Débat du 23 Juin 2013: « A-t-on le droit d’aimer ? », animé par Gérard Tissier.

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Posted on 24th juin 2013 by Carlos in Uncategorized

Une grande activité politique secouait le Parlement Européen, où se déroulaient des réunions importantes sur le Budget ainsi que d’autres projets financiers, pendant que la Commission des Affaires Etrangères se souciait de la situation en Iran et organisait l’utilisation des fonds de solidarité pour la Croatie, la Slovénie et l’Autriche, frappées par des inondations de l’automne 2012, s’occupait des contrôles Techniques des voitures et, dans la perspective d’adhésion de la Croatie à l’UE, préparait l’inauguration de l’exposition de photos « Welcome Croatie ». Au Café des Phares®, le 23 juin, au cours d’un débat, animé par Gérard Tissier, on ne pensait qu’à « ça », au sens Freudien : « A-t-on le droit d’aimer ? »

Etrange question. Elle fait état d’une rare insuffisance vis-à-vis du « Droit » et peu cas de l’« Amour ». Etonnant qu’elle vienne de la part d’une jeune étudiante de Barcelone, quoique…

De quel amour nous sommes-nous mêlés, alors ? Philia, Erôs ou Agapê ? D’un côté, au vu de l’interrogation, « a-t-on le droit », la passion amoureuse, qui inspire de l’inventivité, semblait plutôt nous déposséder ou priver l’individu de soi-même, voire de ses moyens, en raison de la nécessité de se plier aux exigences d’un éventuel impératif moral.

Or, fondé sur une puissante tendance innée, il est constant, qu’entre passion et action, l’amour brûle de la volonté de s’approprier l’autre, contre « vents et marées », en même temps que du désir de lui vouloir du bien. Cela s’apprend ? Est-ce fragile ? En tous cas, si l’Amour était objet d’une formalité juridique, « le droit », cela signifierait qu’une règle morale ou un énoncé prescriptif s’opposerait à un sentiment dont l’intensité incite une partie à rejoindre l’autre, ou que des tas de démarches seraient à entreprendre auprès d’improbables instances compétentes, avant de le faire. Sinon, pourquoi s’encombrer de légitimité ? Droit ou pas droit, les êtres sont portés à s’aimer. Ils sont à même d’éprouver de l’amour réciproque à un point qui leur fait dépasser tout interdit, comme il nous est rappelé par les drames de « Roméo et Juliette », « Tristan et Iseult » ou de « Dante et Béatrice ».

En effet, quoique basé sur l’instinct sexuel, l’Amour, « Philia », semble être d’abord un élan du coeur qui, de façon passionnelle, porte les amants l’un vers l’autre. Il se distingue aussi bien de la Bienveillance, (désir du bien de son prochain), que de « Eros », la Concupiscence (amour captatif), objet familier du libertin, dissolu dans ses mœurs, voire dans la volonté de s’approprier l’objet de son désir. Quoique présenté dans « Le Banquet » de Platon comme un démon, il concerne aussi l’« Eros céleste », passant du sensible au supra sensible, voire, le monde des idées, Dieu, vite transcendé par la Sotériologie, expérience esthétique de la « folie divine », troisième degré de l’ascension de l’âme.

Il ne nous nous restait donc qu’à « Effeuiller la marguerite », ritournelle sensée traduire au hasard les sentiments de l’être aimé, et à savoir ce qui advient aussi bien l’amour platonique, dont le sentiment dépasse l’objet sur lequel il s’est arrêté, que « Agapé », l’amour oblatif, l’offrande de soi.

Le fait est que, sourd et aveugle dans l’ichnographie, l’«Amour » est un sentiment naturel, seul moment où la conscience ne se voit pas agir. Il était donc question d’une situation de l’Homme, antérieur à chaque société organisée où tout est contractuel, bien que cet état de nature n’augmente pas forcément notre bonheur, ni notre liberté et que nos désirs risquent de nous éloigner de nos besoins. 

L’opinion générale dégageait le sentiment que « aimer est la même chose que vivre », mais que ce n’est pas une obligation », « car il y a toujours quelqu’un que l’on n’aime pas », et que « le sujet était inintéressant philosophiquement », sauf, peut-être « au café de l’amour », « la maladie d’amour se guérissant avec le temps », « ou s’affichant bêtement comme avec les ‘homo’ », « vu le double sens des mots », et « le conflit fondamental entre aimer et séduire », « dont l’enjeu est la passion », « un problème philosophique intéressant à creuser », « si l’on tient compte des âges et des interdits » « de l’Histoire, comme les amours de Marie Antoinette » ou « du professeur et de son élève », voire « les mariages ‘homos’. »réponse à des besoins », « le pacte amoureux qui implique une mise à l’épreuve », « l’amour fait vivre, le bonheur abrège ».

Nous avons omis d’évoquer « l’‘éraste’ et l’‘éromène’ », mais ce sera pour une autre fois, puisque, poétiquement, Gilles mit fin à la divagation.

- N’aimez pas les autres, comme vous voudriez qu’ils vous aiment…

- Pourquoi, donc ?

- Il se peut qu’ils n’aient pas les mêmes goûts !

Carlos