Bienvenue !

Bonjour à vous, qui vous intéressez à la philosophie. Sachez que vous pouvez trouver sur ce site, le compte rendu des débats qui ont lieu au Café des Phares (Paris, Place de la Bastille), chaque dimanche de l’année, et auxquels rien ne vous empêche d’ajouter vos propres commentaires. Par ailleurs, d’autres rubriques sont en mesure de vous aider à vous orienter quant aux activités et autres événements philosophiques de la cité et du monde en général.

Le webmaster.

Dialoguons…

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Posted on 2nd novembre 2010 by Cremilde in Dialogues

Anciens et futurs visiteurs, ici, vous pouvez inscrire vos répliques, vos suggestions, vos souhaits, votre esprit curieux…, que vous soyez érudit ou non.

°°°°//°°°°

Les Choses ne sont pas ce que nous croyons,

nous regardons et nous nous regardons et attribuons un sens/signification à nos regards et pensées.

J’aime à croire que nous donnons utilité au regard (…ne soit que quelques instants durant la tranquillité de nos temps agités) pour se voir, s’apercevoir de la réalité qui nous entoure. Regardant une chaise, automatiquement, nous assumons que cette « chose » est une chaise. Le défi que je propose va dans le sens d’essuyer de notre esprit (pensée, entendement) toutes les préconceptions et jugements pour que, quand nous regardons une chaise, nous puissions voir le monde avec d’autres yeux.

Je lance ce défi parce que je crois que, et avec une autre perspective du monde, nous réussirons à mieux voir autour de nous…

Débat du 7 novembre 2010 : « Peut-on vivre sans tenter de nouvelles expériences ? » animé par Sylvie Pétin.

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Posted on 2nd novembre 2010 by Cremilde in Comptes-Rendus

 

Au lendemain d’un énième bras de fer entre le Peuple Soufferant et l’Exécutif nommé par le Président de sa République, le 7 Novembre, Sylvie Pétin a choisi pour sujet, au Café des Phares, « Peut-on vivre sans tenter de nouvelles expériences ? », une considération qui avait déjà fasciné le professeur Tournesol mais que, évocatrice de MotoCross, de Kayak de rivière et des paisibles jeux d’enfants comme la Trottinette ou leurs coups de pied dans des taupinières, l’animatrice fit sien le risque de s’en emparer.

Pour avoir, une heure avant le débat, tenté en vain l’expérience, pour moi nouvelle, d’ouvrir un sac en plastique tout neuf au supermarché, je craignais le casse-pipe du point de vue théorique, vu ce soudain doute de la vie si elle n’était pas abondamment engraissée au jour le jour jusqu’à l’indigestion, un engouement qui éveilla en moi le souvenir du proverbe africain : « qui avale une noix de coco doit faire confiance à son anus », d’autant plus que dans la salle « ça poussait derrière », comme on dit aux enchères.

C’est ainsi que, l’auteur du sujet ayant entamé la pomme avec « la tentation est facteur de transgression, mais il y a des expériences pas encore tentées, au-delà des limites propres à chacun », d’autres jugements furent portés tels que « chaque mot a un sens et est utilisé volontairement » ou, « puisqu’il faut prendre des risques » « ne serait-ce que ‘d’être un Homme’ comme dit Ricœur », « je préfère que ce soit aux autres d’en faire l’expérience et je m’adapte » « même si elle est ratée, étant donné que ça permet d’aller plus loin ». Il y en a qui « y voyaient une notion d’aventure plus que de risque », comme celle « d’un Candide cultivant son jardin », « Ulysse son épopée », « le désarroi se plaçant face à l’expérience du bonheur sans savoir qui est ‘je’ et qui est ‘moi’ », « un côté transgressif vis-à-vis d’un projet », « une expérience » contrée « par le terrorisme, un défi à la communauté humaine tenue ainsi de réfléchir sur elle-même » et enfin, d’autres expérimentations telles que le « touche-pipi », jusqu’à la question cruciale « à quelle condition peut-on dire qu’il y a expérience ? », notre poète ayant fini par convenir que « l’Homme est un risque à courir ».

