Une grande activité politique secouait le Parlement Européen, où se déroulaient des réunions importantes sur le Budget ainsi que d’autres projets financiers, pendant que la Commission des Affaires Etrangères se souciait de la situation en Iran et organisait l’utilisation des fonds de solidarité pour la Croatie, la Slovénie et l’Autriche, frappées par des inondations de l’automne 2012, s’occupait des contrôles Techniques des voitures et, dans la perspective d’adhésion de la Croatie à l’UE, préparait l’inauguration de l’exposition de photos « Welcome Croatie ». Au Café des Phares®, le 23 juin, au cours d’un débat, animé par Gérard Tissier, on ne pensait qu’à « ça », au sens Freudien : « A-t-on le droit d’aimer ? »
Etrange question. Elle fait état d’une rare insuffisance vis-à-vis du « Droit » et peu cas de l’« Amour ». Etonnant qu’elle vienne de la part d’une jeune étudiante de Barcelone, quoique…
De quel amour nous sommes-nous mêlés, alors ? Philia, Erôs ou Agapê ? D’un côté, au vu de l’interrogation, « a-t-on le droit », la passion amoureuse, qui inspire de l’inventivité, semblait plutôt nous déposséder ou priver l’individu de soi-même, voire de ses moyens, en raison de la nécessité de se plier aux exigences d’un éventuel impératif moral.
Or, fondé sur une puissante tendance innée, il est constant, qu’entre passion et action, l’amour brûle de la volonté de s’approprier l’autre, contre « vents et marées », en même temps que du désir de lui vouloir du bien. Cela s’apprend ? Est-ce fragile ? En tous cas, si l’Amour était objet d’une formalité juridique, « le droit », cela signifierait qu’une règle morale ou un énoncé prescriptif s’opposerait à un sentiment dont l’intensité incite une partie à rejoindre l’autre, ou que des tas de démarches seraient à entreprendre auprès d’improbables instances compétentes, avant de le faire. Sinon, pourquoi s’encombrer de légitimité ? Droit ou pas droit, les êtres sont portés à s’aimer. Ils sont à même d’éprouver de l’amour réciproque à un point qui leur fait dépasser tout interdit, comme il nous est rappelé par les drames de « Roméo et Juliette », « Tristan et Iseult » ou de « Dante et Béatrice ».
En effet, quoique basé sur l’instinct sexuel, l’Amour, « Philia », semble être d’abord un élan du coeur qui, de façon passionnelle, porte les amants l’un vers l’autre. Il se distingue aussi bien de la Bienveillance, (désir du bien de son prochain), que de « Eros », la Concupiscence (amour captatif), objet familier du libertin, dissolu dans ses mœurs, voire dans la volonté de s’approprier l’objet de son désir. Quoique présenté dans « Le Banquet » de Platon comme un démon, il concerne aussi l’« Eros céleste », passant du sensible au supra sensible, voire, le monde des idées, Dieu, vite transcendé par la Sotériologie, expérience esthétique de la « folie divine », troisième degré de l’ascension de l’âme.
Il ne nous nous restait donc qu’à « Effeuiller la marguerite », ritournelle sensée traduire au hasard les sentiments de l’être aimé, et à savoir ce qui advient aussi bien l’amour platonique, dont le sentiment dépasse l’objet sur lequel il s’est arrêté, que « Agapé », l’amour oblatif, l’offrande de soi.
Le fait est que, sourd et aveugle dans l’ichnographie, l’«Amour » est un sentiment naturel, seul moment où la conscience ne se voit pas agir. Il était donc question d’une situation de l’Homme, antérieur à chaque société organisée où tout est contractuel, bien que cet état de nature n’augmente pas forcément notre bonheur, ni notre liberté et que nos désirs risquent de nous éloigner de nos besoins.
