Sorti directement d’une Nuit Blanche, le 2 Octobre, (275ème jour de l’année 2011, soit le Duodi Vendémiaire d’après le nouveau calendrier révolutionnaire instauré dès le Quintidi Prairial au Café Philo des Phares®), était dédié aux simples, aux vides greniers et aux sans papiers. Pourtant l’animateur, Bruno Magret, ayant choisi pour sujet de notre débat : « La peine de mort », parce que l’airbag a failli, les forçats des méninges ont dû se pencher sur un thème qui, devenu caduc en France depuis 1981, n’existe plus au sein de la Communauté Européenne, bien qu’il perdure encore par exemple aux USA dans 34/50 des Etats Fédéraux.
Quoi, la peine de mort ? On a affirmé que c’était « une question chaude », c’est-à-dire d’actualité. D’actualité ? Pour qui ? Depuis quand ? Elections en vue ? Certes, il y a encore des guillotines (démontées) à Fresnes, ainsi que dans les caves de l’Assemblée Nationale et du Palais de l’Elysée, néanmoins, en dépit du fait qu’un tel châtiment a été rayé du Nouveau Code Pénal de 1992, au Café des Phares on a senti la nécessité de revenir sur cette « ultima ratio », ce dernier mot à propos de vie ou de mort, sanction suprême que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître et rendait donc l’exercice aussi extravagant qu’un coup d’épée dans l’eau, pour ne pas dire une vaste bêtise. Dès que ça a commencé à déraper avec « le tri entre ceux qui nous sont proches et les étrangers », « ceux qui sont innocents ou ne le sont pas », « les exécutions ciblées (Etatiques) ou médicales (Euthanasie) », l’animateur recentra : « on parle de ‘Peine de Mort’ ! » et, tenace, la question devint : « La peine de mort est-elle justifiable ? »
On se complut alors à reconstruire un monde, précisant la cohérence de cette peine, abolie pourtant dans 96 pays, parce que, « la réflexion venant toujours après les sentiments, la première pulsion est de se venger », et on arriva au « Taoisme, la vie dans la mort et la mort dans la vie », « le criminel étant animé ainsi par quelque chose qui le dépasse », « au cas où il y a un sujet dans le crime ».
Voilà le pot de chambre sur lequel nous nous sommes attardés aux Phares pendant presque deux heures sans que rien ne se produise. Bien qu’il soit constant de se moquer des Cafés du Commerce, après que quelqu’un ait lancé « je ne suis ni pour ni contre, comme beaucoup de gens », nous avons « comparé le prix insignifiant de la peine de mort au coût d’une prison et un internement à vie », et au bout de trois quarts d’heure l’assemblée a commencé à délirer, affirmant que « l’objectif du châtiment est d’infliger la souffrance, tandis que le but réparateur de la guillotine est de l’éviter », puis « nous demandant ce que serait une société sans Justice ». En effet, tendant à structurer une communauté, ce principe moral écarte celui de la Vengeance, condamnée chez les individus mais permise aux Etats, voir le Code d’Hammourabi (qui rationalise la Loi du Talion), un souci de proportion « œil pour œil, dent pour dent », qui évince le bouc émissaire, soit une ‘hubris’ (démesure), compensée par la ‘némésis’ (équité).
Il n’en demeure pas moins que c’est étrange d’organiser un débat sur un thème réglé depuis trente ans et auquel on n’a plus rien à ajouter, sauf si l’on veut prier pour le retour de la Veuve. Ou alors, (hypothèse optimiste) peut-être que toute cette idiotie, inscrite à notre menu du dimanche, avait le but de nous rappeler les souffrances des 13.046 femmes et hommes qui furent à un moment trucidés par le démocratique outil de mort, nommé guillotine.
Le fait est que, dans notre empressement nous avions l’air de frénétiques tricoteuses, au lieu de crier tout simplement, comme les Communards : « A bas la peine de mort ! » Malgré tous les efforts que les amants de la Louisette ont déployé pour « la justifier dans certains cas », l’idée d’y revenir et en parler sans frissons, répugnait à ceux qui étaient conscients que le thème était nul, nul au sens de son impertinence et donc une perte de temps. Voilà ! Rangez vos couperets, Messieurs Dames, et rentrez à la maison ; il n’y a rien à voir et il n’est pas question de revenir au Rasoir National ou de danser la carmagnole autour du thème débattu.
N.B. : Il ne nous manque plus qu’à proposer pour la semaine prochaine, ce dont me parlait
Madame Michou ce matin : « Ce qu’il nous faudrait, c’est ‘une bonne guerre’ ».
Carlos
GEORGES TAHAR says:
Cher Carlos,
Je ne suis pas allé au Café des Phares ces quatre dernières semaines et j’y suis retourné ce Dimanche et j’ai participé comme toi, au débat sur la peine de mort. Et je te dis amicalement (c’est-à-dire que l’on critique les idées et seulement les idées, n’est-ce pas) que je ne partage pas les sentiments que tu exprimes dans ton compte-rendu, mais alors pas du tout. Ceci dit, il faut maintenant argumenter!
