Débat du 17 avril 2011: « Qu’est-ce que d’être mature ? », animé par Daniel Ramirez.

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Posted on 26th avril 2011 by Cremilde in Comptes-Rendus

C’est de ne plus se poser la question.

Carlos Gravito

Débat du 24 Avril 2011: « Les vices privés font-ils le bien public ? », animé par Christiane Graziani.

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Posted on 25th avril 2011 by Carlos in Comptes-Rendus

Dès qu’un participant du Café des Phares s’avise de lire un bouquin dans la semaine, comme s’il s’agissait du battement d’ailes d’un paillon, il faut le dimanche suivant se mettre en alerte rouge à la Bastille, et je m’explique. C’était Pâques, ce 24 Avril, et il y avait partout des dragées, des œufs, des lapins et des cloches en chocolat. Eh ben, ce sont les abeilles qui nous sont tombées sur le paletot, parce que quelqu’un, ayant lu « La Fable des Abeilles », de Bernard de Mandeville, en a tiré un sujet de débat « Les vices privés font-ils le bien public ? » et, quoique « bien mal acquis ne profite à quiconque », l’animatrice, Christiane Graziani l’a choisi pour alimenter notre discussion. J’avais, moi même, lu un opuscule sur « Le Poisson », en tant que figure eucharistique célébrée ce jour pourtant, malgré ma passion pour les sardines grillées je me suis abstenu d’en parler.

La première idée sur l’énoncé a être exploitée, semblait très originale : « C’est bien connu, ma bonne dame, le malheur des uns fait bonheur des autres ». OK !!! Essayons donc de passer à des choses sérieuses, le politique, bien entendu, avec l’histoire de « La main invisible », par exemple, et tant que l’on y est, « à la taxation du tabac et de l’alcool, puisque l’on persiste à fumer et à boire », ainsi qu’au « cas Baudelaire, dont le vice aurait contribué, en l’occurrence, au bien public » ou « le Souverain Bien », comme on dit. « Chacun devant lutter pour lui-même et tolérer les abus des autres », « les jouisseurs étaient donc invités à consommer toujours plus pour jouir plus », excusez-moi du peu. Là, on a fait une pause pour se demander, tout compte fait, « Qu’est ce que le bien public » et « s’il n’y avait pas dans ce concept une manipulation, le confondant avec ‘bien commun’», puis quelqu’un a « étalé le vice public sur plusieurs étages, notamment droit et valeur, de ceux qui s’enrichissent, et a fait de même pour le vice privé, le partageant entre humain et individuel ». Après un passage obligé par « La Banalité du Mal », ma voisine a déduit qu’il « s’agissait dans nos analyses de formulations malsaines », le cynique Mandeville concluant, lui-même dans son œuvre que « le vice est aussi nécessaire que la faim, certes affreuse, mais utile à la démarche propre à se nourrir » et « que sans elle et sans le vice, on ne peut pas rendre une nation célèbre et glorieuse ».

Voilà, la messe était dite, mais parce que Mandeville tourne autour de l’abeille comme il pouvait le faire autour d’une mouche afin d’y dénicher des fausses vertus, j’invitai l’assemblée à se prononcer sur la récente polémique ayant trait à « la criminalisation du recours à la prostitution ». Trop vulgaire peut-être pour la bien pensante assemblée de philosophes, la question a été évacuée, ce qui m’astreint à y revenir à présent. Inscrite dans la stratégie de dissimulation et manipulation des réelles intentions du politique qui ne voit dans la morale que l’exercice de la domination des individus soumis, comme s’il était question d’une drogue cette loi réprime, avec six mois de prison et 3.000 € d’amende, le recours à l’amour et au sexe, l’autre rive de nous-mêmes. Or, c’est infâme de traiter quelqu’un de délinquant parce qu’il s’adresse à une fille visiblement disposée à ça et que cela concerne parfois des femmes remarquables, telle Grisélidis Real, que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer ici. D’où sort-elle cette morale, si tant est qu’il s’agit d’une ? Faut-il se cacher, se taire, faire taire ? Ou est-il question de ramasser des voix électorales, commerce infâme des vraies « putes » ? « Bien privé, vice public ? »

Voilà, la boucle est bouclée et la question reste entière : « Vices Privés et Bénéfices Publics », pour être fidèle à l’auteur d’une piteuse « Fable des Abeilles ».

