Sous le signe du Bélier, on se met en boule et tout tourne à la dispute. En effet, les caractères principaux de ce tronçon du Zodiaque sont l’excès de volonté, la provocation, le jusqu’auboutisme, le « Tout, tout de suite sinon je fais un malheur », c’est-à-dire, l’esprit d’incompréhension des casse-cou. C’est certainement le motif pour lequel, le 15 Avril, alors que plus de 400 chiens et chats débarquaient à Paris, dans un même espace (Champerret), pour le Salon des Animaux de Compagnie, le meeting électoral de Sarkozy avait lieu à la Concorde, tandis que celui de son adversaire, Hollande, se déroulait à quatorze stations de Métro plus loin, au Château de Vincennes, l’exemple des 40.000 coureurs qui partaient ensemble de l’arc du Triomphe pour couvrir le long des rues de la capitale les 42,195 km du 36ème Marathon de la ville n’insufflant dans leur esprit que la culture de la « gagne », inscrite dans l’ADN de chacun. D’après le calendrier Maison, au Café des Phares®, c’était Eric Zernick à qui, comme s’il s’agissait d’apaisantes hosties, revenait la charge de distribuer la parole pendant le débat, « Qu’est-ce qu’un mariage ? » et l’animer pendant le temps réglementaire.
Mélangeant ethnologie, anthropologie et sociologie, nous avons obtenu un pot-pourri aussi exotique que déshydraté, dénudé de surcroît de toute capacité d’émouvoir :
« A partir de la liaison amoureuse, bien différente du mariage, on a constaté la différence de traitement (Madame ou Mademoiselle) afin de respecter les normes sociétales qui auraient commencé avec la civilisation Mésopotamienne, faute de quoi on serait menacé d’enfer par les religieux soucieux de consolider une liaison ou engagement, alors que le mariage serait plus que ça et imposerait des obligations réciproques aux contractants, d’après Kant un usage exclusif des parties sexuelles en vue d’avoir des enfants. Puis, nous sommes partis sur le mariage d’intérêt, la prise de risque, l’engagement pour la vie, le fait juridique, le lien de sang entre deux générations successives équivalant à une blessure, comme le voyait Garcia Lorca, l’idée de ‘noce’ ayant disparu, à l’avantage d’autres dénominations, telles que le concubinage ou l’Union Libre (un oxymore), sur lesquels aussi bien Nietzsche que Sartre ont beaucoup écrit.
Ensuite, nous avons rebondi sur la ‘fusion’ assemblage de deux solitudes par Contrat, le contraire d’un Engagement, le mariage étant dès lors un acte commercial avec prise de risque sur une longue durée, du fait d’être établi entre deux êtres qui, ne se connaissant pas, assument une filiation, puis on a essayé de traduire le mot dans d’autres langues et même de faire le calcul du temps à passer ensemble en raison de l’accroissement de l’espérance de vie, enfin un tel mélange d’intérêts, qu’il paraît pure folie de se soumettre à un semblable saut dans l’inconnu, à moins qu’il ne s’agisse d’une protection en vue de la vieillesse, voire un contrat CDI transformé en CDD, Charles Péguy jugeant ‘qu’il faut plus de courage pour rentrer chez soi le soir que pour partir à la guerre’. L’animateur ayant conclut qu’une telle Institution tend à disparaître, en raison de son caractère irréversible et parce qu’elle se trouve au carrefour de différents aspects dont le fait que ‘l’Homme est nomade et la femme sédentaire’, n’est pas le moins négligeable’ ».
Gilles nous a alors gratifié de quelques vers tels que : « D’une liaison au lit,/ durable union d’Homme-Femme en société/ Noce, union qui doit tenir une passion qui ne tient pas/ Mâle a dit le docteur/ Mariage, acte de commerce, promesse femme et ‘marri’/ Projet de vie/ Passer de deux à trois/En fait confiance, en fait méfiance/Famille, je vous hais/ Mariage qui tue, amour qui beugle ».
A part ça, l’amitié étant sous-jacente à tout vivre ensemble, comme origine lexicale de l’union de deux êtres, un mâle et une femelle, à l’élaboration de laquelle ils ne prenaient aucune part, si l’on cherche bien, on trouve dans la mythologie grecque le Mariage, personnifié par Hyménée, chanteur de l’hymne nuptial et affublé d’un flambeau qui lui aurait servi d’arme pour libérer des jeunes vierges attaquées par des pirates. A partir de là, la tradition fait qu’un père marie sa fille à un homme, une action passive qui permet le transfert de la tutelle de lui vers le fiancé, l’amour n’entrant nullement en ligne de compte comme ciment d’une union qui peut être réalisée même « post-mortem ».
De « mas-maris » (le mâle) en latin, Mariage veux dire donc que la protection passe d’un géniteur au futur époux, et que « maritare » ayant le sens de « donner en épousailles », c’est-à-dire, pratiquer des « hyménée, accordailles, alliances », signifie une action passive certes, mais opérante, comme s’il s’agissait d’accorder deux couleurs, ou allier même la vigne avec l’ormeau. Fondant la spécificité hétérosexuelle du mariage, cadre inévitable de la société, c’est de famille donc qu’il s’agit lorsque l’on déblatère sur ce type d’alliance et dès lors, nos représentations puis nos propos à ce sujet deviennent de douteuses redondances, puisque hors mariage, ou toute autre institution primitive du même type, la lignée (ou lien de sang), c’est-à-dire, la famille, disparaîtrait et on jetterait objectivement le bébé avec l’eau du bain.
En effet, à la base d’un système de parenté basé sur la famille on trouve, par le biais du Mariage, une structure autonome composée d’un mari, d’une femme et de leurs enfants, puis des neveux, des cousins, des oncles, des tantes et des grands parents qui, tenant compte des relations entretenues les uns avec les autres, aboutissent à l’unité minimale de parenté ou lien fondamental dans la charpente du genre humain que l’on appelle civilisation, tandis que l’incohérence du « Mariage », dit « gay » (dont il est question dans la planète homo), apparaît, en raison de la moirure obtenue à force de gloser vainement, comme une singerie incongrue qui ruine ces structures, avant même d’être. Si l’on se reporte aux années post soixante-huitardes, c’est assez cocasse d’observer que le Fhar (Front homosexuel d’action révolutionnaire) contestait le pouvoir patriarcal consacré par le « Mariage hétéro », y voyant un Code Moral passablement suranné, la bête à abattre étant ce conformisme bourgeois anti-libertaire. Moralité : la société est un artifice et, ironie de l’Histoire, aujourd’hui ce sont ces mêmes « homos » qui revendiquent ce constant lien conjugal ; « lorsque l’on se repend on devient presque innocent », dit Sénèque.
Autre chose :
-…Et pourquoi voulez-vous divorcer ?, demandait un juge à une femme :
- Pour compatibilité d’intérêts !
- Comment ça, compatibilité ?
- Moi, j’aime la promenade, la lecture, le cinéma, les hommes…
- Et alors ?
- Mon mari aussi.
Carlos