Débat du 7 Juillet 2013: « D’où vient le Mal; où va-t-il ? », animé par Jo Strich.

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Posted on 8th juillet 2013 by Carlos in Uncategorized

Tout va Mal. De l’agonie de Nelson Mandela dans un Hôpital de Pretoria à la trouble affaire impliquant  Joseph Snowden qui aurait rendu publiques des informations Top Secrètes Américaines ayant pour conséquence l’interdiction du survol de la France par l’avion où se trouvait le président Bolivien Morales, aux troubles provoqués en Egypte par l’obscure passation de Pouvoirs, ainsi que des insolites manipulations électorales aux USA, tout porte à croire qu’il y a de l’eau dans le gaz. Pas étonnant qu’au Café des Phares®, le Débat du 7 Juillet 2013 portât sur la brûlante question : « D’où vient le Mal ; où va-t-il ? », animée, en l’occurrence, par Jo Stricht.

Au fond, tout bien regardé, il s’agit d’une allégorie de la machine à laver. En effet, pour l’alimenter en Eau, un corps assez renversant qui fait partie des quatre éléments reconnus par l’Antiquité, d’où tout provient et auxquels chaque chose fini par se réduire, il faut, normalement à cet engin deux robinets d’arrêt : l’un sur le tuyau d’arrivée, l’autre sur la machine où le liquide est sensé s’introduire. Ainsi, le Mal viendrait de quelque part, indépendamment de là où il est judicieux d’aller, comme le Bien, d’ailleurs, et il nous faudrait posséder les outils nécessaires à son utilisation ultérieure.

Du coup, si je cherche à apprendre « qu’est-ce que le Mal ? », constitue déjà un sacré problème, pour connaître « Où va-t-il ? », il vaut mieux avoir l’idée d’un champ d’écoulement, dès que l’on fait question de se demander « d’où est-ce qu’il vient » ; aïe, aïe, aïe !

Mais, de quel Mal est-il question, d’abord ? De celui qui frappe les Hommes ? Qu’est-ce qu’un Homme ? A en croire la légende, les Bébés, des projets d’Homme, sont apportés par les Cigognes, des oiseaux de bon augure dont la symbolique est associée à la naissance, d’un joli marmot, par exemple. Qui plus est, la tradition fait de l’échassier aux longues pattes et au long bec rouge, un symbole de fertilité, un messager dont le rôle est d’entraîner ces Poupons dans le Monde des Vivants qui, d’une façon ou d’une autre en auraient manifesté le désir. Du coup, cet adjectif de négation donc, Le Mal, s’opposant à l’occasion au Bien, se revêtit forcément au moins d’une des trois formes : Défaut, ou manque de Bien, Faute, ou négation du Bien, puis Crime, soit, la destruction du Bien, et peut être entendu, finalement, comme le Concept sous lequel ils se rangent.

Si l’on part, pourtant, du principe que le Mal est odieux, puisqu’il est question d’un négatif compris comme absence de son contraire, ou même opposé à lui et peut être entendu, en même temps, telle une matière métaphysique à laquelle les religions doivent leur essor, qu’il soit physique, c’est-à-dire, infligé par des Hommes les uns aux autres, voire, contracté par chacun, volontairement ou pas, il s’agirait là d’une pratique que les Gens s’appliquent de leur propre chef et dont ils sont responsables, c’est-à-dire, tout ce qui affecte l’Homme et lui nuit physique ou moralement ne se distinguant pas très bien de ce qui est « Mauvais ».

