Donald TRUMP existe-t-il? Donald et autres trumperies

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Posted on 1st décembre 2016 by Gunter in Textes |Tribunes

par Joseph STRICH

En classe de philosophie, c’était la question classique: le monde extérieur (ou Dieu) existe-t-il? Tout dépend de notre perception, répondait-on (Berkeley: etre c’est etre perçu). Car il n’existe pas assurément, nécessairement, tel que notre imaginaire (catégorique, dixit Kant) nous l’a fait concevoir. Autre variante du sujet: le soleil se lèvera-t-il demain? Oui certes, (car) nous avons l’habitude. Et si pour une fois c’était non?
Ainsi des dernières élections américaines. Et des primaires de la droite et du centre françaises. Aux Etats-Unis il y avait disaient les spécialistes jusqu’à 95 pc de chances qu’Hillary Clinton l’emporte. Et en France, jusqu’à deux semaines avant le premier tour, Alain Juppé était le favori (comme Nicolas Sarkozy avant lui) au détriment de François Fillon, le grand vainqueur surprise du scrutin.
La victoire de Mme Clinton, nous en étions tous quasi certains. Ignorant qu’il est toujours possible que (telle une épee de Damoclès)… faisant fi des accidents, des jeux du hasard et de la nécessité. C’était un souhait tout autant qu’un pseudo savoir. Comme nous croyions connaitre auparavant le résultat du référendum britannique qui devait etre un non catégorique au brexit.
Et nous étions convaincus encore d’autre chose: qu’obligatoirement l’élu appliquerait son programme, si ce n’est à la lettre, du moins dans l’esprit, qu’il serait fidèle à ses électeurs, qu’il tiendrait ses promesses de campagne. Comme si, ou que ce soit de par le monde, il y avait un rapport de causalité absolue entre ce qui est dit et qui est fait.
En fait on vote pour un bonhomme, pour ce qu’il apparait etre à un moment donné, pour son paraitre et pas pour son faire; le programme électoral, tout le monde s’en fout, à commencer par le candidat lui-meme, c’est comme de la pub, des bobards.
Le site Atlantico: « pourquoi les gens qui se demandent si on peut etre élu sans raconter n’importe quoi passent totalement à coté de la question… les candidats populistes aux propositions mensongères (Trump, Fillon, et tous les autres) et les candidats dits raisonnables (Clinton, Juppé, etc), cultivent tous un discours qui parait tout autant mensonger… »
Donald Trump lui-meme n’a cessé de le répéter avant le scrutin: je peux dire (et faire) n’importe quoi, ça passe.
Et malgré cela, « on prend presque les memes et on recommence » (Jean-Michel Aphatie). A preuve: les électeurs de droite, qui ne voulaient qu’une chose, virer Sarko, ont réussi, mais dans la foulée, ils ont viré Juppé, pour mettre à leur tete Fillon, le collaborateur historique de Sarkozy, qui leur apparait soudain plus gentil, malgré son impossible programme.
Sera-t-il intronisé président de la République au printemps ou justement sa candidature permettra-t-elle à Hollande, ou un autre socialiste, de revenir sur le devant de la scène, et meme à Marine Le Pen d’avoir de l’espoir?
Ce qui est certain, c’est qu’aucun élu ne pourra ni ne voudra vraiment appliquer son programme. Détrumpez vous, et n’ayez pas peur: déjà en Amérique, le Républicain est revenu sur bon nombre de ses propositions: sur sa rivale, sur l’emigration, sur l’Obamacare et meme la scène internationale (on peut se calmer à Bruxelles et à Damas, et déchanter en Russie et en Israel); concernant l’économie, je ne sais pas encore, on verra; mais rien ne m’étonnera, ou plutot un accord avec les promesses électorales constituerait une véritable révolution venant de la part du président élu et roi du kitsch, pseudo représentant du peuple durant sa campagne et néanmoins milliardaire entouré d’autres richissimes (oligarques quoiqu’américians et pas russes). Son gouvernement sera le plus riche de l’histoire: 35 millards de dollards!
N’ayez pas peur donc, ni de Trump (il n’en restera que le triomphe provisoire du kitsch), ni de Marine, ni de Fillon, ni, ailleurs, de Lieberman par exemple… Aucun d’eux ne fera ce qu’il a dit. Read my lips. La raison a deux ennemis: la pensée unique et la « pensée ensemble », celle qui nous fait nous convaincre en tant que groupe sans laisser les faits nous embrouiller et pénétrer la bulle.

Faut pas rever non plus. Pensez à Alexis Tsipras et à son revirement spectaculaire Ou à Ariel Sharon, qui avait coutume de dire: les choses qu’on voit d’ici, on ne les voit pas de là- bas. Ou encore à Yitzhak Shamir qui disait: j’ai promis mais je n’ai pas promis de tenir ma promesse.
A la fin, c’est toujours et encore la real politik, ou que ce que nous voulons considérer comme real politik. Plus importante que les idées, authentiques ou pas, fondées ou pas, de la campagne.

JS

Shimon Peres

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Posted on 10th octobre 2016 by Gunter in Textes

Shimon’ Pérès’, ____
* – « Je ne suis rien … je ne serai jamais rien …
je ne peux Vouloir être … rien … À part ça,
je porte’, en moi, tous Les rêves … du monde », Fernando Pessoa, 
toute … ma foi, Au monde,
* – « Pour ce qui est de L’Avenir, il ne s’Agit pas de Le prévoir,
mais de Le rendre possible », Saint’- Exupéry, A – venir … La Palestine … cible … pour voir,
* – un’ éternel Adolescent, qui rêvait d’être’…
« un berger’ et un poète … des’ étoiles … »
« Je n’ en suis qu’au début … » dit’- il, Avant de naître’…
À L’efflorescence … de L’Accessible’ étoile,
* – Le rêve … d’ Israël, Le Mendès’ d’ Israël, – plus’ + Le pan militaire,
- plus’ + L’Attrait du pouvoir,
Voire … Le trop – plein … plus’ + que Le Vide’… À pourvoir,
en paix, Là, Ad’ patres’, de La « promise … terre »,
du travail de La « terre, promise’ », À La « promise … terre »,
travailliste, de La terre, travailliste, planétaire’,
À double face’, opportuniste … face … triste’…
opportunité politique … du Pouvoir … finalement centriste’,
un père’, un frère … fondateur, un bâtisseur, et, d’Amont en’ Aval,
une … force … mentale’, une … force … morale’,
éthique’, et, Amicale’, et une … pierre’ À L’édifice … fragile … comme … du cristal,
pierre … fondamentale, pierre … philosophale,
Colombe … de La paix,
en pierre’ et – paix … en guerre’& paix, refroidi … Le glas sonne’ !,
__en Voiture … Shimon’ !,
comme … Molière’… il sera comme … mort sur scène,
L’espace – temps … de guerre’ & paix, Le temps d’entrer, sortir de scène,
La main À Ismaël, Les – paix … de Damoclès’, intime’, univers – sel … de La terre … Pérès’,
Pérès’ = « Aigle » … « Faucon »,
devenu « Colombe » … de La paix, « il faut qu’on » …
réussisse … Le partage’- une terre … pour deux peuples’… israélien & palestinien,
un jour … Le Lien … qui Vient …
* – Mendès’- Pérès’, France’- Israël, unis – vers – celle, La paix’… Ailée, en – racines’-
et … « Aigle’ À deux têtes », Pérès’,
paix & sécurité, – en sécurité, et, en paix -, Ad’ honores’, Israël – Palestine,
* – Le rêve’ israélien, « Nouveau Proche’- Orient »,
en deux’ États’, en Lien, israélien, palestinien, Le Lien Liant’, Aux Liés, souriant … __/_
* – Pérès’, Mendès’, Les, deux, premiers, pionniers, de L’ échange’- et – dialogue’, entre …__
deux’ Adversaires, entre …
deux partenaires, de La paix, deux’ États, une … terre’, en L’état, terre … de Palestine,
Les’ Ailes … d’ Israël, en Palestine, racines,
d’illusion en Vision, de « faucon » en « colombe’ », de La paix, en « prière’ »,
« Appel d’urgence’ », en Christ’, du berceau À La tombe, de L’ombre’ À La Lumière,
de pessimiste’ en’ optimiste, « Le pessimiste … c’est’… un’ optimiste … qui Voit clair »,
Henri Alleg’, Au cœur de La nuit, L’éclair …
« optimistes, ou pessimistes, nous finirons tous’ par mourir,
Alors, permettez-moi d’être’ optimiste’ ! », À en pleurer’, en rire’,
en rester’ utopiste, humble … Lucide, Shimon’ Pérès’, « La Lucidité est La blessure …
La plus rapprochée du soleil » … René Char … de L’état … de blessure’…
À L’état … de Veille … permanente … d’ État … du Levant, du soleil, Le – Vent …
en paix d’ Emmanuel, en’ Esprit, de sagesse,
parmi nous’, immortel, Au milieu de nous’, Avec’ nous, humaine, tendresse’,
À Laquelle se mêle … Le fond de tristesse, puisqu’il dit « je Verrai La paix, de mon Vivant » …
Le dernier des croyants … de La paix des Vaillants !, Au pays du Levant,
si optimiste … trop !, jamais trop !, notre … conscience’ Aux’ Ailes’… Le – Vent …
d’une’ exigence, Pérès’,
exemplaire … homme … d’ État … de Paix, Pérès’,
faite … fête’, Avec’ son’, historique’, ennemi, intérieur, son rival,
Ytzhak Rabin’, At’ home’, extérieur, Aux frontières,
La Palestine’, At’ home’, et, d’Amont en’ Aval,
L’Esprit de … L’âme’- à – tiers,
Pérès’- Rabin’, c’est Mendès’ France – Mythe’- errant …
du Pouvoir, où L’un s’en Lèche … Les babines … L’Autre … s’en ronge’ Les sangs …
Israël – Palestine, ____
Les racines … Les’ Ailes, ____
À Israël, rendues, racines, ____
et, À La Palestine’, À rendre … Les’ Ailes … ____
Longue … marche, page’ À page, ____
fou … Pas – sage … mais – sage’… ____
À La résolution, ____
et, À La solution, ____
d’ État, sur cette … terre, ____
deux’ États, une … terre’, ____
Aux grand cœur, grandes’… Ailes, repose’ en paix, Shimon’ !, Au pays du Levant …
du pays du Levant … Aux pays du couchant, Aux pays du Ponant … ton’ esprit est Vivant !
Vendémiaire’ 2016, __/_
_____Saule’ pleureur, rieur saule,
__Nécro – Spiritual,
* – Codicille’ Au testament de Shimon’ Pérès’,
Voire … codicille’ Au testament de Mendès’,
Shimon’ Pérès’
Avait ses’ entrées chez Mendès’,
À Paris, rue du Conseiller – Collignon, et … dans L’Union européenne … pour L’Europe …
du Proche’- Orient, qui Achoppe … s’Achoppe,
* – Nouveau Proche’- Orient, en’ Esprit incarné,
Acharné, chevronné, déchaîné, et, déterminé,
enraciné, inné, Acquis’, et, obstiné, et, passionné,
À façonner’, À … raisonner, qui Vient, qui naît, re – naît …
* – Israël – Palestine’, en’ Abyme … creuset,
de notre’ humanité, creusée, humanisée …
Humaine’, en creux’- et … À – vide … plénitude …
d’enseignement’… À – prendre … com – prendre’… À L’étude’,
À Livre’- et … des – livres’- et … À re – cueillir, Talmud’,
Occident’- Orient, Proche’- Orient, Nord – Sud’,
* – Creuset en terre, promise’, où se mêlent … se fondent’
deux civilisations, d’humaine … communion,
un melting’- pot’… en – brassée … com – pris … comme’- union …
entre … deux peuples … ré – unis’, entre … deux mondes,
Comme’- un … Aboutissement’, Accomplissement,
comme’- une … quête … suscitée, et, Aboutie,
recherchée, et, res’… suscitée, et, Accomplie,
comme’- un … commun … chemin, croisé, humainement,
Comme’- une … Voie, commune’, À La croisée, chemins,
« déchirante’ et comblante » * … deux Versants, montant …
Vers Le même … L’unique … sommet, de L’humain,
en cahotant, somme … d’éternité … instants …
Symbole’, en concertant’, en créant, résistant, Au Vent’ en’ emporte … Le temps …
qui … A – le – temps … L’Esprit … Souffle’… A – le – temps …
* – Palestine’- Israël, creuset d’humanité, « intime’, universelle … convivialité » *,
humaine, humanité, ce sera « L’humanité de L’humanité »,
Edgar Morin, L’Art du terrain, « Humanité, ce beau nom, ce beau don, féeminin,
singulier, des’ êtres’… À Lier, du couchant’ Au Levant,
femmes’… hommes’… enfants, des peuples’… Au pluriel, êtres, humains,
pluri – Ailes, En Vol d’humanité » *, _____* Jean Cardonnel, J C , G R,