Puisque je m’étais senti humilié lors de ma mésaventure en faisant les courses, le soir venu, regonflé à bloc pour avoir apprivoisé le bilboquet à la cinquième tentative, j’ai renoncé à ma petite existence de patachon et décidé de mener la vie à bâtons rompus, me dédiant à l’aventure extrême, exaltante et pointue, c’est-à-dire de, rampant à poil dans le désert, réussir le Paris-Dakar en solitaire et sans assistance, un retour aux sources qui ne peut pas s’effectuer dans la cuisine ou dans la salle de bains, mais conduit d’ordinaire à la connaissance de soi en raison de la difficulté de la progression, une expérience nouvelle que finalement personne ne tente par manque de sponsor, alors que le coût du matos nécessaire est pratiquement nul.

Il en résulte que l’expérience se résume à une recherche qui défie le vécu, dont on ne fait plus l’apprentissage. Ainsi, si chercher et vivre sont deux réalités opposées, considérant que la vie est le contraire de la mort, tel que le sous-tend la question en débat, on mourrait sans atermoiement à chaque instant où l’on n’entreprend pas une nouvelle expérimentation, l’alternative étant de devenir marteau, en dépit du fait que nos problèmes ne sont pas des clous, notre corps n’est pas un terrain de manœuvres et vivre, une piste pour s’exercer à lancer des nains.

Alors ?   Peut-on vivre ou non, sans tenter de nouvelles expériences ? Pourquoi pas ? Où serait le problème ? D’un côté, dixit Albert Camus, récompensé du Prix Nobel pour l’avoir énoncé, la révolte s’avère être l’unique moyen de vivre sa vie dans un monde absurde, de l’autre, le seul problème philosophique sérieux serait le suicide. Eh bien ! Si, question de vivre, il vous arrive l’envie de tenter une nouvelle expérience exceptionnelle et que vous vous trouviez seul, composez le 01 42 96 26 et faites ce que l’on vous dit en attendant les secours. Surtout ne tentez pas de prendre plus aucune nouvelle initiative.

Carpe diem !

 Carlos Gravito

Débat du 31 octobre 2010 : « Pourquoi sommes-nous méchants ? » animé par Gérard Tissier.

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Posted on 2nd novembre 2010 by Cremilde in Comptes-Rendus

IL FAUT CHOISIR…

Entre un dimanche de Toussaint ensoleillé passé en vacances en dehors de Paris, et le même passé à philosopher dans l’enceinte du café des Phares sous une véranda qui est un appel à l’évasion, beaucoup ont choisi la première alternative, d’où les rangs clairsemés  du café ce dimanche 31 Octobre ; incroyable, il y avait des chaises disponibles dans l’enceinte qui nous est chichement attribuée de 10h30 à 12h15 dorénavant.

Entre les deux sujets que l’animateur Gérard  avait présélectionnés pour les soumettre à notre suffrage, il a fallu que l’audience choisisse. Et contre son avis, qui penchait pour un sujet sur l’autorité, le peuple philosophe a choisi à mains levées un sujet beaucoup plus populaire, beaucoup plus jubilatoire, beaucoup plus …enfantin : « pourquoi sommes-nous méchants ? » Certes, il y a, dans l’énoncé, le « pourquoi philosophique », certes il y a aussi le « nous » ontologique (n’ayons pas peur des mots !) mais il y a aussi le « méchant » enfantin, , pas grave , primesautier, mauvais, malheureux, médisant, rosse, venimeux, malintentionné …Mais vox populi, vox philosophie !

Entre les personnes qui proposaient un sujet en s’engageant à rester jusqu’à 12h15 pour le défendre, et celles qui proposaient un sujet et avertissaient qu’elles s’en iraient au bout d’une heure de présence, l’animateur a choisi la seconde alternative. Ainsi il accordait une reconnaissance de fait aux prima donna qui pensent qu’elles ont trop de choses importantes à faire le dimanche pour consacrer plus de 60 minutes chrono à cette réunion qu’on appelle…dites-moi ça encore, ah oui, un « café-philo ».

