Débat du 15 Avril 2012: « Qu’est-ce qu’un mariage ? », animé par Eric Zernick.

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Posted on 16th avril 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Sous le signe du Bélier, on se met en boule et tout tourne à la dispute. En effet, les caractères principaux de ce tronçon du Zodiaque sont l’excès de volonté, la provocation, le jusqu’auboutisme, le « Tout, tout de suite sinon je fais un malheur », c’est-à-dire, l’esprit d’incompréhension des casse-cou. C’est certainement le motif pour lequel, le 15 Avril, alors que plus de 400 chiens et chats débarquaient à Paris, dans un même espace (Champerret), pour le Salon des Animaux de Compagnie, le meeting électoral de Sarkozy avait lieu à la Concorde, tandis que celui de son adversaire, Hollande, se déroulait à quatorze stations de Métro plus loin, au Château de Vincennes, l’exemple des 40.000 coureurs qui partaient ensemble de l’arc du Triomphe pour couvrir le long des rues de la capitale les 42,195 km du 36ème Marathon de la ville n’insufflant dans leur esprit que la culture de la « gagne », inscrite dans l’ADN de chacun. D’après le calendrier Maison, au Café des Phares®, c’était Eric Zernick à qui, comme s’il s’agissait d’apaisantes hosties, revenait la charge de distribuer la parole pendant le débat, « Qu’est-ce qu’un mariage ? » et l’animer pendant le temps réglementaire.

Mélangeant ethnologie, anthropologie et sociologie, nous avons obtenu un pot-pourri aussi exotique que déshydraté, dénudé de surcroît de toute capacité d’émouvoir :

« A partir de la liaison amoureuse, bien différente du mariage, on a constaté la différence de traitement (Madame ou Mademoiselle) afin de respecter les normes sociétales qui auraient commencé avec la civilisation Mésopotamienne, faute de quoi on serait menacé d’enfer par les religieux soucieux de consolider une liaison ou engagement, alors que le mariage serait plus que ça et imposerait des obligations réciproques aux contractants, d’après Kant un usage exclusif des parties sexuelles en vue d’avoir des enfants. Puis, nous sommes partis sur le mariage d’intérêt, la prise de risque, l’engagement pour la vie, le fait juridique, le lien de sang entre deux générations successives équivalant à une blessure, comme le voyait Garcia Lorca, l’idée de ‘noce’ ayant disparu, à l’avantage d’autres dénominations, telles que le concubinage ou l’Union Libre (un oxymore), sur lesquels aussi bien Nietzsche que Sartre ont beaucoup écrit.

Ensuite, nous avons rebondi sur la ‘fusion’ assemblage de deux solitudes par Contrat, le contraire d’un Engagement, le mariage étant dès lors un acte commercial avec prise de risque sur une longue durée, du fait d’être établi entre deux êtres qui, ne se connaissant pas, assument une filiation, puis on a essayé de traduire le mot dans d’autres langues et même de faire le calcul du temps à passer ensemble en raison de l’accroissement de l’espérance de vie, enfin un tel mélange d’intérêts, qu’il paraît pure folie de se soumettre à un semblable saut dans l’inconnu, à moins qu’il ne s’agisse d’une protection en vue de la vieillesse, voire un contrat CDI transformé en CDD, Charles Péguy jugeant ‘qu’il faut plus de courage pour rentrer chez soi le soir que pour partir à la guerre’. L’animateur ayant conclut qu’une telle Institution tend à disparaître, en raison de son caractère irréversible et parce qu’elle se trouve au carrefour de différents aspects dont le fait que ‘l’Homme est nomade et la femme sédentaire’, n’est pas le moins négligeable’ ».

Gilles nous a alors gratifié de quelques vers tels que : « D’une liaison au lit,/ durable union d’Homme-Femme en société/ Noce, union qui doit tenir une passion qui ne tient pas/ Mâle a dit le docteur/ Mariage, acte de commerce, promesse femme et ‘marri’/ Projet de vie/ Passer de deux à trois/En fait confiance, en fait méfiance/Famille, je vous hais/ Mariage qui tue, amour qui beugle ».