Dans ces conditions, se demander d’où il vient, le Mal (étymologiquement du latin ‘mallum’), est une question un peu oisive à laquelle toutes les religions ont fait référence et associé un châtiment exemplaire, bien à la mesure de la pagaille introduite dans le dessin parfaitement agencé de la création. Bref, le Mal est un désordre, un désordre indésirable qui nous arrive par effraction et ne peut mener qu’à la perdition, si l’on veut essayer de savoir où il va. C’est tout ce qui affecte l’Homme et lui nuit physiquement ou moralement et se distingue malaisément du mauvais, ce qui fait que le réel devrait se conformer à nos désirs, comme on le souhaite, et représente métaphysiquement l’imperfection fondamentale du monde, Leibniz distinguant ce mal métaphysique du « mal physique » (la souffrance) et du « mal moral » (le péché), mais ça c’est une autre histoire.

Ça nous a néanmoins donné l’occasion de remplir une heure de débat, où il a été question de nous interroger sur « les maux de Job », « la banalité du Mal », « perpétré bel et bien par les Hommes », d’où la conclusion hâtive, « s’il n’y a pas de Mal, il n’y a pas de Dieu », alors que « le mal est en nous » et « existe dans l’action de l’Homme », « un sentiment d’éternité mis en question par la mort », quoique « Anna Arendt ait dit : ‘ceux qui ont produit le Mal ne le portent pas sur le visage’, le ‘Mal’ d’aujourd’hui étant ‘l’obéissance’, un drame démontré par l’expérience de Milgram », « le ‘Mal’ revenant à la désobéissance à Dieu », « d’où les Commandements, un défi qui porte à parfaitement distinguer le Bien du Mal », puis, « il se trouve qu’il y a toujours du ‘Bien’ et du ‘Mal’, du point de vue de l’autre ; on adhère ou pas, et ça fait la différence », et encore, « s’il n’y a pas de souffrance, où est le ‘mal’ ? », « le ‘mal’ comme concept créé pour le contrôle social, voire, l’invitation à se souvenir du Titanic », c’est-à-dire, « mettre la vie avant tout », et « éviter de tenter d’occulter le Mal », « le Terrorisme politique » et « les binômes 100% Bien, 100% Mal ».

Enfin !

L’optimiste pense que « le Mal n’existe pas, tout simplement. »

Le pessimiste que  « si le Mal n’existe pas, c’est encore pire. »

Je crains qu’en tous cas, ce ne soit pas le cas.

Carlos

9 Comments
  1. Gilles ROCA says:

    La question du mal, d’où Vient Le mal, qu’est-ce que Le mal ?, Joseph, Aux Phares,

    Le mal existe … bien, nous L’Avons rencontré, et Le mal Vient du bien,
    et Le bien Vient du mal, Histoire, de La bestialité, de L’Ani-mâle’,
    oppression, soumission, humaine’, en sont des traits, et Le mal pour Le bien,
    et Le bien pour Le mal, mensonge’, imposture, hypocrisie … mal-a-dit …
    Le docteur, L’Analyste … penseur, institué, mots-dits …
    injustice … Le mal, par Le mal, pour Le mal,
    « Je ne connais pas d’Institution qui Ait fait Autant de mal,
    Aussi Longtemps, que mon’ Église », Jean Cardonnel, J C, dominicain,
    Aux radicales’Ailes … du public’… hein !,
    en souffrance’, ignorance, haine … négation de L’Autre’, en temps que sujet, mal-
    traité, en rejet … de L’intention, du mal,
    À L’institution, du mal, devenu « banal », de « L’Arbre de La science du bien et du mal »,
    La Bible’, en passant « Par-delà [ et ] Le bien, et Le mal »,
    Nietzsche’, et « La beauté du mal », La Volupté du mal, Baudelaire, « Les fleurs du mal »,
    « Nous sommes pleins de mal »,
    Pascal, Autant d’« employés de bourreau », de « L’Acmé de La cruauté »,
    Claude Lanzmann, du crime contre L’humanité,
    de « criminels de bureau », de « bourreaux de travail »,
    de monstruosité de La « banalité » … Hannah Arendt … « L’insoutenable Légèreté … »
    du « banal », de « La banalité du mal » …
    La plus grande’ Abjection, contre La Liberté :
    « Arbeit’ macht’ Frei »,
    Le travail rend Libre’, Au portail des camps de La mort,
    de L’inhumanité, où Le mal entre’ et sort,
    Non À L’innomable du mal !
    « Non À L’intolérable … » mal !,
    J C, Jean Cardonnel,
    Gilles Roca, sous son’Aile,