Nouvelles reflexions (philosophiques ?) autour de l’Euro 2016, par Pierre Mille

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Posted on 25th juillet 2016 by Gunter in Divers |Textes

Commentant un des matches de l’Euro 2016, Daniel Riollo disait sur BFM TV d’Antoine Griezmann qu’il était un « anti-héros » et un « Gavroche ». Selon lui, au départ on n’a pas voulu en France de « Grizou », car chétif, vulnérable, de corpulence moyenne et banal, tel un Messi, ne correspondant pas au profil souhaité.
Mais il s’est avéré de match en match que Griezmann incarne plus que tout autre actuel tricolore l’esprit français : force de la faiblesse, candeur dans le combat, intelligence créatrice, engagement sans faille, ressources intérieures transcendant les limitations physiques du corps.
L’autre nouvelle star française, Olivier Girou, est plutôt de type anglo saxon, d’une puissance physique toute américaine: son tatouage, sa coupe de cheveux, sa barbe, dénotent d’une préoccupation narcissique typique des canons de l’économie libérale. Giroud a perdu son essence française dans sa personnalité, son apparence. Il pourrait être de n’importe quel pays européen, surtout nordique, et on l’aurait facilement confondu durant la compétition avec des joueurs islandais, irlandais, gallois, suédois, etc.
Il y a entre Giroud et Cristiano Ronaldo une correspondance pour ce qui est de l’impératif de performance, la discipline, la rigueur dans le travail, la recherche de l’excellence personnelle, mais chez le Portugais, ces qualités viennent d’un héritage culturel et social, voire traditionnel, tandis que chez le remplaçant de Benzema, cette éthique provient plus d’une conformité au système libéral, d’où une perte de son authenticité nationale et culturelle. Ronaldo est moins agressif dans sa représentation publique, il équilibre héritage personnel et image publique cosmopolite.
Lionel Messi quant à lui incarne le premier de la classe, un ultra performant mais dénué d’âme, symbole de l’élitisme utilitariste post-moderne type GOOGLE, APPLE (performances et créativité exceptionnelles mais au sein d’un ordre déshumanisant). Manquant de personnalité, il pourrait être apatride.
L’Argentin est le symbole du totalitarisme de la performance qui ne se préoccupe que des sujets qui renforcent la puissance du système leur conférant privilèges, renommée et pour les meilleurs, un statut factice de génie.
Au contraire, Griezmann, parce qu’il n’en avait pas les atouts physiques au départ, est l’incarnation de la performance sur une base plus démocratique, dans le cadre de laquelle chaque élève de la classe, même le plus médiocre, peut avoir accès à l’expression de son génie propre. Griezmann est le self made man parti de rien et arrivé au sommet, qui ne compromet pas son intégrité et son authenticité, mais en impose par sa valeur propre. C’est l’authentique génie ou tout du moins, le génie à la française, tel Napoléon.
Karim Benzema est lui l’expression de la jeunesse française issue de parents immigrés et influencée par l’antiracisme des années 80, celui-là même qui est toujours porteur d’un fort ressentiment à l’encontre de la société française. Ce ressentiment l’exclut de l’unité du groupe. Les contraintes individualistes du sport de haut niveau renforcent ce sentiment d’exclusion mais en le présentant comme un atout individuel et non un obstacle à la cohésion et à l’efficacité d’un groupe.
L’équipe de France de football, les Bleus, étant plus grande que la simple somme des individualités qui la constituent (a contrario du Brésil à certaines époques), les joueurs -aussi talentueux soient-ils- qui ne se fondent pas dans cette unité handicapent plus qu’ils ne contribuent à l’excellence du groupe.
Le joueur d’origine algérienne incarne une fracture sociale et la tentation communautariste, un modèle social aux antipodes du modèle français républicain.
Une fois l’unité des esprits retrouvées au sein du groupe, la France peut s’élever au rang des meilleurs. Sans cette unité, elle est condamnée à errer.

Pourquoi Deschamps -t-il pu réussir là où Blanc avait échoué ? Le départ de Blanc du PSG avec une rémunération exorbitante indique que ce dernier est un membre privilégié du système économique qui récompense ses bons élèves. Il ne pouvait donc retrouver les valeurs d’unité et le lien social français au sein de son groupe de joueurs et a maintenu des éléments communautaristes tels que Benzema et Ribéry.
Deschamps, plus ou moins inconsciemment, garde ces valeur-là ancrées profondément en lui. C’est autour de lui que les événements se sont produits pour retrouver une « vraie » équipe de France, en tout cas une équipe qui corresponde au modèle français de vie en commun (auto-destruction de Benzema, blessure de Ribéry).
Son insistance pour conserver Evra, leader du vestiaire, titulaire prouve que, pour lui, la cohérence du groupe, et donc l’unité, est supérieure à l’efficacité individuelle pour espérer réussir.
C’est l’énergie globale du groupe qui est privilègiée et non l’association de prodiges techniques.

(Avec J.S.)

Le besoin de croire

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Posted on 1st juin 2015 by Gunter in Textes

Le besoin de croire … Marcel Francen’, ____
en scène …
Le neveu … de notre … belge … « converti », Victor Francen’,
Auteur, et comédien, Acteur, metteur en scène,
crédible’, en nos’ Annales … cinématographiques’… et théâtrales … de France’- scènes …
réparties, on Le retrouve … dans … Le Chemin de Damas’,
La « conversion » de Paul … qui y croit … c’est Christmas’ !,
de La révélation, La fidélisation, « fidèle’ rebelle », « belle’ et rebelle », (J C*), saine’…
prestation, Merry Christmas’ !
… Mary Marquet, sa femme’, en face, …* ____
besoin de croire … soin de se fier, d’Adhérer’, Appel d’urgence’… Au sens’…
de La Vie, du Vivant, sens’- direction, sens’- signification,
du chemin, Vrai, À ouvrir, découvrir, inventer’, en’ Avant … de prise de conscience’…
en – prise … de confiance, du doute … mise … remise’ en question(s) …
Au croire, La croyance …
La foi, incertitude’, inconviction,
risque … de croire’, où l’on grandit, L’on croît … – croire’… que … tout’ A un sens’,
- croire’… À La Valeur supérieure … de La Vie,
- croire’… en … Les Valeurs … supérieures … de La Vie,
La direction, La signification,
Le sens’… de proche’ en proche’, Approche’, Accroche’, Adéquation …
sujet – objet, et, cause’- effet rétribution,
Au bout du chemin … cru, Le donné, par surcroît … de L’interprétation …
À La transformation, d’intuition fondamentale’… en foi … qui croît … qui grandit, s’Agrandit … qui prend sa Vie en mains, « c’est’ ici Le chemin », de sa Vie, création,
œuvre – sublimation, contingence – nécessité, croire’- Authenticité, croire … ce que L’on dit,
dire … ce que L’on pense, faire … ce que L’on dit, faire … ce que L’on pense’, être …
ce que L’on fait, naître’…
À ce que L’on’ est … À notre … conversion, À notre … création, qu’Appelle-t-on « croire » … croyance … Va savoir !, sans s’en Laisser’ Accroire … peut’- on ne pas croire ?,
La manière … de croire’… importe … plus’ que ce … que L’on peut’ ou doit croire’,
Avec’ philosophie … « Où L’homme … cesse’ de connaître’, il commence’ À croire », Nietzsche … La naissance … de La philosophie, en bonne … réflexion …
renvoyée … en miroir, note’… de bord … À La diable,
« Ceux qui ont’, eux-mêmes, tout cru, pensent … tout croyable »,
Guy Debord, Cette … mauvaise … réputation, opposées’ Au savoir, L’intuition,
et La foi, y Adhérer’, et croire’, À une’ idée, fondamentale, que L’on conçoit,
concevoir, et y croire’, en conscience’, en confiance’, en ce chemin de croix’,
en ce … À quoi L’on croit,
« ce que je crois » … ma foi !,
de nature’ en culture … d’inné en’ Acquis …
Le besoin de croire … prendre … Le soin de croire’, À qui ? … __/ 1
Au monde’, À L’Autre’, À soi, Au monde’ Autre … ma foi, humain chemin … Histoire …
de La Vie, du monde’- humanité, Chemin de « La Passion … de [ notre’] humanité »,
(JC*), et pas’ une’ histoire … belge … La grande’ Histoire, besoin de croire …
croire’ Au soin … de La confiance, manque … désir … en – vie … de Vérité,
croyance’, soif et faim, exigence’, « Appel d’urgence’» … Au sens’… de La fidélité,
« rebelle, fidélité », (JC*), Vraie, crédibilité, La, Vraie, fiabilité,
Le soin … de se confier,
Le besoin … de se fier, *
Le besoin de croire … non en quelque chose’, en quelque … cause’, en quelqu’un,
mais Le besoin de croire’… quelqu’un,
comme … Le Christ’, en croix’, et que L’on croit,
Avec’ qui L’on grandit, s’Accroît, Avec’ Lequel on croît …
en chœur, et en soliste, « solitaire, solidaire », (VH), Voire, spiritualiste, harmoniste, humaniste, Voire’, utopiste … réaliste, Voire’, humoriste’, …
ils L’ont bien … cru – s’y – fier ! Et – c’est … « ce que je crois »,
c’est La foi, édifiée, foi … transformée, ma foi !,
un service’…
eh – dis – fils’ !, *
« Si Le Christ’ n’est pas passé, entré, dans L’Histoire,
L’Histoire’ n’A Aucun sens’», « notoire », Ernest’ Renan,
« qui fait co – naître » … L’ « Être’- Étant » passé, présent, et, À naître …Venant,
pensé, dit, Agi … d’énergie … L’âme’- agit, réfléchi(e) … en miroir,
en reflet, est – sens’… du Fils de L’Homme’,
Au féeminin, Fille de L’Homme,
Humanité (J C*), Le sens’, de notre Lien, d’humanité, c’est La philosophie,
de notre, humain, défi, maintenant’ et ici,
mais non, mais non … mais si ! *
Le besoin de croire … pas’ un’ état, d’esprit,
une marche – démarche’, En – Vie – Vent … Sous – Le – Vent … La Vie, Souffle … L’Esprit,
croire … moyen et fin, but’, objectif, finalité,
Le Lien, humain, Aux radicales’… Ailes … Lien … Lien de cordialité,
Le Lien d’humanité, « Lien d’Amour d’Amitié »
(JC*), « [ Vingt fois, sur L’Amitié,
remettons notre’ ouvrage’] », (NB),
en commun, en partage !, comme’- un … besoin de foi, soin d’ épreuve … de foi,
comme … d’épreuve … d’Amour … de même … que d’Aimer sans preuve’…
est, bien, L’épreuve … de L’Amour, croire … sans preuve … c’est L’épreuve … de La foi, « belle’ et rebelle » … foi, « fidèle’ rebelle … foi », J C, et – c’est … dans L’épreuve …
que L’on fait ses preuves … de L’Amour … transformé,
et de La foi … d’Aimer, besoin, désir, en – vie – vent … de croire, sous – le – vent …
du couchant’ Au Levant … La Vie, L’Amour, La mort, Le « Vent …
de Liberté [ chérie ] qui ne sera jamais sous La terre » – J C*, Souffle – besoin d’Aimer … / 2
Vent de L’Esprit d’Aimer, Maille’- à … maille … fiançailles, ____
Maille’- à … maille’, épousailles,
Avec’ La Parole’ en’ Acte … révélé(e) …
Le réel … rêve’- Ailé, un – pacte’, et – c’est … bien … Le besoin de croire … transformé,
À – vide … plénitude’, une … sollicitude, une … nécessité,
d’illusion en Vision … de La réalité,
que L’on’ identifie …
Au réel, À déVoiler’, Auquel on se fie,
Le besoin de croire’, en L’infini, un – fini … pas’ une … foi,
comme’- une … foi … * … mais’…
« Il était’ une … foi … *
La mienne », Raymond Devos’,
un belge … « converti », encore’ un, on se gausse,
de ses crises … de foi,
… deux fois,
foie … que L’on peut palper’, et L’autre … foi,
L’impalpable … mal À ses fois …
À ses … deux fois,
bien des fois …
Autre fois …
mais, jamais’, Aux … deux fois …
À … La fois …
quoique … Là … pour La première … fois …
il Venait de souffrir … des deux fois …
À La fois …
de ce foie -
ci … et … de cette … foi -
Là … émoi …
et – moi … et – moi …
ma foi !,
en toute … bonne … foi,
toute … mauvaise … foi ! *
France’- scène … mise’ en scène, non ! … La commune … foi,
Là, suscitée, et, re s’- suscitée … La grâce … de La foi,
« déchirant’ et comblant », Le chemin … de La foi …
chemin de « La Passion, de [ notre’ ] humanité »,
J C, Pente – côte’… Ascension, en – cordée … d’unité,
« Mai 68’- de L’insurrection … À La résurrection » (JC*), pas ce qu’on’ Appelle … La foi …
du charbonnier, La foi de s’harmonier, La foi de communier’,
ensemble, humanité, fidélisée, cristallisée,
harmonisée, réalisée, finalisée, humanisée,
« intime’, universelle convivialité » (JC*- GR), soif et faim d’une fin, pacifiée, unifiée … / 3
La Passion de Passer ____
Le témoin des – vents – gilles,
je ne fais que passer,
faim d’une fin, ci-Gîlles * 4, serviteur … Avocat,
* Gilles Roca,
Au Chantefable … délocalisé … Au Métro, Le 30’ mai, pas’ une … fable … chantée, ____
Le chant d’une … Vraie … nécessité, * ____ * changement d’ère,
* Jean Cardonnel, J C, cordial,
* Prairial,
* 2015, G R,

