Débat du 9 octobre 2011: »Qu’est-ce que l’expérience du corps peut apporter à la philosophie et aux philosophes? », animé par André Stamberger.

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Posted on 11th octobre 2011 by Carlos in Comptes-Rendus

Une fois éteint Steve Jobs, le tant célébré créateur de « Apple », « iPhone » et « iPad », un somptueux feu d’artifice remplaça, au pied du Sacré Cœur, l’averse d’étoiles filantes qui devait déferler sur Paris dans la nuit précédant le 9 Octobre, jour du bricolage, brocantes ou vide-greniers (moment attendu par les chineurs pour se payer une occase dans les Marchés aux Puces ou auprès des particuliers qui se départissent de certaines choses qui les encombreraient) et, alors que les socialistes invitaient les français à prendre le chemin des urnes afin de choisir, parmi six candidats, leur représentant aux élections présidentielles de 2012, du côté du Café des iPhares®, les accros de la prise de tête allaient s’affronter au sujet du jour suggéré par Nadia, parmi douze autres : « Qu’est-ce que l’expérience du corps peut apporter à la philosophie et aux philosophes ? », qu’André Stamberger était chargé de secouer, d’après le compromis  : « tu proposes et j’anime », inspirée du principe « passe-moi le sel, je te passerai le séné ».

C’est prodigieux ! Comment, bon sang, une baudruche qui trimbale essentiellement 80% d’eau, et pas beaucoup de quantités significatives d’autres éléments, serait-elle censée offrir quelque chose d’exceptionnel à l’amie Sophie et à son entourage ? Tout dépend des occasions, certes, mais en général on apporte à celle que l’on estime tout simplement un beau bouquet de fleurs ; sinon, une tarte aux pommes ça le fait aussi.

Pourtant, l’assez pingre problématique paraissait vite se compliquer, parce que l’on ne savait pas « comment se forme la pensée parmi les bébés », et « qu’en raison des nouvelles technologies nous aurions un corps nouveau », quelqu’un ayant finalement lancé à la cantonade : « si je vais chez le médecin, j’ai envie qu’il me prescrive une potion efficace et pas un chapitre de philo ».

Il se trouve que la philosophie n’est pas une science ; sa réflexion se porte sur les êtres, les causes et les finalités. Toutefois, « ce que peut le corps (Spinoza) personne ne l’a jamais déterminé » d’autant plus que l’on ne fait pas corps avec le corps au bénéfice d’autre chose ; il est notre ennemi le plus intime. Nous sommes donc portés à croire qu’il s’agissait dans notre propos, certainement de « chair », l’autre « moi » qui, n’étant ni objet ni sujet, n’est pas notre corps, raison suffisante néanmoins pour faire de nous plutôt des Hommes, en tant qu’espèce, s’entend. Mais, d’une part, comment penser la chair par rapport au temps ? De l’autre, comment penser un espace charnel qui comprendrait la philosophie et les philosophes ?

Dès lors, notre interrogation dominicale ne serait-elle pas plus logique si l’on passait ensemble un bon moment dans ce cadre sympa et pas cher, nous payant des méditations de Descartes et Husserl, du type : « Qu’est-ce que la philosophie et les philosophes peuvent apporter à l’intelligence du corps » ?

Aurions-nous, par un inconcevable « Effet bœuf » au départ, mis la charrue avant les bœufs ?

Bref. La meilleure façon de régler les problèmes étant de commencer par se les poser, c’est au moyen de la « noesis » (faculté de penser) que la philosophie nous aide donc à les élucider, et nullement grâce à notre corps qui, donné à lui-même en tant que chair, ferait obstacle à la compréhension de ce que c’est que la philo. Le corps perçoit certes des étendues, voit les couleurs, entend les sons, respire des odeurs, sent le poids des tourments, la dureté d’une baffe ou la douceur d’un baiser, parce qu’il s’éprouve d’abord lui-même et se sent sentant, en opposition à la chair, continuité de notre condition d’Etre.