Cynique, ce Mandeville, surnommé Le Diabolique (Man-Devil), connaissait certainement beaucoup de choses sur les fripouilles dont il décrit les travers, mais peu sur l’hyménoptère ni même les fleurs que celui-ci butine, témoins d’un message d’ordre eschatologique compris par les poètes qui dénichent le sacré dans le signe et découvrent la plénitude de l’étant dans l’épanouissement de la totalité dont l’abeille assure la continuité, génétiquement incertaine par la reproduction somatique ; ils, les êtres pénétrés par la poésie, ont la terre dans l’âme, les philosophes, eux, l’ont sous les pieds… La vitre cassée, ça fait marcher l’économie, c’est certain, mais ce n’est pas pour ça que l’on les casse, parfois ; c’est de rage.

Carlos Gravito

Débat du 10 avril 2011 :  » Qu’est-ce que peut être la sagesse du citoyen, aujourd’hui, dans la cité ? », animé par Gérard Tissier.

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Posted on 11th avril 2011 by Carlos in Comptes-Rendus

Alors que l’essence même de l’Etre est de se reconstituer (et mon foie en sait quelque chose), ça faisait trois mois que les aficionados des débats philosophiques du Café des Phares attendaient le moment de s’attaquer à la redondance « Tout ce qui ne se régénère pas, dégénère », que le philosophe Edgar Morin s’apprêtait à décliner devant eux le 10 Avril, mais, en raison d’un empêchement de l’illustre invité, c’est « Qu’est-ce que peut être la sagesse du citoyen, aujourd’hui, dans la cité ? » qui leur a été finalement donné en pâture par l’animateur Gérard Tissier, à l’heure où les caissières de Carrefour se battent pour leur salaire.

Eh ben ! Faute de grives on mange des merles, « le but étant de bien vivre dans la cité (comme il a été dit), grâce au concours de l’idéal qui transcende le ‘citoyen’, épithète acquis en 1789 mais qui serait à redéfinir à l’époque d’Internet dont le rôle a été si déterminant dans les plus récentes rébellions ». Là, un coup de frein fut donné à la fougue initiale, « car, dès que rien ne va, nous passons vite de la sagesse à l’obéissance et des droits aux devoirs ». Puis, constatant que « la sagesse exige un préalable », ça repartit, jusqu’à ce que l’on s’aperçoive « que la conscience est une faculté tributaire du type de société (scandinave ou latine) » et que « ce modèle de citoyenneté était peut-être possible à Athènes (un petit village), mais s’avère plutôt difficile à mettre en œuvre dans un pays composé de 36.000 communes ». Sans oublier « le désastre Japonais », « nous gorgeant de mots, nous avons essayé de savoir si l’on est ‘consommateur’ ou ‘militant’ » et, « la question du ‘bonheur’ étant mise à l’ordre du jour dans la construction de l’avenir et du ‘vivre ensemble’», « on opposa ‘individu’, ‘citoyen’, et ‘exclu’ », finissant par estimer que « ‘la vertu’ proclamée par Robespierre », « la transmission du savoir, la démocratie participative, le ‘vote’, ainsi que la responsabilité, font partie d’un système qui commence à ‘claudiquer’», dénonçant au passage « le mélange de ‘l’existentiel’ et de ‘l’ontologique’ ». Bref, « les français auraient délaissé ‘La Démocratie en Amérique’ de Tocqueville (plus l’exemple de la constitution USA qui prône ‘la poursuite du bonheur’ »), pour « ramper dans le désordre », au point de « mettre 80 ans à implanter ‘La Démocratie en France’». Gardant néanmoins en tête « la problématique existentielle de Sartre, ‘Le deuxième sexe’ de Simone de Beauvoir et un inopérant ‘IVG’», le public a dénoncé « le droit aux ‘Droits’ sans travailler », pour s’interroger ensuite sur « la distinction entre ‘citoyen’ et ‘électeur’ », finissant par se poser la question « Où est-ce que l’on va ? », suivie de « Que faire ? » et « Où investir ses espoirs ? », en présence du « Choc des générations » face à la « Propagande électorale ». Fallait-il encore « s’en remettre aux experts », « aux Arcadies » et « faire le pèlerinage d’Ermenonville ? »