Comment faire vivre la philosophie dans la cité ? (Gunter Gorhan)

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Posted on 8th juillet 2014 by Gunter in Textes

Comment faire vivre la philosophie dans la cité ?

« Tout ce qui ne se régénère pas dégénère »
Edgar Morin

Comme je m’ennuyais en tant qu’enseignant de droit à l’université Paris I et que j’avais beaucoup de temps libre, j’ai continué mes études, d’abord en philosophie puis en psychologie clinique. Arrive mai 68, je m’engage à fond, croyant avec beaucoup d’autres que « tout est politique ». La déception due à l’échec politique de mai 68, a provoqué des dépressions, voire des suicides. Elle m’a fait allonger, comme bien d’autres, sur le divan du psychanalyste, car tout était devenu psychologique !

Automne 1992: je tombe par hasard sur le tout récent café-philo des Phares où animait son fondateur Marc Sautet, et j’ai compris alors que mai 68 avait été en fait un gigantesque café-philo, à l’échelle de tout un pays… J’avais retrouvé plus de 20 ans après, sous la bienveillante « direction » de Sautet, l’ambiance de mai 68. A propos de « direction ». A un journaliste qui lui demandait: « vous aimez bien diriger, n’est-ce pas ? », Marc répondit: « oui, mais comme chef d’orchestre », sous-entendu, comme quelqu’un dont la tâche consiste à mettre en valeur les musiciens. Il était très content lorsque quelqu’un en savait plus en histoire de la philosophie que lui-même ou lorsqu’on le critiquait, puisqu’on n’apprend que de ses contradicteurs.
Mai 68 ressuscité dans un café signifie que les mêmes questions y étaient – et sont toujours – posées, qui peuvent toutes se résumer ainsi : « qu’est-ce que vivre vraiment ? », question à la fois psychologique et politique, c’est-à-dire philosophique.
La philosophie n’articule-t-elle pas le souci pour le « tout » (la société, le collectif, le monde) avec celui du singulier (individu, sujet, âme), autrement dit le politique et le psychologique ?
« …les cafés-philo sont des microcosmes de la république. On y participe non pas pour subir un examen ni même pour apprendre, mais pour tenter, avec d’autres bonnes volontés, d’arracher le maximum de sens aux absurdités et aux brutalités du monde. N’est-ce pas là, après tout, la définition même de l’activité philosophique ? » (Christian Godin) Et aussi : « n’importe quelle interrogation, même naïve, n’importe quelle réponse, même naïve, surtout naïve, peut avoir un sens, une dimension philosophique… Que les gens philosophent dans les cafés-philo, ne signifie pas qu’ils soient des philosophes comme Descartes, mais qu’ils sont capables de se poser les mêmes questions que lui. » (id.)
Socrate était à la fois philosophe et psychothérapeute, voire précurseur des psychanalystes; en tout cas c’est ainsi qu’Alain Badiou l’interprète dans sa République de Platon. Lacan – « je ne suis qu’un sujet supposé savoir » – et Socrate – « je sais que je ne sais rien » – revendiquent l’ignorance comme fondement de leur savoir « thérapeutique », de leur maïeutique. (l’art d’accoucher)…

Il s’agit donc de faire vivre la philosophie, comme il s’agit de faire vivre l’histoire et la culture en général; trop souvent l’une et les autres sont académisées, statufiées, tuées!
Il n’y a que la vie qui m’intéresse : « Celui qui a pensée ce qui est le plus profond, aime ce qui est le plus vivant » (Hölderlin).
Mais de quelle vie s’agit-il ?
Non pas, bien sûr, de la vie biologique, mais de la vie spirituelle, étant entendu que l’on ne peut séparer – on peut et il est pertinent de les distinguer – le corps de l’esprit.

Comme cause de la diffusion de la philosophie dans la cité, c’est un lieu commun que de noter la perte de l’adhésion aux idéologies, que celles-ci soient religieuses ou politiques, perte ayant pour effet une désorientation générale. C’est tout à fait exact, mais il convient d’ajouter qu’une idéologie inédite dans l’histoire a émergé qui avance « masquée », qui est fondée sur le déni, qui ne dit pas son nom : l’idéologie de l’absence de toute idéologie selon laquelle les faits en tant que tels, sans avoir besoin d’être interprétés, peuvent et doivent servir de guide pour l’action, de boussole.
Les réalistes, les factologues, veulent nous faire croire qu’ils sont simplement pragmatiques, purs de tout jugement de valeur, de toute idéologie, obéissants seulement aux faits, cf. le fameux TINA de Madame Thatcher : « There is no alternative », « Il n’y a pas d’alternative », alors qu’en réalité ils servent l’idéologie hyperlibérale.
Les lieux de la philosophie dans la cité, en dehors des cafés-philo exportés dans le monde entier : centres culturels, théâtres, cinémas, foyers pour jeunes travailleurs, prisons, maisons de retraite, clubs de troisième âge, hôpitaux psychiatriques, entreprises, etc. Un ami, prof de philo, lance des sujets de réflexion quand il fait la queue quelque part (guichets, magasins), et un animateur provoquait, il y a quelques années, des débats-philo dans le métro parisien…

Je propose quatre parties :

1.Quelques affirmations de ma part – d’où je parle, c’est-à-dire mes convictions et ma seule certitude.
2.Ensuite, la parole est à vous, je me tairai pendant un certain temps, j’écouterai vos objections, commentaires, questions, etc…
3.Je répondrai le mieux possible, je préfère le sur-mesure aux cours magistraux.
4.Un échange entre nous, comme dans un café philo; je ne serai plus qu’un « primus inter pares », un participant avec un rôle un peu particulier, mais surtout pas un « expert ès vérités »!

I) Ma certitude et mes convictions:

1) Ma (seule) certitude :

Vivre c’est croitre, spirituellement au sens indiqué ci-dessus. Nous croissons physiquement jusqu’à la fin de la puberté et, si tout se passe bien, nous continuons alors à croitre spirituellement. C’est la philosophie, telle que définie par Kant, qui en est le moteur puisque sa fonction, sa finalité est selon Kant « l’élargissement de l’âme », autre nom pour la croissance spirituelle. Merleau – Ponty en est proche : la philosophie consiste à réapprendre à voir, étant entendu que « voir » aux yeux de Merleau – Ponty signifie tous nos sens, le percevoir et le sentir en général. Il faut réapprendre car notre éducation, notre socialisation, a largement émoussé, voire détruit notre sensibilité. Bernard Stiegler a sous-titré l’un de ses livres : « La catastrophe du sensible » (De la misère symbolique). Nous observons la résultat de cet émoussement des sens et de la sensibilité un peu partout : la musique est de plus en plus forte, les mets de plus en plus épicés, les films violents, la pub spectaculaire, le « jeux sexuels » excitants; lorsque la réceptivité s’émousse il faut augmenter les stimuli…
Spinoza est ambigu: le conatus hésite entre la simple auto-conservation et l’augmentation de la puissance, de la vitalité joyeuse. Selon Pascal, « l’homme passe infiniment l’homme ». Dante invoque le « trasumanare » (transcender l’humain). Et pour Alain Badiou c’est l’infini qui constitue l’homme.
Plutôt que de croissance, il s’agit d’une véritable métamorphose, d’une conversion, d’une renaissance grâce à une philosophie vivante :
« Car cet ébranlement des consciences, qui peut faire vaciller la cité dans la folie, rend à la philosophie sa vocation première : celle de la recherche de la vérité en commun. C’est sans doute pour cette raison que son exercice s’accompagne d’une visible jubilation. Oui, de jubilation ! Du moins est-ce ce que je peux observer depuis que j’exerce mon activité…C’est un plaisir très particulier, mais à l’évidence, intense, qui fait ressembler [les participants] à des rescapés; ils semblent sortir d’un coma. La source de leur plaisir doit s’approcher du sentiment qu’éprouve celui  qui se rend compte qu’il est encore en vie, qu’il a échappé à la mort. Il y a là un bonheur simple : celui d’exister après avoir frôlé le pire, et de le savoir. D’où, je soupçonne, la gratitude qu’on manifeste envers ma manière de pratiquer la philosophie » (Marc Sautet Un café pour Socrate », p. 121).
Nous sommes tous, que nous le sachions ou pas, comme des chenilles désireux et capables de devenir des papillons, des bourgeons de devenir des fleurs…
D’ailleurs, contrairement à une croyance très répandue, la maïeutique (l’art d’accoucher) de Socrate, ne consiste pas à accoucher autrui de ses idées seulement, mais de lui-même, du papillon ou de la fleur en gestation en chacun. C’est pour cela (cf. ci-dessus) qu’Alain Badiou rapproche Socrate du psychanalyste, accoucheur « spirituel » contemporain.
Le dernier Michel Foucault, sous influence de Pierre Hadot, chargeait la « vraie » philosophie, qu’il nommait « spiritualité », de la tâche de convertir la personne entière à la vérité (cf. L’herméneutique du sujet).
Pour Marcel Gauchet, une mutation anthropologique, une métamorphose des hommes, est devenue une condition de survie de l’espèce…

2) Mes convictions :