Les bornes du corps (sôma) sont en effet constituées par les limites de sa surface, tandis que celles de la chair (sarx) ne se différencient pas entre elles ; notre chair n’est pas le corps, et ne finit que là où une autre commence. N’étant ni objet ni sujet, mais toujours excessive, elle fait partie du monde, jusqu’aux étoiles, et c’est en vain que nous avons, pendant plus de 90 minutes, essayé de renverser le « Cogito » en « Je suis, donc je pense ».

Carlos

3 Comments
  1. observateur says:

    J’ai bien compris que cet animateur avait un rapport avec Nadia , la première animatrice du « renouveau » mais Carlos ne nous dit rien des qualités que l’on doit naturellement attendre d’un nouveau venu dans le club.

    Selon les bruits que j’ai captés il y aurait beaucoup à dire.

    Mais ne soyons pas trop critique ; 20 animateurs » tous reconnus » ( la réflexion du renovateur ) ne se trouvent pas sous le sabot d’un cheval !

    Et puis comme ils ne sont pas « récurrents  » (toujours la réfexion en cours accessible grace à ce site ) il y a possibilité pour chaque animateur de ne pas revenir sans se sentir vexé.

    Comme le pire n’est jamais sûr, c’est rassurant..

    11th octobre 2011 at 12 h 48 min

  2. Grün, says:

    Mais qui donc a expliqué a ce monsieur qu’il était là « en philosophe » pour « répondre » aux participants? Il n’arrêtait pas de dire « bon, pour répondre à ça… » ou « c’est difficile de répondre, mais… », « je vais avant répondre ».
    Se rendant compte qu’il parlait beaucoup, il commença à s’excuser : « je prends un temps précieux des intervenants, je le sais, mais… » et c’était reparti. « Ah, je sent que je vais frustrer tant de demandes de parole, mais … » et c’était encore repartie, pour des anecdotes, commentaires, soi disant drôles, des blagues. Incapable de s’auto-limiter, c’était visiblement son grand jour.
    Pour faire illusion, beaucoup de noms de grands philosophes cités. Peut-être plus que jamais. Mais qui est dupe, au fait?