Avec la volonté de régénérer ce qui dégénère, les intervenants ont fait preuve de beaucoup de lucidité et de civisme durant tout le débat, certes. Le point néanmoins est que, malgré la rhétorique de Rousseau qui attribue les inégalités à l’avènement de l’agriculture et par conséquence de la propriété, il n’est question dans toute cette controverse ni de sagesse ni de propriété mais d’assujettissement. Comme la matière tend à la forme, la Société, œuvre de l’action de masses humaines, aspire à se constituer en Autorités Souveraines dont le Droit Public légitime le pouvoir. Par contre, bien que jaloux de leurs intérêts, les Hommes qui la composent, sujets du Droit Civil, ne sont pas d’ordinaire en mesure de se choisir un Etat ; si une option leur est laissée, c’est entre deux et si l’on perd l’un on tombe sous la coupe d’un autre qui ne s’encombrera pas de valeurs morales à la Platon, mais, par la ruse, la loi ou la force, selon les contingences de l’Histoire, comme le pensait Machiavel dès le XVIème siècle (Le Prince), il se fera l’organisateur de la contrainte, incompatible avec l’idée d’Homme. Sachant que la TV leur bourre le mou, la sagesse commande donc aux citoyens de déjouer l’équivocité du mot « Cité », aussi bien forme de vie communautaire que pouvoir coercitif. La crainte inspirée est le maître mot de tout Pouvoir, auquel le régime démocratique n’échappe pas. Celui-ci est une institution politique aussi légitime qu’une autre et, en tant que forme désincarnée de gouvernement, il aspire tout autant à la violence, au point d’obliger ses sujets à une coopération forcée qui subsiste justement en raison de la divergence de destinées, publique et privée, une crise de Pouvoir étant invariablement identifiée à une crise du civisme.

Faut pas rêver. « Ne vous demandez pas ce que la Nation peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour la nation », avait apostrophé un jour John Kennedy ses concitoyens leur assenant son fait.

Carlos Gravito

Débat du 3 Avril 2011: « Quel est le poids de l’impondérable? », animé par Gunter Gorhan.

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Posted on 4th avril 2011 by Carlos in Comptes-Rendus

Comme il faisait beau, le samedi 2 Avril, je suis allé m’asseoir au Jardin du Luxembourg, lisant le magazine « Chronic’art » où il était question du « renversement du monde », ce qui ne fut pas sans me rappeler Archimède proposant de soulever l’univers, si jamais on lui prêtait un levier. Puis, la vie étant le lieu le plus parfait pour les vraies expériences, jetant un œil sur le public, j’ai pu observer le désespoir d’un enfant dont le ballon avait échappé à ses mains pour s’élever dans l’air jusqu’à disparaître au-dessus des platanes de la Fontaine Médicis, tandis qu’un autre malheureux perdait le sien qui, emporté par le vent, s’immobilisa à la surface de l’eau du bassin octogonal, coincé entre deux petits voiliers contre la fontaine centrale. Le lendemain, 3 Avril donc, laissant mes souvenirs remonter à la surface, je me suis laissé entraîner au Café des Phares, à la recherche d’une signification pour tant d’interrogations, et le sujet du jour, animé par Gunter Gohran, était justement : « Quel est le poids de l’impondérable ? »

Eureka !!! De toute évidence, tout bien pondéré, la clé de l’affaire se trouvait dans l’exploitation du génie de notre illustre mathématicien qui, du levier à la baignoire a tout chamboulé allant de « Pi » jusqu’aux grains de sable. Mais là, la matière philosophique en jeu étant assez délicate, il valait mieux faire appel au Trébuchet, la balance la plus sensible et juste, laissant de côté les poulies, les roues dentées et les vis sans fin de l’inspiré géomètre.

