La quête de la pureté passe-t-elle par la salissure ?
Animation : Sylvie Pétin
Le 21 Mars, malgré un sale temps qui empêcha ma chemise de sécher, me déviant de l’urne Régionale avec une chanson de Jacques Brel sur les lèvres de ma mémoire : « Au Printemps, au Printemps/ Et mon cœur et ton cœur/ Sont repeints au vin blanc… », j’ai pris le chemin du Café des Phares où Sylvie Pétin a choisi d’animer le sujet « La quête de la pureté passe-t-elle par la salissure ? » Pas nécessairement, me suis-je d’emblée dit et dès lors, si c’est du contingent, au cas par cas, ça ne nous intéressait pas vraiment comme devinette ; la philosophie n’est pas un baril de lessive plein de potasse caustique qui lave plus propre que le bicarbonate de sa voisine, en l’occurrence Madame Catherine Bréhat présumée auteure de la boutade.
Pourtant, décidée à trouver la pureté sur place et dans l’heure, telle une Mère Denis, que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, l’animatrice entrepris de laver, rincer et essorer les pensées du public qui, les yeux rivés sur elle triait, entre émotions et concepts, le linge de la problématique soulevée, dans une forme de vagabondage de proximité le long du prêt-à-penser.
Pour que l’on comprenne bien, cette question équivalait à « La quête de la pureté, c’est-à-dire, de ce qui est dépourvu de souillure peut-elle se faire sans être altérée par quelque chose de crasseux, de répugnant ? » On dirait que nous aimons bien laver le linge sale en famille à l’aide d’arguments détersifs car, même sachant que la prémisse est incongrue, quitte à se rendre complice d’une délicieuse confusion entre le réel et le « philosophique », le public veut toujours y croire. Il prend n’importe quel thème à bras le corps afin de l’étirer dans tous les sens, pour construire un débat coûte que coûte, et trouver finalement ce qu’il cherche : une fiction sans conséquences. Y a-t-il là production de sens ? C’est aussi barjot que « deviens ce que tu es pour avoir confiance en toi », et je vous donne des équivalents de l’idée : Pour être vivant, faut-il passer par la mort ? Pour se trouver, faut-il se perdre dans un labyrinthe ? Pour être propre, faut-il se couvrir de boue ? Pour sourire, faut-il être désespéré ? Pour être vierge, faut-il passer par le viol ? Pour aimer, faut-il avoir un cœur greffé ? Pour trouver Dieu, faut-il aller le chercher en enfer ?
Il me semble que, apte à accueillir la divinité au sens littéral du mot, le pur, ni altéré ni vicié, est exclusivement ce qu’il est, une catégorie métaphysique distincte du propre (catégorie physique) et à fortiori du sale qui, renvoyé à quelqu’un, devient pour Sartre une catégorie existentielle (le salaud qui traite l’autre comme un moyen et jamais comme une fin).
Mais, peu importe ; revenons au débat. On a commencé par mentionner « les trois couleurs pures ou primaires puis la complexité qui va ensemble avec la salissure au détriment de la pureté originelle (concept moral de Platon) ainsi que de la virginité et la simplicité ». Ensuite, « à propos de Descartes et ses ‘Méditations’, les différents intervenants ont évoqué l’infini, Dieu, Nietzsche, les Cathares, la rationalité, ainsi que ‘la statue intérieure’ et ‘la blessure plus près du soleil’ ». Sans oublier ni Adam et Eve ni le Bouddha, nous avons encore rappelé les Ayatollahs et le Pape Benoît XVI, parlant même de l’eau et du feu que l’on lie à la purification avec un petit détour par le cœur, le poumon et l’effusion de sang sans laquelle il n’y aurait pas de pardon », jusqu’à ce que la voussure des représentations emphatiques s’affaissât sur le point critique. Enfin, une confusion intellectuelle ou pure construction sociale qui n’a rien démontré ni révélé.
