« Quand octobre prend fin, dans la cuve est le raisin », mais, alors que le verbe n’est pas commode à mettre en bouteille, ce n’est pas entre deux biberons, que le Président de la République Française, le tronc désarticulé par la Tourette et les bras encombrés par des tas de rebelles dossiers, allait coiffer Madame Merkel mandatée, elle, par tous les partis représentés au Bundestag (son parlement), dans la rixe à livrer au clair de lune, lors du sommet de crise de l’UE à Bruxelles, pour un Accord au sein du Fond Européen de Soutien Financier. Pour information, ce FESF doit faire face à la cupide bande des rapaces au bord de la constipation qui se sont abattus sur le déficit du PIB des Etats Communautaires, alors que, quasi abstraction, l’argent n’est plus qu’une promesse et que la monnaie devint un instrument purement théorique. Toujours est-il que c’est dans le cadre de cette sinistre actualité que le 30/10/2011, jour de la besogneuse sainte Emeline, Emmanuel Mousset se proposa d’animer le sujet « Admirer est-il juste ? », devant les citoyens soucieux du bien commun, présents au Café des Phares® ; je répète : « Admirer est-il juste ? » , pour que l’on y songe.
La question induisait une réticence et dès lors je me suis demandé pourquoi serait-ce injuste ? Grammaticalement, « admirer » est un verbe transitif, c’est-à-dire, pour avoir un sens, il lui faut un complément d’objet, comme par exemple, « admirer le culot de proposer un tel sujet ». Etant donné de surcroît que le sentiment même d’admiration n’a aucune connotation utilitaire, mise à part la joie ressentie devant ce que l’on trouve exceptionnel, un goût qui, comme les couleurs ne se discute pas, s’interroger à son propos sur l’éventualité d’une justice, équité, intégrité, ou conformité avec le droit, en somme, ça me dépasse. Sachant que la justice force au respect des lois, il faudrait qu’inscrite dans le code pénal, l’admiration tombe sous le coup de la loi pour que l’on s’inquiète de savoir si nos émois sont justes ou injustes avant de les ressentir. Susciter par conséquent un jugement moral à propos de l’émerveillement, voilà qui me laisse pantois. L’injuste étant donc ce dont on doit se gêner, faudrait-il avoir honte ou craindre le courroux des dieux, chaque fois que l’on rentre dans un Musée, on écoute une Symphonie, on assiste aux évolutions d’une danseuse étoile ou l’on est témoin d’un ineffable coucher de soleil ?
Les élèves du lycée de Saint Quentin dans l’Aine, qui assistaient au débat, venaient certainement de travailler le Gorgias, de Platon, où il est, effectivement question d’une telle rhétorique, « l’Homme raisonnable désirant être admiré et ne pas être objet de mépris, alors que l’injuste et suffisant en subit généralement les effets ».
Sans parler de l’exaltation compréhensible des gens pour les merveilles qui les entourent, et il y en a, partant qu’un individu est susceptible d’admiration pour un autre ainsi que ses œuvres ou être admiré par lui, le critère de justice n’a pas de fondement, ce sentiment étant naturellement, d’après Socrate, partie prenante du dialogue évoqué ci-dessus, pour ce qui concerne « ταείς » ou « χόσμος » (l’ordre ou la discipline).
Toujours est-il que l’on a trouvé dans le sujet à boire et à manger, ce qui nous a permis d’aller de Narcisse à la contemplation, au désir, au désespoir, à l’envoûtement, doutant au passage s’il y a encore des gens admirables, à part Napoléon, Pavlov, Panurge, le Grand Frère, Hitler venant aussi sur la scène pour avoir été présenté la veille à la télé assumant le rôle de vengeur de l’humiliation subie par l’Allemagne en 14/18, preuve que l’on aime les forts, ceux qui dépassent les autres et admirent plus les chiens que leurs semblables. Il a été dit encore que l’on aime ce qui est remarquable par la beauté, le courage et l’ingéniosité, l’admiration s’inscrivant dans l’ordre du ressenti qui émane de certaines valeurs ou conditions, la mode et les starlettes, dès que chacun se regarde soi-même comme un petit dieu. Peut-être que l’on admire et on déteste en même temps, le contraire étant le mépris et l’indifférence.
Moralité : est-ce juste, ou avantageux, d’admirer ? « Le singe et le léopard » (de La Fontaine) qui, tous les deux, gagnaient de l’argent à la foire, nous laissent penser qu’ils y réussissaient, l’un se vantant que c’était en raison de la couleur sur sa peau, l’autre grâce à son esprit.
Carlos