C’est ainsi que nous en sommes venus à « la clé USB qui, chargée de données ou pas, représente toujours le même poids » (de la même façon que moi, après avoir lu « Les Luziades » n’étais pas ce matin plus lourd qu’hier), mais on a remédié au cafouillage remplaçant « poids » par « capacité » et établissant la « différence entre l’esprit et le corps », ainsi que « la voix et le chant », jusqu’à ce que l’on découvre que le roi était nu, ou mieux, qu’il « s’agissait en l’occurrence d’un oxymore », vu que « l’on ne peux pas peser ce qui est dépourvu de poids », que « le poids d’un même objet n’a pas la même lourdeur sur terre et sur la lune », « rien ne se perd rien ne se crée », « la légèreté de l’être est insoutenable » et « l’effet papillon » n’aura bientôt plus d’ailes à déployer. Même « l’impondérable du regard », « la liberté écornée », « le souffle du mourant », « un livre inédit », « l’enfer constitué par les autres » ou « les suicides chez Télécom », seraient autant d’improbables qui nous revenaient sur la tronche comme « des pétards mouillés », « l’impensable n’étant pas l’impondérable mais l’imprévisible », « la langue pensant à notre place en raison des conditions de causalité ».

Néanmoins, j’ai entendu aussi que, « livré au hasard, déraisonnable et excessif, l’impondérable a du poids, dès lors qu’agissant, bien que difficile à saisir. C’est une inconnue celant un vouloir qui s’oppose à notre volonté de toute puissance, et ce n’est qu’après coup que l’on peut le mesurer ».

Voilà une bonne raison pour considérer que l’impondérable est hasardeux, aléatoire, problématique et incertain. « Quel est le poids de ce qui n’a pas de poids » ressemblant à une de ces questions que l’on trouve d’habitude à l’intérieur des Apéricubes au différentes saveurs de « La Vache qui rit », afin de chercher une approche simple et cohérente pour expliquer le niveau élémentaire de la doctrine d’Archimède à propos du lourd et du léger, j’ai pensé que, pour une fois, au lieu de bavasser, il aurait été judicieux de nous prêter en toute candeur à une expérimentation simple (comme à l’école maternelle), aidés d’une bassine d’eau, quelques pots de yogourt, ainsi que de la pâte à modeler, du riz et d’une cannette de coca-cola. Mettant les pots à flotter dans le bac, on les remplirait de pâte, riz ou de boisson gazeuse, nous arrêtant juste avant le naufrage des petits pots pour procéder ensuite au pesage des produits utilisés. Résultat : point de surprise ; poids identique du ballast de chacun des récipients et de la quantité d’eau déplacée.

En ce qui concerne les ballons qui tant impressionnent les enfant et les adultes, c’est clair que le ballon de baudruche ou de foire, dans lequel on insuffle l’air de nos poumons, va rester au raz des pâquerettes, tandis que celui qui est gonflé à l’hélium se maintiendra en l’air, la mesure de la pesanteur étant la force de pression d’un corps vers le bas, en rapport avec sa masse.

Moralité : tout objet matériel ou intellectuel peut devenir un fardeau en somme, étant donné que « Poids » vient du latin « pondus », lourdeur, même si pour remplir l’heure on a divagué à la légère sur tout. Tout sauf le « poids » comme unité d’évaluation sensée tenir compte de ce qui ne produit aucun effet sur le raisonnable, ou alors, si l’on veut ergoter, sur l’importance (poids) d’une action qui n’est pas vraiment admise bien que déterminante ; quelque chose qui s’avère nulle si elle n’est pas de nature à désaxer l’instrument de mesure ou pas assez pertinente pour le déséquilibrer, nous cantonnant dès lors au rôle de l’inattendu qui est toujours là où on l’attend le moins.

 

Carlos Gravito