Débat du 15 Avril 2012: « Qu’est-ce qu’un mariage ? », animé par Eric Zernick.

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Posted on 16th avril 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Sous le signe du Bélier, on se met en boule et tout tourne à la dispute. En effet, les caractères principaux de ce tronçon du Zodiaque sont l’excès de volonté, la provocation, le jusqu’auboutisme, le « Tout, tout de suite sinon je fais un malheur », c’est-à-dire, l’esprit d’incompréhension des casse-cou. C’est certainement le motif pour lequel, le 15 Avril, alors que plus de 400 chiens et chats débarquaient à Paris, dans un même espace (Champerret), pour le Salon des Animaux de Compagnie, le meeting électoral de Sarkozy avait lieu à la Concorde, tandis que celui de son adversaire, Hollande, se déroulait à quatorze stations de Métro plus loin, au Château de Vincennes, l’exemple des 40.000 coureurs qui partaient ensemble de l’arc du Triomphe pour couvrir le long des rues de la capitale les 42,195 km du 36ème Marathon de la ville n’insufflant dans leur esprit que la culture de la « gagne », inscrite dans l’ADN de chacun. D’après le calendrier Maison, au Café des Phares®, c’était Eric Zernick à qui, comme s’il s’agissait d’apaisantes hosties, revenait la charge de distribuer la parole pendant le débat, « Qu’est-ce qu’un mariage ? » et l’animer pendant le temps réglementaire.

Mélangeant ethnologie, anthropologie et sociologie, nous avons obtenu un pot-pourri aussi exotique que déshydraté, dénudé de surcroît de toute capacité d’émouvoir :

« A partir de la liaison amoureuse, bien différente du mariage, on a constaté la différence de traitement (Madame ou Mademoiselle) afin de respecter les normes sociétales qui auraient commencé avec la civilisation Mésopotamienne, faute de quoi on serait menacé d’enfer par les religieux soucieux de consolider une liaison ou engagement, alors que le mariage serait plus que ça et imposerait des obligations réciproques aux contractants, d’après Kant un usage exclusif des parties sexuelles en vue d’avoir des enfants. Puis, nous sommes partis sur le mariage d’intérêt, la prise de risque, l’engagement pour la vie, le fait juridique, le lien de sang entre deux générations successives équivalant à une blessure, comme le voyait Garcia Lorca, l’idée de ‘noce’ ayant disparu, à l’avantage d’autres dénominations, telles que le concubinage ou l’Union Libre (un oxymore), sur lesquels aussi bien Nietzsche que Sartre ont beaucoup écrit.

Ensuite, nous avons rebondi sur la ‘fusion’ assemblage de deux solitudes par Contrat, le contraire d’un Engagement, le mariage étant dès lors un acte commercial avec prise de risque sur une longue durée, du fait d’être établi entre deux êtres qui, ne se connaissant pas, assument une filiation, puis on a essayé de traduire le mot dans d’autres langues et même de faire le calcul du temps à passer ensemble en raison de l’accroissement de l’espérance de vie, enfin un tel mélange d’intérêts, qu’il paraît pure folie de se soumettre à un semblable saut dans l’inconnu, à moins qu’il ne s’agisse d’une protection en vue de la vieillesse, voire un contrat CDI transformé en CDD, Charles Péguy jugeant ‘qu’il faut plus de courage pour rentrer chez soi le soir que pour partir à la guerre’. L’animateur ayant conclut qu’une telle Institution tend à disparaître, en raison de son caractère irréversible et parce qu’elle se trouve au carrefour de différents aspects dont le fait que ‘l’Homme est nomade et la femme sédentaire’, n’est pas le moins négligeable’ ».

Gilles nous a alors gratifié de quelques vers tels que : « D’une liaison au lit,/ durable union d’Homme-Femme en société/ Noce, union qui doit tenir une passion qui ne tient pas/ Mâle a dit le docteur/ Mariage, acte de commerce, promesse femme et ‘marri’/ Projet de vie/ Passer de deux à trois/En fait confiance, en fait méfiance/Famille, je vous hais/ Mariage qui tue, amour qui beugle ».

A part ça, l’amitié étant sous-jacente à tout vivre ensemble, comme origine lexicale de l’union de deux êtres, un mâle et une femelle, à l’élaboration de laquelle ils ne prenaient aucune part, si l’on cherche bien, on trouve dans la mythologie grecque le Mariage, personnifié par Hyménée, chanteur de l’hymne nuptial et affublé d’un flambeau qui lui aurait servi d’arme pour libérer des jeunes vierges attaquées par des pirates. A partir de là, la tradition fait qu’un père marie sa fille à un homme, une action passive qui permet le transfert de la tutelle de lui vers le fiancé, l’amour n’entrant nullement en ligne de compte comme ciment d’une union qui peut être réalisée même « post-mortem ».

