Débat du 1er janvier 2012 : « Sommes-nous quittes ? », animé par Elke Mallem.

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Posted on 28th décembre 2011 by Gunter in Comptes-Rendus

Sommes-nous quittes ?
Le choix du sujet est un moment crucial du débat philosophique. Si on suit les règles établies par le fondateur qui est à l’origine des débats au café des Phares, c’est l’animateur qui prend la décision cruelle d’extraire de la liste des propositions celle qui va servir de fil conducteur au débat du dimanche.
Ce dimanche, c’était moi qui animait. Expérience aussi neuve que l’année. Rassurée par un public clairsemé, dans un cadre plus intimiste que d’habitude (au Falstaff et non au Phares), j’ai du choisir parmi sept propositions celle qui semblait porter le plus de promesses. Et renoncer aux promesses des autres.
« L’ailleurs » me faisait des clins d’œil, mais manipulé par les médias qui nous ont parlé toute l’année 2011 de « la » dette, j’ai opté pour ce sujet : sommes-nous quitte ? Ai-je bien fait ? J’ai fait, en tout cas, et, obéissant, le groupe de participants a utilisé le sujet proposé. Je dois un grand merci à la courtoisie très agréable du groupe présent dont la bienveillance m’a permis de passer un excellent moment.
A mon grand plaisir, j’ai vu s’exprimer tout le monde, possibilité offerte par le nombre limité des participants, Etre quitte et pouvoir se quitter, acquittement, mais aussi savoir se pardonner, équité, égalité, quitus, contrat …. La densité sémantique de l’énoncé s’est déployée progressivement. Dans le réseau des échanges, il me semble qu’une trame revitalisante a réussi de faire un pont du carcan de notre société hyper-organisé, hyper-sécurisé, hyper-réglementé, hyper-contractualisé, bureaucratisé vers quelque chose plus essentielle, plus primitive qui continue à nous habiter. La dette de quoi ? Du don de vie qu’on nous a fait. Dette envers qui ? Le monde qui nous entoure, qui met à notre disposition ce qui permet que nous puissions être. Dette, pour l’humain, envers ses congénères, et pour être quitte, nous devons nous inscrire dans la ronde des échanges et du partage. Ces congénères, ce sont les congénères du passé, du présent et du future. La dette humaine se conjugue non seulement dans l’horizontalité du présent, mais doit inclure le souci du demain. Comment s’acquitter de la dette liée au don de la vie ? Mener une bonne vie ? Qu’est-ce qu’une bonne vie : vaste question qui fait traditionnellement partie des préoccupations du Nouvel An, temps des nouvelles résolutions.
Nous avons du nous quitter quand l’Ailleurs a fait apparition dans le débat, sous appellation « mondes parallèles ». J’y voyais une façon de rattraper la frustration d’avoir eu à renoncer à ce sujet, mais le temps a fait son œuvre de limitation. Ce dimanche là, avec les personnes présentes ce jour là, chacun est repartie dans « son monde ». On s’est quitté, mais est-ce qu’on était quitte? Mais est-ce qu’on s’est quitté ou est-ce qu’on s’est séparé ? D’autres questions émergent…. C’est sans fin, comme toujours. La logique de la vie, quoi…. La seule question peut-être vraiment importante: est-ce que je peux, est-ce que je veux revenir ? (Mon cerveau effrayant me fait un saut vers la liberté ultime, celle du suicide : on peut toujours dire qu’on en ne veut pas, de cette vie!)
Pour ma part, c’est « oui » : je reviendrai!
Au plaisir de vous revoir
Elke Mallem

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