Débat du 8 Juillet 2012: « Le fait social se réduit-il à l’échange ? », animé par Alexandra Ahouandjinou.

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Posted on 9th juillet 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Dans le cadre des coutumières Fêtes de l’Eté, ce dimanche 8 Juillet, le Canal de l’Ourcq observait sa pause estivale célébrant la saison reine de l’année avec des tas d’animations, comme du cinéma en plein air, des concerts, des bals et des croisières sur des navettes fluviales, tandis que, à deux pas de là, avait lieu au Café des Phares® le traditionnel débat philo, pour lequel l’animatrice, Alexandra Ahouandjinou, souhaitait un sujet en rapport avec le « Don », ce qui finalement a été formulé par « Le fait social se réduit-il à l’échange ? », la discussion devenant ainsi tout à fait envisageable si l’on se sentait en phase avec la nouvelle interpellation, en un mot, « est-ce que tout est commerce, ou pas ? ».

Dès lors, comme il fallait s’y attendre, il ne fut plus affaire de « Don », « Donation » ou « Legs » et, après quelques minutes de réflexion accordées par l’animatrice, elle-même a convenu qu’il y avait là, dans ce Don, une certaine réciprocité, le cas échéant ce serait une pure question d’intérêts, une différenciation étant dès lors établie entre échange marchand (paiement d’un juste prix) et non marchand (gardiennage de chats, par exemple), après quoi nous nous sommes interrogés sur la distinction entre « troc » (fait social) et « Don » (acte par lequel l’autre, possédant quelque chose de moi, passe à me ressembler), raison plus que suffisante pour que je n’accepte pas l’édredon et encore moins le dentier de ma concierge.

Puis, on a évoqué les contreparties dans les cadeaux de Noël, le potlatch et la surenchère de « Dons » comme il est expérimenté dans les systèmes endogamiques, le « Don » se dissociant ainsi de l’échange et du « donner pour recevoir », avec à la clé les questions « faut-il ‘devoir’ pour ‘donner’ ? », « que peut-on donner ? », « à qui peut-on donner ? », « peut-on tout donner ? » « une fois distingué le ‘don’ du ‘dû’ ».

L’animatrice a consulté sa liste d’interpellations envisagées, et lança finalement que « l’on ne donne pas dans l’échange, que garder pour soi ce n’est pas du ‘Don’, et que même si le ‘Don’ est gratuit, un cadeau n’est pas un ‘Don’, alors que se donner soi-même serait un ‘Don de soi’ ou une ‘satisfaction de besoins primaires’. Dans le même ordre d’idées, pour d’autres intervenants le véritable « Don » est anonyme et que pour être « Don », le  « je » doit disparaître complètement du geste de « donner », allant « jusqu’aux échanges sur le pas de sa porte », « le langage étant profondément lié à la relation avec les autres, comme le préconise Bergson » et « à ‘l’empathie’ », ce que d’aucuns ont qualifié « de dérive hors sujet ». Puis, l’auteur du thème en discussion critiqua « ceux qui, arrivant en retard, s’arrogent la prétention de savoir où l’on en est » et préconisa « que l’on ne néglige pas ni l’amour ni la haine constitutifs de l’émotion et du désir, le ‘thumos’ des grecques », Gilles nous faisant part, enfin, de ses inspirations poétiques, telles que « le véritable don est le don de soi », « le don, le désir et l’amour étant les moteurs de l’existence »

Par circonspection ou désintérêt, nous avons omis, avec précaution, le « don d’agacer », voire « le don d’embrouiller », souvent si présents dans nos échanges dominicales. Et pour cause. Dans ma paroisse, après le sermon, le curé a dit que, le noyer du préau ayant eu beaucoup de noix, il ferait don de ces fruits à « celui qui ne serait pas aux ordres de son épouse ». Un grand gaillard, reconnu dans le patelin pour son fort caractère, s’est présenté et, l’homme de Dieu lui reprochant de ne pas avoir pris un sac plus grand, il s’excusa : « C’est ce que je voulais, mais, ma femme m’a dit que se serait de la goujaterie, alors… ».

« Vide ton sac, et laisse les noix ici », lui ordonna alors le prêtre, indigné.

…   

NB

Au cours de l’après midi, les cinéphiles ont rempilé, partant zieuter au cinéma de l’Entrepôt, un savoureux film de Fellini, « Amarcor », en romagnol, « Mio ricordo » (je me souviens), musique de Nino Rota et Oscar du meilleur film étranger en 1975, sorti en 1973, et que nous présentait Daniel Ramirez. Il s’agit d’une chronique de vie à Rimini vue par un adolescent, Titta, et parsemée de truculents personnages se débrouillant pour coller au mieux à l’existence, que le destin voulu en régime fasciste. Le débat qui s’en suivi fut tout aussi intéressant, ce qui a fait, de ce dimanche, un singulier concours de dons.

Carlos

Débat du Premier Juillet 2012: « Etre normal est-ce normal ? », animé par Christian Godin.

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Posted on 3rd juillet 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Si j’avais assisté au débat « Etre normal est-ce normal ? », que Christian Godin nous a fait l’honneur d’animer au Café des Phares® le premier Juillet 2012, j’aurais commencé, comme d’habitude, par faire l’Etat des Lieux de notre Habitat commun, dénonçant le nouveau massacre de Houla, en Syrie, perpétré devant le Commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU et, rapportant que le Président de la République Française a reçu avec tous les honneurs l’héroïque députée birmane Aung Sam Sun Kyi, je ne manquerais pas de faire aussi référence à la Finale de l’Euro 2012 de Football qui s’est soldée à Kiev par la victoire de l’Espagne sur l’Italie, ni d’évoquer le départ de Liège du 99ème Tour de France en bicyclette.

