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Débat du 28 décembre 2014: « L’Histoire a-t-elle un sens ? « , animé par Hadrien.
Posted on 29th décembre 2014 by Carlos in Uncategorized
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Carlos says:
Vue mon absence, je n’ai pas pu assister au Débat, et n’ai donc pas fait de Compte-Rendu. Pourtant Nadia en a fait un fort intéressant commentaire, que je vous invite à lire. Merci à vous tous, et bonnes fêtes de fin d’Année. Carlos
29th décembre 2014 at 10 h 18 min
nadia says:
L’histoire a-t-elle un sens ?
Vaste question ! En français, le mot « histoire » est polysémique. Son étymologie qui signifie « enquête et résultat de l’enquête » est en soi l’histoire du mot histoire. Il y a donc plusieurs sens au mot histoire. Le sens commun, l’histoire comme marque du passé, de la mémoire collective d’un peuple, d’une civilisation mais aussi celle des contes et légendes propres à chaque culture. Par exemple, les mille et une nuits en Orient et les contes d’Andersen en Europe. L’histoire , c’est aussi les mythes telle que celui de « l’Odyssée d’Ulysse » mais c’est aussi une discipline née de l’exercice de la raison qui analyse les traces du passé. Une discipline qui se veut scientifique et convoque d’autres « sciences » tels que la politique, l’économie et le social pour éclairer un pan de l’histoire, un événement marquant qui a parfois bouleversé l’ordre du monde.
Quant au » sens », il signifie « signification » mais aussi « orientation, direction ». Ces deux sens sont étroitement imbriqués nous fait remarquer judicieusement notre ami Jacques.
Toute histoire n’est elle pas essentiellement interprétation et toute interprétation aussi fine soit elle n’est elle pas l’expression d’une subjectivité ? L’historien n’est il pas dans la même position qu’un pianiste face à sa partition qui essaie de l’interpréter au plus près sans jamais y parvenir. Autrement dit, l’histoire a-t-elle une âme ? Et si oui, comment en rendre compte lorsque des siècles nous séparent du temps et du lieu où elle s’est déroulée ?
Quelle lunette allons nous chausser pour en faire la lecture ? Celle des libéraux, des marxistes, des biologistes, des philologues etc….. ?
Une chose est sûre , un des faits marquants de l’histoire est l’usage de la raison et l’expérimentation qui ont permis à l’homme d’échapper à une certaine forme d’aliénation liée aux superstitions. Il n’a probablement pas gagné sur tous les tableaux mais le tremblement de terre de Lisbonne « Candide de Voltaire » n’aura pas été vain.
Gnther reprend une citation de Marx : l’homme fait l’histoire qui le fait » . On peut se demander , en effet, si c’est l’homme qui fait l’histoire ou si c’est l’histoire qui fait l’homme.
Un journaliste scientifique dont j’ai oublié le nom, invité dans la grande librairie, reconvertit en écrivain de science fiction dote l’univers d’une conscience et fait la part belle au destin. Il reprend à son compte les propos d’Einstein « Dieu ne joue pas aux dés » ( autrement dit, il n’y a pas de hasard, il y a probablement un ordre du monde) « Il joue aux échecs » (autrement dit, il y a des règles sur l’échiquier du monde).
Il est certain que l’homme a toujours cherché à impulser un sens à l’histoire. La quête du progrès en est un exemple. Elle a parfois débouché sur des avancées significatives dans le domaine médical par exemple mais elle a aussi souvent montré ses limites. Les conflits d’intérêts, les catastrophes écologiques etc…. sont une preuve si il en faut , que dans ce cas, c’est loin d’être un progrès. Par ailleurs, on découvre parfois que l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions de départ. On ne lit pas dans la boule de cristal n’en déplaîse à Mme Irma. Il n’y a pas de risque zéro et malgré le souci d’anticipation, l’homme ne sait pas , en effet, l’histoire qu’il fait. Des situations inédites peuvent se produire et changer la face du monde. Suite au Tsunami, nous raconte le frère d’Hadrien, des états qui étaient en conflit depuis des lustres ont fini par trouver un terrain d’entente et d’autres confrontés à des évènements similaires ont continué à se déchirer. In fine, c’est souvent l’homme qui détermine la suite de l’histoire.
