Débat du 22 juin 2014: « Crise, mutation; sommes-nous dans le déni? », animé par Michel Turrini.

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Posted on 22nd juin 2014 by Carlos in Uncategorized

Malgré la joyeuse effervescence suscitée par la Coupe du Monde de football, au Brésil, sachant que des zouaves écervelés, candidats au BAC, avaient traité Victor Hugo d’« enfoiré et de bâtard », me dirigeant par le Métro au Café des Phares®, je me demandais dans quel monde sommes-nous, lorsque j’ai croisé une sémillante jeune fille, en mini jupe, portant une jarretière de fleurs peintes à mi-cuisse, ce qui m’a fait espérer que rien ne soit perdu, avant même d’apprendre le sujet du jour, à développer au cours du Débat du 22 Juin, 2014, et que Michel Turrini se chargeait d’animer : « Crise, mutation, sommes-nous dans le déni ? », une sorte d’invitation à en établir un constat, c’est-à-dire, à remuer un penchant pessimiste assez répandu, et tendant à laisser penser que les transformations sont stériles, ou bien à se plier au fait que, plus présentables, les fleurs sont tout de même périssables, alors que, affaire de Printemps ou pas, le changement est plutôt fécond, entraîne l’éveil, encourage à l’action, incite au dévouement et aux beaux gestes.

En somme, d’après l’énoncé, le « DENI » serait une fâcheuse conséquence de la MUTATION (du latin : « mutare », muer), elle-même issue de la crise due à l’interprétation des faits, et il ne nous restait qu’à tricoter un débat avec cette pelote, ou à peindre une belle guirlande illustrant « ce qui n’est pas encore », puisque, issu du grec,  le mot « CRISE » signifie étymologiquement, « FAIRE UN CHOIX » et, dès lors « mutatis mutandis », on peut aussi bien en déduire que la « mutation » est un éveil créateur et point la négation de quoi que ce soit. Ça se mord la queue ; s’en était peut-être trop après une nuit entière à fêter la musique.

Evidemment, on a brodé « autour de la crise économique, liée aux ‘subprimes’ », « la ‘chute’ de la Banque d’affaires Lehman Brothers en 2008 », liée à « l’affaire Madoff, l’escroc du siècle, en 2008 », puis, il fut question « de l’inadéquation entre les sondages et les faits, lors des élections », « Jacques Attali ayant prévu la prochaine crise économique pour 2015 », alors que le sage Socrate disait « tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien », et que « le problème est la solution », car « il n’y a plus de sacré », mais « le déni du déni » et « tout simplement des problèmes systémiques ». On a évoqué, ensuite, « le Traité de Maastricht », « les 30 glorieuses », « la ruée vers le magasins lorsqu’il y a crise », « le Paradis sur Terre », etc..…

D’après la pendule, il était temps que Gilles mette fin au lambin vagabondage des idées, ce qu’il fit avec brio, et nous nous sommes éparpillés dehors, persistant à rester unis, et ne pas en démordre…

- Je sors de prison…

- Qu’avais-tu fait ?

- Je conduisais trop lentement !

- Excès de vitesse, plutôt…

- Non ! J’allais trop lentement, dans la voiture que je venais de voler !