Après, Christian ayant assurément épuisé tous les aspects et sens les plus pertinents de la question, une fois défini le mot qui, ainsi que l’idée, était étranger aux grecs, (et dérivant en définitive du latin « norma » signifie étymologiquement « équerre/règle », distincte de la Loi, une description de ce qui est et de ce qui doit être), j’aurais essayé de rapporter au mieux et succinctement un maximum d’interventions de l’Assemblée faites à propos du sujet du jour, ajoutant certaines observations personnelles, dans le but d’en retirer une idée générale ou un angle d’approche intelligible, afin de garder la cohérence ainsi que le pragmatisme d’un exercice que les vers de Gilles résument encore, terminant, comme un baisser de rideau, par une pirouette pas toujours pertinente, mais qui équivaut à la flèche indiquant la sortie, afin de changer d’air.

Pour tout dire, je pense que ce qui se passe au Phares, à longueur d’année, ne doit pas rester lettre morte et qu’il nous faut un témoignage de ce fabuleux théâtre d’idées que des dizaines de cervelles ruminent. C’est pour ça que, par manque d’autre scribe, je persiste à m’y coller, et le fais brièvement encore, afin que l’on puisse aussi revenir là-dessus dans nos commentaires.

Finalement, pour rendre de nouveau les polémistes au brouhaha extérieur sans étouffer complètement leurs voix intérieures, je cherche dans le rire une transition plus ou moins heureuse vers la comédie du monde. Par exemple, aujourd’hui :

- Docteur, mon mari n’est pas normal ; il se prend pour un frigidaire et ça me dérange !

- Pourquoi dites-vous ça ?

- Il dort la bouche ouverte et…

- Il ronfle…

- Non, non. C’est la petite lumière qui m’empêche de dormir.

Carlos

Le débat du 24 juin 2012 : « Pourquoi le mot « bonté » est-il un mot tabou en philosophie ? », animé par Eric Zernik.

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Posted on 19th juin 2012 by Gunter in Comptes-Rendus

C’était la semaine des nuits courtes, des tas d’événements se succédant dans la capital, de la Fête de la Musique aux Matches du Championnat d’Europe de Foot transmis par des écrans géants installés au Trocadéro ainsi que sur la Place de l’Hôtel de Ville, tandis qu’à Bruxelles nos dirigeants s’occupaient de politique agricole commune et de chercher la meilleure manière d’évaluer la dette de la zone Euro. C’est dans cette atmosphère générale que, le 24 juin, au Café des Phares®, Eric Zernick choisit pour thème du débat philosophique hebdomadaire : « Pourquoi le mot ‘Bonté’ est-il un mot tabou en Philosophie ? »

D’emblée, je n’ai rien compris… et je ne comprends toujours pas. A quoi rime de s’interroger sur une affirmation dont les prémisses sont douteuses et la réponse serait dès lors « parce que » ? D’abord, avant de chercher « pourquoi », d’où ça sort, sans démonstration, que « Bonté » serait éventuellement un mot « tabou » (« tabou » étant une des rares désignations des peuples dits sauvages à être reprise par les occidentaux), lorsque l’on parle entre philosophes ? (Personnellement, je l’ignorais). Voulait-on dire « un mot récurrent » ? Puis, pour quoi se permet-on d’interroger le public sur les raisons de ce qui est affirmé arbitrairement ? Au sujet d’une assertion dont, ce qu’elle clame n’est pas clair, loin s’en faut, et, sans définir le terme en cause, avoir motivé une proposition ou fondé a priori un jugement douteux, c’est-à-dire, omettant d’expliquer aux gens qu’il s’agirait là d’un « mot tabou de la philosophie » (ou « en philosophie »), voire un mot tabou tout court, lorsque l’on évoque la « Bonté » ? Si, tacitement on le sait, à quoi ça sert de demander « pourquoi » ? Sous quel prétexte vouloir savoir les raisons du pourquoi d’une affirmation absurde ou pour le moins au contenu non démontré ?

Que nenni… D’après le Dico, par Bonté, on entend un « nom féminin issu d’une langue latine ‘bonitas, atis’ », c’est-à-dire, la qualité de ce qui est bon en soi, et vertu morale ou bienveillance envers autrui, dont l’Homme serait privé a priori en raison du pêché original. En revanche, pour les grecques, insensibles à la notion de pêché, la bonté se traduisait par « Chrestotès » (de Chrestos, c’est-à-dire, utile, convenable, vertueux, plaisant, bienveillant), Chraomai signifiant faire usage, emprunter, écouter (ce qui implique un contact, une rencontre, un dialogue).

Bref, la Liberté étant concédée aux Hommes (à l’origine du Mal, disons), et la Bonté restant un apanage de Dieu, accessible aux humains, en quoi peut être nuisible ou culpabilisante la curiosité du philosophe, lorsqu’il se sent interpellé par cette Bonté ou autre sujet de réflexion ?

Ah, c’est Tabou, et Tabou ce n’est pas rien. Il s’agit d’une prohibition à caractère religieux, de règles morales à ne pas enfreindre ou de sujets dont on ne doit pas parler par crainte ou pudeur, enfin, des comportements à ne pas adopter ou règles à ne pas outrepasser sous peine d’offenser une autorité morale.

Particularité d’un être sensible, désireux de procurer aux autres le bien être ou d’éviter ce qui peut les faire souffrir, si l’on ouvre le mot « Bonté » que trouve-t-on ? Que le « bon » et le « bien », conviennent à l’Homme compréhensible et on se demande, dès lors, pourquoi « Bonté » serait un Mot Tabou, adopté des indigènes et à utiliser avec précaution ?

Quoiqu’il en soit, au lieu de contester la logique de la question, en bons soldats nous nous sommes prêtés au jeu, peut-être parce que c’était tentant et parce que notre principal souci est de PARLER, la pertinence de la question étant indifférente. L’essentiel est de se libérer de la parole et se défouler une fois par semaine, le sujet se construisant de lui-même, à tâtons, dans un sens ou un autre, peu importe, puisque même pour Platon il s’agit là d’aider les gens à découvrir par eux-mêmes la réalité, le beau, le bon, le vrai, vers quoi doit tendre l’action humaine. En effet, seule la Substance est sujet, le Beau, le Vrai, et le BON formant des Catégories du Jugement, et le BIEN, étant la norme suprême dans l’ordre éthique, ce vers quoi doit converger l’effort de l’Homme.