L’histoire est affaire d’interprétation mais un souci éthique pour atteindre une certaine objectivité factuelle peut en atténuer les effets. Des pans entiers de l’histoire sont « classés secrets défense » par ceux qui détiennent le pouvoir et veulent continuer à manipuler dans l’ombre ; ( se référer à Julien Assange). Prenons l’exemple de l’histoire récente, pendant des décennies , la France a continué à écrire à propos de la guerre d’Algérie qu’il s’agissait d’une « police » alors que de l’autre côté de la méditerrannée, on parlait de » guerre sanglante ». D’un côté, les » bienfaits de la colonisation » et de l’autre » l’horreur de la colonisation ». Vaste travail que de démêler le bon grain de l’ivraie.
L’histoire a-t-elle ou non un sens ? Si le Bey d’Alger n’avait pas donné un coup de moustiquaire à un émissaire français, l’Algérie n’aurait probablement pas été colonisé. Si Bush n’était pas intervenu en Irak, on n’aurait probablement pas ce serpent à plusieurs têtes qu’on nomme Daesh. Autrement dit, le hasard et ou le comportement de certains hommes de pouvoir peuvent être aussi à l’origine de conflits redoutables et du retour d’une certaine forme de barbarie.
Par ailleurs, on peut légitimement s’interroger sur l’idée de progrès auquel on a cru pendant très longtemps. Peut on encore considérer qu’il a un sens ?
Sans conteste, il y a des domaines où les progrès sont considérables : les sciences, les neurosciences, la technique etc….. Ces progrès sont à l’origine de l’augmentation de notre espérance de vie, de l’amélioration de nos conditions de vie mais elles suscitent aussi de vives inquiétudes en raison des ravages provoqués entre autres dans le domaine écologique, dans l’utilisation abusive qui peut en être faite sur l’homme. En laboratoire, il est déjà question de neurones numériques.
Jamais les progrès n’ont été aussi important mais on observe par ailleurs que les inégalités d’accès à l’eau potable, à l’éducation à la santé …. se sont accrues.
Le système économique ultra libéral laisse sur le bord de la route quantité de personnes démunies . Les injustices et les inégalités tendent à s’accentuer ; ce qui est un bien pour une minorité, ne l’est pas pour une majorité.
Reste en suspend, la question fondamentale des Valeurs, de l’Ethique de responsabilité. . Les intérêts économiques polluent les relations humaines au niveau national et international et font reculer la coopération, l’échange et la paix entre les hommes. Jamais le monde n’a été aussi dangereux . Il y a une vingtaine d’années on pouvait se promener tranquillement dans certains zones du monde qui sont devenus des lieux de non droit. Là où la force publique recule, la liberté n’a plus de sens et la barbarie reprend ses droits.
Sommes nous donc les jouets de l’histoire, les fruits de l’histoire ou bien l’homme est il seul responsable de son destin ? Il importe peu de s’interroger sur le sexe des anges nous dit un intervenant. On ne peut prouver qu’il y, a un dessein originel alors il nous reste à agir sur le monde autant que faire se peut et utiliser notre libre arbitre pour donner du sens à l’histoire que nous sommes en capacité de faire et de défaire.
L’homme ne doit pas renoncer à améliorer son sort. Il peut agir en conscience sur le monde dans un souci de justice et de vérité qui demeurent un horizon pour un mieux vivre ensemble.
A une conscience subjective, il faudrait substituer une conscience universelle pour redonner à l’Histoire ses lettres de noblesse. Mes amitiés à tous Nadia
29th décembre 2014 at 15 h 39 min
Gilles Roca says:
L’ Histoire’ A-t-elle’ un sens’ ?,Adrien,Aux Phares,
L’Histoire’ A-t-elle’ un sens’ ?, une’ orientation, et, une direction,
Via notre … sensation, La sensibilisation, La signification …
des – sens’ … * sens’ objectif … but’, fin, finalité,
« présent passé / passé présent », Ionesco, Histoire … temps …
de prise de conscience, collective … conscience’, intimes, universels … brin – temps,
de finitude – mort … notre … fatalité … en finalité – Vie … de notre’ humanité,
intime’, universelle … convivialité, intentionnalité, et, Volonté, contingence … nécessité … « Les’ hommes font L’Histoire, mais’ ils ne savent pas L’Histoire … qu’ils font ] », Marx,
de L’Histoire … La roue tourne’… y A-t-il un’ Axe ?,
* sens’ objectif … des – sens’… sens’- objectivité,
tradition, transmission, sens’… historicité,
Histoire … cycle’, ou Avancée, Linéaire … progression, Le besoin, Le désir, En – vie – vent … de L’Histoire … représentation … Sous – le – vent …
La Vie … concrétisation … réalisation, moyen … de La raison … de L’humanisation,
La fin … de « La Passion …
de [ notre’] humanité », Jean Cardonnel, J C, fou … mais – sage …
Pas – sage,
du « [ Long rêve ... Lourd songe ... confus cauchemar ...