Carlos

3 Comments
  1. Elke says:

    De jolies jambes et une jeunesse peu enclin à se laisser mourir : la vie continue effectivement, Carlos, envers et malgré la crise qui perdure depuis le premier choc pétrolier. Ce sujet vient un peu en retard, il me semble, parce qu’actuellement, le changement est vraiment en marche, et personne ne saurai l’arrêter. Je me réjouis de voir de plus en plus de jeunes prendre le risque du changement et leur enthousiasme m’a fait sortir du marasme ambiant. Monsantos a perdu des batailles juridiques, Coca Cola encaisse des pertes vertigineuses, puisqu’une nouvelle génération de consom’acteurs fait l’apparition : vigilant, exigent, activiste. Par sa consommation, chacun retrouve son pouvoir d’agir. La frugalité revient au goût du jour, l’interrogation éthique voire morale aussi. Evidemment, tout le monde n’avance pas au même rythme. La nostalgie des passéistes disqualifie facilement ces agissements encore « marginales ». Pourtant, ces marginaux résistent mieux à la crise que ceux qui ont vendue corps et âme aux sirènes du progrès d’un monde sans limites. Les oiseaux de mauvais augure sont bien souvent ceux qui ont profité pleinement des Trente Glorieuses, qui ont pu croire à la possibilité du « toujours plus » sans se rendre compte du prix payé de notre confort par des populations exploitées, par la nature opprimée. Tenu dans un déni de réalité, absolument. Comme celui qui a opéré au temps noir du nazisme (on ne savait pas ; si on avait su….). Il est difficile de se poser les bonnes questions quand le « système » assure un tel confort : une séduction aveuglante par le « miracle » technologique. Ce que Dieu n’avait jamais pu réaliser, la technique et les sciences le promettaient. Personnellement, je fais partie de cette génération limite qui n’a pas pu s’enivrer des barricades de mai 68, qui n’a pas pu profiter entièrement des trente glorieuses puisque la vie adulte a commencé, malgré l’acquis récente d’une « liberté » sans bornes (avec son acolyte d’injonction à la jouissance sans bornes qui mérite réflexion !), mais qui a vu les premiers clignotants d’un warning : pluie acide, débat du nucléaire, délocalisations, concurrence basée non pas sur l’émulation saine mais sur les instincts prédatrices les plus barbares, Sida …. Cela a donné des adultes hésitants, un peu dépressifs même. Englués dans un doute permanent, s’installant dans une sorte d’hyperactivité pour cacher, qui sait, le sentiment diffuse d’une impuissance profonde face au monde qui partait à la dérive. On se devait être heureux puisqu’on n’a jamais souffert de la faim, on avait accès à tout : école, argent, vacances …. mais … Le sommet de l’incurie du système a été atteint dans les années 90, il me semble. Laideur, pollution, bruit, cynisme…. Juste quand le mur tombe, après l’implosion du système soviétique. Le siècle s’est terminé sur des manifestations de foule d’une trivialité inquiétante : je garde l’effet « Lady Di » et celle de la coupe du monde. Ou alors Loft Story. On ne pouvait tomber plus bas, non ? Puis le choc des images : 11 septembre, Katrina. Depuis, le monde n’est plus tout à fait comme avant. Première étape : Un climat d’insécurité tend à s’étendre. La peur structure la vie quotidienne : peur du chômage, du terrorisme, de la catastrophe écologique, de la maladie inconnu. Cette peur est amplifiée par les médias et donne effectivement un sentiment de « crise » permanente. Il est légitime de s’interroger sur ce qui nous empêche de la dépasser. L’auteur du sujet propose la piste du « déni » qui empêcherait la mutation nécessaire. Mutation ? J’aurais préféré « transformation », pour éviter l’inquiétante menace identitaire qui se love dans ma représentation de la mutation proche du « mutant ». Ne pas changer pour préserver un sentiment de continuité ? Continuité de quoi ? La danse autour de Baal, l’argent roi ? Ce dimanche est partagé le savoir profane sur le bouc émissaire en puissance, la finance. Mais, et c’est cela qui me dit qu’on « sort » de la crise, qu’on entre en phase deux : on cite aussi notre participation à ce fiasco. Il paraissait intelligent de placer son argent là où il « rendait» le mieux ! Tant pis pour les entreprises, asphyxiées par l’obligation de résultats démesurés, impossible à tenir. Je retiens avec satisfaction que nous avons été capables de nommer notre responsabilité personnelle dans le monde. Nous avons parlé de « discernement », de l’effort à faire pour créer son opinion, de ne pas prendre pour « argent comptant » les discours convenus. Nous évoquons la tension indispensable entre intérêt individuel et intérêt collectif qui, dans une boucle de rétrocontrôle incessante, devrait alimenter le débat démocratique pour que la démocratie puisse prétendre à la légitimité. Car c’est le débat et non la représentation qui fait l’essence de la démocratie, faut-il le rappeler? Le défaut de démocratie signalé n’est pas affaire du président de la République, mais affaire de chacun. C’est la Raison qui doit nous gouverner, et ce raisonnement se construit dans le dialogue avec le monde. Principe de plaisir versus principe de réalité. Moi et toi. Je et nous. Nous et eux. Le déni, c’est le refus de prendre en considération « l’Autre », le « non moi », c’est la tentative d’imposer « son » vouloir, sans donner un espace de négociation possible au vouloir de l’autre. C’est la guerre assurée, ultime sortie de crise. Ou l’isolement total, avec l’auto-effondrement également assuré. Une fois le monde détruit, une fois l’effondrement constaté, on s’en va reconstruire un monde plus beau, plus ceci, plus cela…. C’est inéluctable, la guerre ? Si nous restons prisonniers dans un monde binaire peuplé par des méchants et des gentils, des riches et des pauvres, seule cette option existe. Si nous exerçons notre cortex pour apprendre à considérer une situation donnée dans un contexte le plus globale possible, il n’y aura peut-être plus besoin de la guerre pour assurer un vivre-ensemble inédit sur notre petite planète terre. Il s’agit de prendre soin de ce qui nous entoure aussi bien que de soi-même puisqu’on ne peut se séparer vraiment du monde qui nous fait naître et renaître au détour de crises et de crises….. Qu’elles soient individuelles, collectives ou globales, elles invitent, depuis la nuit des temps, d’apprendre de nos erreurs et de s’adapter au monde qui change. J’espère que l’Europe saura tirer les enseignements de son Histoire pour assurer le chemin vers un monde possible. A écouter la beauté de l’Hymne autour de laquelle nous avons décidé de nous rallier, il est permis d’espérer !