Ça n’a pas arrêté, bonté divine. On a dissocié religion, bonté et « bon », mais, même si des goûts et des couleurs on ne discute pas, lié la première, bien qu’énergie négative, à un élan immédiat en tant que valeur morale, puis au Bien et au Mal, par des appels à Kant et à Rousseau, l’Homme étant habité par un sentiment de culpabilité dès qu’il s’interroge sur la banalité du mal dans un monde difficile.

Après avoir appelé à la rescousse Mère Thérésa, pour laquelle « ce sont les autres qui décident », il fut proclamé que « le bon n’est pas forcément charitable », que « parler est un besoin tandis qu’écouter est un art », et fait l’éloge du pianiste qui met en œuvre une seconde nature dans le Paradis de son savoir faire (la raison), l’Eden étant l’innocence de la spontanéité, pas forcément flatteuse, ainsi que de la « Lutte de classes » prônée par Mao.

Quelqu’un a fait référence à une expérience d’Ateliers Philo en Ecole Maternelle (Jacques Prévert), à Mée sur Seine, après quoi, Gilles récita ce que, pendant ce temps, il composait : « Bonté/Méchanceté ; Vertu, Norme, Ethique ; Humaine Humanité ; Angélique/Evangélique… » et, son devoir dominical accompli, chacun repartit rejoindre son destin.

Quoi d’autre ?

Sortant du cabinet médical, un patient ne se rappelait plus de ce que lui avait dit son médecin et décida d’y retourner pour lui demander :

- Docteur, excusez-moi d’abuser de votre BONTÉ mais, vous m’avez dit « Poisson » ou «Aquarium » ?

- Cancer ! Cancer !

Carlos

Le débat du 17 juin 2012, animé par Gale Pravda : »Qu’est qui fait que ça vaut la peine de vivre ? »

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Posted on 12th juin 2012 by Gunter in Comptes-Rendus

Le débat du 10 juin 2012, animé par Nadia Guemidi : « L’attaque est-elle le meilleur moyen de défense ? ».

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Posted on 5th juin 2012 by Gunter in Comptes-Rendus

Débat du 3 Juin 2012: « Qu’est-ce qu’un Etat de Grâce », animé par Georges Sefinal.

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Posted on 4th juin 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Le 3 Juin 2012, jour dédié aux Mamans, et tous ceux qui le précédaient, dès tas d’importants événements sportifs et mondains, sinon marchands, tels que le Championnat de France de Bowling, le Toymania ou le Salon des Jouets de Collection, avaient lieu partout, en même temps que de multiples Brocantes ou Vide-greniers. Là-dessus, s’est greffée la « Fête des voisins », le barbecue, les merguez et les brochettes, accompagnés d’une foison de bassines de taboulé, quiches et autres tartes, ainsi que de vin ou packs de bière à gogo et, signe qu’il allait pleuvoir, les 84èmes Internationaux de France de Tennis sur terre-battue débutèrent aussi à Roland Garros. Un tel état de bienveillance générale n’a pas échappé au peuple philosophe qui remplit chaque dimanche le Café des Phares®, et c’est ainsi que « Qu’est-ce qu’un état de grâce ? », fut le premier débat philosophique du mois, que Georges Sefinal nous a fait le plaisir d’animer.

On a voulu évoquer par là, la source des « premières mesures politiques du nouveau Président de la République », mais on a convenu que ça n’allait pas, parce que « ce serait introduire du religieux dans le profane » raison pour laquelle certainement « Hollande ne l’a pas fait et tant mieux », puis c’est « l’esprit critique qui a pris la relève, rattrapé aussi par la réalité de la Condition Humaine ». Pourtant on sentait dans la salle un désir de s’attarder autour du tout nouveau Président qui, « porté par l’onction du Peuple », « le temps d’atterrir », « devrait bénéficier d’un état de grâce et en distribuer aussi », pendant un certain « moment de rêve », quelque chose entre « le sacré et l’onirique ». Ensuite, nous sommes « tombés sur les CDD (Contrats à Durée Déterminée) », va savoir pourquoi. Parait-il, « que la grâce serait le sentiment d’une pesanteur qui se lève, rendant tout possible, de même qu’un moteur permet d’avancer », « telle la maturité qui succède à l’âge de la jeunesse » « où l’on est sous le charme », et un des participants nous a vaguement confrontés au « ‘journal’ où d’aucuns lisent ‘état de garce’», affirmant de surcroît que « les nains existent, mais pas les ‘états d’âme’, à condition que, inquiet de lui-même, le désir devienne ‘non-désirant’, conduisant ainsi à la pathologie ». On a appris ensuite que, « au nom du Protestantisme, c’est Calvin le responsable pour la vulgarisation de l’idée de ‘Grâce’ », dans un « rapport dominant/dominé », parce que « l’esprit souffle là où il veut », « sans confondre ‘grâce’ et ‘charme’, comme il est arrivé à un intervenant à Toulon, qui aurait rencontré là la femme la plus belle du monde au point de provoquer chez lui un état de méditation », « celui qui trouve sans chercher se découvrant dans la situation de celui qui cherche sans trouver » et, dès lors, « il ne faut pas confondre ‘grâce’ et ‘extase’ » car, « lorsque l’on sort du ‘donnant/donnant’ (la justice) on se perd dans un ‘excès de vie’ semblable à celui qui change de banque ou d’Assurance en raison de calculs rapides où il n’y a pas de grâce ; rendre grâce équivalant à être reconnaissant », puisque « la vie n’est pas reçue comme une chose, bien qu’aujourd’hui on trouve que l’on n’en a jamais assez ». « Comment sortir des intérêts égoïstes du genre ‘qu’est-ce que ça m’apporte ?’», « alors qu’il faut être apte à remercier », « la grâce étant un luxe, un moment privilégié où l’Homme se permet de rêver », ou « ressemblant à un rayon de soleil, tel celui que ressent la prof de maths assise entre ses étudiants avec le sentiment d’être elle l’élève », « du fait de l’osmose » « dans son rapport au temps », « un aspect psychologique de l’état de grâce ressenti en vertu d’un concours de circonstances », « pour les uns facile, pour d’autres difficile », une distinction « étant à faire entre le ‘beau’ et le ‘gracieux’ », « l’autre monde des égyptiens, dépendant des techniques pour y entrer », dès que « l’état narcissique se trouve être le quatrième dans l’agencement de la grâce, le deuxième demeurant toxique et le troisième charismatique », la « littérature persane faisant, elle, cas de la notion de ‘grâce’ par la plume du poète persan Hafez : « si l’éveil du Saint Esprit venait à notre secours, chacun serait capable de faire ce qu’a fait Jésus Christ ».