Sur la forme d’abord! La révolution qui ne dit pas son nom au café des phares nous a apporté le pire et le meilleur! loin de moi l’idée de verser des larmes de crocodile sur les éliminés, à qui je dis « Bon voyage » et ne revenez plus! Il n’em^pêche que j’ai assisté à des animations désolantes qui m’ont fait douter du bien fondé de cette révolution. Si l’esprit nouveau consiste à laisser n’importe qui animer pendant deux heures et pour les participants à passer à travers l’épreuve d’une animation grise, prétentieuse, incompétente et endormante, très peu pour moi.
C’est donc pourquoi j’ai aimé l’animation de Bruno Magret. Il n’a utilisé qu’une partie de sa méthode, comprenant intelligemmant qu’il fallait s’adapter au public des Phares. Il est le seul qui a dit tranquillement à certains qu’ils étaient hors-sujet, qu’il fallait savoir se limiter etil est le seul à ne pas trouver toute intervention « intéressante » ou « très intéressante ».
Sur le fond, à présent : Je suis un partisan de la peine de mort. J’estime qu’elle devrait être réintégrée dans l’arsenal des peines possibles. Nous vivons paraît-il en démocratie et je m’incline devant le fait qu’elle a été abrogée par « le fait du prince » sans vote ni consultation du peuple francais. Mais comment, nous, nobles philosophes, pouvons nous nous intéresser à l’opinion de Mme Michou?
Je combats, dans la mesure de mes moyens pour son rétablissement.
Es-tu sur, Carlos, que la majorité est pour la fin de la peine de mort?
La personalité exceptionnelle de Robert Badinter, son utilisation de l’émotionnel au court du débat au¨Parlement a fait passer la loi. Dont acte.
Un jour peutêtre, nous aurons l’occasion de discuter plus sérieusement des raisons pour et contre que de raccourcir les souffrances ou d’économiser sur les budgets.
Mais peux-tu accepter, Cher Carlos, que pour certains Français, ce n’est pas un problème réglé et qu’ils essaient de luuet légalement contre?
Je le crois et c’est pourquoi je te salue jusqu’à Dimanche prochain.
GEORGES TAHAR
3rd octobre 2011 at 22 h 07 min
Gunter says:
Comme d’habitude, les opinions sur la « qualité » des animateurs et des animations divergent d’une façon qui me surprendra toujours – ce qui, par ailleurs, me rassure : le jour où il y aura unanimité ou quasi-unanimité, le fondement même de nos échanges aura disparu, puisqu’il n’y aura plus rien, presque plus rien à confronter. Bien sûr, il y a des exceptions, j’ai vu des cafés philos se vider de leurs participants au fur et à mesure que l’ »animation » se poursuivait…
Non, Georges, aucun des animateurs « établis » n’a été éliminé des Phares. Simplement, ce qui a été qualifié de monopole de la « bande des quatre » a été aboli, les animateurs habituels interviendront moins souvent ; ce sera d’ailleurs bientôt le tour de Sylvie, puis de Daniel et de Gérard.
3rd octobre 2011 at 17 h 10 min
Carlos Gravito says:
Mon cher Georges. J’essaie de t’imaginer en costume/cravate, au milieu d’une foule qui jouit d’une décapitation, mais je n’y arrive pas. Et toi ?
3rd octobre 2011 at 18 h 35 min
GEORGES TAHAR says:
Mon cher Carlos,
Ta réponse est une caricature qui rabat le débat à un niveau bien bas. Je te remercie de ne pas pouvoir me voir en jouisseur d’une décapitation mais ton commentaire me rappelle un autre que j’ai lu écrit par une personne qui était pour la peine de mort et qui m’a donné honte :
« Ceux qui sont contre la peine de mort sont des pédés qui ont peur du sang! ».
J’accorde aux anti-peine de mort beaucoup plus de nobles raisons, beaucoup plus d’intelligence et de recherche que cela. Je crois, Carlos, que tu devrais faire la même chose contre tes adversaires idéologiques.
Je vais te dire dans quelle situation je me serais bien vu: il ya quelques jours, on a jugé deux Français qui ont entérré vivants deux autres Francais et les ont laissés mourir parce que les deux victimes étaient homosexuels. Je ne connais ni les uns ni les autres. Mais j’aurais bien voulu être juré à leur procés, écouter les uns et les autres, m’assurer que les deux coupables n’étaient pas des malades mentaux, et les condamner, en mon âme et conscience, à la peine de mort. Je ne serais certainement pas aller à leur mise à mort mais j’aurais eu la conscience d’un citoyen qui a fait son devoir.
Georges TAHAR
3rd octobre 2011 at 21 h 46 min
GEORGES TAHAR says:
Cher Gunter,
J’accepte volontiers ta remarque que « les opinions sur la « qualité » des animateurs et des animations divergent ». Heureusement, car la diversité est source de richesse et d’apprentissage. Comme toi, j’ai vu également des cafés se vider petit à petit de leurs participants. Ce que je dois ajouter malheureusement, Gunter c’est que certains de ces cafés étaient des sessions du nouveau café des Phares, et certains participants ont dû te le dire, peut-être. J’appelle de tous mes voeux des animateurs de tous horizons, avec des approches pédagogiques différentes et opposées, mais Bon Dieu, ils devraient au moins avoir le PPCM (plus petit commun dénominateur) d’être des A-NI-MA-TEURS! As-tu remarqué que certaines sessions du Dimanche sont très …disons, clairsemées!