Par contre on n’a pas choisi durant le débat. Dès le début, André, qui a proposé le sujet choisi, a  fait son introduction en invoquant Kant  –pas moins – et en nous mettant face aux préoccupations contemporaines alors que d’autres remarquaient l’insoutenable légèreté du mot « méchant » digne de la garderie d’enfantsl Ensuite, on a oscillé entre le méchant qui écrase l’orteil des voisines et la « malitude » d’un Pol Pot ou d’un Hitler, entre le méchant qui tape sur le tibia de son frère et le « pervers » qui fait volontairement mal à l’autre, entre le méchant qui naît ainsi  — René Girard à l’appui — et celui qui le devient par ce qu’il a vécu. On en profite pour différencier le méchant du pervers et du mauvais et les motivations d’un Yago de celles  des prêtres pédophiles. On va même jusqu’à condamner l’esprit de compétition qui mine notre société et sans lequel elle serait une société sans méchants ! Il faudra bien un jour discuter cette croyance tellement de chez nous que tout le mal vient des Américains.

Bref, la tambouille habituelle du café des Phares quand on ne prend pas soin de définir et de cerner  ce dont on veut parler.

Et pour conclure, mesdames les philosophes, cette citation de Nietzsche :
  »Au fond du coeur, l’homme n’est que méchant, mais au fond du coeur, la femme est mauvaise »   Friedrich Nietzsche
Comme quoi on peut devenir un grand philosophe et être un piètre psychologue, misogyne et grossier.

Georges TAHAR

Débat du 24 octobre 2010 : « Que doit-on faire de nos peurs ? », animé par Yves Cusset.

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Posted on 19th octobre 2010 by Cremilde in Comptes-Rendus

La France est soucieuse. Entre manifs, blocages, pénuries, réquisitions, interpellations, violences et chaos financier, il y a beaucoup de grain à moudre, raison pour laquelle, sans doute, le 24 Octobre, le philosophe et homme de théâtre, Yves Cusset, a choisi pour thème du débat au Café des Phares, le sujet « Que doit-on faire de nos peurs ? »

L’auteur de la question, ayant visiblement bien réfléchi a sa proposition, commença donc par définir chaque mot :

Que : pronom interrogatif appelant à la justification d’un casse-tête.

Doit : verbe transitif renvoyant à une obligation morale ou aux convenances.

On : pronom indéfini de troisième personne qui fait la fonction du dindon de la farce. Il a le même rôle du « il », dans « faut-il », sans vouloir retourner la selle des Amazones du Droit.

Faire : verbe transitif qui a le sens d’entreprendre.

Peur : nom féminin désignant la prise de conscience d’un danger.

Le papier était mâché, il ne restait plus qu’à faire la boulette.

Il a été noté qu’il s’agissait « d’une réflexion philosophique et pas psychologique comme la peur des araignées, etc. », mais certains « y voyant un moyen de survie », d’autres  « un manque d’information », « voulaient aller même au-delà des craintes et des angoisses »,  pour ne pas « rester au niveau des émotions primaires », comme « la burqa ou l’action gouvernementale qu’il faudrait plutôt dénoncer, la peur collective n’existant pas »,  et d’autres encore « qu’il y va de nos peurs comme de nos désirs ; certains sont médiocres, d’autres nous construisent en vue d’une meilleure qualité humaine », l’animateur concluant « qu’il faut torpiller la peur pour ne pas rester dans la torpeur ». Il nous l’a fait à l’estomac, et pour cause…