L’animateur a enfin terminé déclarant : « Face à tous les types de mystères, je suis en état de grâce », puis Gilles ajouta quelques vers de son cru, comme : « A rien je n’ai trouvé de grâce : Grâce Présidentielle/ Grâce Providentielle/ Grâce artificielle/ Lune de miel/ Lune de fiel/ Grâce/ Harmonie/ Moment d’indulgence/ Etat d’innocence/ Poudre aux yeux/ Amour de Dieu : Soleil en embuscade/ Embrasse/ La grâce… » 

En somme, la structure du cosmos relevant aussi bien de l’harmonie que du religieux, puisque la Grâce est un attribut majeur de la Beauté en soi en même temps qu’un concept central de l’Esthétique classique, objet récurrent des préoccupations de l’Homme, il était naturel que l’on en vienne à se demander au Phares, à un moment ou à un autre, ce que c’est que ça. C’est donc chose faite. Du latin « gratia », dérivé de « gratus », dont le sens est « l’agréable », le mot « grâce » désigne la manière d’être, plaisante à l’autre ou les égards qu’autrui manifeste envers nous, augurant alors de bonnes relations entre les personnes concernées. S’approchant de surcroît du grec « kharis » (faveur, bienveillance), la langue de l’Eglise chrétienne s’en est ainsi servie pour rendre hommage à la Vierge Marie qui, sans péché, on considéra « pleine de grâce », c’est-à-dire, du « plaisir d’être » découlant de la joie d’exister et, dans de telles circonstances, on se réfèrera en général à « un état de grâce ». 

Il en découle, dès lors, un point de vue esthétique qui, correspondant à l’aisance, facilité ou légèreté du geste artistique, entre autres dans la danse, fait oublier l’effort, la perfection de l’art étant de sembler à la spontanéité, que l’on définit parfois comme seconde nature, bien qu’elle soit acquise au prix d’un travail acharné. Il en résulte en outre un point de vue théologique, la Grâce s’accordant à un don gratuit de Dieu, une aide surnaturelle qui peut rendre l’Homme affable, doux et charmant, à même de pratiquer le Bien, garant de son salut. Puis, du point de vue politique, ce Droit de Grâce devient un privilège des autorités suprêmes, le Président de la République dans les démocraties modernes et les Seigneurs Justiciers dans  les régimes féodaux, par exemple, et il se distingue naturellement de l’Amnistie, qui efface rétroactivement la sanction pénale et est donc du ressort du législateur, tandis que les premiers jouissent du privilège de supprimer l’exécution de la peine. Voilà, voilà…

Une tricoteuse, s’inquiétant des tourments endurés par un condamné auquel la grâce fut refusée :

-  Ça vous fait mal, toutes ces plaies que vous inflige le bourreau ?

-  Juste quand je ris…

Carlos

Débat du 27 Mai 2012: « Celui qui aime l’Humanité, n’aime pas les Hommes », animé par Gale Prawda.

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Posted on 28th mai 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Voilà. A Pentecôte, le 27 Mai 2012, cinquante jours donc après la Résurrection du Christ et dix après son Ascension, le Saint Esprit est descendu sous forme de languettes de feu sur les douze apôtres réunis auprès de Marie, tandis qu’en session plénière dans l’hémicycle de Strasbourg, sans s’attendre à des miracles, les 754 députés du Parlement Européen allaient débattre avec le Président de la Commission de Bruxelles, Monsieur Barroso, à propos de taxes, réduction du gaspillage des ressources naturelles, gestion des déchets, création d’emplois pour les jeunes, en même temps que de la réduction des écarts de salaire entre hommes et femmes, au Café des Phares®, une centaine d’habitués de l’établissement allait s’échauffer les esprits commentant le sujet qui leur était soumis, c’est-à-dire, une tirade attribuée à Fiodor Dostoïevski, déjà analysée le 9 janvier 2011 sous la direction de Gérard Tissier, et proposée par le même participant de ce jour-ci, quoique animée par Gale Prawda : « Celui qui aime l’Humanité, n’aime pas les Hommes ».

Les langues se sont déliées, hélas sans intervention particulière du Paraclet, et pour cause… Le laïus de l’illustre misanthrope semblait peu crédible, en raison de son incohérence, l’Humanité n’étant rien d’autre que l’ensemble des Hommes, passés, présents et futurs, des êtres humains qu’entre autres, il est vrai, le rire caractérise. Ainsi, le Saint Esprit a dû regarder deux fois et frapper avec sa petite patte sur la tempe, se disant qu’il devait s’agir là d’une dispute oiseuse, portant à croire que le Divin se serait trompé sur la nature humaine, rendant du coup abominables les Hommes qui auraient la velléité ou la passion inutile d’aimer l’Humanité, ainsi que la liberté, et jouiraient même d’un plus grand bonheur sans elle, alors que le russe misait sur un espoir de rédemption pour eux.

Enfin. Dostoïevski ayant réellement avoué dès 1877, dans « Les Frères Karamazov » : « Plus j’aime l’Humanité en général, moins j’aime les Hommes en particulier, comme individus », je suis porté à croire que le but de l’opération Phares était de parler de la marotte de quelques-uns, de Eric Satie à Alphonse Allais en passant par Montaigne, l’AMOUR, fut-il maternel, étant chanté par tout le monde puisqu’il y en « a deux », et « qu’avec lui on ne badine pas ».

Or, d’intéressant aurait été plutôt le décorticage, comme fait, idéal et idée, du concept d’Humanité (en opposition à celui d’Animalité ainsi que d’Inhumanité), dans ses dimensions biologiques, morales et métaphysiques allant du « sapiens-sapiens » jusqu’aux humains encore à venir, en conformité avec le plan pré déterminé de la nature et de l’espèce accomplie, voire parfaite, « non bis in idem » (pas deux fois la même chose).

