Le débat du 18 février 2018, animé par Daniel-Philippe de Sudres : « Peut-on, doit-on séparer l’oeuvre de l’artiste ? »
Posted on 15th février 2018 by Gunter in Uncategorized
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Claude-Pol says:
l’œuvre est la production globale de l’artiste qui met plusieurs décennies à la produire. Elle est le produit d’une réflexion, d’un long murissement intérieur. Et il s’y est consacré souvent entièrement et y a mis soi-même, son être et même son « âme ». Elle est le geste même de celui qui la produit, l’artiste.
D’évidence on ne peut séparer l’œuvre de l’artiste. C’est pourquoi nous sommes naturellement intéressé par l’artiste, sa vie, sa pensée, ses influences.
Ceci est renforcé par le fait que l’artiste émerge dans la modernité et qu’il suit l’émancipation de l’individu. Il est l’individu même dans sa souveraineté, dans toute la puissance de sa singularité qu’il exprime absolument.
Et qu’est-ce que l’artiste? c’est d’abord une personne individuelle dotée d’une intention : produire des formes que les tiers regarderont avec curiosité pour en saisir le contenu, la signification. Cette personne est comme tout-un-chacun, avec ses dimensions multiples : pulsionnelle, sociale, affective, politique, historique, etc…
Pour certains elle nous même à l’universel, le beau notamment, notion désormais relativisée, le sens de l’être; car elle postule pour atteindre le grand nombre. Elle serait donc un révélateur de soi, et par la contemplation individuelle.
Cependant elle est toujours datée et expose un temps, celui de la puissance de l’Eglise, puis du Prince et enfin dans la société moderne de l’individu émancipé. L’artiste est donc de plus en plus là, toujours et plus encore valorisé, et sans transcendance classique.
En littérature parler de soi est devenu l’évidence : l’autobiographie est souvent perçue comme une nécessité car le réel de la vie, sa vie donc, est plus fort et imaginatif que la fiction; et ça a commencé avec Villon, Montaigne. On peut citer Rousseau, Baudelaire, Stendhall, Hugo, Kerouac,Céline…Car dans la littérature il y a le temps, et plus encore les mœurs et l’interaction d’un être avec le monde.
L’art de notre temps développe donc un centrement sur soi, sur le banal de la vie, et un narcissisme. Ce qui est beaucoup plus récent pour les arts plastiques. Jusque dans les années soixantes règnent encore les avant-gardes. C’est le destin de la société et de l’humanité qui est le sujet. De grandes ambitions donc. Mais Andy Warholl le dit : tout le monde sera célèbre 1/4 d’heures. C’est la fin du grand artiste puisque tout le monde le sera un peu. Et c’est la vie de tout-un-chacun qui en serait l’œuvre. On le perçoit à travers beaucoup de performances qui relate la vie quotidienne. Jeff Koons se marie avec la Ciciolina et expose leur relation érotisée. L’écrasement de la perspective est atteint avec Sophie Calle qui expose à Beaubourg avec le film de la mort de sa mère et de sa rupture amoureuse avec photographie de la chambre d’hôtel…
Même si l’œuvre intéresse au-delà de l’artiste, et c’est pour cela qu’elle nous concerne, elle est datée comme le reflet directe d’un temps et d’un lieu, de sa mentalité; et aussi d’une personne précise. Elle est un tout, et par là indétachable de l’artiste lui-même appartenant pleinement à son époque. C’est pourquoi nous sommes toujours intéressé par ses condition de productions, historique, politique, sociale, technique mais aussi par la vie de l’artiste, pour sa partie la plus noble comme la plus triviale.
Claude-Pol
15th février 2018 at 11 h 56 min
Zub says:
On pouvait bien faire ce qu’on voulait…mais il semblait beaucoup plus profitable de pousser le dialogue avec l’auteur à travers sa vie, sous réserve du respect dû au vivant, que de se cantonner à sa seule vision, au niveau du seul monde des objets.
15th février 2018 at 19 h 11 min
Zub says:
On savat ou croyait savoir le processus créatif fragile : protéger la personne de l’artiste, c’était aussi protéger le processus créatif…la fouletitude de ses admiraturs potentiels…et le marché de l’art, tant que vivait l’artiste : l’artiste mort, s’arrêtait tout processus de création, tout danger pour l’artiste : ne restait de vivant que la meute des curieux dont la seule chance de guérison était peut-être la vérité.
Ne pas ouvrir les armoires des morts était aussi laisser la porte grande ouverte à toutes sortes d’escrocs.
On pouvait aussi penser que ce que chacun laissait derrière lui, c’est ce qu’il n’avait pas voulu emporter dans le tombeau.
Au « respect de la vie privée » fallait-il excepté les artistes « engagés » qui vivaient à l’opposé de tout ce qu’ils prétendaient faire ou être : on ne pouvait pas laisser dire et faire n’importe quoi, exemple : on ne pouvait se faire le chantre officiel de la fidélité conjugale sans y sacrifier soi-même : si c’était trop dur, il fallait dire !
15th février 2018 at 18 h 56 min
Zub says:
Une approche plus formaliste consistait à prétendre qu’on ne pouvait faire commerce de son propre corps, de sa propre vie : un artiste-peintre ne pouvait vendre que des pâtes, de la toile et du cadre : ce n’est qu’une fois mort, qu’on commençait à pouvoir dire qu’il avait vendu des morceaux de vie, sa main et son oeil à des gens qui en avaient peu ou pas.
15th février 2018 at 19 h 18 min