    Cas-fée-Philo des Nés-nus-Phares, 7’ juillet 2013, ces-jours de Thermidor,
    et du mal, sous Les phares, et sur d’Ardentes braises, et qui À terme’ y dort …
    G R

    8th juillet 2013 at 9 h 42 min

  2. Gunter says:

    « Comment comprendre que de simples soldats (hommes et femmes) aient pu se livrer à de telles exactions [il s'agit de la prison d'Abou Ghraib en Irak, G.G.] ? Comme l’a souligné le psychologue Philippe Zimbardo, la capacité des gens ordinaires à se faire auxiliaires du mal n’est pas imputable à leur mauvaise nature. L’explication est à rechercher dans la situation dont le caractère pathogène peut transformer les sujets en bourreaux. » (« Expérience sur l’obéissance et la désobéissance à l’autorité », éditions Zones 2013, p. 83)
    Les expériences par Milgram lui-même et ses élèves dans de nombreux pays et avec de nombreuses variantes semblent confirmer la thèse arendtienne de la « banalité du mal ». Ce n’est pas le mal qui est banal mais ce sont les humains qui le commettent qui sont banaux; cf. aussi l’émission Répliques du 6 juillet 2013.
    LA question : la Shoa est elle-le dernier crime « moyenâgeux » basé sur une émotion, la haine ou le premier crime de la modernité, son industrialisation froide, efficace, « rationnelle » (cf. Adorno : la Raison c’est l’autoroute pour Auschwitz) ? Les directeurs des camps ne désignaient-ils pas les juifs comme pièces à traiter, c’est-à-dire tuer ? Traiter autrui comme objet, chose, à éliminer n’est-ce pas pire que la haine réservé aux humains – on ne hait pas un objet, une chose ?
    Les « frappes chirurgicales » et « le job must be done » (tuer comme métier, Bush junior à propos de la guerre en Irak) sont des signes alarmants…

    8th juillet 2013 at 10 h 54 min

  3. Georges says:

    GEORGES TAHAR says:

    Cher JO STRITCH.
    C’est avec plaisir que j’ai participé au débat de Dimanche. La conduite « bon enfant » du débat, la manière patenaude de mener les questions, la simplicité et la convivialité de l’ensemble de la prestation tant sur la forme que sur le fond m’ont intéressé et séduit à plus d’un titre. J’en conclurai presque que cela a été un bon débat ! MAIS…bien sûr il y a toujours les MAIS !

    Mon premier MAIS …est relatif au sujet proposé. L’énoncé du sujet unique que TU as proposé et que TU as choisi m’a littéralement « sonné » ! « Le mal. D’où vient-il ? Qu’est-il ? Où vat-il ? Que vaut-il ? » sans oublier la problématique complémentaire survenue en cours de débat « Liberté et le mal ? » Je n’ai pu m’empêcher de me rappeler que des philosophes ont passé leur vie à essayer de répondre à une seule de ces questions, que dis-je, des religions qui ont passé des siècles à essayer de répondre à quelques-unes de ces questions !Et nous devrions aborder cette étendue, cette forêt amazonienne, cette étendue infinie de la pensée philosophique en moins de deux heures !
    QUI TROP ETREINT PHILOSOPHE MAL ! comme dirait le dicton.