A part ça, je vous jure, feu mon oncle, en déplacement en Inde, a plongé un jour dans l’eau sale et boueuse du Ganges sous prétexte que le fleuve est le symbole de la pureté parmi les Indous ; vous auriez dû voir l’état de sa chemise !
Carlos Gravito
Gorhan Gunter says:
Que le » propre » soit de nature physique et le « pur » de nature métaphysique n’est pas une vérité évidente ; d’ailleurs, sauf à être un platonicien de sous-préfecture (le vrai Platon est bien plus complexe), comment nettement séparer le physique du métaphysique ? L’opposition scolaire entre un Aristote matérialiste et un Platon idéaliste ne tient plus la route…
L’intérêt de l’échange sur la pureté et la salissure (ou saleté) a consisté, pour moi, dans la prise de conscience que nous sommes tous des puritains « quelque part » qui s’ignorent; ne serait-ce qu’à propos du désir de garder la philosophie pure – de tout ce qui n’est pas elle, à savoir des expériences, des affects, de l’ »irrationnel », bref du corps, d’une part, et des autres champs du savoir et de l’existence (sciences soi-disant exactes et humaines, art, religion, etc.) d’autre part. Combien de fois n’a-t-on pas entendu, aux Phares et ailleurs, le rappel à l’ordre : « Ce n’est pas philosophique !» ?
Comme si la philosophie n’avait pas pour tâche prioritaire de s’occuper d’autre chose que d’elle-même, de la vie sous toutes ses formes…
Je suis d’accord avec Carlos : si un échange « philosophique » n’est qu’une « fiction sans conséquences », elle n’a strictement aucun intérêt. Il incombe aux participants, – en ce sens chacun est responsable, avec l’animateur, de l’intérêt que peut avoir un tel échange – à mes yeux de rechercher au fin fonds d’eux-mêmes (cf. le sens rarement cité du « logos » : recueillement) l’intérêt vital, existentiel du thème choisi.
22nd mars 2010 at 10 h 47 min
Carlos says:
La critique du compte-rendu ci-dessus ne s’adressait pas à la « nature » ni du propre ni du pur, mais à l’emmêlement des catégories de l’entendement qui sont 12 (autant que les cordes d’une guitare portugaise), regroupées en 4 : Qualité, Quantité, Mode et Relation.
22nd mars 2010 at 9 h 46 min
ROCA says:
» La quête de La pureté passe-t-elle par La salissure ? « , Catherine Breillat, Sylvie Pétin,
» Critique de La raison pure « ,
La quête de La pureté,
de La primarité, couleurs premières … pures,
Quête du Graal, de L’idéal, et, de La pureté …
morale’, et, de ce qui est sûr, un’ hymne … national …liste … » qu’un sang impur … »
impure’,
impropre … propreté, de La » propriété » … salissure souillure, L’épuration,
son’ Abjection, La pureté …
originale’, originelle, Virginité, canal … d’Orléans, La Pucelle, Les puritains …
du popotin, mythique, mystique, métaphysique, beau, Vrai, Juste … qui purifie …
divin, mais non, mais non, Mais …si ! Merci … du monde … L’Autre … Soi ( sois pur ?! …) L’Âme … pluralité, de L’Esprit, La Lumière … du Tout’- Unité … La tache’ ( impure …)
… de La tâche, Vaste programme … d’…âme ! … qui suppure …
du, singulier, fumier, pur’ …
hein ! Les radicales’ … Ailes … du, Laurier, pluriel, extra-muros’, du feu – » puros’ » …
eau propre’, eau sale’, eau distillée … eau mitigée, eau du baptême … et …pure …
de La Vie, mêlée, eau de Vie, mélangée, sang mêlé, non pur-
sang, des couleurs, purement …
La Vie … quoi !, ma foi … celle … d’un non puriste … Gilles Roca,
Cas-fée-Philo des Phares, 21 mars’ 2010′, en ces-jours de brin-temps,
de Germinal, Le temps,
des Phares … comme’ indice,
par La salissure … du Café des Phares … passe La quête de … notre pureté phare ! G R
22nd mars 2010 at 8 h 34 min