    11th octobre 2011 at 14 h 00 min

  3. Elke Mallem says:

    Qu’est-ce que l’expérience du corps peut apporter à la philosophie et aux philosophes ?
    Pour la moniste que je suis, la question paraissait saugrenue. Sans corps, pas de philosophe, sans philosophe pas de philosophie. Une question ontologique, a assuré un participant assez tardivement dans le débat : je suis mon corps, et je constate qu’on peut entendre le verbe « être », mais aussi le verbe « suivre ». L’ancrage de la pensée dans le somatique ne fait plus de doute pour ceux qui s’intéressent au développement de la capacité de penser. Mais ce dimanche, le dualisme corps/psyché voulait retrouver le devant de la scène. Cela me semblait un peu comme si on voulait à nouveau défendre un monde qui est plat après l’avoir vu ronde à travers les hublots de nos navettes spatiales. Le corps dans le débat ? J’observe l’agitation dans les corps empêchés de paroles, les mimiques, les gestes. Je sens le battement de mon cœur s’accélérer quand le micro vient à moi avec l’invitation d’être gentille et ne pas trop parler. Mon corps me parle, ce vilain? N’est-il pas assez muselé par un esprit qui le maîtrise ? Non, il n’est pas vilain du tout, mon corps. Parfois, mon « corps » comprend plus rapidement que ma « tête » qui fait, rappelons-le, partie de mon corps ! Il me dit de dire « non » à l’injonction d’être gentille, injonction abusive faite trop souvent aux enfants qui ne sont pas conforme aux besoins des adultes. J’écoute mon corps, et j’exprime ce qu’il m’a signalé. L’espace assignée ne permettra pas d’exprimer en parole « tout » ce que mon corps me dit, mais j’ai pu valider dans l’après-coup qu’il avait raison. Transformer la sensation en pensée audible, voilà le travail de l’homme. Voilà la motivation même du philosophe. La sensation qui nait de la rencontre d’un organisme, « moi », avec le monde, et plus spécialement avec « l’autre ». Exprimé plus radicalement : c’est le corps qui induit le besoin de rencontre, qui pousse à la rencontre non seulement avec le monde de « dehors », mais aussi avec les autres êtres vivants avec qui j’ai le monde en partage. Constat : Il y a des humains qui sont visiblement « coupé » du ressenti de leur corps. Qui a donc coupé ce « lien » si précieux? Est-il possible de se couper de son corps ? Couper le lien, n’est-ce pas l’indifférence, l’ignorance de son corps ? Une décision personnelle pour moins souffrir ou pour élever un esprit qui n’a pas envie de rencontrer des limites? Il y a des humains qui mettent beaucoup d’énergie à couper le dialogue avec leur corps et préfèrent le confier régulièrement au bon soin d’un étranger qui le répare, qui le remet en état. Les vilains microbes, heureusement qu’on a les médecins pour s’en occuper. De façon plus efficace que notre système immunitaire, produit d’une histoire d’évolution plus que millénaire, rendant compte de la capacité de cet organisme de dialoguer avec et de se maintenir dans ce monde? Oui, une participante a évoqué l’histoire de nos corps. L’histoire de l’espèce, mais aussi l’histoire de l’individu : il suffit d’interroger le corps de nos ainées pour y trouver les traces de privation de leur jeunesse, les violences infligées par un travail aliénant, mais aussi par le regard social. Nous connaissons de mieux en mieux le fonctionnement du système immunitaire ; ses finesses, ses fragilités. Le deuil, l’isolement social, le stress l’affaiblissent. Mais nous nous obstinons à regarder ce corps mal foutu comme un ennemi qui ne correspond pas à nos attentes, aux attentes du regard de l’autre ; un corps qu’il faudrait contraindre, restreindre, manipuler pour avoir le droit d’occuper une place dans ce monde…. Dans ce monde d’hommes qui s’obstine à vouloir des « femmes gentilles », soumises à leurs besoins. Non, André, c’est fini. Le seul esclavage acceptable, c’est celle voué au nourrisson. A condition que ce nourrisson se dépêche de grandir et de trouver son indépendance. André, avez-vous seulement conscience ce que vous avez demandé là ? De me taire pour laisser la place du aux hommes qui eux, ont eu 90% du temps de parole ce dimanche? Vous avez annoncé la couleur en vous présentant « misogyne ». Vous considérant comme représentant d’une génération élevée dans les valeurs d’une virilité type horde de singes, je vous accorde des circonstances atténuantes. Mais j’appelle les corps qui ne correspondent pas aux attentes de la classe « dominante » à la résistance. Non sommes des êtres vivant, doué d’autonomie et de raison. Mon corps est mon corps, j’apprends à l’accepter, à faire avec. Je « fais » avec, et ce n’est pas une parole de résignation, mais une parole d’affirmation de soi. J’oppose mon être à l’érosion du regard qui tue et à la parole qui enferme ; je tente à maintenir la maîtrise de mon destin. Trier entre ce qui est possible et ce qui n’est pas possible avec le corps qui est le mien, et mettre la barre suffisamment haut pour me dresser, puisque je suis humain, destiné à marcher debout. Je lutte avec ce corps pour la dignité de ma vie. Ce n’est jamais acquis, pour personne. Mon corps dérange, mes pensées dérangent, créent l’émoi ou l’irritation? Tant mieux. Cela prouve que j’existe. Et je me laisse déranger : cela me prouve que les autres existent, aussi.

    11th octobre 2011 at 16 h 30 min

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