A part ça, l’amitié étant sous-jacente à tout vivre ensemble, comme origine lexicale de l’union de deux êtres, un mâle et une femelle, à l’élaboration de laquelle ils ne prenaient aucune part, si l’on cherche bien, on trouve dans la mythologie grecque le Mariage, personnifié par Hyménée, chanteur de l’hymne nuptial et affublé d’un flambeau qui lui aurait servi d’arme pour libérer des jeunes vierges attaquées par des pirates. A partir de là, la tradition fait qu’un père marie sa fille à un homme, une action passive qui permet le transfert de la tutelle de lui vers le fiancé, l’amour n’entrant nullement en ligne de compte comme ciment d’une union qui peut être réalisée même « post-mortem ».

De « mas-maris » (le mâle) en latin, Mariage veux dire donc que la protection passe d’un géniteur au futur époux, et que « maritare » ayant le sens de « donner en épousailles », c’est-à-dire, pratiquer des « hyménée, accordailles, alliances », signifie une action passive certes, mais opérante, comme s’il s’agissait d’accorder deux couleurs, ou allier même la vigne avec l’ormeau. Fondant la spécificité hétérosexuelle du mariage, cadre inévitable de la société, c’est de famille donc qu’il s’agit lorsque l’on déblatère sur ce type d’alliance et dès lors, nos représentations puis nos propos à ce sujet deviennent de douteuses redondances, puisque hors mariage, ou toute autre institution primitive du même type, la lignée (ou lien de sang), c’est-à-dire, la famille, disparaîtrait et on jetterait objectivement le bébé avec l’eau du bain.

En effet, à la base d’un système de parenté basé sur la famille on trouve, par le biais du Mariage, une structure autonome composée d’un mari, d’une femme et de leurs enfants, puis des neveux, des cousins, des oncles, des tantes et des grands parents qui, tenant compte des relations entretenues les uns avec les autres, aboutissent à l’unité minimale de parenté ou lien fondamental dans la charpente du genre humain que l’on appelle civilisation, tandis que l’incohérence du « Mariage », dit « gay » (dont il est question dans la planète homo), apparaît, en raison de la moirure obtenue à force de gloser vainement, comme une singerie incongrue  qui ruine ces structures, avant même d’être. Si l’on se reporte aux années post soixante-huitardes, c’est assez cocasse d’observer que le Fhar (Front homosexuel d’action révolutionnaire) contestait le pouvoir patriarcal consacré par le « Mariage hétéro », y voyant un Code Moral passablement suranné, la bête à abattre étant ce conformisme bourgeois anti-libertaire. Moralité : la société est un artifice et, ironie de l’Histoire, aujourd’hui ce sont ces mêmes « homos » qui revendiquent ce constant lien conjugal ; « lorsque l’on se repend on devient presque innocent », dit Sénèque.

Autre chose :

-…Et pourquoi voulez-vous divorcer ?, demandait un juge à une femme :

- Pour compatibilité d’intérêts !

- Comment ça, compatibilité ?

- Moi, j’aime la promenade, la lecture, le cinéma, les hommes…

- Et alors ?

- Mon mari aussi.

Carlos

Débat du 8 Avril 2012: « Réflexions autour de Kandinsky », animé par Claire-Lise Boutinon-Dumas.

