ‘chose’ de trois sortes, dont mon corps », puis « le but étant de bien vivre » et « s’installer dans la pérennité ».

Enfin. On a fait feu de tout bois, et il ne manqua que ‘La Mère Denis’.  

Un agent immobilier cherche à vendre un appartement donnant sur un lac et, pour donner plus de poids à ses arguments, amène le client sur le balcon :

- Et là ? Regardez-moi ça…

- Que c’est beau, s’exclame l’intéressé.

Voulant y ajouter une louche à la façon de voir, le vendeur précise :

- Et encore, là, vous ne voyez que la surface !

Carlos

2 Comments
  1. Gilles ROCA says:

    « Si Les choses ne changent pas … change ta façon de Les Voir ! », Lao Tse, Claudine’, Aux Phares,

    changer’, évoluer, bouger, Les choses, faire … changer’, évoluer, bouger, Les choses,
    plutôt que de changer’, évoluer, bouger, sa façon de Voir … regarder, Les choses, …
    passer, se passer … sans’ intervenir, sans s’impliquer … quand’ Au changement des choses, …
    « Ne Vous résignez jamais ! », Gisèle’ Halimi, « Indignez-vous ! » « Engagez-Vous ! »,
    Stéphane’ Hessel, compromettez-Vous !, pour contribuer’ À modifier, dynamiser … Les choses, Autour de Vous’, en Vous …
    Le monde … L’Autre … soi, et Le chemin, et La marche’, en’ Avant, ma foi !, Adaptation, et, mutation, transformation, transmutation, et, transfiguration, en co/re-créAction,
    Aux radicales’ Ailes, intimes, universelles, du Lien, social, humain, comme’…un, chang’ment, commun, et dans La progression, propre … distanciation, propre … révolution, dans ton’ observation, ta perception, du monde … ta Vision du monde’, en Pensée, en Parole’ en’ Acte, contribution,
    et participation, quand’ Au changement,
    de notre … façon, de Voir, Les choses … changer, Voire … de Les, faire, changer … il faut pouvoir,
    il faut savoir …
    Après Confucius’, « savoir que L’on sait ce que L’on sait [ des choses ],
    et savoir que L’on ne sait pas ce que L’on ne sait pas [ des choses ],
    Voilà Le Vrai savoir [ des choses ] »,
    et, en fonction de ces choses, …
    en changer sa Vision, et en changer Le cours,
    des jours, et de nos jours …
    Gilles Roca,

    Cas-fée-Philo des Nés-nus-Phares, 10 mars’ 2013’, en ces-jours de Ventôse …
    Vision phare’ … Au charbon, sur Les braises, … du changement des choses, …
    G R

    12th mars 2013 at 16 h 42 min

  2. Elke says:

    « Rien de nouveau sous le soleil » …. Oui, toujours les même mouvements, cher Carlos, et toujours le même émerveillement, de retrouver l’ambiance café philo avec la cacophonie d’associations d’idée qui cherchent à s’organiser en quelque chose de cohérent. Le changement, c’est vrai que le mot est fort à la mode depuis quelques temps puisque la crise semble se pérenniser sans que le bout du tunnel s’annonce. Toute crise invite au changement, mais au changement de quoi ? Changer les choses, n’est-ce pas en premier lieu changer nos habitudes puisque, et c’est le mot final exprimé par la jeunesse : regarder, observer, ça va bien. Mais la transformation d’un état de « chose » en un autre état demande l’effort d’une action réelle. Or, sommes-nous capable de changer nos habitudes ? Est-ce nécessaire de changer nos habitudes ? Résolument oui : notre savoir nous permet d’annoncer des catastrophes si nous continuons à agir comme nous agissons. Mais il est plus confortable de voir arriver de loin (à l’horizon de l’année 2030…. après le quinquennat…. ) que de se lever et d’essayer de les enrayer. Collectivement, il me semble que nous portons sur « la » catastrophe un regard d’enfant qui subit, qui se laisse faire. Nous nous lovons dans la certitude qu’on ne peut rien faire, donc à quoi bon. Et quand quelqu’un invite à se lever, la tendance généralisé porte vers un « après vous, Madame… ». Et tant que la catastrophe ne nous touche pas directement, nous pouvons donner, avec notre aveu d’impuissance, une certaine légitimité à nos petits conforts. Changer le monde à la mai 68, indignez-vous? A part quelques arrangements de surface, rien n’avait changé après les barricades, tout restait à faire et reste en grande partie à faire. La nouvelle organisation sociale reproduisait avec la grille salariale le même ordre que l’ancien régime : le pouvoir a changé de nom, mais le monde était organisé de manière « pareil » ; bas salaire pour la France d’en bas, salaire élevé pour l’élite. Beaucoup d’effets pour les uns, beaucoup d’efforts pour les autres. Notre rapport à l’autorité et au pouvoir semble avoir changé, mais finalement, l’autorité a juste changé de main. De l’oppression par le haut, nous sommes passés à la tyrannie par le bas. Nous sommes enlisés, plus que jamais, dans la luttes des classes, dans des idéologies défensives des différents composants de notre société. La faute de la situation vient toujours de l’autre (l’homme politique en vue, les immigrés, la Chine, l’opposition, la femme, des profs …..). Pudeur « politiquement correct » sur notre implication dans la construction de la situation. L’être ensemble n’est que trop rarement un « faire ensemble », et pourtant c’est ce « faire ensemble» qui crée nos richesses, qui assure non seulement notre souveraineté nationale, mais qui peut atténuer l’impact du réchauffement climatique, qui peut baisser la production de gaz à effet de serre, il faut bien le dire. L’invitation de Lao Tseu va peut-être dans ce sens. Changer le regard sur la situation, c’est changer de posture, changer le rapport qu’on établit au tout ; déplacer le centre de gravité de ce qu’on désire vers ce qu’on juge nécessaire et ce qu’est possible de faire. Mettre au gouvernail « l’entendement », pour parler avec le vocabulaire issu du siècle des Lumières. « L’entendement » implique la perception (voir, entendre, sentir) et le traitement de cette information donnée pour créer l’action possible et efficace, utile, non dangereuse, acceptable pour soi et l’autre. C’est peut-être tout simplement l’invitation à à faire ce qu’on peut et ne pas vouloir s’entêter d’avoir ce qui n’est pas ou ce qui n’est pas à soi. (Je me rappelle d’un débat sur l’avoir et l’être …..) Mais que chacun aura peut-être un jour, au terme d’un effort bien pensé, bien orienté. Ou peut-être pas. Les effets de notre agir ne sont pas toujours conformes aux prévisions, malheureusement…. Et parfois heureusement !

    12th mars 2013 at 11 h 33 min

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