Donald TRUMP existe-t-il? Donald et autres trumperies

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Posted on 1st décembre 2016 by Gunter in Textes |Tribunes

par Joseph STRICH

En classe de philosophie, c’était la question classique: le monde extérieur (ou Dieu) existe-t-il? Tout dépend de notre perception, répondait-on (Berkeley: etre c’est etre perçu). Car il n’existe pas assurément, nécessairement, tel que notre imaginaire (catégorique, dixit Kant) nous l’a fait concevoir. Autre variante du sujet: le soleil se lèvera-t-il demain? Oui certes, (car) nous avons l’habitude. Et si pour une fois c’était non?
Ainsi des dernières élections américaines. Et des primaires de la droite et du centre françaises. Aux Etats-Unis il y avait disaient les spécialistes jusqu’à 95 pc de chances qu’Hillary Clinton l’emporte. Et en France, jusqu’à deux semaines avant le premier tour, Alain Juppé était le favori (comme Nicolas Sarkozy avant lui) au détriment de François Fillon, le grand vainqueur surprise du scrutin.
La victoire de Mme Clinton, nous en étions tous quasi certains. Ignorant qu’il est toujours possible que (telle une épee de Damoclès)… faisant fi des accidents, des jeux du hasard et de la nécessité. C’était un souhait tout autant qu’un pseudo savoir. Comme nous croyions connaitre auparavant le résultat du référendum britannique qui devait etre un non catégorique au brexit.
Et nous étions convaincus encore d’autre chose: qu’obligatoirement l’élu appliquerait son programme, si ce n’est à la lettre, du moins dans l’esprit, qu’il serait fidèle à ses électeurs, qu’il tiendrait ses promesses de campagne. Comme si, ou que ce soit de par le monde, il y avait un rapport de causalité absolue entre ce qui est dit et qui est fait.
En fait on vote pour un bonhomme, pour ce qu’il apparait etre à un moment donné, pour son paraitre et pas pour son faire; le programme électoral, tout le monde s’en fout, à commencer par le candidat lui-meme, c’est comme de la pub, des bobards.
Le site Atlantico: « pourquoi les gens qui se demandent si on peut etre élu sans raconter n’importe quoi passent totalement à coté de la question… les candidats populistes aux propositions mensongères (Trump, Fillon, et tous les autres) et les candidats dits raisonnables (Clinton, Juppé, etc), cultivent tous un discours qui parait tout autant mensonger… »
Donald Trump lui-meme n’a cessé de le répéter avant le scrutin: je peux dire (et faire) n’importe quoi, ça passe.
Et malgré cela, « on prend presque les memes et on recommence » (Jean-Michel Aphatie). A preuve: les électeurs de droite, qui ne voulaient qu’une chose, virer Sarko, ont réussi, mais dans la foulée, ils ont viré Juppé, pour mettre à leur tete Fillon, le collaborateur historique de Sarkozy, qui leur apparait soudain plus gentil, malgré son impossible programme.
Sera-t-il intronisé président de la République au printemps ou justement sa candidature permettra-t-elle à Hollande, ou un autre socialiste, de revenir sur le devant de la scène, et meme à Marine Le Pen d’avoir de l’espoir?
Ce qui est certain, c’est qu’aucun élu ne pourra ni ne voudra vraiment appliquer son programme. Détrumpez vous, et n’ayez pas peur: déjà en Amérique, le Républicain est revenu sur bon nombre de ses propositions: sur sa rivale, sur l’emigration, sur l’Obamacare et meme la scène internationale (on peut se calmer à Bruxelles et à Damas, et déchanter en Russie et en Israel); concernant l’économie, je ne sais pas encore, on verra; mais rien ne m’étonnera, ou plutot un accord avec les promesses électorales constituerait une véritable révolution venant de la part du président élu et roi du kitsch, pseudo représentant du peuple durant sa campagne et néanmoins milliardaire entouré d’autres richissimes (oligarques quoiqu’américians et pas russes). Son gouvernement sera le plus riche de l’histoire: 35 millards de dollards!
N’ayez pas peur donc, ni de Trump (il n’en restera que le triomphe provisoire du kitsch), ni de Marine, ni de Fillon, ni, ailleurs, de Lieberman par exemple… Aucun d’eux ne fera ce qu’il a dit. Read my lips. La raison a deux ennemis: la pensée unique et la « pensée ensemble », celle qui nous fait nous convaincre en tant que groupe sans laisser les faits nous embrouiller et pénétrer la bulle.

Faut pas rever non plus. Pensez à Alexis Tsipras et à son revirement spectaculaire Ou à Ariel Sharon, qui avait coutume de dire: les choses qu’on voit d’ici, on ne les voit pas de là- bas. Ou encore à Yitzhak Shamir qui disait: j’ai promis mais je n’ai pas promis de tenir ma promesse.
A la fin, c’est toujours et encore la real politik, ou que ce que nous voulons considérer comme real politik. Plus importante que les idées, authentiques ou pas, fondées ou pas, de la campagne.

JS

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