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Posted on 9th avril 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Ah, le débat du Café des Phares® ! Il tombait le 8, jour de Pâques. Ah, le Jour de Pâques ! Il s’agit d’une date festive, qui conditionne pratiquement la vie civile de tout un chacun dans nos contrées, et pourtant, son calcul n’est pas aisé ; il faut remonter à la pleine lune de Mars, date de l’équinoxe de Printemps ou immédiatement après, selon les Almanachs, pour que l’on sache quand est-ce que les adultes ont droit à la bénédiction « urbi et orbi » et les enfants à celui de chercher des œufs dans les pelouses ou le creux des arbres. Il se trouve qu’au vu du Règlement du Bataillon des Phares, le 8 correspondait par ailleurs à la case verte, destinée aux Variétés, dont font partie les œuvres d’art, et de ce fait nous avons été embarqués dans des « Réflexions autour de Kandinsky », que Claire-Lise Boutinon-Dumas (conférencier, chargée de relations publiques auprès des comités d’entreprise, chef de projets et historienne de l’art), s’était proposée de susciter.

C’est ainsi qu’arrivant au Phares, nous nous sommes trouvés devant un drap plissé accroché de guingois devant l’écran TV du fond de la salle, sur les plis duquel l’animatrice a projeté une série de toiles du maître, objet de notre recherche de sens et même d’une certaine spiritualité.  

Il s’agissait de « Bleu sur Bleu », mais ça pouvait très bien être « Blanc sur Blanc », ou « Noir sur Noir », si notre intérêt portait sur Malevitch ou Rodchenko… Enfin, toutes les couleurs du spectre, de la peinture pure (non objective), comme il fut expérimenté par le suprématisme russe dès 1915, ou, pourquoi pas « Draps de traviole sur télé éteinte », « Poubelle débordante, un jour d’hiver », « Plaie de mendiant sur le trottoir », etc. ; « Osez, osez, Joséphine… ».

Etant donné que l’activité dominicale à laquelle nous nous dédions fait davantage appel à notre insatiable logomachie appliquée au malaxage des concepts, je m’attendais plutôt à quelque chose comme une spéculation sur la « Musica callada » de Saint Jean de la Croix, par exemple, mais enfin, allons y donc les yeux ouverts et glosons autour de l’œuvre du russe, qui devint enseignant dès 1923 au Bauhaus (Allemagne), école fermée par les nazis en 1933 parce que considérée comme un « Forum de fous et de Charlatans », et fonda l’art abstrait inspiré des titres de musique, dont la première œuvre, « Composition IV » (1911) était influencée par l’essai « Abstraktion und Einfühlung » d’un jeune historien de l’art, Wilhelm Worringer (1907), se faisant dès lors remarquer par ses motifs simples faits de tâches bleues organisées à l’aide de lignes noires (ligne, point, ligne et point), pratique que le groupe des « Blauer Reiter » (Jawlinsky, Kandinsky, Klee et Feininger)  poursuivit, s’arrogeant le droit de tout oser dans le domaine de la création artistique, considérée comme une puissance dont le but serait de « développer et améliorer l’âme humaine », d’après la maxime « tous les procédés sont sacrés, si intérieurement nécessaires, sinon, ce sont des pêchés ». Ces initiatives ont été suivies de la « Composition V », qui a provoqué un véritable scandale, ce qui aurait pu nous amener à nous demander « Qu’est-ce que l’art ? », « Qu’est-ce que le beau ? », mais, hélas, on ne l’a pas fait, la discussion qui eut lieu ensuite s’étant déroulée donc sous le contrôle de notre émérite communicante, et prenant la tournure que l’on trouve ci-dessous :

« Hegel : ‘la philo abstraite, jamais !’ », « Par rapport à la science, il faut évoquer le concept de ‘Kairos’ (le moment), ‘nombre d’or’, etc. », « Il fallait en sortir de la boucherie de la première guerre mondiale », « Il s’agissait de représenter quelque chose de différent », « Son livre ‘La Perspective’, exprime un temps particulier de l’art abstrait », « Il a compris, regardant ses tableaux à l’envers », « Ça ressemble au ‘Test de Rorschach’, utilisé en psychanalyse », « Il s’agit d’une représentation d’un monde intérieur », « Quel rapport avec Michel Ange et la beauté ? », « On est toujours dans l’art, l’art thérapeutique ou l’art abscons », « Je ne peux pas accéder à un tel Art, si l’on ne m’explique pas », « Il s’agit d’une autre manière de regarder »,

