Débat du 2 Juin 2013: « Toute croyance est-elle contraire à la raison? », animé par Nadia Guemidi.

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Posted on 3rd juin 2013 by Carlos in Uncategorized

Que de bouleversements dans la semaine que vient de prendre fin. Le conflit Israélo-Palestinien a connu une récente recrudescence, en France, le président François Hollande s’est trouvé embarrassé par des nouveaux déficits face aux enjeux européens, ce qui ne l’a pas empêché de célébrer le premier mariage homosexuel à Montpellier, tandis qu’un exceptionnel poète musicien, le baladin Georges Moustaki, quittait le peuple des amateurs de rêves. Malgré tout, comme chaque dimanche matin, ceux qui se penchent sur le réel, remplissaient le Café des Phares®, le 2 juin 2013, pour se demander « Toute croyance est-elle contraire à la raison ? », un sujet choisi parmi une dizaine d’autres, et animé par Nadia Guemidi.

Aucune chance n’était réservée à l’entendement, alors que Saint Augustin, philosophe et évêque d’Hippone de 395 à 430, et qui n’était pas le dernier des sots, avouait humblement: « Credo ut intelligam » (Je crois, pour comprendre), en somme « Je crois pour m’accommoder à l’entendement » ; « m’accommoder » c’est-à-dire « m’assujettir », pas m’en en affranchir, aller « à contrario ». Mais, à vrai dire, on n’est là que pour parler, chacun son tour, peu importe si tout est improvisé, comme par exemple le constat de Descartes « Je pense, donc je suis », travesti en « Je crois, donc je suis », au vu de tout le monde, même si le propos se revêt, là, d’une portée sémantique tout à fait discordante ; ça passe néanmoins comme une lettre à la poste… On constate, donc, que la multiplication des animateurs (sans mettre en cause la compétence d’aucun d’entre eux) fut une fâcheuse initiative de la Haute Autorité des Phares dont le souci, soi disant démocratique, est que quelqu’un y mette de l’entrain, comme un vulgaire chauffeur de salle. Or, la philosophie n’est pas une banalité, même si elle tend à être divulguée auprès de couches de publics de plus en plus vastes, tel que l’a souhaité Marc Sautet, l’initiateur de la démarche. Il faut donc se rendre à l’évidence de la nécessité d’une certaine compétence et d’une indispensable rigueur pour s’y coller, afin d’exaucer ce vœu, tellement les mécanismes de la compréhension ou environnement du message peuvent se revêtir des mêmes habits que le roi qui va nu.

Il est aussi difficile de se faire comprendre, que de savoir ce que l’on saisit de ce que l’on entend d’autrui, et donc d’ajuster un poli dialogue concevable, car un tel exercice n’est pas linéaire. On conceptualise et l’oubli en fait partie ; on transforme sans arrêt le sémantique en conceptuel (le sens se faisant représentation mentale et abstraite), comme lorsque l’on raconte un film à quelqu’un qui ne l’a pas vu et l’omission, volontaire ou pas, surgit. Or, le message est composé de différents éléments, tels que nos connaissances sur le langage, de type culturel, voire encyclopédique, c’est-à-dire, notre discours embrasse un tel ensemble de savoirs qu’il peut vite devenir un stérile poly dialogue. Trop de sable pour notre camionnette, tant que l’on ne se demande pas :

1)     Qu’est-ce qu’avoir un sens ?

2)     L’énoncé est-il vrai ou faux ?

Alors, on a tendance à répondre au juger, au cours de nos exercices dominicaux, sans se soucier de ce qui est intelligible ; sans se préoccuper des relations logiques des phrases ou propositions lâchées comme si l’on répandait des confettis, nous référant à un ensemble d’univers possibles bien que, si l’on veut se comprendre, d’après Montaigne, on doit savoir à quoi le monde doit ressembler pour que notre propos soit vrai, c’est-à-dire, connaître les conditions de sa vérité.

Ceci dit, l’heure et demie de bavardage fut assez remplie, avec, bien entendu, des moments de pure introspection, comme « cette croyance qui peut venir de la doctrine ou sortir du cœur, avoir la foi, faire crédit à quelque chose », « pour avoir la bonne santé », « je suis athée mais, au XXIème siècle, il y a de la place pour le religieux », « on ne peut pas comparer », « l’horloge dont en déduit la nécessité d’un horloger », « le pari de Pascal », « la raison qui ouvre d’autres horizons », « il s’agit de ‘croire en’ et pas de ‘croire qui’, Kant laissant une place à la foi », « la croyance religieuse n’a rien à voir avec la raison », « Levinas ne comprend pas Simone Weil » « qui atteint l’émotionnel ». Là-dessus, voilà que l’on ajoute « le Tremblement de Terre de Lisbonne (1 Novembre 1755) qui a provoqué une vive polémique entre Rousseau et Voltaire, le premier l’attribuant aux Hommes, le second à Dieu ». On a rebondi sur Einstein et les Lois de Newton, puis sur « les moments extrêmes de la vie qui peuvent nous maintenir debout ou nous mettre par terre, la raison se trouvant entre la Croyance et la Volonté », « alors qu’aujourd’hui tout est traduit en langage mathématique », quelqu’un ayant confié « être pour la séparation des pouvoirs : Dieu d’un côté, les Hommes de l’autre », «… puis la science », « la croyance, vide quantique, ne pouvant rien expliquer », alors que « l’on a besoin de croire en des valeurs pour vivre ».

Pour en finir, Gilles nous a fait part de sa « Confiance en quelque chose… l’intelligence du cœur, il a été dit, en guise de « Cogito » : «Je crois, donc je suis ».

Dehors :

- Dis, donc… Quel était le sujet philo de ce matin ?

- « Toute croyance est-elle contraire à la raison ? »

- Ca n’a pas de sens…

- Siiii… 

- Et qu’est-ce qui te fait croire que ça peut avoir un sens ?

- Le fait que cela partait dans tous les sens !

Carlos