Quant à l’élimination de la bande des quatre, tu as raison. Ils n’ont pas été « éliminés » mais dilués dans l’apport d’air frais des nouveaux invités. Mais certains d’entre eux ne se sont-ils pas auto-éliminés d’eux-mêmes, vexés de ce qui est arrivé. Sinon, j’aurais toujours plaisir à écouter Gérard ou Daniel…à petites doses quand-même!
Georges TAHAR
3rd octobre 2011 at 21 h 59 min
Gunter says:
Cher Georges,
Bien sûr, des participants « anciens » m’ont fait part de leur mécontentement à propos des changements aux Phares, mais je n’ai pas vu de départs significatifs, c’est-à-dire plus importants que lors de certaines animations d’avant le changement. Il est vrai que je n’ai pas assisté à toutes…Je n’ai pas vu non plus de publics plus clairsemés, on arrive seulement plus tard ; n’est-ce pas peut-être aussi parce que trop souvent nos échanges dominicaux commençaient avec trop de retard ?
Ce qui m’intéresse cependant le plus c’est ta définition du PPC D( !) des A-NI-MA-TEURS – un éclatement du mot qui doit cacher une signification qui m’échappe…
3rd octobre 2011 at 11 h 08 min
Gilles Roca says:
La peine de mort est’- elle justifiable … se justifie – t – elle ?, Bruno Magret,
La Maïeutique, philosophique,
problématique’, Analytique, conceptualisée,
La, socratique, philosophiquement, réalisée,
La peine’ de mort … À La Question,
de La sentence – Verdict’À … L’exécution, de La peine’ capitale, La décision, Vitale,
du jugement, du tribunal,
La « solution finale’ », …
irréductible’, irrémédiable … diable’!,
irréparable’, irrévocable’, … une … question de Vie, de mort …telle … Mort…râle’,
on naît, on Vit, on meurt,
peine de mort, question de mœurs … question demeure,
La fonction, La sanction, L’individu, L’institution, La réflexion,
La distinction, La normalisation … Loi du talion, condamnation, réparation …
de La Vie, qu’on retranche,
qui tranche’ ?, … œil pour œil, dent pour dent, droit de Vie et de mort, « Le tunnel de La mort », où rien n’est’ évident … Application, Abolition … Au sort,
responsable … coupable, caractère’Arbitraire, quelle maîtrise’ … « Assise » ?,
La peine’ de mort … Arme de … destruction, ou de … dissuasion ?, de mise, …
solution, illusion ?, philosophiquement, doute … questionnement,
et, personnellement, sans’Aucun doute … contre’, indubitablement … Gilles Roca,
Cas-fée-Philo des nés-nus-Phares, 2’ octobre’ 2011, ces-jours de Vendémiaire’,
et de La peine … phare, … de L’ombre’ À La Lumière, G R
3rd octobre 2011 at 16 h 46 min
Nicolas Ségarra says:
Bonjour à tous!
Une dicussion intéressante s’installe ici. C’est pourquoi, je me permets de m’y immiscer pas à pas!
Concernant le débat de dimanche dernier, je n’ai, pour ma part, pas trop apprécié l’animation de Bruno Magret. C’était trop « politique et social » pour moi. De plus, je trouvais que les interventions étaient trop du style: « je suis pour », « je suis contre », « et si c’était votre enfant qu’on assassine »… même si on avait bien dit qu’il ne faillait pas dire ce genre de lieux communs…
Concernant maintenant le fond, je me lance et au risque de choquer quelques-uns d’entre vous, je suis plutôt favorable à la peine de mort!
Lorsque l’on voit des personnes comme Fourniret qui commettent des viols et meurtres (au moins neuf) de jeunes filles (parfois mineures) et en plus qui ne se culpabilisent pas, la question de la peine de mort se pose, et plutôt deux fois qu’une!!!!
Ici, je pense que le concept philosophique est davantage un concept de légitimité. Il y a aussi bien sûr les concepts de morale et d’éthique! (On aurait pu davantage évoquer ces concepts pendant le débat!).
Il y a la prison à perpétuité, certes, mais celle-ci n’est pas souvent appliquée, car les criminels peuvent être libérés suite à une bonne conduite! Après, ils peuvent tout à fait récidiver!!
Alors qu’avec la peine de mort (au risque de vous choquer), on évite un meurtre de plus et cela fait aussi une bouche de moins à nourir avec les impôts des gens honnêtes!
Enfin, la remarque de Georges Tahar concernant les animateurs est très intéressante. En effet, le PPCM de deux nombres en mathématiques est leur « plus petit commun multiple », il permet en effet d’avoir un dénominateur commun entre plusieurs fractions.
Cette idée de PPCM utilisé en tant que dénominateur commun pour les animateurs est une bonne image selon moi. En effet, cela montre que nous préférons que les animateurs aient des méthodes ou argumentations communes ou au moins un élément commun dans leur pensée!