Au bout du compte, assis devant nos tasses de café comme si l’on était dans une partie de chasse au lion ou en haut d’un pont pour un saut à l’élastique, on a passé une heure et quelque à nous demander ce qu’il fallait faire de nos frayeurs. C’est donc plus long à dire qu’à opérer, ou alors le cas serait tellement désespérant qu’il n’y avait rien de fonctionnel à entreprendre à part jacasser. Or, « si on peut le dire, on peut le faire », assurait Napoléon et, ne cherchant pas à verbaliser ses frissons d’angoisse, le pétochard voyage plutôt du côté du signal d’alarme au lieu de se pendre, comme conseillait Zola. En effet, dès que l’on a les chocottes on pète certainement de trouille, mais il faut savoir que dans une telle circonstance on a les miches à zéro et il est inutile de serrer les fesses ; on finira par faire dans son froc. Que foutre, alors ? Se défiler ou faire dans son falzar ? Réponse : il faut se réconcilier avec son ventre ; les tripes coincent au niveau de l’intestin grêle et il est urgent de « faire ». Faire, c’est réaliser quelque chose hors de soi, que ce soit un caca, une pendule, des confitures, du macramé ou un poème, et point des Lois grossières ou des obscures Destinations, des véritables galères qui grossissent nos peurs.

De grâce donc, surtout ne vous cabrez pas. Sachez que tous les Hommes ont peur ; tous ! Celui qui n’a pas peur n’est pas normal ; ça n’a rien à voir avec le courage. Avoir peur, ça concerne l’imagination. La frousse ne nous entrave pas les pieds, elle nous donne même des ailes aux talons lorsque nous nous trouvons devant une effroyable colonne de CRS, et je dois dire que ma plus grande crainte est celle d’un jour prendre les choses au sérieux ; là, par exemple, je balise et je m’emballe, me pressant d’en rire, quitte à emmerder tout le monde pour ne pas être obligé de pleurer.

Carlos Gravito

Débat du 17 octobre 2010 : « Le corps » animé par Daniel Ramirez.

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Posted on 11th octobre 2010 by Cremilde in Comptes-Rendus

Attention : CHANGEMENT D’HORAIRE au Café Philo des Phares !!!!!

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Posted on 11th octobre 2010 by Cremilde in Informations |Manisfestations - Abécédaire

Attention : CHANGEMENT D’HORAIRE !!!
Désormais, le café philo aura lieu tous les dimanches

de 10h30 à 12h15

Débat du 10 octobre 2010 : « Faut-il plaire ? » animé par Gérard Tissier.

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Posted on 4th octobre 2010 by Cremilde in Comptes-Rendus

Débat du 3 octobre 2010 : « Que signifie gouverner ? » animé par Gunter Gorhan.

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Posted on 28th septembre 2010 by Cremilde in Comptes-Rendus

Débat du 19 septembre 2010 : « à quoi faut-il s’attendre ? », animé par Gérard Tissier.

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Posted on 28th septembre 2010 by Cremilde in Comptes-Rendus

Bonjour. J’ai choisi ce sujet car la question première du sens et de l’utilité sociale d’un café philo serait de comprendre le monde tel qu’il évolue, le mouvement qui le détermine et la manière dont chacun peut produire aussi du monde et incarner sa liberté.

Pour sortir de la tentation de l’ego-philosophie, il est pour moi intéressant d’inviter à imaginer l’avenir au présent. Le monde qui nous traverse et que nous traversons sans le voir peut se lire dans certaines évolutions. Sans les lire comment savoir « à quoi faut-il s’attendre ? »

Voici à titre d’éclairage post-débat, le chapeau d’une série d’articles sur le monde tel qu’il évolue paru dans le numéro anniversaire de la revue le Débat :

« Quelles ont été les forces fondamentales de renouvellement de la conscience collective depuis trente ans ?

