Débat du 10 Février 2013: « Sommes-nous en décadence? » animé par Raphaël Prudencio.

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Posted on 11th février 2013 by Carlos in Comptes-Rendus

Mardi, 5 Février était jour de Carnaval, mais rien ne portait à la rigolade. Le Pape jetait l’éponge, et en Europe, la semaine était assez chargée. L’Eurogroupe s’interrogeait sur l’Euro fort, tout en étudiant l’opportunité d’une taxe sur les transactions financières, et la Commission Européenne devait prendre d’importantes décisions au sujet du Sommet UE/Russie, ainsi que des quotas de pêche, l’envoi de formateurs au Mali en raison des événements militaires qu’y semaient la confusion, obligeant dès lors les troupes Françaises ou Tchadiennes là présentes à poursuivre leur traque aux Islamistes et aux Kamikazes Jihadistes, (motif du voyage du président Français, François Hollande pour prôner le dialogue). Lors du Débat du 10 Février 2013, au Café des Phares®, nous nous sommes, alors, posés la question de savoir « Sommes-nous en décadence ? », la discussion étant animée par Raphaël Prudencio.

Décadence par rapport à quoi ? Par rapport à quelles valeurs, qui seraient alors essentielles ? Rappelons-nous que la Décadence (du latin « cadere »= « tomber ») signifie la ruine ; c’est la fin d’un Age d’Or, annoncée par les « Cassandres » ou oiseaux de mauvais augure, et une perte accélérée de cohésion consistant dans un processus de dégradation de la société, de ses mœurs, de son niveau de vie et de ses valeurs ; le terme, en somme, d’un âge prospère ou florissant et l’avènement, effarant, du marasme, le déclin, la crise, la stagnation, la dégradation malsaine des moeurs. Par rapport à qui, et quel idéal ? Qui est ce ‘nous’ ?

Les ‘Barbares’, (littéralement les ‘Etrangers’, pour les Grecs), seraient-ils à nos portes et les signes visibles d’un pernicieux avilissement déjà évidents ? Y aurait-il une réelle crise tangible de civilisation, des signes concrets de manque d’idéaux, de laisser aller, de désagrégation, et que la révolution grondât devant nos yeux, décidée à rétablir un niveau de civilisation qui battrait de l’aile ?

Quoiqu’il en soit, en général, la récession précède l’essor, et permet ainsi le renouvellement d’une situation donnée, le progrès, ce qui fait d’elle un moment nécessaire à l’évolution, menant au perfectionnement graduel d’un côté et évitant de l’autre la dégénérescence ou le pessimisme Nietzschéen, puisque de nouvelles voies de salut s’avèrent toujours nécessaires, justifiant même une éventuelle révolution, afin de démanteler le présent ainsi que l’épuisement du sens dû à un possible vieillissement de l’Occident. Ou souffririons-nous, par hasard, d’une sorte d’aphasie ou surdité verbale qui nous empêcherait de comprendre le langage parlé, véhicule de nos projets communs, le rêve tournant dès lors au cauchemar ? L’Homme Bon aurait cessé de nous enchanter avec ses sortilèges ?

En tous cas, il a été dit « que, même s’il s’agit là de philosophie politique, les ‘Hommes’ d’un certain âge en parlent beaucoup mais ça ne se voit pas à l’échelle d’une génération ; que, d’après les vieux textes, les Hommes d’il y a 3.000 ans disaient déjà la même chose’ ; qu’il faut toujours lutter contre la solitude ; l’ancien ayant du mal à mourir, lorsque le nouveau est en train de naître ; que l’on assiste au déclin de l’occident, comme il a été le cas des grands empires ; que les vieilles civilisations étaient plus évoluées que nous, qui parlons au présent, alors que l’Histoire est un récit ; ‘nous nous trouvons dans un monde fini’ (Paul Valéry) ; tout en nous demandant ‘quel est, enfin, le ‘nous’ qui parle’ ; ou en affirmant que le sujet est rabat-joie ; que de nos jours il est difficile de juger de l’‘Art Moderne’ et que bientôt on sera tous chinois. On se demanda, ‘décadence’ par rapport à quoi ?, dès que la représentation de Homme a changé, Anna Arendt l’ayant déclaré projeté en dehors de la nature. D’autres voyaient dans la ‘décadence’ positive ; qu’être ‘décadent’ c’est être à la mode ; que le meilleur ‘marqueur’ est le langage désabusé de nos dirigeants, voire le culotté ‘Zadig et Voltaire’ d’un certain ministre’. On a évoqué encore ‘ Giambattista Vico (philosophe italien, XVII-XVIII s.) et son jugement de ‘barbarie intellectuelle’ ; la rigueur grammaticale dans l’écriture ; comme celle de ‘Un Café pour Socrate’ dû à Marc Sautet et critiqué l’abus de l’art provocateur comme ‘le Pissoir’ de Duchamps ou la ‘Merde en Conserve’ de Piero Manzoni, (52.000 dollars pièce /80.000 aux enchères) ; tout le monde regrette le temps d’avant ; l’Histoire se répète même si ‘à l’ouest il n’y a rien de nouveau’ ; quoi d’autre, à la place ? à part des ‘SMS’ et des ‘ Emails’ ? ». On a rappelé encore l’œuvre d’Edgar Morin ‘Tout ce qui ne se régénère pas, dégénère’, ainsi que Freud, Nietzsche, Aristote, l’Abbé Pierre et Georges Brassens, ‘Gare aux Gorilles…’ ».

Finalement nous avons écouté la ‘Rapsodie’ de Gilles, et regagné nos Pénates, fiers du devoir accompli.

- « Ô sage gourou, dis-moi qu’est-ce que la décadence ? »

- La décadence, c’est de répéter toujours la même chose…

- Quoi ? Répéter toujours la même chose ? J’ai parcouru tout ce chemin jusqu’à toi, pour que tu me dises que la décadence est de répéter toujours la même chose ?

- Alors, c’est que la décadence n’est pas de répéter toujours la même chose !

Carlos