Nicolas SEGARRA.
3rd octobre 2011 at 17 h 52 min
Gunter says:
Mais Nicolas, que serait le PPCM des philosophes ?
Qu’ont en commun Hegel et Nietzsche, Kant et Kierkegaard, Habermas et Castoriadis, Heidegger et les néo-kantiens, pour ne nommer que quelques’uns ? Si on y ajoute les poètes- philosophes comme Hölderlin, Mallarmé ou Bonnefoy, la diversité d’approche – de quoi ?, de quel objet proprement philosophique ? – devient tout simplement immaitrisable…Je suis d’ailleurs de plus en plus convaincu qu’il n’y a pas de philosophie, mais seulement des philosophes, car pour qu’il y ait LA philosophie, il lui faudrait un objet spécifique. Or, à mon avis, la philosophie doit (s’efforcer à) penser tout le pensable ; est-ce un objet comme celui des sciences ou autres disciplines ? Et sans objet pas de méthode a priori non plus, seulement un chemin à inventer pour chaque sujet…
Je me trompe peut-être ; quel serait ta conception d’un tel PPCM des animateurs des cafés philo en général – ou seulement des Phares ?
3rd octobre 2011 at 19 h 57 min
Nicolas Ségarra says:
Merci Gunter pour votre commentaire.
En effet, il est vrai qu’établir le PPCM des philosophes est compliqué, même impossible… (Peut-être cependant, que la rigueur de beaucoup de philosophes est un point commun important entre tous ces philosophes…).
Concernant les cafés-philo, il me semble que cette idée pourrait être intéressante pour le projet (que j’approuve totalement pour le moment) qui a lieu en ce moment. En effet, même si chaque animateur a sa propre façon de faire, il en résulte que tous ces animateurs ont tous au moins un point commun: de clarifier/ »corriger »/ »tirer vers les hauteurs » (comme dirait Platon) les interventions des participants.
Parler de LA philosophie en général n’aurait alors pas plus de sens que de parler de LA science. (Jean-Marc Lévy-Leblond dit que l’on parle de « la science » « comme s’il s’agissait d’une entité immuable »).
Cette idée de PPCM n’est pas forcément la meilleure et elle n’est, bien sûr, pas obligatoire, mais elle permet (il me semble) de mieux comprendre les idées en instaurant une sorte de conformisme (et même de routine) dans la construction, le développement et enfin l’annonce des idées!
Bonne soirée à tous,
Nicolas.
3rd octobre 2011 at 20 h 36 min
GEORGES TAHAR says:
Merci, Gunter et Nicolas, de vos réponses.
Mais là, à mon tour, permettez moi de dire « Attention, on dérape, on va hors sujet: ». Pourquoi? Parce que l’idée du PPCM que Nicolas a parfaitement saisi — et j’espère que Nicolas n’est pas mathématicien — ne s’applique pas aux philosophes, Gunter, mais AUX ANIMATEURS!
Que serait ce PPCM? Loin de moi l’idée de fournir une liste exhaustive mais je crois qu’il est absolument nécessaire pour un candidat animateur
d’INTERESSER son audience (à lui de savoir comment),
de PROVOQUER des réactions (à lui de savoir jusqu’où il veut aller trop loin),
d’encourager à l’EXPRESSION authentique des uns et des autres (et pas à une récitation d’un extrait de cours de Philo appris quelque part)
d’avoir le courage de DIRE QUAND UN INTERVENANT FAIT AVANCER LE SCHMILBLICK et quand il ne conduit à rien,
d’exiger avec un peu plus de rigueur que l’auteur du sujet choisi définisse les problématiques qu’ils voudrait voir discuter ou de lui dire tranquillement qu’on choisit un autre sujet quand il dit simplement qu’il ne sait pas « car il ne s’attendait pas à ce que son sujet soit choisi ».
GEORGES TAHAR
3rd octobre 2011 at 21 h 46 min
Carlos Gravito says:
Georges: Il arrive, hélas, que des individus se comportent comme des bêtes sauvages. Un peuple civilisé ne peut pas se le permettre.
3rd octobre 2011 at 23 h 35 min
Gunter says:
Nicolas, quelque soit l’activité créatrice (science, art, philosophie, politique, etc.), elle implique la rigueur ; elle ne peut cependant être réduite – pense à ceux que j’appelle les poètes philosophes – au respect des règles de la logique formelle, du tiers exclu, de l’argumentation rationnelle/rationaliste (il y a bien d’autres rigueurs aussi rigoureuses que celle-là !). Les exclure du champ philosophique reviendrait à amputer celui-ci d’une branche, d’une sensibilité- précieuses et fécondes en matière d’élucidation existentielle.
Je t’avoue que ta phrase : « …en instaurant une sorte de conformisme (et même de routine) dans la construction, le développement et enfin l’annonce des idées! » me surprend beaucoup. Nos échanges de réflexion n’ont-elles pas aussi, voire surtout, pour but de nous sortir de nos conformismes et routines de pensée, autrement dit de rendre vivant notre rapport à nous-mêmes, à autrui et au monde ?