    MON SECOND mais …concerne l’idée qui m’est apparue de plus en plus évidente durant le débat que ton choix du sujet avait affaire avec un message qui te semblait important, très important même – il n’y a rien d’anormal à cela – mais que tu voulais nous faire avaler de force, un peu comme l’huile de morue de notre enfance, à savoir : KANT EST LE PLUS GRAND ET LE SEUL PHILOSOPHE DE L’HISTOIRE sur le sujet du bien et du mal et on ne devrait même pas en discuter mais se mettre cela martel en tête ! Je n’ai aucune compétence pour en juger mais je pose simplement la question : Et alors, cela doit me faire quoi ? M’agenouiller ou commencer à relire KANT. Et relire ce mec là (surtout pour les parties que je n’ai jamais lues) ce n(est pas de la tarte.
    Je regrette seulement qu’ANDRE n’ait pas pu nous dire « en deux mots » en quoi KANT méritait ce titre de gloire que tu lui attribues, mais …ainsi vont les débats.
    En toute amitié, et en se rappelant que ‘sans la liberté de critiquer, tout éloge n’est que flatterie »/
    GEORGES TAHAR

    3rd juillet 2013 at 16 h 38 min | Edit This

    8th juillet 2013 at 10 h 56 min

  4. Carlos Gravito says:

    Mes amis, je pars au Portugal, pour mes vacances, et je vous souhaite des excellents débats. A bientôt,
    Carlos

    8th juillet 2013 at 18 h 58 min

  5. Gunter says:

    Suite : « C’est en chacun de nous que se trouve la solution au mal dont nous-mêmes pouvons être les agents. C’est dans ce for intérieur que réside la clef de la protection de notre liberté. C’est grâce à cette conscience inaltérée que l’individu conserve un choix et que son autonomie est sauve[...] La fragilité de notre commune humanité doit nous permettre de ne pas tolérer une situation absurde, qui contrevient à des principes universels intangibles. Nous dévons apprendre à désobéir à l’autorité quand ses ordres contredisent notre sens moral profond, quand ils créent une dissonance entre nos actes et notre raison éthique, celle qui nous permet de distinguer le bien du mal, le juste de l’injuste. » (ibid. p. 91)
    L’enjeu éthico-politique majeur de la « philosophie dans la cité » consiste à renforcer nos moyens de résistance à ce que se reproduise une horreur semblable au nazisme – jamais à exclure définitivement.
    Le fameux « Ose savoir ! » de Kant doit se fonder sur un affect, celui du « Ose résister ! ». La philosophie vivante ne saurait se contenter de viser l’amélioration de nos façons intellectuelles de raisonner abstraitement, « logiquement », elle doit toucher, changer, élever l’humain dans sa totalité existentielle (cf. entre autres, Günther Anders « L’obsolescence de l’homme »).

    8th juillet 2013 at 9 h 50 min

  6. GEORGES TAHAR says:

    LE MAL ET LE BIEN. Dialogue avec GUNTER GOHRAN
    Pensons à ce qu’est l’éducation à travers le prisme de ses objectifs. En plus de transmettre des connaissances, elle a pour but, me semble-t-il, de « civiliser « l’enfant, c’est-à-dire de « contrôler » et réduire sinon tuer tout le mal inné qu’il a en soi dès sa naissance. Quand un enfant voit un jouet, il le saisit et le fait sien sans se demander une seconde si cet objet n’appartient pas à autrui.
    Contrairement donc à tous les rêveurs et autres rousseauistes, je pense que l’homme naît foncièrement « mauvais ». Et je dirais : heureusement pour lui. Car il faut essayer de se mettre à la place de l’homme des cavernes, qui n’avait qu’un moyen pour survivre : être le plus fort, le plus malin, le plus cruel pour ne pas être écrasé.
    Le hic, c’est la vie en société. Une conduite comme celle de l’homme des cavernes est nécessaire tant que l’on vit dans un monde « animal ». Mais bien sûr, elle devient inacceptable dans la vie sociétale. Et là interviennent les armes utilisées par cette société pour combattre ces tendances innées qui sont le mal existant en chacun d’entre nous.
    La première de ces armes est la peur : peur du gendarme, peur de Dieu, peur de plus puissant que soi et qui pourrait nous nuire. Pour 95% des utilisateurs d’autoroute, la limitation de vitesse est respectée non pas par amour du prochain mais pour éviter une contravention ou plus grave encore. Se résigner à accepter son sort sur cette terre n’est pas un acte de sainteté mais la peur d’être damné la-haut, après avoir été ébouillanté et déchiqueté ici-bas (toute application à notre monde actuel serait pure coïncidence)
    A seconde arme est l’éducation : faire prendre conscience à un adulte et encore plus à un enfant que l’autre est mon égal, que je DOIS lui reconnaitre les mêmes droits que moi, qu’il a la même dignité que moi devrait être un effort constant dans le processus éducatif, afin d’extirper les pensées contraires qui sont naturelles chez chacun d’entre nous.
    Quant cet effort réussit, on obtient ce que Gunter appelle « des principes universels intangibles ». Il vaut mieux en rire que d’en pleurer, quand on voit, dans ce monde d’aujourd’hui, combien ils sont intangibles, combien ils sont universels !
    Allons, le Diable a encore de beaux jours devant lui dans sa lutte contre le Bien.
    GEORGES TAHAR