Mais point du tout. Et nous voilà donc partis sur les abstractions habituelles telles que « l’argent, le rêve, l’illusion ou la possibilité d’une entente entre les gens, le cas échéant intervertissant les adjectifs, puisque les animaux ne sont pas forcément méchants, et que Dostoïevski avait plutôt peur de l’Humanité ». Nous sommes donc restés là, comme d’hab, avec l’Amour sur les bras, l’Amour, l’Amour… Mais lequel ? « Eros » ? La concupiscence ? Non. Celui dont Socrate se disait être grand connaisseur, « Agapè », l’amour oblatif ? Non ; celui-là est celui du Christ pour son Père. « Philia » ?  Apprendre aux parvenus comment se tenir dans la vie, comme le préconisait Cioran ? Non, puisque « le souverain bien » est l’expression du désir de l’ensemble des humains, abstraction faite de toute appartenance religieuse, politique ou idéologique, et puis, va savoir, si l’on part du principe que « l’amour est déterminé par un certain choix » ou du fait que « l’Humanité est un risque », en acte, pour les Hommes…

Et pourtant, il semblerait d’après des gens sensés que, comme il se passe avec un arbre tout simplement, l’avenir de l’Humanité repose sur l’intelligence collective qui s’accroît de façon exponentielle au profit du QI des individus. Or, le côté tragique du verdict en exergue attribué à Dostoïevski inverserait la problématique, négligeant une réflexion sur « les gens en général ou en particulier » au bénéfice d’une prosaïque question d’aaaamour qui a finalement transformé notre débat en un saugrenu remue-méninges.

J’ajoute, en parenthèse, que, ayant demandé la parole à l’animateur de la semaine dernière, il m’a répondu : « Tu as déjà parlé ! », alors que j’avais juste proposé un sujet. Et je me demande, enfin, si le but du déplacement jusqu’au café des Phares n’est pas celui de « parler », tout bêtement, ne serait-ce qu’une fois, « une fois seulement », tel si l’on était des « brèles », « à Knocke-le-Koute parmi des éléphants roses, au fond de ‘notre’ fumerie », comme le chante Jacques, le belge.

Enfin, tout ça ne mange pas de pain, mais m’a rappelé la confidence de mon voisin :

- Mon chien est génial. Il m’amène le journal tous les matins !

- Et alors ? Il n’y a là rien d’extraordinaire.

- Eh ben si ! Je ne suis même pas abonné.

Carlos

Débat du 20 Mai 2012 : « Y a-t-il un bien commun ? », animé par Idriss Sankhon.

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Posted on 21st mai 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Aussitôt après avoir été investi comme Président de la République, le 15 Mai, et renvoyé cavalièrement son prédécesseur ainsi que sa femme, Monsieur Hollande n’a pas hésité à prendre un chaleureux bain de foule ni à mouiller réellement sa chemise lors de son inspection à la flamme du Soldat Inconnu, repartant de plus belle le long d’une journée non-stop d’impérieux rendez-vous étendus jusqu’à Berlin pour une visite à Madame Merkel, dans l’idée de, renforçant la confiance en l’Euro, stimuler le capital et éviter la crise, faisant de même outre Atlantique au cours de sa rencontre avec Monsieur Obama, tandis que la Grèce battait de l’aile et à Cannes le tapis rouge était déroulé pour les stars du Septième Art accourant au 65ème Festival de cinéma, l’hebdomadaire débat-philo au Café des Phares® avait lieu, le 20 Mai 012, sous la direction de l’animateur essai Idriss Sankhon, à propos du doute « Y a-t-il un bien commun ? »

Ohhh, certainement mais, ce Quizz ludique appelant à une réponse fermée du type « oui » ou « non » tel s’il s’agissait de savoir « s’il y a un pilote dans l’avion ? », comment en discuter sans s’interroger d’abord sur la pertinence de l’expression « bien commun » ?

La réalité du monde dépend en effet de son interprétation, la vision que l’on en a incluant les ambiguïtés de la langue à laquelle nous sommes sans cesse confrontés. Dès lors, à quelle instance doit-on renvoyer la question « qu’est-ce que le ‘bien commun ?’ », pour répondre de façon suffisante, « oui » ou « non », à la première interrogation, liée si intimement à l’existentiel au point que le langage en limite l’appréciation ? Etant donné que la locution ne décrit rien et est vide de sens du fait que nous méconnaissons le rapport intime entre elle et la pensée, la question fit le miel des philosophes qui, remplissant le café, s’en donnèrent à cœur joie. Y a-t-il un bien commun ? S’il y en n’avait pas, cela se saurait, car il constitue une morale minimale devenue la bonne conscience de l’occident, même s’il a du mal à survivre au bien privé, la gestion des dégâts qui bouchent l’horizon des Hommes se présentant comme une guerre livrée à l’égoïsme d’où en découle une indéfinie répétition du même, soit une vision d’horreur qui, niant le passé, nous empêche de vivre une vraie vie humaine et nous dirige tout droit vers toutes les soumissions, empreintes de culpabilité. Je parle d’un universalisme qui, au lieu de déduire le « devoir être » de l’Etre (le mot juste de Thomas d’Aquin), procède en sens inverse, qualifiant de « bien commun » le « bon pour moi », alors que « les biens communs », se traduisait chez les romains, par « bien publique », c’est-à-dire, ce qui bénéficiait à tous indistinctement sans appartenir à personne.

Sachant que la Nation n’a pas de vouloir et que, dans son for intérieur, l’Homme n’est point prédisposé à universaliser le devoir moral ni à cultiver l’intérêt général, c’est l’électeur qui leur donne chair, via le « Bien commun », soit la quête d’un bonheur collectif ou une vision de l’Humain retrouvés dans les cris de Liberté, Fraternité, Egalité, en ce qui concerne la France.