Il nous a semblé possible d’en identifier cinq : la poussée de l’individualisme, le retour des religions, la prise de conscience écologique, la montée en puissance de la recherche scientifique, l’irruption des réseaux numériques.
Il a été beaucoup question de l’individu depuis 1980, y compris dans ces colonnes mêmes. Mais quel individu ? À y regarder de près, sa figure a notablement évolué. Marcel Gauchet propose une périodisation de ces déplacements.
La révolution islamique de 1979 en Iran a marqué le coup d’envoi d’une spectaculaire reviviscence du religieux au premier plan de l’actualité. Mais le phénomène est tout sauf simple, derrière ses apparences massives. Jean-François Colosimo en explore les ambiguïtés.
De la « pollution » au « développement durable », l’entrée en scène de la préoccupation pour l’avenir de la planète est, à n’en pas douter, l’un des apports marquants de la dernière période. Or elle a emprunté en France des chemins tortueux et contrariés, montrent Dominique Bourg et Alain Papaux. Ils interrogent les motifs de cette exception et les voies par lesquelles elle s’est résorbée.
Ce n’est pas d’aujourd’hui que les sciences et les techniques jouent un rôle moteur dans le devenir de nos sociétés. Cette capacité transformatrice semble toutefois avoir pris un caractère inédit en se faisant toujours plus systématique. Notre avenir, nous assure- t‑on, c’est la « société de la connaissance ». Dominique Pestre analyse cette mutation.
Comme il se devait, Internet occupe une place de choix dans le tableau.
Le moment est venu, pour commencer, au-delà des légendes et des mythes d’origine, d’établir scientifiquement l’histoire de cette émergence majeure. Pascal Griset met en lumière ce que ce travail critique apporte à l’intelligence des réalités du secteur.
Les incidences cognitives des « nouvelles technologies de l’information et de la communication » ne sont plus à souligner, même si leur nature est difficile à apprécier. Christian Vandendorpe dresse le bilan de ce que l’on connaît de leurs effets sur la lecture.
Mais Internet constitue également un formidable laboratoire idéologique. C’est toute une vision du fonctionnement économique et social qui s’y fabrique et s’y propage. Le capitalisme décontracté, mais sans complexe, y est roi, fait ressortir Monique Dagnaud. Sur ce terrain-là aussi, l’examen des réalités est rude pour les chantres de l’utopie. »

Eclairant non ?

Après une longue conclusion d’Alfred, auteur du sujet, je me suis permis d’évoquer les travaux d’une centre de recherche qui a publié, il y a dizaine d’année, des scénarios prospectifs pour le 21 ème siécle.

Ces travaux nous parlent d’un temps futur ( 2030- 2050)dominé par les valeurs féminines..Ma vieillesse me conduira- t- elle jusque là ?
Peut être pas. A moins que, tous ensemble, nous nous mettions à vouloir mettre un peu plus de tendresse dans la civilisation.Une façon, pour le moins, de répondre aux questions que nous inventons pour trop souvent en critiquer la syntaxe sans voir que la colonne de juillet, tout près au centre de la place de la bastille, porte en sa base, des cercueils de morts de la Commune et en son sommet, la flamme du progrès contre le vent de l’histoire ( la révolution de 1848 ).

Gérard Tissier

Débat du 26 septembre 2010 : « Faut-il ? » animé par Sylvie Pétin.

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Posted on 27th septembre 2010 by Cremilde in Comptes-Rendus

« Faut-il ? » Après les impressionnantes manifestations de Jeudi 23 Septembre, au cours desquelles les travailleurs de tout le pays se sont dressés contre les initiatives de ses dirigeants,  telle a été la question posée, le dimanche 26 aux Café des Phares, comme thème du débat hebdomadaire, animé par Sylvie Pétin ce jour-là.

Comme s’il le fallait, on aura tout entendu, allant du « ces deux mots questionnent le bonheur et la liberté d’être heureux » au « on en meurt de religion, aujourd’hui ; essayons de penser sans Dieu », en passant par « faut-il falloir », « il s’agit de l’intériorisation d’un sur-moi », « de la suggestion d’un espace de liberté », « de la délivrance d’un nœud qui traverse toute l’histoire de la pensée », « de quelque chose qui provoque l’action à l’instar du ‘I have a dream de Luther King », « de la question de la légitimité par rapport à la liberté, qui doit s’effacer », et même « d’une autorité cachée en nous ».