L’opinion générale dégageait le sentiment que « aimer est la même chose que vivre », mais que ce n’est pas une obligation », « car il y a toujours quelqu’un que l’on n’aime pas », et que « le sujet était inintéressant philosophiquement », sauf, peut-être « au café de l’amour », « la maladie d’amour se guérissant avec le temps », « ou s’affichant bêtement comme avec les ‘homo’ », « vu le double sens des mots », et « le conflit fondamental entre aimer et séduire », « dont l’enjeu est la passion », « un problème philosophique intéressant à creuser », « si l’on tient compte des âges et des interdits » « de l’Histoire, comme les amours de Marie Antoinette » ou « du professeur et de son élève », voire « les mariages ‘homos’. »réponse à des besoins », « le pacte amoureux qui implique une mise à l’épreuve », « l’amour fait vivre, le bonheur abrège ».
Nous avons omis d’évoquer « l’‘éraste’ et l’‘éromène’ », mais ce sera pour une autre fois, puisque, poétiquement, Gilles mit fin à la divagation.
- N’aimez pas les autres, comme vous voudriez qu’ils vous aiment…
- Pourquoi, donc ?
- Il se peut qu’ils n’aient pas les mêmes goûts !
Carlos
Simone Sommer says:
« Hat man ein recht zu lieben? » Sogar ein geburtst recht hat man dazu! Und das Glück ist immer ein recht.
(A-t-on le droit d’aimer? On a mëme, en plus, le droit d’enfanter, et le bonheur est toujours un droit!
24th juin 2013 at 15 h 35 min
Gérard Tissier says:
Deux petites précisions sur » Etrange question. »( voir plus haut )
1/ la citation de Victor Hugo introduite dès le début du débat savoir : » la liberté d’aimer est aussi importante (en fait « sacrée ») que la liberté de penser » signalait un l’enjeu de philosophie politique de la question.
2 le sujet de dissertation » est-on libre d’aimer » se trouve facilement sur le net. C’est un vrai sujet. Et je crois que c’est comme cela que Maria l’a proposé pour avoir été soumise en Espagne à un devoir de philo sur ce thème.
C’est vrai que liberté et droit ne recouvrent pas exactement la même chose dans la mesure où la question n’est pas tant de savoir si l’on est libre lorsque l’on aime. Mais à voir le lien entre liberté et l’action humaine d’aimer.
Généralement les étudiant sont renvoyés vers Descartes et Spinoza mais nous étions dans un café philo, alors on fait au mieux avec ce qui est là.
je note au passage un manque de discipline de certains participants qui ont des conversations bruyantes et non respectueuses du cadre. Soyons vigilants sur les normes de son respect.
24th juin 2013 at 15 h 48 min
Gilles ROCA says:
A-t-on Le droit d’Aimer ? Gérard Tissier, Aux Phares,
Le droit d’Aimer, règle … Loi – cadre’, institution ; La Liberté d’Aimer, tableau, est création, découverte’, invention, et improvisation ; droit et devoir, d’Aimer, comme’… une’ obligation ;
La Liberté d’Aimer’, une Libération ; Le risque pris, d’Aimer,
et – c’est … À transformer ; Liberté de penser’ Au Librement’- Aimer,
mal … a … dit Le penseur, « La maladie d’Amour » ;
pour Stendhal, La « cristallisation », De L’Amour ;
SoFiliAgapÉros’, Éros’ ou Thanatos’, en réciprocité, L’Amour, « Adelphité », = fraternité, sororité,
Lien d’Amour d’Amitié,
de moitié en moitié, Lien entier,
des’- amours, contingence … de notre’ immanence’ À L’Amour, transcendance’,
Amour – nécessité, Amour – humanité, est … sens’, de L’existence,
de La Passion d’Aimer’ Au Pas -sage … d’Aimer, « La Passion de L’humanité »,
Jean Cardonnel, J C, intime’, universelle … convivialité, « Aimer, c’est’ Avoir, dans Les mains,
un fil, pour toutes Les’ épreuves », « Le grand fil, mystérieux, du Labyrinthe, humain »,
A dit Victor’ Hugo, dit mon’ Alter’ Hugo, de L’Amour, s’éprouver,
À L’Amour, c’est prouvé …
« Sans La rencontre de L’Autre … nous ne sommes que des moitiés d’humains »,
Georges Hourdin, Amour, « Le goût des’ Autres », de La Passion d’Aimer, « c’est’ ici Le chemin »,
« Certains portaient’ en’ eux, depuis La nuit des temps,
Le présage de ta Venue … Vouant’ À chaque créature’, innocente’ ( humanimale’ ) une fidélité profonde : L’infini de L’Amour !