    22nd juin 2014 at 10 h 47 min

  2. Gunter says:

    Merci beaucoup, Elke pour ton texte, d’une lucidité engagée impressionnante et qui me réconcilie avec la philosophie dans la cité; j’avoue d’être parti plutôt déprimé du café des Phares dimanche dernier. Je me suis dit : « Nous ne pensons pas faux, nous sentons faux ».
    Comment ne pas être déprimé lorsqu’on entend dire que la disparition des abeilles n’a aucune importance, qu’en réalité « il n’y a pas de crise », que « tout va très bien, Madame la Marquise »…que tous ceux qui critiquent ce que Elke décrit si bien, sont des mélancoliques, des pleureuses nostalgiques d’un passé qui n’a jamais existé. Que toutes les destructions et menaces qui pèsent sur notre « kosmos » (bijou en grec ancien) ne sont ou bien qu’imaginaires ou que la Science – nouvelle religion impensée – va juguler sans peine.
    Comment entamer par la pensée, la rationalité, le discours argumentatif, bref par la philosophie, une posture existentielle, émotionnelle, intuitive si loin de ce qu’exigerait la situation présente, si bien décrite par Elke ?
    Parfois, je désespère de la capacité de la philosophie de nous « sauver », et si elle ne sert pas à cela, elle ne sert pas à grande chose, voire pire, elle serait contre-productive. Par la défense bien connue de la rationalisation elle nous éloignerait de la finalité socratique : « Connais-toi toi-même et tu connaitras… »
    Merci, Elke !

    22nd juin 2014 at 15 h 35 min

  3. Gilles ROCA says:

    Crise’, ou mutation, sommes-nous’ en déni ? Michel Turrini, Aux Phares,

    en « jugement » … La « crise » … trouble … passager,
    douloureux’, entre … rénovation et déclin,
    temps d’instabilité, Le moment de changer,
    entre’, À Vide, ce qui meurt, et ce qui naît’, À plein …
    une situation périlleuse’, en L’état … transitoire … déterminant, Voire’, en – phase … d’exaspération, d’un processus’, en – phase …
    de dégradation, en – phase …
    d’innovation, Aléatoire’, et de métamorphose’, en – phase …
    potentielle’, et qui pourrait tenir Lieu de … moteur, de salut, un moment de mutation, civilisationnelle’, et de transformation, flux, reflux, influx … où … déni, dénégation ?,
    il s’Agit de génie … de ne pas renoncer, ne pas se résigner, mais, bien, d’y rebondir,
    et d’y reféconder, d’y croître … d’y grandir,
    et de s’y refonder, La crise … c’est La Vie, souffrance … résistance …
    combat, création, transmutation, on’en meurt, on’en Vit, de crise … de conscience …
    crise … de confiance … crise … re-naît … sens’, et, en reconnaissance …
    qui … se re-connaît … sens’, de crise … des-sens’… Au sens’,
    du flagrant délit … de déni … Au fulgurant génie … qui re – Lie’… À L’expérience …
    ce qui meurt, et ce qui naît, qu’il faut’ Aiguillonner’… Aux radicales’ Ailes,
    de notre’ évolution – révolution, propre … rêvolution, notre’ immanente … transcendance … transe’- en – danse … du mythe de La crise … qui nous’ est proprement’ intime’- universel,
    « il faut’ imaginer Sisyphe’ heureux »,
    il faut’ … imaginer La crise’ en creux,
    Vague … de creux’ …
    en crête … de quête’
    en re-quête … re-conquête …
    L’Après – crise’ heureux …
    Gilles Roca,

    Cas-fée-Philo des Nés-nus-Phares, 22 – 06’- 2014’, en Messidor,
    crise … mutation … phare … génie … mais si … d’or !
    G R

    22nd juin 2014 at 11 h 53 min

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