Débat du 7 Avril 2013: « Parlons du désir de Café-Philo », animé par Bernard Benattar

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Posted on 8th avril 2013 by Carlos in Uncategorized

Alors que, ayant trait à l’évasion fiscale, l’affaire Cahuzac remplissait toute l’actualité de la semaine, le marathon de Paris, lui, était remporté par le Kényan Peter Some, après avoir semé tous les autres concurrents dans les trois derniers kilomètres, et l’Ethiopienne Born Tadese triomphait du côté des femmes, tandis que la course cycliste Paris-Roubaix était emportée par Fabian Cancellara, le 7 Avril donc, au Café des Phares®, le public présent se disposa à broder autour du thème proposé auparavant « Parlons du désir de Café Philo », animé par l’auteur du sujet, Bernard Benattar.

On devrait dès lors essayer de savoir, tout d’abord, qu’est-ce que le Désir ? Puis, qu’est-ce que Café Philo ? Point du tout ; comme d’hab, on est partis dans tous les sens, le désir de « parler » l’emportant sur la pertinence des propos.

Marc Sautet, lui, a voulu créer « Un café pour Socrate » afin de comprendre « comment la philosophie peut nous aider à saisir le monde », et, pour cela, dès 1992 il a animé, au Café des Phares, des débats ouverts à tous chaque dimanche et fit en sorte que la philosophie devienne un moyen de réflexion quotidien, afin de maîtriser le présent et déjouer ainsi les dangers qui nous guettent dans le futur.

Certes, « Philos » traduit en grec par « φιλος », signifie un « amour désintéressé ». De son côté, le « Désir » s’impose à la conscience comme une volonté de notre être. De là à affubler de « désir », une envie, en vue du plaisir d’une irrépressible logorrhée, il semble que ce serait pousser le bouchon un peu loin… En effet, « Désir », a une origine « sidérante » et signifie, étymologiquement, la « volonté de voir une étoile », c’est-à-dire, la faculté de représentation de l’absence par la réduction de la tension issue du sentiment de manque, compris dès lors positivement, puisque source de plaisir contribuant au bonheur, ou, négativement, en tant que cause de souffrance ou insatisfaction, similaire donc au besoin.

Voyons :

Parler, c’est faire usage d’un langage articulé, destiné à communiquer la pensée.

Désir, de « siderare », veut dire, cesser de contempler l’étoile (astre, « sideris »), afin de, littéralement combler un sentiment de manque.

Café, est une boisson aromatique, excitante et tonique, qui dénomme aussi le lieu publique où elle est consommée.

Philo, abréviation de philosophie, signifiant « aimer ».

Qu’en a-t-on fait ?

Une ballade, à peu d’exceptions près, dans des lieux communs, sans pousser le bouchon plus loin, loin dans l’univers du désir. D’aucuns prétendaient que l’on « cherchait une ambiance, dans le Café Philo », d’autres « à souffler sur les braises de l’intellect » ou encore « à trouver des communautés de philosophes » et « à combler la nostalgie de l’Agora ainsi que de Socrate » « s’inspirant de sa maïeutique », lorsque une participante résuma le tout avec un « Thèse, antithèse, foutaise ; c’est après le débat que l’on pourra réfléchir », bien qu’un autre nous rassure, disant « qu’il préférait être là que devant son ordinateur », à quoi on a ajouté « la joie de trouver une perle dans tout ce que l’on a dit », « cela me réjouit, dit un troisième, mais souvent je m’emmerde ».

« Il faut revenir aux ‘fondamentaux’, clama une femme ; je viens au Phares depuis 1995, et on y choisissait un sujet parmi ceux qui étaient proposés sur place, ce qui était stimulant pour l’esprit ; je constate maintenant que les thèmes sont de plus en plus imposés d’avance ». « Lacan parlait de ‘parole vide’ et de ‘parole pleine’, rappela quelqu’un ; or, c’est lorsqu’elle est pleine qu’elle fait rebondir ». Un habitué a lancé que « philosopher est apprendre à mourir », bien que le précepte ancien proclame qu’il faut « vivre d’abord, avant de philosopher ». Quelle serait alors notre référence ? Je dirais que l’on réfléchit seul, pas à plusieurs, aidés par l’expérience de ceux qui nous sont donnés en exemple d’intransigeance morale. Le désir ne se contente donc pas de contempler, mais cherche à consommer l’objet, « desirare » renvoyant en effet au constat d’une absence, une solitude ; déplorer une perte. L’idée primitive est donc négative, dès que, quelqu’un ou quelque chose nous fait défaut, tandis que souhaiter cherche à obtenir tout, demander même la Lune. Personne n’est là, par hasard, mais guidé par la curiosité d’Alice au pays des merveilles. Que nous reste-t-il, alors, en dehors de l’amour de la sagesse ?

L’amour de l’être que chacun porte dans son cœur.