    8th juillet 2013 at 19 h 06 min

  7. Jo Strich says:

    D’ou vient le mal? Quelques réflexions suggérées par le débat proposé
    > et animé par moi-même au café des Phares le dimanche 7 juillet.
    >
    > « Le mal existe bien, nous l’avons rencontré ». C’est en entendant cette
    > « chute » de Gilles dans sa conclusion-poésie que j’ai regretté de
    > n’avoir pas formulé ainsi le sujet que j’ai moi-même proposé avant de
    > l’animer: le mal existe-il? J’avais opté plutôt pour l’interrogation
    > déjà débattue une fois aux Phares : d’où vient le mal? en ajoutant des
    > questions complémentaires, à la façon de Gauguin: pourquoi le mal?
    > qu’est-il? ou va-t-il?
    > En fait la question soulevée, sinon discutée, a été bien celle de
    > l’existence ou non du mal. Avec, à mon grand regret, la réponse tant
    > attendue, si évidente dans nos contrées: non, il n’existerait pas. Pas
    > vraiment. Pas en tant que tel. Pas seulement en tant qu’entité en soi,
    > si ce n’est dans l’action de l’homme (Michel: le mal ne saurait être
    > un absolu, ce n’est qu’un adjectif). Il ne viendrait de nulle part,
    > peut-être de l’ignorance (Samira, en référence sans doute à Platon
    > pour qui « nul n’est méchant volontairement »). Nulle référence – ou si
    > peu – à la souffrance (Samira), à la haine (Nadia), à l’empathie et à
    > la notion de préjudice (Bernadette), c’est-à-dire au bien face à la
    > prédation. Nulle référence à la question des valeurs. Mais une théorie
    > de la relativité presqu’absolue. Savoir si c’est mal ou si j’ai mal,
    > voilà la préoccupation majeure. Mais pour nombre d’éminents
    > représentants de l’histoire de la philosophie, c’est sans importance.
    > Albert Camus était plus attaché à a sa mère, d’une part, à la question
    > de savoir si la vie valait d’etre vécue, d’autre part, c’est-à-dire à
    > la signification de la vie, qu’à n’importe quelle définition, et pas
    > seulement géométrique. « Mal nommer les choses ajoute au malheur du
    > monde », écrivait l’humaniste révolté par l’omniprésence du mal, par
    > « le bacille de la peste » qui « ne meurt ni ne disparait jamais ». Le
    > réveil est venu timidement de quelques bancs au cafe philo: dire que
    > le mal n’existe pas élude la question (Samuel), il y a une version
    > minimaliste du mal: la gêne (André). Le même André affirmera plus tard
    > que « les Allemands étaient conscients de faire l’abominable ». Mais
    > hormis cette réflexion et celle de Gunter (« les Allemands eux-mêmes