Überzeugen » (convaincre) signifie en allemand : trouver de meilleurs témoins. Je  me laisse « überzeugen » par celui qui trouve des meilleurs « arguments » au sens le plus large possible. Ils peuvent consister en exemples, expériences, images, métaphores, voire associations, etc. Par définition, je peux changer de conviction et je ne demande que cela si je vis vraiment ma certitude au lieu seulement de la penser abstraitement, à savoir que vivre c’est croître et c’est en changeant de convictions qu’on a une chance de le faire vraiment, de croitre.
a) L’animateur ne peut être neutre, il n’est pas en position de surplomb. Toute reformulation, apparemment neutre, « objective », est en réalité une prise de partie forcément subjective : on ne peut tout reformuler, on fait un tri, on résume, on dit avec d’autres mots.
En plus, tout animateur « formate » son public qui s’adapte (inconsciemment) à sa façon de faire, à ses préférences, rejets, susceptibilités, etc. C’est pourquoi le nombre d’animateurs au Café des Phares est passé de quatre à une quinzaine et nous cherchons à l’augmenter encore – en dehors du bénéfice que le plus de caféphilistes possibles deviennent cor-responsables de l’animation.
Le même formatage s’observe en psychanalyse : les Freudiens, Jungiens, Lacaniens, Winnicottiens, etc., ont des analysants freudiens, jungiens, lacaniens, etc…
b) Je n’ai pas de méthode au sens propre du mot, tel que (la plus répandue) : Problématiser, Conceptualiser, Argumenter. Je m’inspire de Wittgenstein qui compare la réflexion philosophique à un voyage : on arrive dans une ville dont on n’a pas la carte, on erre et peu à peu un relief se dégage : le centre, les grands axes, les différents quartiers, etc.
« La stérilité menace tout travail qui ne cesse de proclamer sa volonté de méthode » (R. Barthes), et aussi  « caminante, no hay camino, se hace camino al andar », en français: « Marcheur, il n’y a pas de chemin, le chemin se construit en marchant » (Antonio Machado).
Au sens très large, il s’agit peut-être d’une méthode ou plutôt d’un style, à savoir concevoir l’échange de réflexions comme un échantillon de la vie, comme un reflet de la vie pour laquelle nous ne possédons ni méthode ni mode d’emploi. Les recettes de bonheur philosophiques proposées ici et là ne marchent pas, pour une raison simple : le bonheur vient de surcroît, s’il est visé directement, on peut être sûr de le rater comme on n’arrive pas non plus à s’endormir par volonté.
Il faut improviser, au café-philo comme dans la vie, avec un seul critère/repère : devenir plus vivants, c’est-à -dire croitre, devenir plus créateurs individuellement et collectivement, le verbe latin « crescere » signifiant à la fois croitre et créer…
c) Bien que souvent réclamé, je m’oppose aux définitions préalables et ceci pour trois raisons: – ne pas imposer une seule définition. Aucune ambiguïté lorsque je demande « passe-moi le sel ! » ou  »quelle heure est-il ? » En revanche, lorsqu’il s’agit  de la réalité symbolique chacun parle sa propre langue formée par toute son histoire, son environnement, etc. Pour ne citer qu’un seul exemple : Pour Saint Augustin, l’amour est ce qui est le plus important, et pour Céline c’est ce qui met la transcendance à la portée des caniches. J’observe les mêmes incompréhensions lorsque l’échange tourne autour de notions comme la liberté, la démocratie, la vérité, etc.
Que nous parlions tous notre propre langue et que nous devions nous traduire les uns les autres est une découverte importante des caféphilistes. C’est encore Wittgenstein qui a eu cette intuition lorsqu’il a conseillé : »don’t ask for the meaning, ask for the use ! » « Ne demande pas le sens d’un mot mais son usage », c’est beaucoup plus concret, plus facile à comprendre et à traduire qu’une abstraction.
Ainsi, chaque échange réflexif est une aventure sémantique, une création de sens, une conceptualisation vivante et non pas un jeu de meccano avec des concepts figés, au fond exsangues et morts.
Hegel est toujours invoqué à tort par ceux qui exigent « la rigueur des concepts », lui-même ne connaissait que le travail et la patience du concept. Autrement dit, la conceptualisation, la mise en mouvement, la vivification de la langue philosophique où conceptualisation et poétisation deviennent pratiquement indistinguables.
Le poète tout comme le philosophe ou plutôt philo-philosophe ( amoureux/ami de la philosophie que nous sommes tous) tente de porter au langage l’indicible; ils sont tous les deux dans une « Sprachnot », une « détresse langagière », les mots pour le dire leur manquent.
Nous savons également que les « concepts » étaient et sont toujours à l’origine des métaphores : l’idée platonicienne correspond au gabarit, au modèle dont se sert l’artisan (le modèle, le dessin d’une table, d’un vêtement, à fabriquer), la psyché correspond au dernier souffle du mourant, le rhizome deleuzien s’oppose à l’arbre de la métaphysique cartésienne… Dans nos échanges réflexifs nous faisons vivre la langue philosophique, nous ne nous contentons pas de l’utiliser comme on utilise les billets de banque usés qu’on échange sans même les regarder, examiner…
d) La différence capitale, fondatrice, entre exactitude et vérité : la philosophie n’a rien à dire au sujet de l’exactitude qui est de la compétence exclusive des sciences dites justement « exactes » et non pas « vraies ». Comme le français, d’ailleurs, l’anglais et l’allemand distinguent la vérité et l’exactitude (richtig et wahr, right et true). « Deux et deux font quatre » est exact (right, richtig) et non pas vrai (true, wahr).
Une métaphore: si la France représente la réalité, la science représente alors la carte qui est purement descriptive, elle ne nous dit pas dans quelle direction il faut aller. C’est la boussole – au sens figuré de direction de vie, de sens choisis –, chacun ayant la sienne, qui représente dans cette métaphore la philosophie (à côté de l’art et de la religion, selon Hegel) . Autrement dit, il est impossible de déduire ni d’induire de ce qui est, constaté par la science, ce qui « doit » être, ce qui serait bien qu’il soit.
Encore Wittgenstein, non seulement philosophe mais aussi logicien et scientifique : « et même si la science répondait à toutes les questions qu’elle se pose, celle du sens de la vie ne serait même pas effleurée ». Et Einstein : « Il est scientifiquement indécidable si le monde mérite d’être détruit ou pas ». Autrement dit, vouloir répondre aux questions que pose la vie par la science équivaudrait à vouloir écrire un roman avec un tourne-vis !
L’histoire de la philosophie, contrairement à la philosophie vivante dans la cité, est une expertise, elle ne relève pas de la vérité. Nous l’illustrons par une métaphore : au Louvre sont exposés les grands maîtres – correspondant aux deux ou trois philosophes par siècle – , les guides du musée sont les profs de philo qui expliquent les influences, conflits, enjeux de l’histoire de la philosophie, et nous, les caféphilistes, somme les peintres amateurs, les philo-philosophes qui faisons de la philosophie : « que les gens philosophent dans les cafés-philo, cela ne signifie pas qu’ils soient des philosophes comme Descartes, mais cela signifie qu’ils sont capables de se poser les mêmes questions que lui » (Ch. Godin, cité ci-dessus).

e) Mais qu’est-ce donc que la vérité ? Elle est subjective et elle est à faire, à mettre en œuvre. Qu’elle est subjective signifie que personne ne peut s’arroger une autorité dans ce domaine – contrairement à la science et à l’histoire de la philosophie. C’est le sens du « Je sais que ne sais pas (la vérité de l’autre)  » de Socrate.
La vérité s’exprime plutôt sous forme adjective : « la vraie vie est ailleurs » (Rimbaud) et « la vie, la vraie vie enfin retrouvée » (Proust). Alain Badiou a identifié 4 processus de vérité (à faire, à réaliser), déclenchés par un événement faisant effraction dans une vie répétitive, pas vraiment vivante…

f) L’animateur doit s’intéresser autant aux personnes qu’aux idées que celles-ci expriment.
Il s’agit de créer une atmosphère plutôt chaleureuse, désinhibitante, propice à l’échange; un certain nombre de caféphilistes sont intimidés, anxieux de parler en public. Les Grecs appelaient cette façon de philosopher « symphilosophein », philosopher ensemble, au lieu de philosopher les uns contre les autres et permettre ainsi aux idées exprimées de s’enchaîner par stimulation mutuelle : « ce que tu viens dire me fait penser à… », plutôt que de se livrer à un combat d’arguments.
Comment créer une telle atmosphère propice aux échanges sans que l’animateur s’intéresse authentiquement aux singularités incarnées ? Difficile de faire semblant…
Je préfère d’ailleurs le terme de « méditation philosophique » avec des silences féconds qui permettent de se concentrer, à « débat philosophique », puisqu’on ne se bat pas au café- philo.
L’animateur qui ne s’intéresse qu’aux idées et non pas aussi aux subjectivités qui les expriment pratiquerait une maïeutique au forceps, donc totalement contre-productive : il n’accoucherait les caféphilistes que de ses « idées/bébés » à lui-même; il est vrai que le Socrate de Platon procède parfois de cette façon brutale, à l’opposé du Socrate-psychanalyste d’Alain Badiou. Autrement dit, comment aider à accoucher l’autre non divisable entre idées abstraites et vécu concret sans être le plus attentif possible à sa personne, à sa subjectivité ?
Cet intérêt pour l’autre n’est donc pas une exigence formelle, morale, mais une condition du surgissement même d’une vérité au cours d’un partage de réflexions, de méditation philosophique. D’ailleurs, l’animateur n’apprend lui-même de ses animations, et il me paraît important qu’il en apprenne, que s’il s’intéresse aussi aux personnes, à leur manière singulière et forcément inédite de « conceptualiser », de faire vivre la langue philosophique.

g) La méditation philosophique au café ou ailleurs est différent d’une conférence philosophique; il ne s’agit pas de les opposer, au contraire (cf. ci-dessus la métaphore du Louvre) : plus on philosophe soi-même plus on est apte et désireux d’écouter et de lire les maîtres, leurs disciples et leurs porte-parole. Je sais à la fin d’une conférence si elle était féconde pour moi, si mon « caddy spirituel » est resté vide, rempli de « camelote » ou de choses précieuses…
Le café-philo, la « méditation philosophique », quelque soit son lieu, est bien différent : il ne vise pas à remplir d’idées et de pensées philosophiques, il vise à faire penser; il n’est que la partie visible de l’ »iceberg ». L’essentiel se joue après qu’il soit terminé : si j’y pense encore des jours, semaines, mois, voire années après, c’était un bon échange, sinon (je n’y pense plus le lendemain) c’était mauvais. La méditation philosophique c’est comme le cinéma; on ne peut savoir, lorsque l’écran s’éteint, s’il le film était bon ou pas, il l’est seulement si j’y pense encore des jours, semaines, etc. après.

h) Pour finir, la question principale quant à l’animation d’un lieu de la philosophie dans la cité me semble être : quelle est la finalité prioritaire de toute cette aventure? Aménager des structures ou rouvrir la Source ? De quoi souffrons-nous de plus aujourd’hui ? D’un manque de cohérence, de rigueur, de logique, de maîtrise dans nos raisonnements, ou d’un manque d’inspiration ? Manquons-nous de cadres ou d’énergie vitale ? Sommes-nous menacés par le chaos dionysiaque ou par une grande fatigue existentielle qui cherche surtout sécurité, santé et propreté, à se protéger de la vie ? Sommes-nous menacés par la bête en nous ou par le robot ? Hölderlin : « Ce qui coûtait aux Grecs c’était de s’élever au-dessus de l’existence terre-à-terre. Ce qui nous coûte c’est de revenir au monde d’ici-bas. » Et Nietzsche-Zarathoustra s’adressant au dernier homme : « vous avez encore assez de chaos en vous pour accoucher d’une étoile qui danse ! » L’équilibre entre Apollon, le dieu des formes, des structures, et Dionysos, le dieu de l’énergie vitale, a été rompu au détriment du dernier,
Il est possible voire probable que la philosophie pour enfants qui connaît un grand succès soit mieux inspirée par l’aménagement de structures : méthode, cohérence, logique, que par une philosophie plus poétique, inspirée, à contre-courant des façons de penser trop structurées, désireuses de structures et de maîtrise…Mais concernant les adultes ? Ceux d’aujourd’hui ?
La façon d’animer correspond à la personnalité de l’animateur : « la philosophie qu’on a dépend du type d’homme qu’on est » (J.C. Fichte, grand philosophe idéaliste allemand entre Kant et Hegel); est-il possible que l’animateur « joue sur les deux tableaux » et qu’il anime en fonction des participants : « apollinien » quand il le faut et « dionysiaque » quand c’est nécessaire ? Insister sur, promouvoir, à tour de rôles, les structures de la pensée ou « l’énergie spirituelle » (H. Bergson), la source vitale (Nietzsche) ?
La philosophie dans la cité devrait être aussi le lieu où l’animateur évolue, croît, devient vraiment ou davantage vivant, et où il apprend à se décaler sur ce qu’il n’est pas afin d’articuler, tisser les deux, Apollon et Dionysos, montrant ainsi par l’exemple que vivre c’est croître et qu’il philosophe, au fond, « pour sauver sa peau et son âme » (A. Comte-Sponville).

