Le débat du 24 juin 2012 : « Pourquoi le mot « bonté » est-il un mot tabou en philosophie ? », animé par Eric Zernik.

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Posted on 19th juin 2012 by Gunter in Comptes-Rendus

C’était la semaine des nuits courtes, des tas d’événements se succédant dans la capital, de la Fête de la Musique aux Matches du Championnat d’Europe de Foot transmis par des écrans géants installés au Trocadéro ainsi que sur la Place de l’Hôtel de Ville, tandis qu’à Bruxelles nos dirigeants s’occupaient de politique agricole commune et de chercher la meilleure manière d’évaluer la dette de la zone Euro. C’est dans cette atmosphère générale que, le 24 juin, au Café des Phares®, Eric Zernick choisit pour thème du débat philosophique hebdomadaire : « Pourquoi le mot ‘Bonté’ est-il un mot tabou en Philosophie ? »

D’emblée, je n’ai rien compris… et je ne comprends toujours pas. A quoi rime de s’interroger sur une affirmation dont les prémisses sont douteuses et la réponse serait dès lors « parce que » ? D’abord, avant de chercher « pourquoi », d’où ça sort, sans démonstration, que « Bonté » serait éventuellement un mot « tabou » (« tabou » étant une des rares désignations des peuples dits sauvages à être reprise par les occidentaux), lorsque l’on parle entre philosophes ? (Personnellement, je l’ignorais). Voulait-on dire « un mot récurrent » ? Puis, pour quoi se permet-on d’interroger le public sur les raisons de ce qui est affirmé arbitrairement ? Au sujet d’une assertion dont, ce qu’elle clame n’est pas clair, loin s’en faut, et, sans définir le terme en cause, avoir motivé une proposition ou fondé a priori un jugement douteux, c’est-à-dire, omettant d’expliquer aux gens qu’il s’agirait là d’un « mot tabou de la philosophie » (ou « en philosophie »), voire un mot tabou tout court, lorsque l’on évoque la « Bonté » ? Si, tacitement on le sait, à quoi ça sert de demander « pourquoi » ? Sous quel prétexte vouloir savoir les raisons du pourquoi d’une affirmation absurde ou pour le moins au contenu non démontré ?

Que nenni… D’après le Dico, par Bonté, on entend un « nom féminin issu d’une langue latine ‘bonitas, atis’ », c’est-à-dire, la qualité de ce qui est bon en soi, et vertu morale ou bienveillance envers autrui, dont l’Homme serait privé a priori en raison du pêché original. En revanche, pour les grecques, insensibles à la notion de pêché, la bonté se traduisait par « Chrestotès » (de Chrestos, c’est-à-dire, utile, convenable, vertueux, plaisant, bienveillant), Chraomai signifiant faire usage, emprunter, écouter (ce qui implique un contact, une rencontre, un dialogue).

Bref, la Liberté étant concédée aux Hommes (à l’origine du Mal, disons), et la Bonté restant un apanage de Dieu, accessible aux humains, en quoi peut être nuisible ou culpabilisante la curiosité du philosophe, lorsqu’il se sent interpellé par cette Bonté ou autre sujet de réflexion ?

Ah, c’est Tabou, et Tabou ce n’est pas rien. Il s’agit d’une prohibition à caractère religieux, de règles morales à ne pas enfreindre ou de sujets dont on ne doit pas parler par crainte ou pudeur, enfin, des comportements à ne pas adopter ou règles à ne pas outrepasser sous peine d’offenser une autorité morale.

Particularité d’un être sensible, désireux de procurer aux autres le bien être ou d’éviter ce qui peut les faire souffrir, si l’on ouvre le mot « Bonté » que trouve-t-on ? Que le « bon » et le « bien », conviennent à l’Homme compréhensible et on se demande, dès lors, pourquoi « Bonté » serait un Mot Tabou, adopté des indigènes et à utiliser avec précaution ?