Georges, merci d’avoir énoncé si clairement ta position : l’animateur d’un café philo est avant tout un animateur, peu importe qui et quoi il anime : une colonie de vacances, le Club Med, une équipe de travail, une soirée, que sais-je encore ?
Personnellement, je ne me reconnais pas du tout dans ton portrait de l’animateur philo PPCM (plus petit commun multiple). Par ailleurs, ton premier point : « il est absolument nécessaire pour un candidat animateur d’intéresser son audience (à lui de savoir comment) », ne revient-t-il pas à une définition dite tautologique, du genre : « un somnifère est une substance dormitive ? ».
Ton deuxième point ne m’éclaire pas non plus : comment, en effet, « encourager à l’expression authentique des uns et des autres ? » Y a-t-il une technique ? Suffit-il de ne pas réciter un cours de philo ? Ce serait une bonne nouvelle !
Es-tu sûr de dominer assez le sujet (serait-ce même souhaitable ?) – surtout quand il est improvisé – pour évaluer si une intervention « fait avancer le schmilblick » ou pas ? Faire avancer qui ? Tout le monde, la majorité, toi ?
Crois-tu vraiment que le café philo avance d’un bloc, guidé par un maître – prof ? Ce serait plus vrai si la philosophie n’était qu’une discipline de connaissances bien répertoriées, « positives » (par opposition à « spéculatives ») ; ne confonds-tu pas (l’enseignement de) l’histoire de la philosophie avec la philosophie vivante, propre à chaque participant découvrant, pratiquant le « penser par soi-même » ? (Cf. l’excellent livre de Marianne Massin : « La pensée vive », essai sur l’inspiration philosophique.)
Quel rapport entre ton animateur PPCM et la maïeutique socratique ? Celle-ci, contrairement à la philosophie académique que Marc Sautet jugeait insuffisante, ne vise-t-elle pas, non seulement à accoucher autrui de ses idées mais aussi, surtout (car les idées coupées de l’existence t’intéressent, je crois savoir, espérer, aussi peu que moi-même) à faire jaillir des possibilités non-conscientes d’exister, d’habiter le monde ?
Enfin, oui, le café philo ambitionne de faire réfléchir, formulation que je préfère néanmoins à « provoquer », verbe signifiant une attitude qui risque d’entrainer une posture défensive, une fermeture, qui risquent à leur tour de bloquer le processus de pensée.
» Il ne s’agit pas tant d’amener autrui à la Raison que de s’ouvrir soi-même à la raison d’autrui » (A. Finkielkraut).
J’espère, Georges, ne pas t’avoir ainsi provoqué…
3rd octobre 2011 at 15 h 30 min
GEORGES TAHAR says:
Salut, Carlos et merci de poursuivre le dialogue, même si de manière succinte!
En réponse je te dirai que comme moi, tu sais combien l’alpha et l’omega du café des Phares est réglé sur ce que pensent Platon, Aristote…et quelques autres!
Je vais donc te soumettre, ainsi qu’à ceux qui nous lisent ce que j’ai glané sur l’Internet :
Protagoras(dont la pensée est rapportée par Platon) critique le principe de vengeance, car une fois que le mal est fait, il ne peut être annulé par aucune action. Ainsi, si la peine de mort doit être infligée par la société, c’est uniquement pour protéger cette dernière contre le criminel ou encore dans un but dissuasif[12] : « Le seul droit que Protagoras connaisse est donc le droit humain, lequel, établi et sanctionné par une collectivité souveraine, s’identifie au droit positif ou au droit en vigueur de la cité. De fait, il trouve sa garantie dans la peine de mort qui menace tous ceux qui ne le respecteraient pas[13] ».
Platon, pour sa part, voit dans la peine de mort un moyen de purification, car les crimes sont une « souillure ». C’est ainsi que dans Les Lois, il juge nécessaire l’exécution de l’animal ou la destruction de l’objet ayant causé la mort d’un Homme par accident. Pour les meurtriers, il considère que l’acte d’homicide n’est pas naturel et n’est pas pleinement consenti par le criminel. L’homicide est ainsi une maladie de l’âme, qu’il faut autant que faire se peut rééduquer, et, en dernier ressort, condamner à mort, si aucune réhabilitation n’est possible[14].
Selon Aristote, pour qui le libre arbitre est le propre de l’Homme, le citoyen est responsable de ses actes. Si crime il y a eu, un juge doit définir la peine permettant d’annuler le crime en le compensant. C’est ainsi que des indemnités pécuniaires sont apparues pour les criminels les moins récalcitrants et dont la réhabilitation est jugée possible. Mais pour les autres, la peine de mort est nécessaire selon Aristote[15].
Alors que durant le Moyen Âge l’aspect expiatoire de la peine de mort était pris en compte, ce n’est plus le cas sous les Lumières. Ces dernières définissent la place de l’Homme au sein de la société non plus selon une règle divine, mais comme un contrat établi à la naissance entre le citoyen et la société, c’est le contrat social. À partir de ce moment, la peine capitale doit être vue comme utile à la société par son effet dissuasif, mais aussi comme un moyen de protection de cette dernière vis-à-vis des criminels.