de notre’ humanité ] » … A S … À « L’utopie … » Au … rêve’- Ailé, Au songe’, À L’Art …
du sens’ de L’Histoire … « … non L’ irréalisable … L’ irréalisé »,
Théodore Monod, sens’… À réaliser,
« L’homme qui songe’… est’ un dieu ; celui qui raisonne’,
un mendiant », Hölderlin’, de L’Histoire … passionne …
son’ initiale … fondamentale’… intuition,
non … « La fin de L’Histoire », sa finalisation …
« c’est La Lutte … finale »,
c’est La Lutte’… initiale’!,
et, « de commencement’ en re-commencement … » Le début de L’Histoire,
qui recule … pour mieux sauter … ce qui nous marque, sauter …
ou … Marc’ Sautet …
notre’ Histoire’, en sautoir …
en conscience’, sens’… du temps, science, du temps, mémoire … d’À – venir,
L’Histoire’, en devenir, une … quête’, intention, d’Aboutir, Accomplir,
pour L’Histoire … s’Aboutir, s’Accomplir, de L’interprétation … À La transformation, L’Histoire’, émancipation, est … Libération, notre … Libération, notre’ humanisation …
Gilles Roca,
Cas-fée-Philo des (nés – nus -) Phares, 28’- 12’- 2014’, en ces-jours de Nivôse’,
et, de L’Histoire, sens’ … phare … de ton’ Histoire’ … ose !, G R
29th décembre 2014 at 2 h 02 min
Gunter says:
Merci Nadia pour ce compte-rendu très complet, clair, instructif (entre autres, la distinction entre signification et sens) et colorié richement de tes propres idées !
Le compte-rendu, tout comme l’histoire en tant que discipline – à distinguer de l’histoire en tant qu’objet de cette discipline – est subjectif… Toute la question est de savoir de quelle subjectivité il peut bien s’agir…
De la subjectivité plus ou moins arbitraire de l’individu isolé, post-moderne, ou d’une subjectivité non pas universelle – elle n’existe pas – mais soucieuse de s’universaliser, autrement dit d’une subjectivité convertie à la philosophie ? L’une des formes d’une telle conversion – il y en a d’autres – s’énonce ainsi : « L’humanité est une question à laquelle chaque individu (si converti à la philosophie) est une réponse » (cf. Yannis Youlountas qui a ainsi « poétisé » l’un des impératifs catégoriques de Kant).
La « philosophie dans la cité », n’a-t-elle pas aussi pour tâche historique d’explorer ensemble le champ des possibles désirables et « utopiques » qui demain feront partie de l’histoire ?
Pour revenir au compte-rendu de Nadia : tu as pointé un enjeu crucial en parlant de la crise du progressisme; jusqu’à une époque relativement récente, en effet, l’humanité en général (avec quelques exceptions : les pays dits émergents) et les Français en particulier envisageaient l’avenir avec optimisme : le futur sera nécessairement meilleur que le passé et le présent. Or, depuis les années 80, la tendance s’est inversée : le futur sera pire…Et il le sera effectivement, si nous cédons au terrorisme de l’adaptation, au fameux TINA ( there is no alternative) inventé par Madame Thatcher et qui l’emportera si nous lui obéissons sur un autre plan, à savoir que, pour elle, la société n’existe pas, n’existent que des individus. Or, ce n’est que l’union qui fait la force ! Un conseil de lecture : « Aimer, s’aimer, nous aimer » de B. Stiegler.
29th décembre 2014 at 13 h 20 min
Zub says:
L’histoire a-t-elle un sens…bien sûr, fallait-il répondre…sinon ce serait la fin de toute espèce de volonté de gouvernance….même si avoir de la volonté ne saurait suffire : pour réussir, il fallait aussi de la malice…et même peut-être encore un minimum de chance.
Que l’histoire ait un sens ne signifiait pas que ce sens fût bon !
Il fallait même impérativement que le sens de l’histoire fût naturellement mauvais, pour que le désir de se gouverner fût justifié !!!
29th décembre 2014 at 14 h 54 min