Enfin, nous nous sommes, comme souvent, mis à emboîter des choses et, dans de tels cas, c’est inutile de faire appel à Kant, à Spinoza, à Descartes, Lévinas ou autres avatars, pour se dépatouiller ; on ne s’en sort pas. En effet, la nécessité est inflexible mais n’existe pas dans le chaos de nos sensations ni dans celui des choses « en-soi ». Le réel est vivant, a une histoire singulière et, dès lors, il ne dépend pas d’un prétentieux « il faut ou faut-il ? » qui nous obligerait, mais relève plutôt du hasard, une contingence.

Voyons ! Faut-il (nécessairement) « travailler plus pour gagner plus » ? Faut-il (fatalement) « travailler plus longtemps parce que l’on vit plus longtemps » ? Drôle de dilemme, vicié par une contradiction introduite dans un « falloir » aux nécessités hypothétiques auxquelles rien ne s’impose et il serait plutôt judicieux de se soustraire.

Eh ben ! Dès que la pensée est ainsi invitée à réfléchir sans conjecture ou à opter entre deux prémisses contraires du genre « la bourse ou la vie », on appelle un tel raisonnement « syllogismus cornutus » et un de ces exercices est resté célèbre dans les annales : « Ou bien il faut philosopher, ou bien il ne faut pas philosopher ; s’il faut philosopher, il faut philosopher, or s’il ne faut pas philosopher, pour démontrer qu’il ne faut pas philosopher, il faut encore philosopher ». Ça n’arrête pas.

Conclusion. On tourne en rond jusqu’à la fin des temps. On est là pour ça et, dès qu’il y a Question, on s’en fait même un devoir. Or, s’il y a devoir, c’est qu’il y a une obligation éthique préexistante, une sorte de perpétuel lien intellectuel ou contrat moral, une dette qui s’accumulerait sans coupable mais s’imposerait à tous inexorablement ; une espèce de loi intériorisée en tant que vérité « sine qua non », sur laquelle s’assiérait la nature de chacun et qui l’autoriserait à exprimer tout ce qu’il veut, cette touchante expérience sursoyant à une noria d’angoisses, de dévalorisations ou de honte que l’idée de faute implique.

Pour finir, il me revient que « Faut-il ? » n’est pas sans rappeler le « Doit-on ? », dilemme des moines de Tibhirine : « Faut-il partir en raison de la menace de mort qui pèse sur nous, ou doit-on rester et accomplir la mission que nous nous sommes donnés ? » Ils ont pris le parti dont Jules César a fait un précepte moral : « Navigare necesse est, vivere non necesse ! », Naviguer est nécessaire, vivre ne l’est point.

Carlos Gravito

 

 

Débat du 13 juin 2010 : « La dignité », à l’occasion des 50ans d’Amnesty International, animé par Pascal Hardy.

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Posted on 20th septembre 2010 by Cremilde in Comptes-Rendus

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RETOUR SUR LA DIGNITE

Un débat organisé récemment au café des Phares avait pour sujet la dignité, thème retenu pour la campagne du 50e anniversaire d’Amnesty International, et prétexte à ce débat. La dignité est en effet une notion centrale pour une association qui lutte pour le respect des droits humains. Rien d’abstrait dans tout cela, bien au contraire, mais un travail quotidien pour la dignité d’opprimés, de faibles, ou de victimes d’injustices. Mes réflexions après ce débat tournent autour de trois sujets : ce qui constitue la dignité, l’idée de « l’autre » comme « semblable différent », et l’interrogation sur l’indigne.

Constituer la dignité

Les premières traces de la notion de dignité que j’ai retrouvées dans la littérature datent de Cicéron, qui note que la correspondance entre les droits individuels et les droits collectifs implique une responsabilité mutuelle. Il trace ainsi une ligne que suivra ensuite Rousseau en axant sa définition autour des droits sociaux. Ainsi de la liberté, ajouterais-je, qui confère à la dignité sa dimension d’identité pour l’individu et sa dimension de sens pour ses actes.