Carlos

4 Comments
  1. Gilles ROCA says:

    Méta-débat-philo,
    et si L’on repensait’ ensemble Le café-philo …
    Bernard Benattar,
    Aux Phares,

    un désir de café-philo …
    comme naissance … source, ru, ruisseau, qui file’…haut,
    enfance … d’une course, « de commencement’ en commencement’, itinéraire, … »
    cheminement, qui … désaltère, débordement … qui … nous’ inonde … d’être … devenir,
    Ligne de fuite … d’À-venir …
    du Verbe … chair,
    Là, parmi nous’, en rebonds, sans tabous … rencontre’, Altérité, nostalgie, qui était’ … et qui est’ … imprégnation, imagination, de rive’ en rive’, Active, file’…eau
    claire … ravive !, file’…eau
    Vive … reVive !, de « souffleurs de braises’» … ici, en 2013’, et maintenant’,
    en mains …tenant …
    notre pensée, comme’…une … réflexion, commune’, À re-passer’ … À re-penser …
    de frustrations, paroles Vides, en’ Ambition, Parole pleine’,
    À-vide … plénitude … qui entraîne’,
    À L’énergie, où L’âme’…agit, tour de tables … souhaitable, café-philo,
    Voltige, café-philo, Vertige … dédales … d’Ego,
    Arcanes … Vertigo, quête … de juste … Vérité,
    quoi qu’il doive’ en coûter …
    travail sur soi, ma foi !, Passion … tension …
    questionnement … continûment … de La question,

    il y A plus de Vingt’ Ans … Marc’ Sautait … Le pas, Le Pas-sage … de La philo …
    du Collège … d’en haut …
    Audit Café d’en bas, Café-des …bas’, et, Aujourd’hui, méta-débat … du renouvellement,
    du renouveau, d’engagement, pas Le nivellement, qui tire … Vers Le bas, Le dénivellement,
    Vers Le haut, du débat … cheminement … des-marches, ensemble’, À re-penser,
    niveau de base … de La mer’ … À dépasser … transgresser, re-hausser …
    des …bordées, débordées, de nos mers’ intérieures, inondant L’extérieur … que ces philosophiques’ … ondes, en Vague’, …abondent ! …
    Que nos mers grondent … débordent … nous’ inondent !,
    et que filent ’…haut débordements’, inondations !, de nos pensées philosophiques …
    réflexions, « La philosophie, on devrait’, Au fond, ne L’écrire’ qu’en poèmes »,
    Wittgenstein’, « c’est Le chant intérieur » ( Chateaubriand ), j’Aime,
    de nos mers’ intérieures, de pensée, re-pensée, « ma fonction, Veiller sur Les mers débordées, [ Là ], Le Vrai Phare … c’est moi », A dit Victor Hugo, dit mon’ Alter’ Hugo … Gilles Roca,

    Cas-fée-Philo des Nés-nus-Phares, ces-jours de Germinal, 7’ Avril 2013,
    pierre philosoph’…art, pierre philosophale’, et-des … « souffleurs de braises »,
    G R