« Il ne faut pas se poser des questions sur l’intention du peintre, mais regarder tout simplement et se faire une opinion personnelle », « On est plus ou moins sensible au jaune, au rouge, etc. et à la beauté ; alors, qu’est-ce que l’art ? Abstrait ou figuratif », « Au café philo on s’explique ; l’art moderne n’est pas représentation, c’est une présence, présence du sacré sans se mettre à genoux ; il touche avant de se donner à comprendre », « L’Art abstrait est l’art de faire du fric ! », « Dans  l’art abstrait, le peintre est devenu lui-même son objet », « J’ai besoin de comprendre pour apprécier », « Il y a là un paradoxe. Pourquoi faut-il comprendre la beauté ? Faudrait-il me mettre en condition pour apprécier ? », « On est dans deux écoles différentes : suprématisme et interaction (présence de l’autre) ». Comment débroussailler l’art figuratif ; « L’art abstrait étant celui qui n’est pas figuratif, l’abstrait est du moderne, du XV/XVI siècles au XXème (art moderne), et le reste est de l’art contemporain ».

« Je préfère, ajouta quelqu’un, rester dans l’abstraction et pas dans l’extraction (l’absence) ; Art, Artiste, Artisan, Artificier, tout ça sont des représentations qui permettent d’ouvrir la fermeture au ‘perceveur’. Dans l’ouverture il y a présence de ce qui reste de l’artiste et c’est par là que l’on communique avec lui, à propos du monde imaginaire de celui qui perçoit, dans la veine de Parménide ; ‘ce qui est, est ; ce qui n’est pas, n’est pas’». « Avant 1789, fut-il ajouté, on était artiste ; depuis l’artiste contemporain est passé au ‘moi’, délaissant son côté universel », « Art et Philo, livrant le même combat, puisque chaque auteur devient Créateur, une posture existentielle ».

Puis, arriva la question pratique : « De quelle manière aborder une œuvre ? Je me fais une idée, ça me parle, ça s’adresse à moi, ça me donne des ouvertures, puis il y a sa musique, son esthétique, et ça induit une fulgurance; la façon d’aborder une œuvre n’est pas si éloignée de ça », en d’autres mots, « l’œuvre porte l’idée comme l’idée porte l’œuvre », de même que pour « les ‘rose-croix’, cercle ésotérique où il faut, soit être saisi, soit porter l’idée » ; « ou tout ça à la fois, plus une présence », puisque « le processus créateur de l’artiste, tel que l’entend Paul Klee,  ressemble à celui d’un démiurge, un ‘credo du créateur’, la genèse en tant que mouvement constituant l’essentiel de l’œuvre », car « nous cherchons tous la même chose ». C’est ainsi que, « procurant l’élément fondamental à mettre en avant, on a trouvé : 1) l’émotion qui nous secoue, devant le spectacle qui se déroule devant nos yeux, puis 2) elle nous invite à agir, mais perd son effet au profit de la photo-couleur, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de peintre ». A ce moment, « la peinture abstraite nous a apporté un plus, car la couleur est un langage, comme dit Paolo Uccello ». Dans la crise de la représentation, nous sommes « revenus à la question de la présence, ‘parousia’ en théologie, un silence porteur de voix (ça nous parle), un vrai travail de ‘déconstatation’, ou la vérité de l’art porteur de voix », « une présence de l’œuvre, correspondance entre elle et moi, du fait d’en être saisi », et que « c’est poétiquement que l’Homme habite le monde, la vie étant elle-même une œuvre d’art ».

Là, il fut remarqué que « l’art a besoin de l’éducation de notre regard ; qu’il faut donc s’y confronter, afin de l’assimiler, avant de pouvoir juger d’une œuvre… car c’est le langage de l’artiste qui nous amène à la comprendre ».