Gunter Gorhan, juin 2014

La question du travail (Jo Strich)

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Posted on 8th juillet 2014 by Gunter in Textes

La question du travail. Diner-philo, chez Odile Chiroix
par Joseph (Jo) STRICH

Le travail libérateur-vivifère, ou aliénant-mortifère? Un débat diner-philo, après les gouters-philo pour enfants/ados, une nouvelle formule, à l’initiative d’Odile Chiroix et Gérard Renard, qui ont reçu récemment chez eux, place d’Italie, autour d’un repas chaleureux et délicieux tout à la fois (pour en revenir à une tradition ancienne?), une douzaine de participants et quelques intervenants, dont l’écrivain Claude Berger, qui vient de publier chez l’éditeur Max Chalel (également présent) un essai critique sur le système salarial (En finir avec le salariat/vers une société de partage), et Gérard Foucher, auteur d’un livre sur la monnaie.
Une monnaie qui est  »un outil politique (d’oppression) avant d’être un outil économique », et qu’ « il faut changer … pour changer le monde », nous dit en substance Gérard Foucher, qui conclura en ces termes (prémonitaires d’une nouvelle Révolution Française?): « on est à un stade où on est capable de reprendre notre autonomie, nous sommes en train de vivre la trasition ».
Une préoccupation et une aspiration communes à toute l’assitance et à Claude Berger, pour qui la  crise du capitalisme que nous traversons est en fait une crise du salariat, une crise non conjoncturelle mais structurelle, et l’utopie est de croire à la perennité paisible du système actuel, qui a inventé la précarité et le chômage de masse, pour répondre à l’extention des revendications salariales (« le système n’arrive plus à enrégimenter la masse des candidats au travail salarial »)..
Car, dit-il, le travail salarié, le travail marchandise concurrentielle, n’a rien de naturel, c’est une invention datant de la fin du 14 è siècle, et comme tel, il est voué à disparaître, comme avant lui l’esclavagisme et le servage (Marx: « le capital et la salariat sont liés l’un à l’autre et disparaitront ensemble; il est donc absurde de parler de capitalisme sans salariat », in « les fondements de la critique de l’économie politique »).
Berger oppose à la « mythologie progessiste », (la question de l’abolition du salariat dans l’oeuvre de Marx a été censurée par la gauche), qui prône tout le contraire d’une véritable association entre travailleurs, de nouvelles solidarités, telles qu’elles ont été expérimentées, pas toujours avec succès il est vrai, dans les kibboutz en Israël ou durant les trois années de révolution libertaire en Espagne (1936-1939). Des modèles certes, mais attention au salariat d’Etat, qui est un salariat privé en pire. L’exemple à suivre aujourd’hui est plutôt celui des kibboutz urbains, et, en France, d’autres formes coopératives de production, qui vont dans le bon sens.
« Il ya une nécessité d’affirmer l’objectif de la fin du salariat contre les idées de la gauche et des syndicalistes, qui n’ont qu’une revendication: la recherche de l’emploi à tout prix, pour des produits dont on n’a pas forcément besoin », me dira lors d’une interview après le débat Claude Berger, qui cite comme exemple l’idéologie de la voiture pour tous.
Quelques remarques pertinentes de G. G. avant le débat y ont été rapportées, sur la problématique du travail, qui détruit aujourd’hui les métiers des classes moyennes après avoir dépouillé, avec l’industrialisation, les paysans et artisans de leur savoir-faire.Suppression de toute subjectivité/créativité, du sens du travail, devenu un job, un moyen de subsister, et non plus de se réaliser.
Et bien sûr l’incontournable Hegel en la matière avec sa théorie du maître et de l’esclave, le seigneur et son valet: le valet  l’emporte finalement sur le seigneur qui, devenu dépendant de son valet, se laisse servir par lui,  lui qui a acquis  connaissance et  maîtrise du réel par son travail (cf. le film « the Servant »).
Nous ne nous sommes pas limités à une description sociologique, psychologique, anthropologique, du travail, nous n’avons pas parlé des travaux publics, de ceux des champs, artistiques ou scolaires, ni des salles d’accouchement dites de travail ou des working girls, à peine du travail sur soi. Mais nous avons commencé à explorer, timidement je l’avoue, les possibilités d’épanouissement par le travail, après en avoir ciblé les formes aliénantes: la division, la consommation et les loisirs devenus l’objectif ultime du travail, sa fin. Sans omettre de citer la bible: Adam et Eve condamnés à vivre à la sueur de leur front (=travailler) (le travail vient etymologiquement de tripalium, instrument de torture), travailler Dieu (=prier) en opposition au « travail étranger » (idôlatrie), et l’hébreu: avoda (travail), et eved (esclave).
S’il a duré près de 4 heures, le débât a laissé tout le monde sur sa faim, car quel immense dossier est-ce! Que de travail encore!

Après le débat aux Phares

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Posted on 11th octobre 2013 by Gunter in Textes

Elke says:

Du coq castré à la puissance virile…..
L’alchimie du café philo fait que d’un sujet qui nous irrite, on passe à la compréhension d’un monde qui divise mais qui s’articule autour d’une Loi qu’on veut ignorer mais qui nous tient. L’envie de sortir du monde binaire de ceux qui sont pour et ceux qui sont contre vers un monde ou l’union se crée autour de l’appel de la vie à soi-même. Au terme du débat de ce dimanche, je chante la gloire de la Loi. Non celle qui divise, mais celle qui unit l’éternel féminin au masculin tout aussi éternel. Qui fait que dans l’espace créateur de l’homme et de la femme peut jaillir la vie qu’on cherchera à protéger envers et malgré tout. Pas les petites lois d’une législature qui veut tirer sa puissance de l’illusion de pouvoir nier la différence, mais la Loi.Celle qui supporte les grandes civilisations de l’humanité, qui pu donner naissance au travail culturel de l’homme nous permettant à présent d’explorer les limites de l’univers. Ce n’est pas Greenspan, coq castré qui se décore de plumes factices, l’argent, qui a raison, mais Abraham qui monte la montagne, prêt à donner son propre fils (et non le fils des autres) pour assurer l’avenir. Fonder l’avenir sur notre propre courage, et non sur le courage des autres. Voilà, au terme de ce débat, un brin d’espoir de pouvoir s’appuyer sur des références culturelles plus fiables que celles de Coca Cola et Loft Story. C’était sur le trottoir, dans l’après-coup de la séance. Lors de ses petits moments magiques du café philo ou le sens se fait présence.

Philosophie et psychanalyse (Gilles Roca).

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Posted on 26th septembre 2013 by Gunter in Textes

Philosophie et Psychanalyse,

problématique, philosophique’, Analyse … puis conceptualisation,
Le désir, Le courage … de La Vérité, Lien, de L’inter’- Action,
reliée, juste’, en beauté … entre Les deux’, un … pacte’,
un, réciproque’, impact’,
en Lien, Au monde’, À L’Autre’, À soi, À changer, transformer, ma foi !, des … pensées, d’énergie,
Vie pensée, Vie Agie, et … des Vivres … pour Vivre’, inconscient, un … conscient, L’âme’- agit …
fait des ponts, passerelles, intimes, universels, et fenêtres …
portails, mutuelles … semailles, Accoucher, corps-esprit, processus’ de travail,
mieux pensé, mieux compris, un double … gouvernail …
philosopher’, Analyser, se délivrer, se Libérer, naître …
pour se réaliser’, et puis, s’en Libérer … PsychoPhilosophie,
des racines’… Aux’ Ailes, un, singulier, pluriel, qui s’imbrique’, entre-mêle’, un … personnel défi …
se distancier, de soi, se rapprocher, de soi, finalité, « [ Lucidité, blessure ... La plus rapprochée
de son soleil ] » … René Char … Le – Vent du Souffle … déclenché …
de L’Esprit, En-Vie-Vent … de pessimisme’, Acté, optimiste … clarté,
une’, érotique’, éthique, quête … de soi,
en Lien, en devenir, qui Vient, d’ inné … À-qui ? … À soi,
qui … naît, en solidarité, et en cohérence … complémentarité,
La raison pour moyen, La sagesse pour fin,
monde’- éveil, citoyen, de L’éveil, soif et faim …
« mal-a-dit … Le docteur » ( Vincent Roca ), bien … A dit Le penseur, et Le Lien est Là – quand … L’éveil est’ éloquent,
« médecine de L’Âme’», une’ Approche de L’homme … qui en co-naît … sens’,
y croît … re-connaît … sens’,
déconstruit,
reconstruit …

Gilles Roca, sur d’Ardentes braises,

Cas-fée-Philo, Gunter’,
Au Bon Pêcheur,

Fructidor, 15 septembre 2013,
Philosophie, Psychanalyse … ses fruits d’or

Le Phare

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Posted on 1st août 2012 by Gunter in Dialogues |Textes

Et l’un qui lape sa soupe à l’oignon en dégustant du concept, et l’autre qui s’embrouille quelque peu entre les affres d’une vie personnelle et l’analyse d’un énoncé, et deux qui engagent une joute sur d’incertaines prémisses, et l’une ou l’un qui soigne au micro les effets de sa voix, et l’un qui nous fait part de son malaise théorique à un moment de la disputation, et l’autre qui dénie le statut de « philosophique » à ce qu’il subit depuis une heure, et un autre qui administre le coup de grâce en décrétant dix minutes avant que ne soit close la réunion que le sujet n’a pas été traité, et un autre encore qui se répand en considérations absconses tout en scandant qu’il faut être concret – et sa péroraison à cet instant est plus que jamais hors de la portée de notre fragile entendement ; et cet autre tellement heureux de ses traits d’esprit, voguant dans le plaisir, et qui rit tout seul face à l’auditoire rigoureusement muet ; et celui-là, animateur indispensable du débat, roi incertain d’un matin, dans le bruit du café, et qui s’évertue louablement à dégager la signification de ce qui vient d’être articulé. Bonne chance !

Mais aussi les souffles de complicité avec telle voisine d’un matin, passagère éphémère dans votre vie, ou bien la référence partagée avec un vieux routier de l’institution ; et tout cela au rythme du personnel dévoué apportant le café noir ou blanchi, puis récupérant les tasses vides en belle prestesse malgré les encombrements de la population « philosophique » distribuée dans le territoire assigné.

Mais aussi le joli moment offert par le subtil poète de service.

Mais enfin la manne qui nourrit quand le phare s’allume au bonheur de la phrase entendue qui alerte, suscitant la mise en doute de nos meilleures certitudes.

Dimanche 6 mai 2012

Jean-François BLAVIN, poète, nouvelliste.

Le tâcheron et le saltimbanque

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Posted on 29th juillet 2010 by Gunter in Textes

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J’ai été déconnecté pendant une semaine, d’où mon silence obstiné…

C’est une très, très bonne idée de relire mon article « Le politique aux Phares » ; déjà à l’époque j’avais demandé à mes critiques de me signaler les passages injurieux, agressifs, etc. Aucune réponse.

Cette fois-ci, car les mêmes critiques reprennent, je propose une invitation à prendre un pot ensemble (nous pouvons être plusieurs) à tous ceux qui dénicheront ces passages….