    8th avril 2013 at 8 h 26 min

  2. Elke says:

    Que j’aurais eu envie de participer à ce débat ! Une méta-communication sur le café philo : pourquoi on vient ? Qu’est-ce qu’on cherche ? Et qu’est-ce qu’on y trouve… Le nombre d’habitués laisse supposer qu’on y trouve un peu de plaisir. Parce que sinon : pourquoi on reviendrait ? Entièrement poussé par l’ennui? Celui qui « ferait volontiers de la terre un débris
    Et dans un bâillement avalerait le monde », si on en croit Baudelaire?
    Qui dit « désir » pense « plaisir », et le plaisir va …. avec la satisfaction d’un besoin, qu’on dit « fondamental » quand il assure la survie de l’individu. Scientifiquement bien documentés, les circuits de ces plaisirs-là participent au maintien d’une certaine continuité de l’individu, par un système de régulation admirable. Mais comme l’individu ne se suffit pas à lui-même, il participe à la continuité non seulement de son intégrité personnelle, mais travaille aussi au maintien de « son espèce » Est-ce que le domaine du désir, c’est tout ce qui peut contenir ou baliser l’avenir non advenu, une potentialité plus qu’une nécessité immédiate? Le sexe, source de plaisir indéniable, par exemple, n’est pas un besoin fondamental ; on ne meurt pas du célibat ; on peut même assez bien vieillir en restant célibataire. J’ai eu récemment l’occasion de rencontrer de charmantes vieilles dames nonagénaires, debout et alerte au sein d’une communauté religieuse. Par contre, « communiquer avec ces semblables », c’est bien un besoin fondamental. J’ai rencontré d’autres personnes, dans un isolement social effrayant…. présentant un état de santé catastrophique. (Je profite de l’occasion de tirer le chapeau à Virginia Henderson qui a développé une grille de lecture des besoins fondamentaux très pertinente.) Revenons au café philo. Pour un certain nombre de personnes, ce lieu est un endroit pour répondre à ce besoin basique, communiquer avec ces semblables, je pense. Mais le désir ? Assurément, il y en a qui peuvent espérer d’y trouer l’âme sœur. Mais est-ce que c’est ce « désir »-là qui fait vivre le « mouvement » ? Non, pour moi, le café permet la revitalisation de la capacité de penser de chacun. Et penser, c’est ce lien possible avec l’imaginaire qui nous permet de nous projeter dans un temps future, qui nous laisse espérer qu’un demain sera possible. Le cul de sac de la pensée, c’est l’impossibilité d’imaginer demain, et nous traversons une époque ou le sentiment de désespoir semble gagner du terrain. Plus que jamais, nous devons développer notre capacité de penser pour faire face à un avenir qui nous semble compromis. Oui, Carlos, l’activité de penser est une activité solitaire. Et je déplore souvent que les gens comptent trop sur les autres pour penser. Mais cette activité de penser se nourrit de l’échange avec le monde. Les échanges permettent la mise en circulation d’une énergie qui devient mortifère quand elle est stagnante au sein d’une seule tête ou dans un groupe hermétique, replié sur soi. Pour moi, le dimanche matin est une formidable occasion de dynamiser ma façon de voir le monde : lieu d’exercice de l’acceptation de la différence et d’affirmation de soi. Lieu d’exercice de la capacité de frustration (attendre le tour de parole est un exercice difficile par moment quand l’urgence de dire vient du fond d’une histoire qu’on ignore bien souvent….), lieu d’étude du mouvement des pouvoirs qui limitent, qui amplifient, qui étouffent…. par un savant jeu des mouvements d’alliance, d’opposition. On voit différentes formes de gestion des conflits, on voit émerger des guerres idéologiques, la quête de justice, l’appel à l’homme fort…. La scène de Shakespeare ou Molière, la vie, quoi. Le café philo est un espace de « jeu » qui nous permet de souffler, et en même temps d’affûter nos « armes » pour la semaine à venir. On n’y transforme rien, mais on y est transformé, presque à son issu. Non par la manipulation d’un maître, mais par le réseau des échanges rendu possible grâce à l’animateur qui garantit le cadre (le contenant) plus qu’il assure le contenu. Le contenu, la production : elle n’est pas toujours au « goût » de tout le monde. Mais chacun peut y mettre son grain de sel pour « en faire quelque chose ». En toute liberté.

    8th avril 2013 at 7 h 58 min

  3. Elke says:

    « Revenir aux fondamentaux » : Un post-scriptum pour faire alliance avec la dame qui est attachée, comme moi, à la « règle « « d’avant ». J’ai choisi ce café-là d’abord par hasard, puis parce que ces règles-là me convenaient. Chaque animateur avait une représentation de sa fonction, mais la continuité était assurée par la méthodologie (une forme de règle) pour choisir le sujet. On savait qu’on était au Phares. Dans le flottement des changements générationnels (ceux qui ont connu le « fondateur » du mouvement et qui en tirent une certaine « légitimité » concernant l’organisation de l’avenir de l’activité philosophique au café des Phares, deviennent rare), la tentation de changer les règles est forte. Le plus souvent pour assurer le confort de l’animateur qui, par la possibilité de changer un peu les règles du jeu, cherche à sécuriser, je suppose, le terrain. Il ressent (peut-être) les règles comme une pair de chaussures qui ne conviennent pas et qui l’empêchent d’aller vers ou « on » a envie d’aller. Mais j’invite à penser l’effet d’une « constitution » sur la continuité d’un groupe humain. Les têtes au gouvernement changent, les constitutions, quand elles sont bien faites, restent. Mais pour faire élaborer une bonne constitution, il faut avoir le droit de tester plusieurs « moins bonnes ». Avoir le droit de faire « sa » loi, que cela dit du rôle de l’animateur ? Pour l’instant, cela dit qu’on a envie d’ouvrir la porte à de nouvelles expériences. Je veux bien « essayer », « tester », mais j’exprime, comme cette dame, mon attachement à « l’invention » du sujet par le groupe présent. Nous travaillons de cette manière sur « l’air du temps », sur les problématiques dans lesquelles nous sommes collectivement englués et dont nous tentons nous dégager, individuellement ou collectivement.

    8th avril 2013 at 8 h 54 min

  4. Gabriel says:

    Le libéralisme économique, combattu ou défendu, transforme la parole humaine en devises sur l’avoir . Echangeons sur le dehors , restons sourds au dedans,…..
    « Et nous allons ainsi, parmi les autres hommes
    Les uns parlant parfois à l’oreille des autres . » (Jules Supervielle)
    Et ce « parfois » c’est peut-être des dimanches au matin quand des lumières transforment en phare la majestueuse colonne de la Bastille……..

    8th avril 2013 at 5 h 37 min

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