En fait, on veut la « Lune » et, prêts à toutes les soumissions nous nions le passé, alors que le monde de demain est le reflet de celui d’aujourd’hui et d’hier, comme on l’a évoqué le temps d’un match de football, chaque philosophe s’efforçant de transformer le réel à sa manière, confirmant en somme qu’il y a certainement « un bien commun », des propos auxquels Gill mit un terme, remémorant en vers le « bien, première nécessité/ accessible à tous… Bien commun de l’Humanité/ Universel/ Tronc commun/ Front commun/ Hérité/ Immanent/ Transcendant/ Cœur de la « res » publique/ Du Bien, la beauté/ Le panache de l’Homme de demain/ Bien de notre Humanité/ Commune Humanité ».

Toute chose est réellement un bien commun par rapport à celles qui ne le sont pas, aurait pu dire La Palisse, commun étant ce qui appartient à tous sans être la propriété de personne. Or, de courant entre les Hommes, qui se payent de bonnes intentions, au-delà de la méchanceté et du soleil il n’y a que le désir de toute puissance soutenu par des beaux mots. Dès lors, le « bien commun » ne différant pas en son essence du « bien privé » et tous les Hommes étant théoriquement égaux dans leur course au pouvoir, en absence d’un quelconque devoir de loyauté chacun a la possibilité de tuer son semblable s’il y voit un intérêt, la ruse remplaçant au besoin sa faiblesse et sa responsabilité pénale, d’où la nécessité d’un Etat.

Bref : le culte du bien commun n’existe que dans le crâne du philosophe, car il ne sait pas se retrouver dans un monde chaotique où chaque domaine de la réalité, mise à part les slogans angéliques, le force à la prudence issue de l’expérience ordinaire, c’est-à-dire, la comédie de la vie.

Comme l’hôte qui me recevait un jour adressait à sa compagne force « chérie », « mon amour », « petit ange », je lui ai exprimé mon admiration pour cette déférence peu commune, et il me répondit :

- C’est que je ne me souviens plus de son nom.    

Carlos

Débat du 13 Mai 2012: « A quoi sert le pouvoir ? », animé par Alexandra Ahouandjinou.

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Posted on 14th mai 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Tandis qu’à Madrid on assistait à une nouvelle épreuve de force de la part des « Indignados », à Moscou, Poutine et Medvedev se préparaient à un nouveau pas de deux afin de garder la toute puissance politique sempiternellement entre leurs mains, alors qu’en France cela venait d’être, selon la tradition, réglé démocratiquement, le 13 Mai 2012 on célébrait à Bruxelles la Journée de l’Europe, c’est-à-dire, le 62ème anniversaire de la déclaration de Schuman qui, invitant les autres pays européens à faire de même, plaçait ipso facto la production franco-allemande de charbon et acier sous une autorité commune (CECA). Au Café des Phares®, en revanche, comme si l’on cherchait « à quoi sert la rate », nous nous sommes demandés « A quoi sert le pouvoir ? », l’étrange question étant posée par Alexandra Ahouandjinou, qui allait nous aider, sans doute, à y voir clair… à tâtons.

Etymologiquement, la puissance étant substantielle, le terme « pouvoir », aussi bien substantif que forme verbale, signifie « la capacité à être et à opérer en vue d’une fin » au sens physique ; au sens moral, ce serait « le droit d’exercer en raison d’une permission », et, au sens politique, l’organisation d’un collectif en législatif, exécutif et judiciaire ayant la compétence d’agir, au besoin par la contrainte. Pourtant, si l’on veut ergoter, disons que, si d’un côté il dérive du latin populaire potere (être capable de), voire « potest» ou « despotês » (« chef » ou « maître de maison »), de l’autre, le grec nous l’assène sous les traits de « Kratos », le premier mortel qui, devenu dieu après avoir tué l’Hydre de Lerne et le titan Chronos, a disséminé l’espoir de par le monde, cela nous autorise à mettre le mot « Pouvoir » en rapport aussi bien avec le devoir que l’autorité, au sens éthique.

Beaucoup de choses ont été dites, à partir de « ça sert à nous imposer ce sujet », par exemple, puis à propos du « sens utilitaire », « de l’ascendant de certains sur d’autres », ou « être au service du publique », ce qui a mis « Socrate dans le jeu en vertu de sa sagesse », « le flic en raison de son pouvoir discrétionnaire », « une alternative à l’intromission divine », le tout allant  même jusqu’au « pouvoir du ‘magasinier’ », qui a rappelé « le magicien » et, par conséquence « la démocratie ». Il y a de la suite dans les idées au Phares et, à la question subsidiaire, le pouvoir « est-ce une fin ou un moyen ? », les avis se sont partagés entre « l’enjeu est le partage » et « la finalité est le pouvoir », le tout et son contraire, c’est-à-dire, « équilibrer et déséquilibrer », mais « toujours un assujettissement institutionnalisé quelque part ; une aliénation donc », quelqu’un ayant conclu enfin : « c’est l’ordre ou le chaos ». L’incontournable Anna Arendt a été évoquée, aussi bien que « la volonté de puissance », « l’indissociabilité de l’identité », « l’autocensure », « le rôle du capitaine du navire », « l’affirmation de soi tributaire de l’écoute », « le courage nécessaire à l’exercice du pouvoir », ainsi que « la responsabilité qui en découle », « le désir de laisser une trace durable », «  le pouvoir vertical opposé à l’horizontal », « l’énergie qui circule », « le ‘non’ de De Gaulle, et le ‘yes’ de Obama », « le rapport de force » et, pourquoi pas, de logorrhée…, puis, le tout finit avec quelques vers de notre fidèle chantre Gilles :

« …pouvoir de conserver… écoute de l’autre… ; pouvoir d’unité, dans la diversité ; rapport de forces, d’énergie, d’esprit… pour le peuple, … par le peuple ; musique concert, musique qui sert… »

« Querer é poder » (« Vouloir c’est pouvoir »), dit-on dans mon pays, comme dans beaucoup d’autres, certainement, ce qui a comme corollaire la devise de Jacques Cœur, l’argentier de Charles VII, « A cœur vaillant rien n’est impossible » (Nil voluntibus arduum). Tombé en disgrâce, il fut pourtant torturé, puis banni, tandis qu’Agnès Sorel, introduite par le marchant auprès de Charles VII, était empoisonnée à la cour en 1456. De nos jours, une nouvelle version de ces temps romantiques de « cœurs vaillants » est devenue le « Toujours prêt ! », devise des « boy scouts », œuvre de Baden-Powell, maître dans « l’art de survivre » des Eclaireurs que l’on peut reconnaître à leur chapeau et leur foulard noué autour du cou.