L’argument de la rétribution est un argument purement philosophique qui était déjà avancé en son temps par Emmanuel Kant dans sa doctrine du Droit de la Métaphysique des mœurs. Certains partisans de la peine de mort le considèrent comme étant la première justification d’une exécution capitale[100].
La peine doit être pénible en proportion avec le mal que le criminel a délibérément causé pour des motifs souvent abjects (cupidité, satisfaction sexuelle…). Les crimes pour lesquels la peine de mort a vocation à s’appliquer sont si affreux qu’il serait injuste que le meurtrier puisse réintégrer la société ou même rester en vie en prison, alors que la victime se trouve six pieds sous terre. Ses proches en sont privés à jamais et la population est choquée par le crime, tous ont besoin que la justice les soulagent. Dans la plupart des pays où la peine de mort est maintenue au XXIe siècle, elle n’est exécutée que dans des cas « monstrueux » comme les tueurs en série, les meurtres d’enfants ou encore les crimes où le coupable à fait terriblement souffrir sa victime avant de l’achever. On peut citer à plus forte raison les auteurs de massacres, comme les grands terroristes et les criminels contre l’humanité[101].
Messieurs les philosophes, l’affaire est entendue?
GEORGES TAHAR
3rd octobre 2011 at 16 h 24 min
GEORGES TAHAR says:
Content, Gunter de lire ta réaction à mon dernier commentaire.
Ton texte est une illustration parfaite de ce que j’appelle PROVOQUER. J’ai en effet provoqué ta réflexion et tu t’es posé, tu nous a posé des tas de questions sur ce que je signifiais par …provoquer! Tu poses et te poses des tas de questions sur le mot que je t’ai soumis! Nous pouvons dialoguer à partir de là.
Tu dis ensuite : « l’animateur d’un café philo est avant tout un animateur, peu importe qui et quoi il anime : une colonie de vacances, le Club Med, une équipe de travail, une soirée, que sais-je encore ? ». D’un point de vue psychologique, mais seulement psychologiue, ce que tu dis est parfaitement correct. Il y a des qualités humaines qui font un bon animateur et qui se résument de manière simpliste comme la « capacité de réveiller les morts ». Peut-etre pas très classique à ton goût, mais nettement meilleur que de laisser ronronner une audience.
Quant au ‘à lui de savoir comment », je dis que chacun a sa valise de techniques pour déclencher l’intérêt d’une audience ; s’il n’en a pas, il n’est pas à sa place au Café des Phares, il serait plus à l’aise derrière un bureau.
Tu poursuis avec : « Ton deuxième point ne m’éclaire pas non plus : comment, en effet, « encourager à l’expression authentique des uns et des autres ? » Y a-t-il une technique ? Suffit-il de ne pas réciter un cours de philo ? Ce serait une bonne nouvelle ! »
Tu donnes souvent l’exemple parfait de la manière d’encourager à l’expression authentique: en effet tu poses, après un laïus sur ce que pense le philosophe X ou Y, la question : « Mais TOI qu’est-ce que TU en penses? » Voilà la manière la plus simple d’y arriver.
Tu ajoutes : « Es-tu sûr de dominer assez le sujet (serait-ce même souhaitable ?) – surtout quand il est improvisé – pour évaluer si une intervention « fait avancer le schmilblick » ou pas ? Faire avancer qui ? Tout le monde, la majorité, toi ? »
Alors, là, tu m’étonnes, Gunter. Pourquoi un animateur Philo devrait dominer le sujet, comme tu dis. Tout ce qu’il a à faire, selon moi, c’est de garder à l’esprit les problématiques définiées en début de session et voir si on les parcourt. Bien sûr, comme partout ailleurs, chacun en tirera ce qu’il voudra, ce qu’il pourra mais je ne crois pas à l’animateur « GRAND GOUROU » qui domine le ou les sujets. C’est d’ailleurs, à mon avis, une erreur que de nous impressionner par les titres et diplômes ronflants attribués à certains animateurs, en sous-entendant qu’ils dominent le sujet mieux que l’audience.
Tu continues par « faire jaillir des possibilités non-conscientes d’exister, d’habiter le monde ? » Il faudra un jour que tu m’expliques en termes moins condensés et plus simples ce que tu veux dire par cette expression.
Enfin tu cites en conclusion Finkekkraut pour lutter contre « « provoquer , verbe signifiant une attitude qui risque d’entrainer une posture défensive, une fermeture, qui risquent à leur tour de bloquer le processus de pensée » . Avec tout le respect qu’on lui doit, Finkelkraut est le type même qui a bloqué son processus de oensée sur l’éducation, et pourtant il n’a assisté à aucune de mes animations.
GEORGES TAHAR
3rd octobre 2011 at 17 h 16 min
Nicolas Ségarra says:
Laissons finalement tomber cette idée de PPCM qui convient à quelques-uns d’entre nous pour des raisons qui nous dépassent. (Néanmoins, je reconnais que l’on ne peut pas toujours rattacher les mathématiques à la philosophie même si les deux domaines ont des bases de réflexion communes: exemples: réflexion sur l’infini, l’art de la démonstration, le goût de l’abstraction…).