 Une autre ligne est tracée par Pic de la Mirandole, qui voit l’homme comme la seule créature ayant  la liberté de se « finir » elle-même, ce qui fonde un humanisme et réfute l’idée de perfection divine. Cette intuition traversera les siècles pour en arriver à l’idée moderne que chaque homme est lié à son humanité, qu’il n’est pas objet, mais sujet. Ceci permet notamment aux associations comme Amnesty d’articuler leur combat pour les droits humains avec celui pour l’intégrité des individus.

Je vois une troisième ligne, tracée à l’origine par Kant, qui avance que ce qui a un prix peut être remplacé, alors que ce qui est supérieur à tout prix est ce qui a une dignité. La dignité de l’homme moral des fins sera de faire la loi. Aussi, Marx enfoncera ce clou en distinguant valeur marchande et valeur de dignité. Ce que je trouve intéressant dans cette ligne c’est que la notion de dignité s’inscrit dans une lutte contre la fatalité. Elle incite à l’action et ouvre droit au politique.

La dernière ligne de fondement est tracée par Freud : les soins maternels seraient à la base des principes de réciprocité, source première de tous les principes moraux. Ainsi le nourrisson impotent serait doté par nécessité d’un deuxième corps collectif – c’est-à-dire son entourage – et qui lui a des devoirs. Cette réflexion me fait penser aux travaux de Levinas sur la figure de « l’autre », et qui me semble-t-il, la prolongent.

Ces lignes s’entrecroisent et forment en bonne part le paradigme que nous reconnaissons dans l’usage du concept de dignité. J’en retiens en particulier que le respect des droits humains n’est rien sans une conception humaniste de l’homme. Ce qui m’inquiète est que beaucoup voient l’homme, et de plus en plus, comme un être exclusivement économique, un objet consommant, sommé même de consommer, assigné à un statut prédéfini et soi-disant indépassable. Il y perd là insidieusement mais inexorablement une part de sa dignité par aliénation de sa liberté.

L’autre comme semblable différent

Après le débat, c’est cette belle expression qui me parait caractériser le mieux la condition majeure de l’existence de la dignité : voir l’autre comme « semblable différent », réaliser sa proximité au-delà des frontières et séparations de tous ordres tout en respectant sa singularité. Considérer que l’homme et une fin et non un moyen, par exemple en traitant l’homme dans le pauvre, pas le pauvre dans l’homme. Dans un autre registre, on oublie bien trop souvent que la déclaration universelle des droits de l’homme place à égalité des droits économiques, sociaux mais aussi culturels.

L’indignité

Les scénarios d’humanité et d’inhumanité sont des séquences dans lesquelles nous sommes plongés quotidiennement et dont nous sommes acteurs ou témoins. Dans ce cadre je remarque qu’il nous est fréquemment donné d’identifier ce que j’appelle des porteurs de dignité, ainsi que des porteurs d’indignité. Me revient ainsi l’exemple d’un de ces porteurs de dignité, ce torturé algérien, considérant que la dignité était de réussir à préserver pour lui un espace inviolable et inconnu de ses bourreaux, malgré la souffrance et les dégradations imposées.

Plus largement, la survenance d’une catastrophe humanitaire précipite l’effondrement de tous les droits humains et sociaux fondamentaux et il devient très difficile, mais non moins indispensable, de voir dans les victimes des individus singuliers. Mais pour moi le comble du déni de dignité, c’est-à-dire de l’indignité, est que chaque année plus de 9 000 000 d’enfants puissent mourir de faim. C’est là la manière la plus extrême et la plus horrible de leur nier toute espèce d’humanité.

Cordialement,

Pascal Hardy

http://wecansustain.blogspot.com/

http://tablehotes.blogspot.com/

Appel des Appels – Roland Gori

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Posted on 17th septembre 2010 by Cremilde in Informations |Manisfestations - Abécédaire

Consulter le site Appel des Appels sur notre Page Adresses.