De « mas-maris » (le mâle) en latin, Mariage veux dire donc que la protection passe d’un géniteur au futur époux, et que « maritare » ayant le sens de « donner en épousailles », c’est-à-dire, pratiquer des « hyménée, accordailles, alliances », signifie une action passive certes, mais opérante, comme s’il s’agissait d’accorder deux couleurs, ou allier même la vigne avec l’ormeau. Fondant la spécificité hétérosexuelle du mariage, cadre inévitable de la société, c’est de famille donc qu’il s’agit lorsque l’on déblatère sur ce type d’alliance et dès lors, nos représentations puis nos propos à ce sujet deviennent de douteuses redondances, puisque hors mariage, ou toute autre institution primitive du même type, la lignée (ou lien de sang), c’est-à-dire, la famille, disparaîtrait et on jetterait objectivement le bébé avec l’eau du bain.

En effet, à la base d’un système de parenté basé sur la famille on trouve, par le biais du Mariage, une structure autonome composée d’un mari, d’une femme et de leurs enfants, puis des neveux, des cousins, des oncles, des tantes et des grands parents qui, tenant compte des relations entretenues les uns avec les autres, aboutissent à l’unité minimale de parenté ou lien fondamental dans la charpente du genre humain que l’on appelle civilisation, tandis que l’incohérence du « Mariage », dit « gay » (dont il est question dans la planète homo), apparaît, en raison de la moirure obtenue à force de gloser vainement, comme une singerie incongrue  qui ruine ces structures, avant même d’être. Si l’on se reporte aux années post soixante-huitardes, c’est assez cocasse d’observer que le Fhar (Front homosexuel d’action révolutionnaire) contestait le pouvoir patriarcal consacré par le « Mariage hétéro », y voyant un Code Moral passablement suranné, la bête à abattre étant ce conformisme bourgeois anti-libertaire. Moralité : la société est un artifice et, ironie de l’Histoire, aujourd’hui ce sont ces mêmes « homos » qui revendiquent ce constant lien conjugal ; « lorsque l’on se repend on devient presque innocent », dit Sénèque.

Autre chose :

-…Et pourquoi voulez-vous divorcer ?, demandait un juge à une femme :

- Pour compatibilité d’intérêts !

- Comment ça, compatibilité ?

- Moi, j’aime la promenade, la lecture, le cinéma, les hommes…

- Et alors ?

- Mon mari aussi.

Carlos

3 Comments
  1. Gunter says:

    Voici un petit grand livre, très utile pour prolonger les réflexions du dimanche dernier :

    « L’homme contemporain n’est pas « sans qualités », il est devenu « sans liens ». Cette « déliaision » peut-être vue comme une libération (« soyez libres », « sans attache », comme le répète l’éthique préfabriquée vendue par tous les publicitaires), mais elle porte aussi en elle le danger de la solitude et de la déréliction, la peur constante d’être « jeté ».

    Le monde liquide de la modernité triomphante est aussi celui de la liberté, de la flexibilité, mais aussi de l’insécurité. Zygmunt Bauman s’interroge sur ces relations humaines où l’on jauge, évalue, choisit, jette, où l’on passe des contrats et des deals temporaires : tu me plais/tu ne me plais plus ; je te prends/je te quitte. Je refais ma vie. Les couples se composent, se décomposent ou bien vivent « semi-attachés ». Les relations durables ont été « liquidées » au profit de liaisons flexibles, de connexions temporaires et de réseaux qui ne cessent de se modifier : aussi bien sur les plans sexuel et affectif que dans les liens collectifs du voisinage, de la ville et finalement de la société entière ». (Quatrième page de couverture de « L’amour liquide » de Zygmunt Bauman, philosophe et sociologue, qui a écrit, entre autre : « La vie liquide », « La Vie en miettes » et « S’acheter une vie »)