Concernant le « conformisme » et la « routine », je voulais tout simplement dire que les deux (dans une certaine mesure) rassurent les participants! En effet, il me semble que nous sommes plus à l’aise dans les débats menés sans « originalité excessive ». Dans ce cas, l’animateur ne cherche pas à impressionner les participants en faisant par exemple un exposé (très ambitieux!) au début du débat qui, finalement, n’a pas eu la « brillance et la qualité » attendues.
Ce dont je parle maintenant est de la peur de l’inconnu. Pourquoi l’inconnu inspire-t-il la crainte? Peut-être parce qu’on a peur de ne plus comprendre les idées par exemple… Ou encore, peut-être que certains animateurs ne seront pas assez rigoureux pour certains, trop « dirigistes » pour d’autres etc…
D’ailleurs, en parlant de la routine, il me vient une idée, la voici: certains métiers sont (très) « routiniers » comme le métier de professeur dans le secteur privé (stabilité de l’emploi, horaires fixes, habitudes de travail etc…). D’autres sont « dangereux », car nous sommes quasiment toujours confrontés à l’inconnu et à l’arbitraire.
Ces métiers sont, le plus souvent, en rapport avec l’art (là où la subjectivité, la sensibilité et donc l’arbitraire sont dominants…). Par exemple, le métier d’acteur n’est pas rassurant, car une troupe peut tout à fait être en difficulté par manque de moyens par exemple. De plus, un roman plaîra à certains éditeurs, mais pas à d’autres. Et ce roman, même s’il plaît à un éditeur particulier, il ne fera probablement pas l’unanimité parmi les contribuables qui achètent les livres!
Pour finir ce commentaire, j’ajoute une petite touche d’humour: Georges dit: « j’espère que Nicolas n’est pas mathématicien » et moi, je lui réponds: « pas encore Georges, mais je le serai dans quelques années! » (Ou plus précisément, je serai professeur agrégé de mathématiques!!).
Ainsi, tout le monde comprendra que, lorsque je parle des professeurs, je reste bien sûr très respectueux, car ils seront mes collègues plus tard!
Nicolas.
3rd octobre 2011 at 11 h 13 min
Gabriel says:
Etre abolitionniste, c’ est quand même vouloir se sortir d’ un paradoxe. Quand un crime a été commis, les représentants de la victime et de ses proches vont amoindrir la responsabilité du meurtrier s’ il est prouvé qu’ il a agi sous l’ emprise de la colère, de la jalousie, de l’ amour, …
Bref, s’ il est prouvé qu’ il a pu être submergé par des émotions qui ont entravé sa raison, sa volonté, s’ il ne jouissait plus des facultés habituellement attribuées à l’ être humain. A cet instant, ils ne caractériseront pas son geste d’ inhumain. Pour ces représentants, le geste devient odieux, inhumain si de l’ accusé on sait qu’ il a agi de sang-froid, en toute conscience et encore pire avec préméditation. Or, dans ce cas, comment procèdent les représentants ? Ils analysent, discutent, raisonnent, … bref, de sang-froid et en toute conscience, ils vont ôter la vie dans les mêmes conditions que celles du criminel, celles qui ont permis de qualifier son acte d’ inhumain.
Il y a bien là un paradoxe : si j’ arrive à prouver que A a tué B en toute conscience, alors je déclare son geste inhumain. Et là, froidement, en toute conscience, je prononce la mort de A .
Mon acte est nécessairement inhumain car réalisé exactement dans les mêmes conditions que celles de A . Pour éliminer ce paradoxe, la seule solution est celle de l’ abolitionniste.
3rd octobre 2011 at 21 h 40 min
Elke says:
Merci, George, pour le vol plané sur l’histoire de la peine de mort. Et pour le débat nourri entre vous et Gunter. Le PPCM, je trouvais l’idée pas si mal. Seulement, j’étais intrigué par la dénomination qui fait interférence avec un autre terme dont je me demande s’il est fruit de mon imagination: cela existe en math, le « plus petit dénominateur commun »? C’est loin, l’algèbre…. Car si le « commun multiple » peut être source de désaccord, le dénominateur commun donne l’assise d’un mouvement vers quelque chose qui nous rassemble, même s’il y a l’univers entier qui peut nous séparer. Ce qu’est mis en discussion par la peine de mort, qui thématise en même temps le meurtre, c’est le fondement de notre civilisation dont une maxime est fixé dans « tu ne tuera point ». Or, j’aurais aimé approfondir dans ce sens. Ce ‘tu ne tueras point », devient d’une exigence énorme quand on considère la possibilité non seulement de tuer physiquement, mais quand on considère la mort partielle dont souffre une grande partie de l’humanité: exclusion sociale, mais aussi l’incapacité de communiquer, de s’exprimer avec l’espoir d’être entendu et compris par autrui. Nous connaissons l’importance du regard de l’autre, l’importance d’un plus grand que soi bienveillant lorsque nous nous battons pour devenir. J’ai lu un très beau livre-témoignage concernant un condamné à mort qui occupe les dernières mois de sa vie minable pour mourir comme un humain, c’est à dire debout, après une vie dans la négation de son humanité par la société bien pensante. Allez-y debout, vous, de pied ferme. Cela demande du courage, surtout quand on est jeune, que la vie n’a pas encore tenue aucune de ses promesses. Transformer la rage suscitée par l’injustice en volonté de marcher debout vers la mort, mettre toute son énergie au service de ce projet. Cette dignité retrouvée était possible par la présence d’un humain qui a regardé cet humain comme un humain et a donné sens à cet acte, puisque le condamné était assuré que quelqu’un pouvait témoigner de ce courage. Cela lui a permis d’apprendre à parler et à penser. Ceux qui réclament la peine de mort, ce sont souvent ceux qui n’aiment pas regarder ce qui dérange. Faites donc disparaître tout « ça »…. Aucun doute persiste, tous les statistiques le prouvent: il y a un lien entre meurtre et misère, misère entendu dans un sens beaucoup plus large que son acceptation économique: s’attaquer à la misère est un moyen de lutte contre le meurtre bien plus puissant que la peine de mort. Voilà ma conviction intime.