En fait, il ne s’agissait pas du tout de cela mais d’autre chose : j’ai appris à l’époque – je n’avais participé à la création du site – que les animateurs ne devaient pas se critiquer entre eux.

Pour quelle raison ? Sont-ils d’une autre essence que les participants, quel serait l’inconvénient si la critique n’est pas personnelle mais porte sur des idées, des propos émis (y compris par l’animateur) ?

C’est une des raisons pour lesquelles nous avons crée un autre site (philo-paris.com). Les animateurs n’y occupent pas une place à part.

Nous nous critiquons entre nous (nous sommes quatre pour le moment à nous occuper du site), je ne suis pas toujours d’accord avec Carlos et je ne le suis pas non plus avec quelques formules excessives de Crémilde mises sur les deux sites ; mais qui peut être sûr de toujours passer sans difficultés du reflexe à la réflexion ?

Une autre raison de créer un deuxième site était de permettre à Carlos à continuer à écrire ses comptes-rendus, mais comme il retourne souvent dans son pays, ils ne sont pas systématiques. Nous accueillons toutes les bonnes volontés.

Une troisième raison : il n’y a aucun tri préalable, aucune censure autre que la loi française (pas d’apologie du racisme, du crime, pas de diffamation, etc.). Comment faire autrement ? Qui serait juge (neutre, objectif, savant), par exemple, de la pertinence philosophique d’une contribution ? Sommes-nous à l’école ou à l’Université ? Il ne faut pas confondre l’histoire de la philosophie, qui s’enseigne et qui est une expertise, et la philosophie vivante, en acte qui ne s’enseigne pas.

Une dernière raison : nous n’avons pas de ligne éditoriale ou rédactionnelle, c’est très informel, nous ne nous prenons pas tant au sérieux…

Autrement dit, les échanges sur notre site correspondent, à peu près, au « plan d’immanence » (G. Deleuze) ou exprimé par métaphore : nous sommes entrés dans une époque où ce n’est plus le verbe qui doit se faire chair (la vérité descend d’en haut, d’une autorité quelconque, qui peut-être un animateur, un webmaster, un modérateur du site, etc.) mais la chair doit se faire verbe, la vérité doit venir d’en bas (de toutes les contributions).

Il n’y aura que la lucidité, l’intelligence, l’honnêteté, la perspicacité, l’intuition éthique des internautes qui pourront faire le tri. C’est un pari : l’excessif, le vide, le tordu, le non-fondé, le non-pertinent, la décharge pulsionnelle, la crispation narcissique, la manip perverse, etc. s’élimineront d’eux-mêmes, sombreront grâce aux qualités nécessairement supposées des Internautes. Après tout, ce n’est que l’application des Lumières à Internet : chacun doit trier par lui-même – dans le cadre, bien sûr, de la loi française.

La méthode au café philo ! Qu’est-ce qui vaut mieux ? Une méthode fixée d’avance ou celle de Wittgenstein qui compare une question philosophique à la découverte d’une ville dont on ne possède pas le plan : on commence par errer et peu à peu des lignes de force se détachent, une structure émerge qu’il s’agit alors d’approfondir et de vérifier. La méthode en philosophie et en général, est un objet de prédilection de la philosophie. Tout le monde connaît le discours sur la méthode de Descartes ; nous trouvons en face, si on peut dire, Gadamer (père de l’herméneutique) qui  a écrit « Vérité et (en réalité :ou) méthode, Feyerabend (très important philosophe des sciences, « Contre la méthode »), Barthes : « La stérilité menace tout travail qui ne cesse de proclamer sa volonté de méthode » et on pourrait continuer encore longtemps. L’essentiel est ailleurs : il y a deux façons légitimes de philosopher, l’une plutôt « scientifique » et l’autre plutôt « poétique ». Mais tout le monde veut avoir le beau rôle : les philosophes-« poètes » (la philosophie est avant tout une fête et une aventure) traitent les philosophes-« scientifiques » (rigoureux, précis, méthodiques, etc., la philosophie est avant tout un travail) ) de tâcherons et de laborieux et à l’inverse ces derniers traitent les philosophes plutôt d’artistes (la vérité n’est pas l’exactitude, elle est à faire, pas de méthode, même les associations sont bienvenues, ce qui est cherché ce sont des fulgurances plutôt que la construction collective, patiente, etc.) de saltimbanques, de fantaisistes, chaotiques, etc.

Les diagnostics plutôt pessimistes concernant « la philosophie dans la cité » (que j’ai pu lire sur les deux sites) ne sont guère justifiés. Des échanges philosophiques se développent partout (y compris dans les cafés en France et à l’étranger, mais aussi dans un grand nombre d’autres lieux), la réflexion théorique progresse : Un colloque dans le Sud-ouest sur les nouvelles pratiques philosophiques vient de se terminer, thème qui sera repris en novembre prochain lors des 11èmes rencontres à l’UNESCO.

Pour terminer, j’aurais, personnellement, depuis longtemps abandonné l’activité d’animateur d’échanges philo, s’il ne s’agissait que d’échanger des idées. Pour qu’un tel échange soit intéressant(pour moi !) il faut que je puisse écouter non pas les idées isolées du reste, à savoir des émotions, désirs, angoisses, gènes, expériences, « postures existentielles » singulières de chacun, bref, que je puisse entrer en contact avec tout un monde tout un univers ; les pensées coupées de leur sol existentiel me font en effet l’effet d’êtres faméliques, fantomatiques, blafardes, exsangues…

Olivier Rey nous a parlé de « Simone Weil et la science » le 19 juin au Café Léonard. En juin 2009 Olivier Rey à publié dans les « Cahiers Simone Weil » l’article ci-dessous.

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Posted on 23rd juin 2010 by Cremilde in Divers |Textes

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Cahiers Simone Weil , tome XXXII, n°2, juin 2009, p. 189-199.


Une science qui aimerait le monde

Olivier Rey

En la personne de Simone Weil, nous n’avons pas affaire à une philosophe qui penserait tantôt la religion, tantôt la « question sociale », tantôt l’art, etc. : chez elle, comme chez peut-être tout philosophe authentique, la pensée met en permanence en jeu le tout de la pensée. Il en résulte que l’attention portée à la science, dont l’œuvre de Simone Weil porte de nombreux témoignages, n’est pas une province séparable de l’ensemble de sa réflexion. Le souci de la science ne cesse, au contraire, d’adhérer à ses préoccupations fondamentales — qu’il s’agisse de concevoir une science participant de la spiritualité, au lieu de combattre celle-ci, ou de déplorer les égarements d’une science moderne complice du malheur de notre temps, du malheur moderne. Ce malheur que Péguy, dans Notre Jeunesse, donnait pour général :

Dans le monde moderne tout le monde souffre du mal moderne. Ceux qui font ceux que ça leur profite sont aussi malheureux, plus malheureux que nous. Tout le monde est malheureux dans le monde moderne[1].

Simone Weil était trop jeune pour approuver : elle n’avait alors, en juillet 1910, que dix-huit mois. Mais plus tard, elle sembla partager ce point de vue — et donnera au mal moderne le nom de déracinement. Au printemps 1941, dans une chronique consacrée à la littérature, elle prit soin en évoquant « le malheur du temps » de donner, comme Péguy, toute son ampleur à ce qu’elle désignait par ces termes :

Par là je n’entends pas seulement la défaite de la France ; le malheur de notre temps s’étend beaucoup plus loin. Il s’étend au monde entier, c’est-à-dire à l’Europe, à l’Amérique, et aux autres continents, pour autant que l’influence occidentale y a pénétré[2].

Indissociable de cette influence occidentale : la science, qui en a été un vecteur déterminant ; qui est devenue, comme Leo Strauss le dira plus tard, la colonne vertébrale de l’Occident. Simone Weil a fait ce constat :

On doute de tout en France, on ne respecte rien ; il y a des gens qui méprisent la religion, la patrie, l’État, les tribunaux, la propriété, l’art, enfin toutes choses ; mais leur mépris s’arrête devant la science. […] Par rapport au prestige de la science il n’y a pas aujourd’hui d’incroyants[3].

Et elle ajoute : « La science, avec la technique qui n’en est que l’application, est notre seul titre à être fiers des Occidentaux, des gens de race blanche, des modernes. » Ce faisant, Simone Weil ne veut pas dire que cette fierté tirée de la science et des techniques est légitime, ou que les Occidentaux ne pourraient pas s’enorgueillir d’autre chose : elle dit que dans les faits, la fierté occidentale — celle, par exemple, qui a présidé au colonialisme, à l’impérialisme militaire, économique, culturel —, a trouvé sa source essentielle dans la science et les techniques qui en sont issues. Le zèle missionnaire comme le combat des anticléricaux ne furent pas, selon elle, indépendants de ce fondement.

Un missionnaire qui persuade un Polynésien d’abandonner ses traditions ancestrales, si poétiques et si belles, sur la création du monde, pour celles de la Genèse, imprégnées d’une poésie très semblable, ce missionnaire puise sa force persuasive dans la conscience qu’il a de sa supériorité d’homme blanc, conscience fondée sur la science. […] Un instituteur de village qui se moque du curé, et dont l’attitude détourne les enfants d’aller à la messe, puise sa force persuasive dans la conscience qu’il a de sa supériorité d’homme moderne sur un dogme moyenâgeux, conscience fondée sur la science[4].

Pour Simone Weil, ce statut de la science moderne est usurpé. Pourquoi ? Un bref recours à Pascal nous aidera à le formuler. Dans l’abrégé placé en tête des Méditations métaphysiques, Descartes a cette expression : « l’esprit, ou l’âme de l’homme (ce que je ne distingue point)… » Indistinction qui fera sursauter Pascal. Pour ce dernier, il n’y a pas deux ordres — le corps et l’esprit —, mais trois : le corps, l’esprit et la charité. C’est au nom de cette distinction, entre l’esprit et la charité, qu’il considérera la condamnation de Galilée par l’Église comme malheureuse, car reposant sur une confusion des ordres. La science nouvelle mobilise l’esprit pour connaître les corps ; la religion, elle, doit être tournée vers la charité, et ne mobiliser l’esprit que dans cette direction. D’un côté, Pascal prône la liberté pour la philosophie naturelle, ainsi qu’on appelait ce qui aujourd’hui porte le nom de science. De l’autre, il n’accordait qu’une valeur minime à cette philosophie :

Descartes — Il faut dire en gros : « Cela se fait par figure et mouvement », car cela est vrai. Mais de dire quels, et composer la machine, cela est ridicule ; car cela est inutile, et incertain, et pénible. Et quand cela serait vrai, nous n’estimons pas que toute la philosophie vaille une heure de peine[5].

Simone Weil semble partager, dans une large mesure, ce jugement sur la science telle qu’elle s’est développée en Europe, à partir de la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle. Ainsi écrit-elle de la science classique, dans son essai inachevé La science et nous :

L’intérêt en est limité et même faible ; elle est terriblement monotone, et le principe une fois saisi, c’est-à-dire l’analogie entre les événements du monde et la forme la plus simple du travail humain, elle ne peut rien apporter de nouveau, si longtemps qu’elle accumule les découvertes. Ces découvertes ne donnent aucune valeur nouvelle au principe, elles tirent de lui toute leur valeur. Ou s’il prend par elles une plus grande valeur, c’est seulement autant qu’il est réellement saisi par l’esprit d’un homme au moment de la découverte, car l’acte par lequel un esprit se met soudain à lire la nécessité à travers des apparences est toujours admirable. […] En revanche rien n’est si morne, si désertique que l’accumulation des résultats de la science, dans les livres, à l’état de résidu mort. Une accumulation indéfinie d’ouvrages de physique classique n’est pas désirable[6].

Pour Simone Weil, la science moderne accumule des connaissances, mais n’apporte pas de vérités. Pour saisir la distinction très nette que Simone Weil opère entre connaissance et vérité, il est utile de se reporter à la distinction pascalienne entre esprit et âme, ou charité. On pourrait dire que la connaissance se rapporte à l’esprit (au sens de Pascal), la seconde à l’âme. Voici le critère que Simone Weil donne, pour décider si une connaissance a rapport ou non à la vérité.

