Au milieu des habituelles péripéties politiques dont le monde, ainsi que la France sont animés, à 85 ans Benoît XVI qui, en tant qu’évêque de Rome succéda à Saint Pierre en Avril 2005, annonçait soudain, le 11 Février, sa résignation à la charge pastorale à partir du 28 du même mois, ce qui a eu l’effet d’une fin du monde, alors que, précisément, une météorite de dizaines de tonnes se désintégrait à Tcheliabinsk cinq kilomètres au-dessus de l’Oural, et qu’un scandale sanitaire éclata lorsque l’on a voulu nous faire avaler des couleuvres pour des plats cuisinés sous emballage. Tout cela n’était cependant pas matière à empêcher les habitués du Café des Phares® d’y venir, le 17 Février 2013, pour participer au débat dominical qui, portant sur « La dernière fois », était en l’occurrence animé par Alois Sandner Diaz.
La dernière fois, quoi ? S’agit-il du titre d’un tango ? Est-il question du Temps et, à la rigueur, de « E=mc2 » ? D’une remontrance du genre ‘je ne le répéterai pas deux fois ; après c’est le martinet’ ? Peut importe ; comme un cheveu dans la soupe, l’affirmation pontifiait là, chosifiée, et ce qu’il fallait c’était encaisser, puis se débrouiller pour en tirer quelque substance d’une telle observation jetée en l’air sans nous interpeller particulièrement, mais qui subsistait, lancée comme un ballon qu’il fallait attraper et, le passant de main en main, aller jusqu’à la ligne de but pour en faire un essai ; 5 points. C’est maigre, pour le temps que l’on passe en salle de travail, pourvu que « La prochaine fois » ne sera pas le thème de notre imminente cogitation.
On me dit que je suis toujours négatif, que rien n’a de grâce auprès de mon entendement, que je suis destructeur ; le fait est que, ‘après la dernière fois’, si c’est bien la dernière, il n’y a plus que dalle ; ‘circulez ; il n’y a rien à voir’, et je ne peux être, alors, que ‘déconstructeur’ au pire, et répliquer que nous n’étions là que pour y travailler puis en venir à bout de cette « dernière fois », c’est-à-dire, broder autour d’un constat, indépendamment de ce que ça pouvait bien vouloir dire, nous référant, pour y parvenir, à tout ce qui bouge ou ferait illusion au dépens de l’allusion à un tel instant, puis imaginer que si ! Qu’il y a « une première fois » et qu’en suite, selon l’espérance de vie, beaucoup d’autres sans aucune importance, jusqu’à la der des ders. Comment ? Visant les étoiles ? Mais les étoiles ont quelque chose à voir avec le désir, et le désir n’y était pas, puisque l’on ne pouvait plus rien attendre de ce genre d’envie, basta. Va voir là-bas si j’y suis, et reviens à l’heure du thé. Etant donné qu’une seconde est toujours une seconde, une telle relativité n’avait pas un Port de destination ; c’était une chanson pareille à une autre, comme par exemple le ‘bolero’: « La ultima noche que passé contigo… » (La dernière nuit que j’ai passé avec toi) mais le rythme n’y était pas.
Pas de lézard ; on fait comme si, et les participants ont redoublé d’efforts afin de ressentir quelque chose, évoquant par exemple « l’inconnue que ça représente », « la nostalgie », « la vieillesse », « la mort », « l’inconscience », « l’exclusivité, ainsi que l’irréversibilité de l’événement », « la méfiance vis-à-vis de l’avidité », le « sentiment de perte », « la rupture en spirale », « considérer les trois temps, le poétique, l’anniversaire, le festif », « l’effet de la pellicule ‘Amour’ de Haneke, alors que la vie est autre chose qu’un film, car les gens changent ». Quelqu’un a « fait savoir que l’on ne connaît pas l’avenir », et un autre jugea « qu’il faut distinguer entre le ‘quantitatif’ et le ‘temporel’ », « aussi bien qu’entre la certitude de la mort, et l’hypothèse d’un poème ; entre le châtiment et la récompense », alors que l’animateur se demandait « de qui a-t-on peur ?», d’autres « qu’est-ce que la vie sans la mort ?».
On s’éloignait de « la dernière fois » et on passait au « ça suffit !, pour repartir de zéro », « le ‘mariage pour tous’ », le bon mot du sage « c’est la première et dernière fois que je meurs », « la démission du Pape », « le ‘Dieu est mort’ de Nietzsche et le « ‘que Dieu nous sauve’ du croyant », puis on est revenu au « on ne peut pas échapper à la mort et je me révolte puisque si l’esprit ne peut pas naître, il ne peut pas mourir car, le spirituel n’est pas un diktat de la vie, et j’ai pris à 60 ans la résolution de ne pas mourir et de ne pas mentir », ajoutant que ‘la dernière fois’ est une Utopie, une vue de l’esprit, puisque au-delà il n’y a rien. « On vit dans la communauté des morts, la vie étant un éternel recommencement », ajouta l’animateur, puis quelqu’un a fait savoir « que l’on ne vit qu’une fois », rêvant « d’être un papillon », « essayant de rendre la vie plus intense, quelque chose d’unique », « une ‘tragédie de Hamlet’ ou d’Œdipe, une aventure, une envie de mort, une joie sans la tristesse », que « Deleuze, Freud et Pascal ont savourée philosophiquement », « libérant les forces de l’esprit » ou, comme Oscar Wild ‘visant les étoiles allongés dans le caniveau’.
Gilles a eu le dernier mot.
Dans son lit de mort, un moribond lâchât un sonore pet.