Disons donc que, s’interrogeant sur le pourquoi et le comment, la philo nous a confronté au Pouvoir, au sens moral aussi bien que logique, nous campant incidemment dans la posture d’un contre-pouvoir, le cas échéant elle s’abstiendrait des affaires de la cité. Or, le Pouvoir est, depuis toujours, un moyen de contrainte pour les uns, mais aussi une sorte d’aphrodisiaque pour d’autres, qui n’ignorent pas les pouvoirs étranges de la fascination des être de passage, à l’air innocent et aux petites ailes, armés d’arc et carquois, comme les dieux Eros ou Cupidon, et autres maîtres de la séduction, capables de mettre, d’une simple pincée, votre petit monde à l’envers. En tous cas, il nous a donné l’occasion de tailler une bavette, au sens de l’aloyau, et à propos de la prochaine visite du président Hollande à la chancelière Angela Merkel, je me suis souvenu du problème de la cuisine allemande ; c’est que, après avoir avalé autant que vous voulez à table, une heure plus tard vous aurez faim de Pouvoir.

Carlos  

Débat du 6 mai 2012 : « Tourner la page », animé par Bernard Benattar.

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Posted on 7th mai 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Nuit de la plus grande pleine lune de l’année parce que totalement éclairée par le soleil et Jour déterminant pour la République française, dont les citoyens avaient à décider de leur destin pour les cinq années à venir, choisissant, entre Messieurs Hollande et Sarkozy, le plus apte à passer la Grille du Coq de l’Elysée afin d’y gouverner la nation (ce qui à terme s’est soldé par la victoire du premier), voilà que le 6 Mai 2012 fut aussi un dimanche philo au Café des Phares®, où le débat « Tourner la page… », était dirigé par Bernard Benattar.

Vu les circonstances, ça nous pendait au nez mais, à l’oreille, on était sans savoir exactement  si le verbe était à l’infinitif ou à l’impératif, s’il s’agissait de dépit amoureux ou de propos pornographiques, d’écriture ou de lecture. Dès lors, nous avançâmes à tâtons, présumant tout de même, grâce à environ soixante douze interventions, qu’il était question de « pardon, rupture, deuil, création, conversion, espoir, réécriture, imprévu, interprétation, libération, zapping, cicatrisation, désoeuvrement, fuite en avant, pêché originel, réhabilitation, élan vers l’avant, oubli, vigilance, pages interminables, prise de conscience, rouleaux de parchemin, ‘connais-toi toi-même’, ‘deviens ce que tu es’, psychanalyse et simple ‘show’, jusqu’à ce que Gilles nous conseille finalement de ‘changer de blessure plutôt que de pansement,…ici et maintenant… s’arracher au moment,… vers l’émancipation’».

Pour ma part, l’écriture contraignant forcément le scribouillard à prendre un nouveau morceau de papier chaque fois qu’il a noirci le premier, j’ai cru que, dans le sujet, il était question de la prosaïque démarche propre à la lecture d’un livre relié, peu importe lequel. Dès lors, allons-y pour le bouquin et, afin d’être pragmatiques, sachons que le terme « page » désigne bel et bien toutes les feuilles d’un même ouvrage. Celles-ci ont ainsi deux faces : quoique impaire, celle que l’on voit à droite se nome « recto » ou « belle page », parce que vue d’emblée ; dans son dos, au « verso » par conséquent, se trouve celle de gauche, paire donc, et où termine aussi chacun des chapitres, forcément. Mais, encore que « page » indique chacune des feuilles d’un livre, c’est après avoir parcouru le côté droit (impair), qu’afin de poursuivre la lecture le liseur passe à son dos, qui va figurer à gauche et pair. Lorsque l’on change de page, c’est toute la feuille qui se déplace aussi (l’ensemble des pages de droite et de gauche) et non la page (contenu à lire) tout simplement. Tournant la page, on plonge dans l’inconnu, tout en sachant néanmoins, vu le contexte, à peu près où l’on va ; le lecteur ne se sent pas dépaysé, en « terra incognita » ou dans un nouvel univers, quand il change nécessairement la page, afin de poursuivre la lecture et non la stopper, passant à autre chose, comme la doxa (l’opinion) veut l’admettre.

Ainsi, ne sachant donc pas, seul devant mon feuillet et en raison du syndrome de la page blanche, comment m’y prendre pour faire autrement le compte rendu de ce débat, je vous livre, parmi les chansons « Tourner la page » de Jenifer, Flynt, Shy’M, Saïan Supra Crew, etc., la version de Claude Nougaro :

« Il faut tourner la page

Changer de paysage

Toucher l’autre rivage

… Et là, enlacer l’arbre

La colonne de marbre

Il faut tourner la page

Devenir tout simplement

Oh yeah

Il faut faire silence

Sourire ! »

Puis, en raison des circonstances politiques, celle aussi de Saïan Supra Crew :

« Le bas peuple crie (faut tourner la page)

Personne n’entend.

Tout le monde crie (faut tourner la page)

Les militants de la Té-ci

N’apprécient pas les faux récits (non-non) ».

Voilà ! Conscient que tout ça ne mange pas de pain et que l’on peut, à sa guise, aller et venir, voyager ou se perdre dans un livre, je vous soumets un dernier chapitre :

- Chéri, où est passé le bouquin « Comment vivre 100 ans » ?, demandait une femme à son époux, la veille de la visite de sa maman.

- Je l’ai jeté !, dit-il.

- Jeté ? Et pourquoi ?

- Parce que ta mère vient nous visiter demain, et je ne veux pas qu’elle se mette à lire des trucs pareils.

Carlos

Le débat du 29 avril 2012 : « L’esprit est-il l’esclave du corps ? », animé par André Stamberger.

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Posted on 24th avril 2012 by Gunter in Comptes-Rendus

Débat du 22 Avril 2012: « Peut-on se comprendre ? « , animé par Emmanuel Mousset.