L’acquisition d’une connaissance fait dans certains cas approcher de la vérité, mais dans d’autres cas n’en approche pas. Comment discerner les cas ? Si un homme surprend la femme qu’il aime et à qui il avait donné toute sa confiance en flagrant délit d’infidélité, il entre en contact brutal avec de la vérité. S’il apprend qu’une femme qu’il ne connaît pas, dont il entend pour la première fois le nom, dans une ville qu’il ne connaît pas davantage, a trompé son mari, cela ne change aucunement sa relation à la vérité. Cet exemple fournit la clef. L’acquisition des connaissances fait approcher de la vérité quand il s’agit de la connaissance de ce qu’on aime, et en aucun autre cas[7].

Or, remarque-t-elle :

Depuis la Renaissance — plus exactement, depuis la deuxième moitié de la Renaissance — la conception même de la science est celle d’une étude dont l’objet est placé hors du bien et du mal, surtout hors du bien, considéré sans aucune relation au bien. La science n’étudie que les faits comme tels, et les mathématiciens eux-mêmes regardent les relations mathématiques comme des faits de l’esprit. Les faits, la force, la matière, isolés, considérés en eux-mêmes, sans relation avec rien d’autre, il n’y a rien là qu’une pensée humaine puisse aimer[8].

Simone Weil semble ici répondre à ce qu’écrivait Poincaré dans un chapitre intitulé « La morale et la science »[9], sur l’homme de science rempli de l’amour de la vérité — « la passion qui l’inspire, c’est l’amour de la vérité… » Pour Simone Weil, les connaissances apportées par la science moderne sont en dehors de la vérité puisque, par principe même, la question morale est évacuée[10]. Horkheimer, dans Éclipse de la raison, a décrit le passage de ce qu’il appelle la raison objective à la raison subjective. Le rôle de la raison objective était de percevoir la véritable nature de la réalité et de déterminer, en conséquence, les principes directeurs d’un existence humaine, afin que celle-ci soit en accord avec l’ordre du monde. La raison subjective est une méthode que l’homme met en œuvre pour parvenir à ses fins. Des fins qui, par ailleurs, se décident en dehors de ladite raison. Tout ce que celle-ci peut faire, c’est mettre en garde et offrir ses services, transformer l’expression brute des passions, qui expose à maints dangers et déceptions, en poursuite avisée de l’intérêt, qui tient compte des contraintes et s’efforce de frayer la meilleure voie à travers ces contraintes. Une dichotomie radicale s’installe entre, d’une part, l’ordre des faits, de l’autre, l’ordre des valeurs — c’est la Is/Ought distinction établie par Hume dans le Traité de la nature humaine, la rupture logique entre les états de faits et les évaluations, les jugements factuel et les jugements moraux.

Simone Weil est toute entière tendue contre cette séparation entre les moyens et les fins. Elle rejette l’indifférence au bien et au mal à laquelle le scientifique moderne s’astreint, au nom de ce que celui-ci appelle la vérité, et qui n’est, au mieux, qu’une connaissance exacte. Cela étant, et il est essentiel de le noter, elle rejette aussi, symétriquement, l’attitude qui, au nom du bien, serait prête à faire le sacrifice de ce qui est.

Dostoïevski a commis le plus affreux blasphème quand il a dit : « Si le Christ n’est pas la vérité, je préfère être hors de la vérité avec le Christ. » Le Christ a dit : « Je suis la vérité. » Il a dit aussi qu’il était du pain, de la boisson ; mais il a dit : « Je suis le pain vrai, la boisson vraie », c’est-à-dire le pain qui est seulement de la vérité, la boisson qui est seulement de la vérité. Il faut le désirer d’abord comme vérité, ensuite seulement comme nourriture[11].

D’un côté, Simone Weil insiste donc sur la nécessité, pour toute pensée qui vaille, de demeurer en permanence habitée par la question morale — parce que « rien n’est si essentiel à la vie humaine, pour tous les hommes et à tous les instants, que le bien et le mal[12] ». C’est précisément parce que la science moderne se situe dans l’indifférence morale qu’elle se condamne au superficiel. Là est peut-être, note-t-elle au passage, la véritable explication de sa singularité dans l’espace et dans le temps :

Rien n’est plus étranger au bien que la science classique. […] On peut peut-être s’expliquer ainsi qu’en aucun temps et aucun lieu, sinon au cours des quatre derniers siècles dans la petite péninsule d’Europe et son prolongement américain, les hommes ne se soient donné la peine d’élaborer une science positive. Ils étaient plus désireux de saisir la complicité secrète de l’univers à l’égard du bien[13].

Simone Weil est aux antipodes de Renan, qui imaginait que science et sagesse allaient de pair. Croire que l’on peut mettre le bien et le mal entre parenthèses, le temps d’acquérir des connaissances que l’on fera ensuite servir au bien, est une erreur : ce que l’on aura appris, c’est l’indifférence morale, l’insensibilité aux questions fondamentales, l’inattention à ce qui importe vraiment. On ne peut s’empêcher de faire ici le rapprochement entre les propos de Simone Weil et ce que Husserl, homme de style pourtant très différent, écrivait à la même époque de la science :

Dans la détresse de notre vie — c’est ce que nous entendons partout — cette science n’a rien à nous dire. Les questions qu’elle exclut par principe sont précisément les questions qui sont les plus brûlantes à notre époque malheureuse pour une humanité abandonnée aux bouleversements du destin[14].

Plus loin :

Le concept positiviste de la science à notre époque est […], historiquement considéré, un concept résiduel. Il a laissé tomber toutes les questions que l’on avait incluses dans le concept de métaphysique, […] et parmi elles toutes ces questions que l’on appelle avec assez d’obscurité les questions « ultimes et les plus hautes[15].

D’un autre côté, aussi critique Simone Weil soit-elle avec la science moderne, elle ne rejette nullement, comme nombre de gens de lettres sont tentés de le faire, la science en tant que telle. Elle ne formule ses reproches que dans la mesure où elle imagine une autre science, qui ne serait pas seulement source de connaissance, mais de vérités. « La science enfle, l’amour édifie », disait saint Paul dans la première épître aux Corinthiens : Simone Weil pense, pour sa part, que la science peut édifier. À quelle condition ?

L’esprit de vérité peut résider dans la science à la condition que le mobile du savant soit l’amour de l’objet qui est la matière de son étude. Cet objet, c’est l’univers dans lequel nous vivons. Que peut-on aimer en lui, sinon sa beauté ? La vraie définition de la science, c’est qu’elle est l’étude de la beauté du monde[16].

En regard de la science moderne, Simone Weil fait l’apologie de la science grecque. Et on comprend pourquoi : la science grecque était la science d’un cosmos. C’est-à-dire, conformément au sens premier du mot cosmos, d’un tout harmonieux. Au sein d’un cosmos, par définition pourrait-on dire, faits et valeurs sont indissociables. (C’est en ce sens que Rémi Brague a pu parler, pour les Anciens, de « cosmos éthique » et d’« éthique cosmologique » : le ciel étoilé au-dessus de la tête et la loi morale dans le cœur ne sont pas alors simplement juxtaposés, comme dans la formule kantienne, mais constitutivement liés[17].) C’est parce que le monde des anciens Grecs était un cosmos que, comme le note justement Simone Weil, « au lieu du rapport entre le désir et les conditions de l’accomplissement la science grecque a pour objet le rapport entre l’ordre et les conditions de l’ordre[18] ».

De même que la science classique est essentiellement parente de la technique, de même la science grecque, quoique aussi rigoureuse ou plutôt davantage, quoique non moins appliquée à saisir partout des nécessités, est essentiellement parente de l’art et surtout de l’art grec.

La science grecque considère les mêmes conditions que la science classique, mais elle a égard à une aspiration tout autre, l’aspiration à contempler dans les apparences sensibles une image du bien[19].

On pourrait, ici, mettre en cause l’amalgame entre beau et bien. À ceci près que cet amalgame était courant dans la Grèce à laquelle Simone Weil se réfère. On pourrait aussi critiquer le lien entre beauté et vérité — Nietzsche n’a-t-il pas fait l’apologie de la beauté mensongère ? Il se pourrait, cependant, que ce qui importe le plus dans la beauté ne soit autre que la part de vérité que nécessairement elle comporte. Comme le dit Proust dans Contre Sainte-Beuve : « Il n’y a pas à proprement parler de beauté tout à fait mensongère, car le plaisir esthétique est précisément celui qui accompagne la découverte d’une vérité. » C’est la faculté à éprouver ensemble le bien, le beau et la vérité que Simone Weil célèbre chez les Grecs :

Hommes heureux, en qui l’amour, l’art et la science n’étaient que trois aspects à peine différents du même mouvement de l’âme vers le bien[20].

Elle ajoute : « Nous sommes misérables à côté d’eux. » Ce qui est bien possible. Et encore : « Pourtant ce qui fait leur grandeur est à portée de notre main. » Est-ce le cas ? La grandeur grecque, telle que Simone Weil l’entend, est-elle vraiment à portée de notre main ?

Nous nous heurtons, avec cette interrogation, à une question générale concernant la pensée de Simone Weil. Celle-ci n’ignore pas l’histoire, loin de là. Mais dans cette histoire, elle voit moins un processus qu’une succession, au sein de laquelle elle repère les manifestations d’un esprit indépendant du temps. De là ses rapprochements à travers les siècles et les cultures, entre Platon, les Védas, le Christ, ou entre les esprits purs qu’elle identifie à travers le temps[21]. De là, aussi, son marcionisme : Simone Weil rejette l’Ancien Testament, parce qu’elle n’y reconnaît pas la marque de l’Esprit saint. Mais pourquoi le Christ s’est-il manifesté à un moment particulier de l’histoire ? On ne peut le concevoir si on ne tient pas compte du chemin qui demandait à être préalablement parcouru pour que le Christ advienne. Chemin qui, dans sa nécessité, fait partie de la vérité.

Simone Weil adopte, vis-à-vis de la science, une attitude de même ordre : il ne s’agit plus, en l’occurrence, d’avoir le Nouveau Testament sans l’Ancien, mais la science grecque malgré ce qui advenu depuis. Or, est-ce possible ? On connaît les thèses de Thomas Kuhn, décrivant les révolutions scientifiques comme des changements de paradigmes qui rendent, une fois effectués, impossible l’accès à un état antérieur de la science : les anciens paradigmes, à l’aide desquels on devrait penser le monde, sont nécessairement interprétés à la lumière des nouveaux. Affirmation contestable au sein de la science moderne, où il ne semble pas que les révolutions relativiste et quantique aient interdit de penser dans un cadre newtonien. Il n’y aurait, finalement, qu’une seule révolution pour laquelle la thèse de Kuhn s’appliquerait vraiment : la super-révolution scientifique qui a consacré le passage de la science aristotélicienne à la science moderne[22]. Retrouver Aristote, ou renouer authentiquement avec telle ou telle expression de la science grecque, voilà qui n’est plus guère à notre portée. On dira que Simone Weil, elle, y parvient : peut-être. Mais sa position sera alors reçue non comme exprimant la vérité du monde, mais la façon dont elle, Simone Weil, appréhende le monde. Autrement dit, la façon qu’elle a de revendiquer une raison objective sera interprétée comme une manifestation de la raison subjective.

Remarquons toutefois qu’après la révolution moderne, d’autres révolutions peuvent survenir, et il n’est pas dit que le cadre de pensée de la science moderne soit définitif. L’une des raisons amenant une mutation serait l’épuisement du projet scientifique moderne, son incapacité à éclairer le monde comme il en avait l’ambition. D’une part, comme l’a souligné Simone Weil, par la mise à l’écart de la question humaine essentielle, celle du bien et du mal ; d’autre part, par un phénomène que Renan, en son temps, avait déjà perçu :

Un grand danger vient de l’accumulation indéfinie des données de la science dans le champ limité de l’esprit. Il est à craindre que le cerveau humain ne s’écrase sous son propre poids, et qu’il ne vienne un moment où son progrès même ne soit sa décadence[23].