    16th avril 2012 at 10 h 45 min

  2. Gilles Roca says:

    Qu’est-ce que Le mariage’?, Éric’ Zernik’, Aux Phares,

    D’une Liaison … Au Lien, d’une durable’ union, comme’…union
    homme – femme’, en couple’- institution, pilier de société … À deux’, en réunion,
    contrat Anachronique … d’une’ « imposition », Antinaturelles noces …célébration …
    d’un’ engagement qui, créé, doit tenir … et faire sens’, et qui, en fait’, est « sous pression », de fait’, et ne tient pas’, est’ Archaïque’, et doit finir … « oui » … « je suis Là »,
    qui n’est plus Là … est’ un peu Las … Le mariage fatigue … s’Alite … se délite … Voilà !,
    et tend’ À disparaître’, Avec sa maladie … « mal …a …dit Le docteur » ( Vincent Roca ) … L’Ami Georges Tahar, mariage … « mâle’… agir » … du … con-joint … Le mari, c’est ça,
    de fusion en fission, transmission, filiation … un’ Acte de bas(e)’…art, un’ Acte …
    de commerce, marché de dupes …rit, entre …chat et sourit … un’ Acte …
    de promesse, dont La femme’ est marrie … d’un …don de La farce … farceur,
    de cedit « Lien social », rencontre’- Altérité, complémentarité, « statue … du commandeur », statut … du Lien social, statut …« Accomodeur », « Association de bienfaiteurs …
    de malfaiteurs », projet de Vie … d’un Lien – jointure’, un « joint – venture », qui Asservit,
    qui A …servi … Au mari, Le porteur, Le passeur … possesseur, transmetteur,
    Voire … L’entremetteur, Aussi, et qui s’en félicite … Félicie … Aussi !
    L’escamoteur … en « un » … du « deux » … pour être « trois », en projet, en conscience’,
    un cap’, une confiance’, en fait’, une défiance’, en fait’, une méfiance,
    « pour Le meilleur, et pour Le pire’», un mariage … d’idées,
    qui manque Le meilleur, divorce … pour Le pire’, et qui n’A pas d’idée ! …
    Étrange … décision, un saut dans L’inconnu, d’illusion … sans Vision … d’infidélité …nue !,
    rapport … Au temps, Au don, d’Amour – Lien d’Amour d’Amitié –
    de(ux) moitiés … Lien entier –
    L’un L’Autre … foi, Au monde’, À L’Autre’, À soi, Leurre … perche tendue …
    superche …rit, piège’À con …trompe …rit … de ce monde, hypocrite,
    « familles … je Vous hais », de cette société, de complices, Acolytes,
    malsaine … connivence, malsaine … manigance, « si L’Amour …est’ Aveugle, …
    Le mariage’ rend La Vue », qui « tue … L’Amour » … qui beugle !, Gilles Roca,

    Cas-fée-Philo des Nés-Nus-Phares, 15’Avril 2012, ces-jours de Germinal,
    et de mariage … phare’, et que L’on’ en découse’!, un’ Autre … Lien social, G R

    16th avril 2012 at 15 h 35 min

  3. Elke says:

    L’expérience de former un couple fait probablement partie des expériences fondamentales de l’être humain. Vivre « en couple » procure à l’humain un espace d’expression particulier, celui de l’intimité. L’espace de l’intimité partagé peut donner un sentiment de sécurité, d’invulnérabilité. « Quand je suis avec toi, je n’ai plus peur », dit Debouze dans un film de guerre à une jeune fille, et je trouvais ça « juste »: à deux, la tension de l’angoisse existentielle semble diminuer. Et en même temps, je vois dans ce fait « sécurisant » le piège qui peut se fermer sur certains couples. Le temps du couple, de l’intimité, c’est un temps, ce n’est pas le temps d’une vie de l’homme. Le couple et le mariage? C’est inscrire le couple dans une trajectoire, dans un projet de vie.
    Marcher ensemble. Il est mieux de marcher à deux, est-il dit quelque part, peut-être dans la bible, je ne me rappelle plus trop bien, il est mieux de marcher à deux, parce que quand il y en a un qui tombe, il y a le deuxième pour aider à se relever. Quand on se marie, on devrait moins être préoccupé par l’amour éternel que par la direction qu’on choisit de prendre ensemble. S’engager dans un projet de vie à deux, voilà ce que j’appellerait un « mariage ». Si « être ensemble » peut nous satisfaire un petit bout de temps, le « faire ensemble » donnera le sens durable à l’unité de vie « couple ». je pense que ma génération n’a pas été très au fait de ces choses là. Dans le mouvement de la « libération » sexuelle, nous avons confondu contes de fée et réalité. La nouvelle génération me semble beaucoup plus zen et raisonnable quant aux exigences d’une cohabitation enrichissante. Et encore…. probablement, j’idéalise. Le couple, depuis Adam et Eve, ce n’a jamais été facile. On se débrouillera donc comme on peut!
    Elke Mallem

    16th avril 2012 at 23 h 27 min

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