3rd octobre 2011 at 8 h 43 min
GEORGES TAHAR says:
Chère Elke,
Enfin un commentaire de ta part sur le débat sur la peine de mort.. Je me souviens que tu avais assisté au débat et qu’il ne t’avais pas laissée indifférente. bienvenue à la discussion.
Tu as raison « plus petit dénominateur commun » existe. PPCM ou PPDM? L’essentiel n’est pas dans le terme:comme vous l’avez dit, il s’agit avant tout de réfléchir sur une question de base « QU.EST-CE QUI FAIT UN BON ANIMATEUR? ». Depuis le « printemps des PHARES », nous avons eu de nombreux exemples de ce qui les fait et de ce qui les….défait!
Venons-en à la peine de mort. Quant on croît à quelque fait, j’aime le vérifier sur ce merveilleux outil de recherche qu’est Internet. Eh bien, Eke, en France, ce n’est pas vrai que la majorité des anciens condamnés à mort soit venue des masses pauvres. Par contre, ce fait est largement confirmé aux Etats-Unis. Mais le problème de la pauvreté matérielle et sociétale est un problème de société et je conviens avec vous qu »il est grave et qu’il doit être résolu. Mais ne sommes-nous pas ici dans la confusion des genres?
GEORGES TAHAR
3rd octobre 2011 at 22 h 25 min
Gunter says:
Cher Nicolas,
Absent de Paris et de mon ordinateur, je n’ai pu te répondre plus tôt.
Le goût de l’abstraction que tu sembles chérir peut nous égarer ; je te rappelle que Hegel, par exemple, oppose l’universel abstrait (les idées « pures ») du particulier concret (les faits sans idées). La (bonne) philosophie ne consiste-t-elle pas à viser l’universel concret, qui n’est plus une substance (fixe), comme les idées pures ou les faits sans idée mais un sujet, autrement dit un processus ?
Au café philo ou ailleurs, lorsque nous « philosophons » nous pouvons seulement – mais c’est déjà énorme, précieux – avancer sur le chemin (infini) de l’universalisation.
Avant de te lancer, à corps perdu, dans l’abstraction mathématique, je te conseille vivement de lire « Itinéraire de l’égarement » (Du rôle de la science dans l’absurdité contemporaine, Seuil 2003) de mon ami Olivier Rey, mathématicien défroqué (prof de math à Polytechnique) et converti à la philosophie !
3rd octobre 2011 at 15 h 35 min
Gunter says:
Cher Georges,
Tu me surprendras toujours : te voilà transformé en Christ, je te cite : « Il y a des qualités humaines qui font un bon animateur et qui se résument de manière simpliste comme la « capacité de réveiller les morts » »
Plus sérieusement, il y a un gros malentendu concernant le surplomb de l’animateur thaumaturge-gourou ; je t’ai taquiné toi qui dois croire dominer le sujet si tu penses pouvoir juger « l’avancée ou non du schmilblick ».
Le plus sérieux cependant, tu ne sembles pas comprendre du tout (même pas un pressentiment qui précède en général la compréhension) ce que veut dire « faire jaillir des possibilités non-conscientes d’exister, d’habiter le monde ». Voici ces quelques lignes de Pierre Hadot qui en parle mieux que moi ; j’espère sincèrement qu’elles t’aideront dans ta « conversion philosophique », sans laquelle la philosophie ne vaut pas une heure de peine:
« A leurs yeux [ceux des philosophes antiques, G.G.], la philosophie ne consiste pas dans l’enseignement d’une théorie abstraite, encore moins dans une exégèse de textes, mais dans un art de vivre, dans une attitude concrète, dans un style de vie déterminé, qui engage toute l’existence. L’acte philosophique est un progrès qui nous fait être plus, qui nous rend meilleurs. C’est une conversion qui bouscule toute la vie, qui change l’être de celui qui l’accomplit. Elle le fait passer d’un état d’inauthenticité, obscurcie par l’inconscience, rongé par le souci, à un état de vie authentique, dans lequel l’homme atteint la conscience de soi, la vision exacte du monde, la paix et la liberté intérieure. »
3rd octobre 2011 at 16 h 24 min