    > victimes du nazisme »), toutes deux prêtant a discussion par ailleurs,
    > je n’ai pas réussi à faire parler l’assistance  du mal suprême, la
    > perpétration de
    > la Shoa des Juifs par Hitler, cet exécutant du « fantasme final »
    > (Claude Berger), ni la Shoa arménienne d’ailleurs. Le philosophe par
    > excellence de la morale, de la primauté du bien qui « ne fait pas
    > d’exception », l’Allemand (justement) Kant,
    > est passé sous silence, malgré mes tentatives désespérées, si ce n’est
    > la définition de la métaphysique comme religion laique par Gunter, qui
    > a rappelé par ailleurs la question du bon et du mauvais chez l’enfant
    > (y a-t-il des enfants méchants?). Pierre-Yves parle bien du méchant
    > malchanceux ou mauvais à Hollywood. Et Gunter déplore qu’ « aujourd’hui
    > on supprime le jugement », qu’ « il n’y ait a plus que ce qui est bien
    > pour moi ».
    > Dans mon introduction j’avais eu beau signaler que je parlais non du
    > mal « pharmaceutique, biologoque, naturel, accidentel, psychologique,
    > porté à soi-même, mais du mal donné, celui-là même qui est une
    > pratique courante chez les humains, qui est en somme « humain, trop
    > humain ». Mais crier comme Job contre « le diable et le bon dieu » n’a
    > guère trouvé écho. Pas plus que les références par trop
    > philosophiques, religieuses, littéraires, historiques, politiques:
    > Socrate (la vertu), Antigone, Moise, Jésus (« pardonnez-leur mon Dieu,
    > ils ne savent pas ce qu’ils font »), Boudha, Rousseau et Hobbes,
    > Montesquieu, Voltaire, Leibnitz et la Théodicée, Baudelaire et ses
    > Fleurs du Mal, Freud, Marx/Lénine, Gandhi, Mandela…
    > Je me suis heurté à un mur infranchissable: l’insoutenable légèreté
    > des théories banalisant le mal. Tout le monde il est mal tout le monde
    > il est gentil. J’ai mal au mal. J’ai du mal avec le mal, le mal soit
    > disant anodin mais en fait  inéluctable, s’il n’est incurable, et
    > pourtant devant être combattu sans cesse (signification profonde du
    > Mythe de Sisyphe).
    > Même la Shoa, je la prends comme parabole du mal, extension absolue du
    > politique, et non contingence dictatoriale. Le nazisme n’est pas un
    > simple produit dérivé du totalitarisme. Le mal c’est plus que de
    > l’inesthétique, même s’il est ça aussi. Face à l’extraordinarité du
    > mal, je ne pourrai jamais accepter de l’occulter, de m’en dédouaner,
    > de le récuperer et de l’employer pour faire de la manip pour tous.
    >
    > j.s.