Quoiqu’il en soit, au lieu de contester la logique de la question, en bons soldats nous nous sommes prêtés au jeu, peut-être parce que c’était tentant et parce que notre principal souci est de PARLER, la pertinence de la question étant indifférente. L’essentiel est de se libérer de la parole et se défouler une fois par semaine, le sujet se construisant de lui-même, à tâtons, dans un sens ou un autre, peu importe, puisque même pour Platon il s’agit là d’aider les gens à découvrir par eux-mêmes la réalité, le beau, le bon, le vrai, vers quoi doit tendre l’action humaine. En effet, seule la Substance est sujet, le Beau, le Vrai, et le BON formant des Catégories du Jugement, et le BIEN, étant la norme suprême dans l’ordre éthique, ce vers quoi doit converger l’effort de l’Homme.

Ça n’a pas arrêté, bonté divine. On a dissocié religion, bonté et « bon », mais, même si des goûts et des couleurs on ne discute pas, lié la première, bien qu’énergie négative, à un élan immédiat en tant que valeur morale, puis au Bien et au Mal, par des appels à Kant et à Rousseau, l’Homme étant habité par un sentiment de culpabilité dès qu’il s’interroge sur la banalité du mal dans un monde difficile.

Après avoir appelé à la rescousse Mère Thérésa, pour laquelle « ce sont les autres qui décident », il fut proclamé que « le bon n’est pas forcément charitable », que « parler est un besoin tandis qu’écouter est un art », et fait l’éloge du pianiste qui met en œuvre une seconde nature dans le Paradis de son savoir faire (la raison), l’Eden étant l’innocence de la spontanéité, pas forcément flatteuse, ainsi que de la « Lutte de classes » prônée par Mao.

Quelqu’un a fait référence à une expérience d’Ateliers Philo en Ecole Maternelle (Jacques Prévert), à Mée sur Seine, après quoi, Gilles récita ce que, pendant ce temps, il composait : « Bonté/Méchanceté ; Vertu, Norme, Ethique ; Humaine Humanité ; Angélique/Evangélique… » et, son devoir dominical accompli, chacun repartit rejoindre son destin.

Quoi d’autre ?

Sortant du cabinet médical, un patient ne se rappelait plus de ce que lui avait dit son médecin et décida d’y retourner pour lui demander :

- Docteur, excusez-moi d’abuser de votre BONTÉ mais, vous m’avez dit « Poisson » ou «Aquarium » ?

- Cancer ! Cancer !

Carlos

1 Comments
  1. Gilles Roca says:

    Le mot « bonté » est’- il tabou en philosophie ?, Éric Zernik, Aux Phares,

    bonté / méchanceté … bon / mauvais, mot’…à …bout de rouleau,
    notamment’, en philo, Le « trousseau » … de Rousseau ?,
    À cultiver … bon et con …fessionnel,
    bon et con …passionnel, commisérationnel ?,
    une sempiternelle … bonne Volonté ?, est-ce … simplicité, ou, spontanéité ?,
    Vertu, morale’, éthique’, ou, gentillesse’, Actée ?, humaine, humanité ?,
    biblique’, évangélique … charité ?, ou, générosité, ou, solidarité ?,
    La saine … « trinité » ?,
    un’ Acte désintéressé, controversé, intelligence, du cœur, des gens,
    « un cœur intelligent »,
    Alain Finkielkraut’, ?, Adéquation, Au monde’, À L’Autre’, À soi,
    Lien, relation, Attention, intention, disposition du cœur, humanisation, foi ?,
    De L’Amour … don de soi, « cristallisation », de La bonté, La joie ?,
    trinité, À La fois ?,
    bonté – fraternité ?, Valeur de Vérité ?, élan, envol, essor,
    de L’« innocent’» Accord ?,
    Valeur discrète, Valeur secrète ?, en conscience’,
    en confiance’, est-ce … La bienveillance’ ?,
    ouverture’, À L’échange’, Au dialogue’, en commun ?,
    comme’…un bout’…à …bout de chemin,
    du Vivre’- ensemble’ ?, en’ une mutuelle … réciprocité ?,
    poétique … phil’…harmonique, humanité ?,
    et, bout’…à …bout, MORALITÉ …
    philosophique, humanité ? Gilles Roca,

    Cas-fée-Philo des Nés-nus-Phares, ces-jours de Messidor, 24’- 6’- 2012’,
    et de bonté … fil phare, … fil d’or … et que L’on’ en découse !, G R

    19th juin 2012 at 12 h 23 min

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