Une fois signalé le changement d’horaire, faisant l’impasse sur l’Affaire « Prisme » qui a réanimé le spectre du Big Brother, dans ses efforts pour transformer la Planète en un Nouveau Far West, l’objectif de la semaine semblait avoir été de sensibiliser tout l’univers à une même nécessité, celle de réduire la quantité de déchets de par le monde, et donner aux Hommes des clés pour le réussir. L’agenda hebdomadaire s’est donc trouvé chargé d’activités allant du Développement Durable et Droits Humains, à la septième édition du Festival du Film sur l’Alimentation, ainsi que sur la transition agricole, l’Agro-écologie, l’Artisanat, la Surpêche, le Libre Echange et les Inégalités Professionnelles, un travail accompagné de Films et Débats Ouverts sur le Vent ou le Combat contre le Sexisme, voire aussi bien les valeurs du Partage de l’Eau. Au Café des Phares®, les participants à la réflexion philosophique du dimanche 27 Octobre, avaient, eux à se pencher sur les enjeux du Débat « Pourquoi mon corps sait-il quelque chose que j’ignore ? », animé par Nadia Guemidi.
Sacré cachottier, que ce Corps, aux airs d’en savoir plus sur ma personne, que moi-même n’en ai jamais été instruit… Au fait, je pense que cette substance molle ne sait rien du tout, une certaine ignorance de soi étant utile à un être qui doit s’extérioriser pour agir. Puis, d’abord, un tel organisme, un individu, ou la conscience, elle-même, peuvent-ils opérer, au détriment du sujet ? J’en doute.
Certainement, la cause de ce ‘pensum’ s’embranchait dans le fait que « Philosophie Magasine » posait une question semblable dans son dernier numéro « Qui est mon corps ? », « Corps » étant un pronom relatif désignant une créature, une personne ou une chose, engendrée, produite… ou carrément tirée du néant.
Mais, tout compte fait, le corps, humain, c’est au fond de la chair de quiconque possédant un savoir, une conscience ou une connaissance de soi. Une individualité ? Certes, Socrates enjoignait ses auditeurs à se forger une idée de leur être, à partir d’un JE tourné vers un TOI, « Γνώθι σεαυτόν », Gnothi seauton, « connais-toi, toi-même » (maxime clé de l’humanisme). C’est-à-dire, les faire de prendre conscience de leur propre mesure, le CORPS, et lui donner un sens. Peut-il, ce corps, définir ce que JE est, surtout si JE l’ignore ? A-t-il une conscience de soi, de moi, de l’autre ? Nos connaissances passent par la faculté que nous avons de comprendre notre propre réalité et de la juger, soit, mais, la connaît-on ? Suis-je à même de saisir ce que je méjuge, ce que j’ignore ? La Conscience n’est pas consciente d’elle-même. Le Corps n’est qu’un organisme, opposé à l’esprit, et un membre de mon corps ne sait pas plus sur ma personne que moi-même. Qui est le maître en la demeure ? Le Corps ou le Je, qui se charge de tout par rapport à soi ? Bergson prétend qu’une certaine ignorance de soi est peut-être utile à un être qui doit s’extérioriser pour agir. En effet, l’individu proteste, réclame, réveille les consciences… mais il ne sait rien de la pertinence de ses gesticulations.
Beaucoup, beaucoup de choses on encore été dites, confirmant que « le cerveau nous joue des sacrés tours », lorsque « ça touche à l’esprit », l’idéal étant une « mens sana in corpore sano », maxime extraite de la dixième satire de Juvenal, etc., etc…
Puis Gilles, finissant sa prosodie, apostropha la chair : « Mon corps, ose !!! », comme Michel Ange (1515) interpella le Moïse qu’il venait de sculpter, d’un coup de burin sur le pied : « Parla ! », et tout le monde partit, refaire le monde, ailleurs.
Pour terminer, je suis tenté de rappeler l’épisode concernant les conditions de la mort du Président Félix Faure, décédé dans les bras de sa maîtresse, Marguerite Steinheil. Alerté, un ministre vint s’enquérir de l’Etat de santé du chef de l’Etat, demandant à l’Huissier :
- Dites, mon brave, Monsieur le Président a-t-il toujours sa connaissance ?
- Non, non. Elle est partie par derrière…
Carlos