- Ops ! Fit-il. Peut-être ce sera le dernier !
Carlos
Elke says:
La dernière fois… Effectivement, le lien avec la mort est manifeste. Mais avec le souvenir aussi. « La dernière fois que je t’ai vu » alimente le désir de la « prochaine fois » que je pourrai te voir. Jusqu’au jour que je ne te verrai plus. Restera alors le souvenir, bien précieux des vieillesses réussies. Et viendra le jour ou ce souvenir s’efface aussi : le fameux dernier souffle n’est pas loin. Plus rien à retenir, plus rien à protéger : la meilleur façon de trépasser est bien celle-ci : avoir pu se dépouiller progressivement de tout pour pouvoir passer le pas d’un pas « léger » …. Cela devient de l’art, quand ce pas léger respecte la gravité du moment. On parle beaucoup de l’art de vivre, très peu de l’art de mourir, et Benoit a peut-être envie de s’y préparer ? Faire comme si on ne mourrait jamais, n’est-ce pas une forme de déni de la vie ? Laisser sa place, céder ses responsabilités aux autres de son vivant, n’est-ce pas une façon de prendre sa place aussi ? D’accepter l’impermanence des « choses », d’inventer de nouvelles façons d’être dans le monde, d’être au monde. Le sujet « La dernière fois » renvoie donc au déroulement cyclique de notre vie et m’évoque l’égrainement des différentes étapes d’une vie. Chaque nouvelle étape débute bien souvent avec des séparations nécessaires (les nécessaires « dernière fois ») et rendent de nouvelles rencontres, nouvelles expériences possibles qui n’étaient pas possibles avant. Ultime rencontre : celle avec « la mort », ce retour au chaos/néant/tout/rien indéfinissable, irreprésentable. Mais quand on peut se rappeler les dernières et les premières fois avec philosophie, on constate au bout d’un certain temps que ce n’est jamais « aussi mauvais » ni « aussi bon » qu’on imaginait. Alors pourquoi ne pas mourir avec sérénité, même si ce dernier souffle introduit une primo-expérience, celle de mourir?
18th février 2013 at 10 h 43 min
Roca Gilles says:
Que peut signifier « La dernière fois » ? Aloïs’ Sander’, Aux Phares,
entre … La fois dernière’ et La dernière fois, maîtrise … certitude … du temps,
À La fois, de La Vie, L’Attitude’, et du temps,
Le sablier, Vivre … chaque jour comme’ si c’était Le dernier, dramatique … de L’irréversibilité,
et, de La finitude’ À La finalité,
plénitude … sacrée, de création, sacrée, « présent passé / passé présent » …
Eugène Ionesco, on ne Vit qu’une fois, c’est La dernière fois, Artisan, pensé, pensé, partisan …
toi, mon’ ultime chance,
« je fête … L’essentiel, je fête … ta présence »,
Paul Eluard, et …sens’…ciel !, de L’existence’, et, Là, sur Les tréteaux du très-tard,
« mes …mains …tôt, mais …si …tard », dernier départ …
mémoire … d’À-venir, de L’être’, en devenir … jusqu’À sa dernière demeure’, « on ne connaît’, ici-bas, ni Le jour, ni L’heure », de notre … dernier pas …
À La dernière … Passion, fou … mais …sage … Pas …sage … naît …sens’, est création … En …Vie …Vente … La Voie , de L’intérieure … Voix, sans retour, de nos jours, infini, d’un …fini,
Aux radicales’ Ailes, de L’Absence … présence, de nos jours … À toujours … La présence …
réelle … d’esprit, incarné, en’ esprit, qui re-naît … re-naît …sens’ …
de La dernière fois, Souci, Pensée, Immortelle … naît …sens’, … À L’essence …
de ces, trois, fleurs, est …sens’, moteur … de La dernière fois … L’être … humain … carbure’ Au sens’ … de La dernière fois …
du monde … L’Autre … soi, dernière fois … ma foi !
Gilles Roca,
Cas-fée-Philo des Nés-nus-Phares, 17’- 2 – 2013’, en ces-jours de Pluviôse’,
une … dernière fois, mais’ une’ unique … foi, « il était’ une foi … La mienne ! »,
Raymond Devos’, une … dernière fois, La sienne,
nous mourrons’, et Vivrons, sur scène,
La SCène …
comme’…union,
une … dernière fois, éveil À La Passion,
Pas …sage … mais …sage … « Rêvons de mots ! » … Phares ! …
Sous La cendre … La braise’,
Ose !,
G R
18th février 2013 at 20 h 13 min
Gabriel says:
Comme il s’en est dégagé ce dimanche , l’idée de « dernière fois » est fortement reliée à celle de mort ou au moins d’acheminement vers la mort : à force de « dernières fois » mon monde est en rétrécissement par soustraction d’êtres, d’actes,……Mais on peut aussi relier l’idée de « dernière fois » à celle de perfection : envisager la réalisation de toute chose comme si c’était la » dernière fois » peut obliger à y consacrer toute mon attention, tout mon effort, pour que je puisse me satisfaire du résultat, le jugeant beau ou bien , d’emblée. Accepter le principe d’irréversibité , avoir en tête qu’il y a des points de non retour, oublier les fameux cahiers de brouillon d’antan (cahiers d’essais aujourd’hui !) pour travailler « au propre » . Se défaire de l’étiquette d’ » être brouillon », de négligence .
Alors l’idée de « dernière fois » aura à voir avec la mort , c’est indéniable, mais aussi avec la tentative immédiate de perfection …..Viendra de là ………..l’idée de « mourir en beauté » !
18th février 2013 at 11 h 44 min