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Posted on 23rd avril 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Alors que dans le noir de la nuit de samedi il était impossible de s’offrir la nouvelle lune mais l’on pouvait bénéficier par contre, en raison de cette occurrence, du passage aussi éblouissant que spectaculaire des Lyrides, une théorie d’étoiles filantes dont la beauté féerique suppléait au silence Radio ainsi qu’à la cécité Télévisuelle destinés à laisser, depuis minuit, quelques heures de réflexion aux citoyens qui, au cours du premier tour des élections Présidentielles prévues pour le dimanche 22 Avril devaient sortir de leur réserve et aller rejoindre l’isoloir pour désigner leur candidat préféré, Emmanuel Mousset entreprit de proposer au public, assemblé dans le Café des Phares®, le sujet choisi ce même jour, « Peut-on se comprendre ? », pour qu’il en débatte.

Notre pensée se trouvant en permanence face à l’insaisissable, constitué par le mystère des origines et de notre raison d’être, comme habituellement, nous avons procédé par recours au « couper » et « copier » / « coller ». Considérant pourtant qu’il y a néanmoins de la raison dans chaque intervention, mettons la vérité sous le boisseau et voyons ce que chacun nous a approximativement dit. Comprendre c’est :

« ‘Piger’ ; ‘se mettre avec…’ ; ‘…moins difficile que se s’en expliquer soi-même’ ; ‘ce qui se conçoit bien (et) s’énonce clairement (Boileau)’ ; ‘un raccourci entre le mental et l’affect, car on comprend si l’on accepte, par politesse ou n’importe quelle autre raison, or, en a-t-on la capacité ?’ ; ‘De Gaulle qui affirme ‘je vous ai compris’ ; ‘partager avec l’autre’ ; ‘…si l’on se comprend soi-même’ ; ‘estimer quelles sont les clés de la compréhension, au-delà du connais-toi, toi-même, ou de la banalité du mal ’ ; ‘avoir l’intention d’être avec l’autre, totalement différent’ ; ‘une façon de se mettre d’accord avec l’autre, soit faisant appel à la raison, méthode Descartes, ou cherchant à le connaître’ ; ‘comprendre sans accepter forcément’ ; ‘la vie qui n’est pas qu’une rencontre’ ; ‘avoir quelque chose à partager’ ; ‘saisir quelque chose d’incompréhensible’ ; ‘avoir conscience de soi’ ; ‘éprouver de l’empathie’ ; ‘se porter sur l’altérité’ ; puisque ‘les hommes ne comprennent pas bien les femmes, alors que quelque chose les englobe et dépasse’ ; prendre conscience que, ‘basée sur la violence, la société est une guerre pacifique’. Comprendre serait ‘fusion, harmonie, etc.’, ‘accepter que des trains arrivent plus ou moins en retard’, et que ‘le langage puisse être un obstacle’ ; ‘ça renvoie à l’incommensurable problème du ‘soi’ qui se comprend ou ne se comprend pas’, un processus non fixé dans le temps’. La compréhension serait accessible au savoir et aux capacités sensorielles, à l’émetteur/récepteur, aux blocages, une ouverture à d’autres’, ainsi qu’à l’humilité et à la curiosité, ; un ‘retour au patriotique (pathos), à la compassion ou à la patience qui permet de faire un pont avec l’autre’, voire aux ‘difficultés liées à la langue maternelle’, ‘le différent se portant surtout sur l’économie’, ‘les codes qui, faisant partie de l’expérience, agissent sur la vie’, ‘ce qui se passe entre deux ‘ego’’, ‘les blocages terrorisants’ alors que ‘le voyage aide à sortir du sérail’, l’ ‘l’ONU devenant une autre tour de Babel’ ; Etc..

Gilles a ajouté que « ‘Je’ est un autre ; que le plus vrai c’est l’autre, solitaire/solidaire, pour se prendre en main et vivre ensemble ».  

Voilà, voilà…

Peut-être parce que je suis un post-Babélien, personnellement, j’ai le sentiment que non. En effet, tout ce que la science laisse derrière la pensée, les intuitions et les sentiments, sans en maîtriser vraiment les tenants et aboutissants, tels que le doute sur les origines ainsi que la raison d’être et une réflexion sur les problématiques de l’imagination, signification, invention, sens ou finalité, s’avérant elles-mêmes peu fructueuses, parce que mettant notre pensée en permanence devant l’insaisissable, je suppose que l’on ne peut pas se comprendre et qu’il est à espérer que ce soit ainsi, tellement le déconcertant est bénéfique. L’existence étant inventée aussi bien par des tas de mots polysémiques, pas faciles à interpréter, qu’investie par une somme d’instants qui ne coïncident point, je crois que l’on ne peut pas se saisir aisément de l’autre, et que cela est souhaitable, malgré tous les efforts que l’on fait pour que ce ne soit pas comme ça. Par contre, à mon avis, on peut très bien éviter cette maladie du corps qu’est le malentendu, pour s’entendre, car l’existence est inventée par ces mêmes mots et que n’importe qui devient à terme ce qu’il est, une altérité que préconisait Pindare déjà (« deviens ce que tu es »), ou le « tout autre » suggéré par Emmanuel Lévinas.

Pour conclure, je ne résiste pas à vous raconter cette histoire d’émigrants dont l’un s’adresse au guichet de la Banque afin de toucher un chèque :

- Il vous faut l’endosser, dit l’employé.

- Non, on m’a dit que je n’avait rien à faire, juste à empocher l’argent.

- Pas de problème ; vous signez derrière et vous l’aurez.

- Non, non, non. Vous voulez…

- Ecoutez ! Allez voir ça avec mon chef dans le bureau à côté.

Le gars y va, essuie le même refus et, excédé, le chef le cogne avec un cendrier sur la tête, lui ordonnant :

- Mettez là votre nom et basta !!!

- Ok, Ok !!!

Il obtempère, reçoit son dû et, croisant à la sortie un compatriote qui allait encaisser aussi son chèque, lui dit :

- Tiens, un conseil ! Ne va pas au guichet. Va voir le chef directement ; il explique beaucoup mieux !

Carlos