Puis, Gilles mit fin à la mise en scène, clamant : « Et… toile, Kandinsky, sacré prince du présent… ; silence des voix, transcendance des voix ! », incantation qui, en guise de conclusion du débat, fut suivie de l’engagement à, sans s’attarder au tableau, faire vivre l’expérience esthétique, laissant tomber même les livres de philo.

    -Tiens, toi, qui te dis connaisseur en art. Dis-moi le nom d’un peintre Russe qui  commence       par K et finit par N…

    – Bah… Je ne vois pas.

    – Kandinsky, petit con !

 Carlos

Débat du premier Avril 2012 : « Quel sens donner au silence ? », animé par Irène Herpe-Litvin.

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Posted on 2nd avril 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Le premier Avril fut, cette année de 2012, le jour de tous les anachronismes : Dimanche des rameaux, parce que, chevauchant un simple âne lors de sa rentrée à Jérusalem, le Christ fut reçu comme un roi, des branches de palmes jonchant le sol, et Dimanche des fous, c’est-à-dire, de ceux qui n’acceptent pas la réalité ou la voient autrement, en raison des farces, boutades, menteries et jeux frivoles auxquels le peuple se livre, le Poisson d’Avril en étant une des représentations emblématiques depuis 1564, date à laquelle Charles IX a décidé, par décret, de faire débuter l’année le premier Janvier au lieu de ce jour-là, que la tradition voulait accompagné de bombance et de ripailles. Quoiqu’il en soit, Irène Herpe-Litvin n’a pas hésité à faire de l’éphéméride ce dont elle était chargée, c’est-à-dire, diriger au Café des Phares® le sujet du jour, qui n’était rien d’autre que « Quel sens donner au silence ? », poiscaille dont fut aleviné donc l’étang des Phares.

Très vite, il est devenu clair qu’il ne s’agissait pas du silence des pêcheurs à la ligne, auquel cas il serait nécessaire de prendre un fil correspondant à la grosseur du poisson, un bouchon, des plombs et des hameçons. Non. Le silence à aiguiller devait s’entendre par le calme absolu, dont le paradigme pourrait être, par exemple, « Des pas sur la neige », de Debussy, composition où l’on trouve quelques durées muettes mêlées à ses mesures ou, mieux encore, un morceau de John Cage, intitulé « 4’33’’», une sonate composée de quatre minutes et trente trois secondes de silence, créée par le musicien en 1952, afin de démontrer que le temps constitue une continuelle mélodie et que seule l’absence de sons est intentionnelle, signifiante donc, plus qu’acoustique, les notes ou silences d’une séquence musicale ayant des temps réguliers et constants, exprimés par la notation à l’aide de symboles qui en représentent le moment temporel dans la partition.

Nous sommes ainsi contraints d’admettre que, brisant le silence, dans l’art d’organiser la durée des bruits et d’en combiner les sons pour qu’il y ait de la musique (un sens donc), s’introduit nécessairement un instant muet entre les signes qui les évoquent, et par conséquent pourrait-on peut-être conclure que c’est la néantisation qui permet la création. Dans la portée, ou découpage temporel d’une séquence musicale, entre une note et une autre (un do et un ré, par exemple), il y a effectivement un intervalle, mais pas rien, puisque même un silence musical n’est pas le vide, et plutôt un plein, explicitement marqué par le soupir, un signe de pause de différentes durées.

Ou alors, il n’était pas du tout question de musique et nous nous trouvions plutôt enveloppés dans ce dont nous voulions nous recouvrir, c’est-à-dire, des rideaux de fumée comme dans la scène de théâtre, séquence du film « Mulholland Drive », de David Lynch, où Rebekah del Rio chante « Llorando » et s’évanouit carrément sur scène dans le club « Silencio », alors que la chanson se poursuit. Le plaisir, en effet, ne dure qu’un instant. Or, au Café des Phares, ce sont presque deux heures chaque dimanche à s’échanger des propos plus ou moins pertinents, voire approximatifs. Ça paye, par conséquent.

