Débat du 28 février 2010 : « L’hédonisme peut-il être moral ? », animé par Gunter Gorhan.

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Posted on 1st mars 2010 by Pascal in Comptes-Rendus

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Le mot du collectif

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Posted on 1st mars 2010 by Pascal in Tribunes

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En Novembre 1997, au cours du débat « Copier/collé » qui eut lieu au café des Phares, Marc Sautet constatait que « parfois, on se décolle de soi-même en vue d’un élargissement » ; Marc Goldstein me confia un jour : « le café des Phares est un endroit que j’affectionne particulièrement, parce que la philosophie ne s’y prend pas au sérieux ». Le premier, qui a su faire « des Phares » un comptoir aux idées, succombait des suites d’une tumeur cérébrale, le 2 Mars 1998 ; le second, qui s’évertua a en faire circuler librement le sens sur son site, s’effaça lui-même, le 20 Février 2009. Deux décès pour un signe de vie, l’assurance que la spéculation philosophique n’est ni morte ni sinistre.

Sur ces entrefaites, et sachant que chaque communauté tient à célébrer ses martyrs, nous voulons avec le geste d’aujourd’hui, 28 Févier 2010, rendre hommage aux nôtres. Ils sont quittes, tous deux, de la seule certitude que l’on a, le trépas toujours involontaire d’un « Moi » qui s’effondre, ne laissant de la mesure de leurs rêves que la vie captive entre les lignes de ce qu’ils ont écrit et les traces qui, restées dans le cœur de ceux qui les ont aimé, ne cessent pas de les construire.

Le collectif du CaféφιλοdesPhares

Le mot de Pascal Hardy

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Posted on 1st mars 2010 by Pascal in Tribunes

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Amitiés philosophiques

À la disparition de Marc Sautet, l’unanimité s’est faite sur le sentiment d’avoir perdu un ami, y compris de la part de ceux qui ne l’avaient rencontré qu’une ou deux fois. Au-delà du caractère attachant et attentif du personnage, ce fait est révélateur de ce que Marc avait induit par les Cafés Philo : l’élaboration spontanée d’amitiés philosophiques. Le dispositif des Cafés Philo autant que la manière dont il concevait son rôle d’animateur permettait à chacun d’être entendu avec bienveillance mais sans complaisance. Aucun de ses débats ne ressemblait au précédent et les surprises étaient nombreuses, car il ne se posait pas en maître ni en référent du débat mais en facilitateur, ce qui ne l’empêchait pas de livrer sa pensée, bien au contraire. Au fil du temps il m’a été donné de participer à de plus en plus de débats dans lesquels l’animateur ne pouvait résister à la tentation de se présenter comme le « sachant » devant tenir les fils de la discussion, se privant ainsi de toute incertitude – de toute inquiétude, aurait dit Marc, pour qui l’improvisation du sujet était symbolique et indispensable. J’avais d’ailleurs recueilli son approbation quand, à l’étonnement général des participants aux premières Rencontres des animateurs, j’avais suggéré que chacun cultive un sentiment d’imposture pour se prémunir de cette tentation de la parole autorisée.

La philosophie antique nous a livré la figure tutélaire de Socrate interpellant ses contemporains sur la vie de la Cité, en particulier sur la question de la justice. Même si l’étude détaillée des textes de Platon nous montre la forme quelque peu factice des « dialogues » socratiques, l’image reste et on ne peut manquer de souligner que Marc s’en inspirait, y compris sur le fond, en considérant que « tout l’objet du débat philosophique est de savoir si la justice a sa place dans les rapports entre les hommes et si la démocratie est la bonne voie pour y parvenir ».

Marc Sautet a su nous interpeller sur la nature même de la pratique philosophique au cœur de laquelle il voyait le dialogue, pour lui fécond de reconnaissance de l’autre, de justice, et donc de démocratie. Cette conception particulière était à l’opposé de l’exposé docte sur la spéculation métaphysique s’accumulant en un corpus stratifié. Un de ses principaux apports fut donc de séparer pratique philosophique et histoire de la philosophie, tout en organisant leur enrichissement réciproque. C’est au café, dans la chaleur de ses débats, que ce processus était à l’œuvre. De la, le sentiment partagé d’avoir noué avec lui des amitiés philosophiques.

Cordialement,
Pascal Hardy

Lettre au père Noël – Marc Goldstein – 23/12/07

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Posted on 25th février 2010 by Pascal in Textes

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Cher père Noël,

Je t’écris du café des Phares. On a parlé de toi, entre autres. C’était ennuyeux à mourir.

Alors voilà, je me suis demandé : c’est quoi Noël, pour toi, Marc ? Et me revoilà à 6 ans. J’ai 6 ans. J’ai 6 ans ici et maintenant, aux Phares. Autour de moi, des vieux parlent de Noël. Ils disent que c’est fait pour les enfants. Je ne comprends pas tout ce qu’ils racontent, mais ça a l’air triste quand ils en parlent. Même de toi, père Noël, ils ont parlé. Ils disent que t’existes pas. Qu’en savent-ils ? Je les comprends pas, les vieux.

Ah oui, mon cadeau ! je t’écris pour ça. Je voudrais un cadeau fait de rayons de lune, un cadeau qui brille la nuit, mais doucement, que ça fasse pas mal aux yeux. C’est tout. J’ai pas d’autres idées. Ah, si ! J’ai un autre cadeau pour quand je serai grand, celui-là. Je peux commander à l’avance, dis, père Noël, s’il te plaît ? Je voudrais commander un truc pour quand je serai vieux moi aussi.

Voilà, ce serait un endroit où on pourrait prendre un café et discuter en même temps. Un endroit où les gens ne se connaîtraient pas, mais où ils seraient contents de se retrouver pour partager et parler. Mais pas pour parler dans le vent, non. Pour parler de philosophie. Mieux, pour philosopher. Pour parler de leur vécu, du sens de leur vie, de la façon dont ils la mènent, et pourquoi c’est si difficile. Bref, pour communiquer vraiment.

Ça ressemblerait un peu à ici, mais avec des vrais mots, des mots qui font mal, des mots qui engagent, des mots qui feraient vibrer. Je ne sais pas si je suis clair, père Noël. Tu vas me dire : « Mais Marc, cet endroit, c’est celui où tu te trouves, c’est le café-philo des Phares. » Alors père Noël, pourquoi ai-je le sentiment que les mots gâchent tout, qu’ils sont plus forts que les idées, qu’ils ne viennent pas de ceux qui les disent, qu’ils trahissent ou dépossèdent les personnes qui les prononcent ?

Tu ne me répondras pas. Tu t’en fiches de ça, toi. Tu distribues bêtement tes cadeaux, en sachant qu’il n’y en aura pas pour tout le monde. Père Noël, aimes-tu la philosophie, toi ? Moi, je l’aime, et c’est pour ça que je la recherche, et c’est pour ça que je suis triste quand je ne la trouve pas.

Marc Goldstein