Simone Weil a elle aussi identifié cette difficulté quand, à propos de la science contemporaine, elle écrivait : « Les clartés, en s’accumulant, font figure d’énigmes, à la manière d’un verre trop épais qui cesse d’être transparent[24]. » Mais au contraire de Renan, elle ne s’en alarmait pas. Elle y voyait plutôt un symptôme révélateur des insuffisances fondamentales de l’approche moderne, une invitation à changer la forme du savoir[25], une occasion de dissiper un malentendu : celui qui a installé en position dominante des disciplines — science, mais aussi littérature — impropres en elle-même à féconder la vie spirituelle et à orienter les hommes dans la vie. Pour autant, elle hésitait à se féliciter :

Aujourd’hui plusieurs signes semblent indiquer que dès maintenant cette usurpation des écrivains et des savants a pris fin, bien que les apparences se prolongent. Il faudrait s’en réjouir, s’il n’y avait lieu de craindre qu’ils ne soient remplacés par bien pire qu’eux[26].

Telle est bien là, aujourd’hui, notre position inconfortable : ou bien perpétuer des formes auxquelles, au fond, nous ne tenons guère, ou bien les abandonner, au risque de hâter une déchéance plutôt que de servir une renaissance.


[1] Œuvres en prose complètes, 3 vol., Gallimard, coll. Pléiade, 1992, t. III, p. 132.

[2] « Lettre aux Cahiers du Sud sur les responsabilités de la littérature », in Œuvres complètes, 16 vol., Gallimard, t. IV, vol. 1 « Écrits de Marseille », 2008, p. 69.

[3] L’Enracinement, in Œuvres, Gallimard, coll. Quarto, 1999, p. 1176.

[4] Ibid.

[5] Pensées (Brunschvicg II 79).

[6] La science et nous, in OC IV.1, op. cit., p. 147.

[7] L’Enracinement, op. cit., p. 1186 (souligné par nous).

[8] Ibid., p. 1187 (souligné par nous).

[9] Ultime chapitre de Dernières pensées [1913].

[10] Non seulement, faut-il le remarquer, pour les sciences de la nature mais même, sur ce modèle, dans les sciences humaines, avec la revendication d’un discours axiologiquement neutre, séparant radicalement les faits des jugements de valeurs portés sur ces mêmes faits (les faits en question pouvant éventuellement être, dans les sciences humaines, des jugements de valeurs pris pour objets). À titre d’exemple, cet extrait des Éléments d’économie pure de Walras, publiés en 1874 (3e leçon, §21), qui traite de l’« utilité » : « Il n’y a pas […] à tenir compte ici de la moralité ou de l’immoralité du besoin auquel répond la chose utile et qu’elle permet de satisfaire. Qu’une substance soit recherchée par un médecin pour guérir un malade, ou par un assassin pour empoisonner sa famille, c’est une question très importante à d’autres points de vue mais tout à fait indifférente au nôtre. La substance est utile pour nous, dans les deux cas, et peut-être plus dans le second que dans le premier. »

[11] L’Enracinement, op. cit., p. 1183.

[12] « Lettre aux Cahiers du Sud sur les responsabilités de la littérature », in OC IV.1, op. cit., p. 72.

[13] « La science et nous », in OC IV.1, op. cit., p. 148.

[14] La Crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, Gallimard, coll. Tel, 1976, p. 10. Le manuscrit du texte allemand, publié en 1954, date des années 1935-1936. Les deux premières parties avaient été publiées en 1936 dans la revue Philosophia à Belgrade.

[15] Ibid., p. 13.

[16] L’Enracinement, op. cit., p. 1191.

[17] Voir La Sagesse du monde, Le livre de poche, coll. biblio essais, 2002.

[18] « La science et nous », in OC IV.1, op. cit., p. 155.

[19] Ibid., p. 151 et 157.

[20] Ibid., p. 152.

[21] Voir par exemple L’Enracinement, op. cit., p. 1174-1175.

[22] Voir Thomas S. Kuhn, La Structure des révolutions scientifiques, Flammarion, 1983, et sa critique par Steven Weinberg, in La Recherche n° 318, mars 1999.

[23] Dialogues philosophiques, CNRS Éditions, 1992, p. 117.

[24] Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale, in Œuvres, op. cit., p. 335.

[25] Voir les propos cités plus haut sur la science moderne (« L’intérêt en est limité et même faible… Une accumulation indéfinie d’ouvrages de physique classique n’est pas désirable »), et cet autre : « Repenser la science : tâche formidable, autrement intéressante que de la continuer » (OC VI.1, 1994, p. 180).

[26] « Morale et littérature », in OC IV.1, op. cit., p. 95.

«Il vaut mieux se perdre dans la passion plutôt que perdre la passion». (St. Augustin) -Café philo du 20 avril 2010 au Toc-Tocques, organisé par Accord Philo-

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Posted on 3rd mai 2010 by Cremilde in Divers |Textes

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St. Augustin (354 – 430) était adepte du manichéisme (Le Bien, l’esprit, s’oppose de façon absolue au Mal, la matière) avant de se convertir au christianisme ; il est intéressant de noter que beaucoup de saints étaient dans leur jeunesse plutôt des jouisseurs invétérés. Ce passage d’un extrême à l’autre (du libertinage à la pureté) donne à réfléchir…

St. Augustin, l’un des plus influents pères de l’Eglise, est l’ »inventeur » du péché originel et LE théoricien de la toute-puissance de la grâce, et à ce titre le précurseur, entre autres, du jansénisme (voire de Luther).

Par ailleurs, c’est l’inventeur du café philo ! En effet, pendant plusieurs mois, il animait des échanges philo avec des membres de sa famille et des amis dans une petite bourgade italienne.

Que voulait dire St. Augustin par cette phrase ? Sûrement pas que n’importe quelle passion serait précieuse, à sauver à tout prix. Il a certainement  visé la seule passion valable à ses yeux : l’amour et plus précisément l’amour du Christ qui a même donné sa vie pour elle (sa Passion). Mais nous ne nous sommes pas laissés enfermer dans une explication de texte, le café philo n’ayant pas les mêmes objectifs qu’un séminaire universitaire…

A première vue, la phrase « Il vaut mieux… » fait penser à un « double bind » ou double lien tel que théorisé par l’école de Palo Alto : quelque soit la réponse ou la réaction, elle est mauvaise. Autrement dit, on tombe de Charybde en Scylla, il faut choisir entre la peste et le choléra. Voyons d’un peu plus près les deux branches de l’alternative apparemment funeste:

I)  « Se perdre dans la passion » :

N’y a-t-il pas grand risque, pour quelqu’un qui se perd dans sa passion, de tomber dans la folie ou d’être tenté par le suicide ?

Je pense, entre autres, au film « Cet obscur objet du désir » de Buñuel, d’après le roman de Pierre Louÿs. C’est l’histoire d’une femme fatale qui amène à la ruine physique et psychique un homme perdu dans sa passion, aussi à un autre : « Passion d’amour » d’Ettore Scola sur le même sujet…

Des passions fatales, proches des addictions, peuvent porter sur un nombre infini d’objets et les crimes passionnels ne plaident pas non plus en faveur de la phrase de St. Augustin – si elle est extrapolée au-delà de l’amour (ou d’autres passions « positives » : de recherche, de connaissance, et encore…)

La catégorisation des passions varient énormément selon les auteurs et elles étaient connotées plutôt négativement chez les Grecs dont l’idéal dominant était la fameuse ataraxie, l’absence de passions/émotions fortes. Kant, également plutôt hostile aux passions, en énumère trois : « Ehrsucht » (ambition), « Habsucht » (cupidité), « Herrschsucht » (soif de pouvoir)…

II) « Perdre la (sa) passion » :

L’autre alternative proposée ne semble guère plus favorable : perdre son énergie vitale, son « feu sacré », devenir « normopathe », à savoir se contenter de fonctionner comme une machine, comme un robot. En psychiatrie on a repéré la « pensée opératoire » dont sont atteints les sujets qui ne peuvent plus symboliser, imaginer, fantasmer. Par ailleurs, la plainte la plus fréquente entendue aujourd’hui dans les consultations psy n’est plus celle des temps de Freud : « Docteur, j’ai trop de pulsions, je n’arrive pas (ou mal) à les maîtriser, mais « Docteur, je ne sens plus rien ». Les psychiatres américains nomment cette pathologie (manque d’énergie, de désir, de passion) : LSD (lack of sexual desire).

Au Japon les nommés « herbivores », jeunes gens végétariens, s’abstiennent de toute relation sexuelle, trop compliquée, trop fatigante…

Hölderlin (bien avant Nietzsche) était conscient de la transformation anthropologique en cours : « Ce qui coutait aux Grecs, c’était de s’élever au-dessus d’une existence terre à terre [d’où l’idéal de l’ataraxie, d’absence de passions, G.G.]. Ce qui nous coûte [à nous, les modernes], c’est de revenir au monde d’ici-bas [retrouver les passions, retrouver notre noyau sauvage, nous « dé-domestiquer », à l’opposé de l’idéal de l’ataraxie, G.G.] ».

Réflexion faite, il vaut mieux se perdre dans la passion que de la perdre ; il vaut mieux être » fou » que robot.

Pourquoi ?

Parce qu’on en guérit plus facilement, il me semble plus facile de structurer une énergie (« folle », chaotique) que d’ »exhumer », ressusciter une énergie vitale « morte », asséchée, pétrifiée.

La difficulté majeure du sujet tient à la polysémie du mot « passion ».

D’une part, la passion (en tant que passivité) est opposée à l’action, et d’un autre elle correspond à un affect explosif, à une énergie psychique nucléaire, le contraire d’une passivité !

Elle s’oppose également à la raison et à la volonté, et Albert O. Hirschmann (in Passions et intérêts) oppose passion et intérêt et explique la substitution de l’une par l’autre à partir de 17ème siècle par la peur des guerres de religion terribles, produites par les passions de la foi. Montesquieu, entre beaucoup d’autres, a vanté  le « doux commerce » et le libre jeu des intérêts par rapport aux passions forcément guerrières. C’est cela que l’on veut nous faire croire encore aujourd’hui.

Sans remonter au nazisme (les juifs et autres même pas sous-hommes, mais choses étaient traités comme des pièces à traiter, sans passion ni haine, mais à éliminer non pas avec passion, c. à. d. sauvagement, mais efficacement, dans des usines de la mort), ne parle-t-on pas aujourd’hui de « frappes chirurgicales » (l’adversaire est une sorte de tumeur à éradiquer) et Bush junior n’a-t-il pas répété à satiété qu’en Iraq « the job must be done » ?

Tuer en tant que métier fait penser au fameux livre de Robert Merle La mort est mon métier qui raconte la biographie de Rudolf Höss (alias Rudolf Lang, la biographie est romancée, tout en étant véridique), directeur du camp d’Auschwitz ; Höss/Lang est soumis à des quotas : il doit être plus efficace et traiter 500.000 « pièces » par an au lieu des ridicules 80.000 de Treblinka. (cf. Wikipeda). Pour être efficace ne faut-il pas faire taire ses passions ?

En conclusion : à mon avis, l’esprit du temps est plutôt hostile à la passion – à ne pas confondre avec le zapping entre innombrables envies stimulées par la pub -, il craint davantage la violence inhérente à toute passion véritable que la prévisibilité de l’homo economicus calculateur de ses intérêts, bref sa robotisation…

Pour finir, trois citations :

« Qui vit sans folie n’est pas si sage qu’il croit » (de la Rochefoucauld)

« La raison sans passion n’est qu’un roi sans sujet » (Diderot)

« Notre siècle est un siècle d’excitation, et c’est pourquoi il n’est pas un siècle de passion ; s’il ne cesse de s’échauffer, c’est parce qu’il sent bien que la chaleur lui manque ; au fond, le froid est à la glace. » (Nietzsche).

Gunter Gorhan