    8th juillet 2013 at 22 h 35 min

  8. Elke says:

    Le mal existe, nous l’avons rencontré… Je suggère la lecture d’Alice Miller « C’est pour ton bien, mon enfant ». L’injustice sociale et l’abus de pouvoir sous toute ses formes alimente le « Mal », cette violence fondamentale qui nous habite tous et que devient rage destructive quand, en position d’impuissance, on nous refuse l’essentiel. La haine, moteur du Mal, est générée par l’injustice, tout particulièrement lors des périodes de vulnérabilité, par un traitement inadapté aux besoins de l’enfant, par exemple. Comment développer de l’empathie quand la communication avec les adultes qui nous présentent le monde ne laisse pas d’espace aux besoins fondamentaux de l’enfant ou de n’importe quelle personne en situation de vulnérabilité? Ne stigmatisons pas trop les parents. Car: Comment bien présenter le monde à son enfant quand, avec le salaire tiré d’un emploi subalterne, écrasé par les soucis du quotidien, tétanisé de peur de perdre son emploi et de ne pas pouvoir en trouver un autre: La misère sous toutes ses formes alimente le Mal, et si on veut éradiquer le Mal, prenons à cœur de lutter contre la misère. La misère progresse dans notre société. Une misère non seulement matériel, mais beaucoup plus grave: culturel. Sans argent, on ne représente plus rien. Le dernier bastion de l’identité, celui du consommateur, semble en danger. Puisqu’il n’y a plus d’argent pour rien, comment on va se passer le temps dans les années à venir? A critiquer l’autre par qui la misère est arrivée, c’est-à-dire l’étranger, le différent, celui qui ne me ressemble pas? Du déjà vu. Plus jamais ça? Jo, je comprends que tu sois préoccupé par ce thème. J’aimerais bien pouvoir être un peu plus optimiste. Mais en attendant, il nous reste juste à mobiliser notre courage de faire, chacun à son niveau, « de notre mieux » , à l’image « des hommes de bonne volonté ». Une référence culturelle qui se perd, mais nos artistes vont traduire ces vieilles idées en élément culturellement compréhensible pour les nouvelles générations en mal de repère. Je l’espère. Courage et espérance, cela fait partie des vertus cardinaux, non? Remède contre le Mal, à en croire l’enseignement religieux des anciens.

    8th juillet 2013 at 6 h 47 min

  9. Elke says:

    Georges, l’homme des cavernes était « mauvais », « haineux », envieux »? D’autres y opposent le « bon sauvage ». Mauvais pour qui? Bon pour quoi? A considérer aussi le lien entre « mauvais » et « mal ». J’ai mal fait, j’ai fait un mauvais travail ne signifie pas la même chose que de dire d’avoir fait mal à quelqu’un. Faire bouger le même mot nous renseigne sur sa teneur. « Mal faire » n’est pas forcément le Mal, cet instinct de destruction mortifère qui préoccupe Jo. L’enfant prend un jouet:: il suit en cela son instinct d’être vivant qui explore l’environnement, et qui prend ce qu’est à sa portée. Le sens des territoires et de la propriété n’est pas encore développé. Donc, c’est l’adulte qui juge ce comportement « mal ». Ce n’est pas l’enfant qui est « mal »: il ne fait pas pour nuire, il fait parce que c’est son essence de faire. Si on suppose que l’enfant est « mal », c’est que l’essence de l’homme est « mal ». Celui par lequel la destruction de notre planète va arriver. Il serait peine perdu de vouloir détruire l’essence humaine: il nous resterait juste à accepter notre déclin certain. Pourquoi le petit de l’homme serait plus « mal » que le premier des singes? Tous les petits du monde (toutes espèces du vivant confondues) suscitent plutôt la sympathie, non? L’enfant ne doit pas désapprendre à être, bien au contraire. Mais il doit apprendre « à faire »: faire une demande (« je peux prendre ce jouet? »), accepter la frustration (« non, j’ai peur que tu l’abîme), formuler un refus (« dans ce cas, je ne joue plus avec toi »), prendre soin des objets etc. etc. Le meilleur service éducatif qu’on puisse faire à l’enfant, c’est de « faire avec » pour créer l’espace d’apprentissage nécessaire. Le niveau d’apprentissage le plus rudimentaire est celui de l’imitation. Ne demandons donc pas à nos enfants de faire ce que nous n’avons (pas encore) appris à faire. Plutôt que de se plaindre de ce que les enfants ne savent faire, montrons leurs ce que nous savons faire. Et espérons qu’ils apprendront à vivre mieux que nous …. Mais là s’arrête notre responsabilité d’adulte accompagnant. Bien vivre sa vie, c’est bien de la responsabilité de chacun, et je renvois sur le sujet du dimanche 28 juillet. On apprend à tout âge. Et les cours de rattrapage s’offrent à qui veut bien prendre les leçons de la vie!

    8th juillet 2013 at 8 h 42 min

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