[ De L’Amour, un fini, « fidèle’
rebelle »,
J C, ] Pour un monde sans crimes … certains’ élevaient’ en’ eux, depuis toujours,
Le désir, Longtemps mûri, de ta présence … sur La terre !, tout Le temps d’une’ humanité,
grandie Au fond de soi, pour un monde meilleur », Voltuan,
en’ Esprit, Incarné, ta réelle présence’,
Amour consubstantiel, « je fête L’essentiel, je fête ta présence »,
Eluard,
Gilles Roca,
Aire’
et … lue … Art,
Cas-fée-Philo des Nés-nus-Phares, 23 juin 2013, ces-jours de Messidor,
phil’- Amour, sous Les phares, et sur d’Ardentes braises, Gilles de Messidor,
G R
24th juin 2013 at 8 h 57 min
Carlos says:
« Etre libre » est une chose, « avoir le droit » est une autre. Celui-ci accorde la liberté d’agir, disons, de « faire » ou, en d’autres termes, de « réaliser quelque chose sans contrainte », d’après un droit naturel. Cela s’oppose au « fait », la réalité évidente d’être ou possibilité d’agir, selon sa volonté, aussi bien que de rester indifférent. D’après Montesquieu, « la liberté ne consiste pas à ‘faire’ ce que l’on veut, mais ce que l’on ‘doit vouloir’ ».
24th juin 2013 at 10 h 44 min
Gérard Tissier says:
Je reprends (voir plus haut) «. La question n’est pas tant de savoir si l’on est libre lorsque l’on aime. Mais à voir le lien entre liberté et l’action humaine d’aimer. »
Le point de savoir si on est libre d’aimer d’aimer est d’autant plus fort de conséquences que l’amour est un sentiment proprement humain ; seul l’Homme est capable d’aimer. Ne pas être libre d’aimer reviendrait ainsi à nous enlever une part de notre humanité.
On invite ici et là, les bacheliers à sérier la question en :
I) On est libre d’aimer.
a) Seules les âmes faibles se laissent enchaîner par le sentiment amoureux.
b) Même au sujet de l’amour, connaissance et liberté vont de pair.
c) L’amour rend libre.
II) On n’est pas libre d’aimer.
a) L’amour n’est que l’expression de la volonté de l’espèce.
b) Nous sommes contraints d’aimer.
c) L’amour peut conduire à la mort.
La question du droit (au sens peut- on m’en empêcher – car on n’imagine pas une loi interdisant un sentiment) ne change pas grand-chose à la problématique du sujet .
24th juin 2013 at 10 h 18 min
Elke says:
Je ferais un lien entre droit et besoin fondamental: nous avons le droit de faire tout ce qui vise à satisfaire nos besoins fondamentaux. Définir le besoin fondamental: s’il n’est pas satisfait dans les limites d’un certain temps, on tombe malade. Puisque nous faisons partie d’une espèce grégaire, le besoin d’aimer et se sentir aimé, le besoin de reconnaissance fondamental, est donc un droit. Se sentir reconnu, est-ce forcément être aimé? Un enfant ne se sent plus aimé quand les parents sont amené à le frustrer. Mais la frustration ne concerne pas forcément un besoin fondamental, et c’est dans la négociation des limites de ce qu’est possible et impossible que l’enfant est progressivement socialisé. La difficulté de l’amour, c’est celle de la limitation du regard: ce que je vois ne reflète qu’une partie de la réalité et il est toujours difficile de connaître l’autre. La réalité propre, la réalité vécue, ressenti, impacte plus que celle « vu » chez les autres. Donc, c’est plus facile de développer de l’amour de soi que de l’amour de l’autre. J’ai le droit de m’aimer, et le devoir d’aimer l’autre, de considérer sa réalité avec autant (ou soyons réaliste: presque autant) d’intérêt que lane mien propre. Évidemment, il y a l’état de grâce de l’état amoureux ou l’amour de soi semble se superposer avec l’amour de l’autre. Mais c’est un cas particulier, il me semble.
24th juin 2013 at 5 h 08 min