Retour d’expérience de ma première animation d’un café Philo
Lorsqu’il m’a été proposé d’animer le débat philosophique du 20 mai 2012, je me suis tout d’abord réinterrogé sur la raison d’être et la nature des débats dans un Café Philo.
Ici et là, j’entendais que la philosophie ne devait pas prendre poussière dans les bibliothèques, et n’être que l’apanage d’universitaires ou de quelques élitistes écrivains à la démarche plus sophistique que philosophique.
Le Café Philo est parfois perçu comme un ersatz de thérapie de groupe, et souvent présenté tel le digne héritier des antiques Agoras. Cette culture de l’écoute, de l’échange, de la discussion, de la critique, donne à chacun l’occasion de partager sur le vif, la vision qu’il se fait de l’homme, du monde, de l’univers… Un lieu où par la spontanéité et la diversité des échanges, chacun peut stimuler et affuter son outil de réflexion.
Dans une société dont la masse, entre autres maux, me semble abreuvée de divertissements hypnotiques, victime d’incessants matraquages médiatiques, tellement surinformée qu’elle en devient dramatiquement mésinformée, les questions existentielles n’intéressent plus ou peu. Leur simple évocation provoque au mieux bâillements et railleries, c’est pourquoi, je suis convaincu que le questionnement philosophique, doit être partagé avec le plus grand nombre. Car il se dresse comme l’un des derniers remparts face à l’abrutissement collectif qui s’opère chaque jour sous nos yeux et à nos oreilles.
Par delà les désaccords et les luttes intestines, Le Café Philo demeure et devra rester un espace gratuit favorisant la mise en commun du savoir, ouvert à tous modes de pensées, où l’on peut débattre de tout avec tous. Non pas un lieu d’excellence sectaire et élitiste, mais un lieu d’expression par excellence pour tous les libres penseurs qui, chaque jour, cherchent à s’éveiller un peu plus.
Pour revenir à ma conception de l’animation d’un débat philosophique, elle se résume en une phrase.
‘’L’animateur doit toujours être au service du débat.’’
Je ne pense pas qu’il y ait de modèle idéal d’animation, il est même profitable que chacun y apporte sa touche personnelle. Cependant, outre les règles de bienséance, toute responsabilité nécessite de posséder quelques qualités humaines, comme l’honnêteté, la bienveillance, le respect et bien d’autres encore.
Non exhaustivement, je définirai les prérogatives et la posture à adopter par un animateur de la façon suivante :
Il ne doit pas :
Faire de pro-élitisme, monopoliser la parole, chercher à imposer ses idées, faire preuve d’irrespect envers les interventions des participants, permettre la tenue de propos racistes ou injurieux…
Il doit éviter :
La redondance dans les propos des participants, les altercations entre les participants, la publicité intempestive de certains participants concernant leurs travaux…
A contrario, il doit favoriser :
La diversité et la qualité des interventions, la dynamique du débat, le questionnement et la relance d’un participant si nécessaire, l’élévation du débat…
Impérativement, Il doit gérer :
Le matériel Audio mis à disposition, la distribution équitable des prises de paroles, la modération du temps de paroles, le respect des horaires, l’interaction avec le reste de la clientèle et le personnel du Café des Phares…
De plus, bien que tacitement usité, voici le Modus Operandi qui semble satisfaire le plus grand nombre.
10h30 Les annonces
10h35 Un animateur imposant un sujet, ou un animateur soumettant au vote 2 sujets parmi ceux proposés par les participants.
10h40 Débat
12h05 Lecture du poème de Gilles
12h10 Conclusion de l’animateur et, ou du participant dont le sujet a été choisi
Cette expérience m’amène à montrer plus d’indulgence, d’écoute et de respect envers tous les animateurs et participants. Comme j’ai pu le faire durant le débat du 20 Mai, j’incite le plus grand nombre à prendre la parole, autant que j’incite à accepter la responsabilité d’animer un débat à toute personne se sentant capable ou désirant tenter l’expérience. Si le Café Philo est un lieu de partage, alors tous rôles, toutes tâches doivent être partagés et accessibles à tous.
Idriss SANKHON
« La révélation nous révèle que les visages sont plus inquiétants que les idées » (F. Hadjadj )!
« Le Livre de la Sagesse », un des livres de la Bible, se composant de deux parties: 1, l’éloge de la sagesse, 2, des réflexions sur les effets de cette sagesse dans le monde de l’idolâtrie, ‘l’autre, cet inconnu’, puis, 3, plus récent, moi: » Va savoir!, mon cher Gunter »!!!!