En avant donc la musique, sans changer la partition, l’important étant plus de connaître la chanson que d’avoir l’oreille musicale.

Il a été alors dit que « le sujet justifiait le dicton ‘ la parole est d’argent, le silence est d’or’», et qu’il « fallait pouvoir parler pour être silencieux », un prof faisant état de « son admiration pour le silence de ses élèves, et ‘à contrario’ pour celui des gens devant la ‘shoah’ », « un silence facile, ajouta quelqu’un d’autre, face à celui d’un arbre qui bruit de ses feuilles », « les cas de conscience », « l’hommage du corps à l’esprit », « une énergie zéro lorsqu’il s’agit du silence face aux horreurs  du Rwanda, par exemple », alors que « l’on peut l’utiliser pour faire mal ou pas », « être positif au cours de la campagne contre le bruit, et négatif lorsque l’on sème la mort », car « qui ne dit mot consent », « le silence ayant toutefois quelque chose d’autre, d’assourdissant, le ‘taire’ nous disant les mots qui n’arrivent pas, parce que secrètement contenus dans la parole, ou exprimés par la musique, ‘temporalité pure’ », « le silence violent dans les relations familiales », en même temps que « quête de liberté », « de responsabilité », « d’hommage dans ‘la minute de silence’ », « silence glacial devant la mort », « les techniques tibétaines pour faire le silence autour de soi », « le yoga », « le silence cosmique qui demande une oreille avertie pour remettre tout à sa juste valeur », un illusionniste étant aussi de la partie, pour « donner deux règles permettant d’arriver à ses fins : 1) garder le silence, 2) se taire lorsqu’il faut le rompre », et « il est à se demander si le silence existe vraiment », si ce n’est que « dans les Musées, comme ce fut le cas d’une femme qui, extasiée devant ‘l’Annonciation à Marie’, de Fra Angelico, a laissé tomber son bébé », puis on revint  « à la burqa, qui empêche les femmes de parler », un autre ajoutant « si elles parlaient ce serait pire », « le mot recueillement n’ayant jamais été prononcé », comme il fut remarqué.

Gilles, notre poète, a fait entendre la musicalité de ses vers : « … nature, culture, attitudes s’opposant au bruit social, silence assourdissant, silence de mort : ‘silence, on tourne, moteur, action’ ».

      - Dis donc, « quel sens peut-on donner au silence ? » 

      – Le sens des aiguilles d’une montre, par exemple.

      – Bah !! Pourquoi faire ?

      – Pour savoir à quelle heure on peut ouvrir sa gueule.

Carlos

Débat du 25 mars 2012: « L’athéisme est-il une croyance comme une autre ? « , animé par Raphaël Prudencio.

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Posted on 26th mars 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Alors que la population Syrienne continuait d’être bombardée par les troupes de leur président Assad avec la complicité de l’ONU, au terme d’une deuxième « Semaine de l’Industrie », qui prétend inventer le monde de demain, l’Actualité fut plutôt bourrée d’extrêmes violences suscitées par le « tueur au scooter » de Toulouse, Mohamed Merah, un loup solitaire auteur de sept meurtres en moins de huit jours, et culminées par l’action d’une unité du Raid qui, malgré la présomption de son innocence devant la justice, l’a exécuté d’un coup de feu dans la tête, au bout d’un suspens jugé gratifiant sur le plan électoral au point de le faire durer 30 longues heures, au lieu de l’expédier en 30 secondes. Quelques jours après ces troubles, le 25 mars, donc, le peuple du Café des Phares® a eu à s’interroger sur « L’athéisme est-il une croyance comme une autre ? », le sujet qu’a choisi de décortiquer Raphaël Prudencio, un animateur « maison » d’après la couleur du jour du Décret de Mobilisation, mais inconnu au bataillon des réservistes.

Il n’y avait pas là de quoi fouetter un philosophe mais, puisque le savoir ne nous est pas donné, et qu’on le tient plutôt d’autrui, il ne nous reste qu’à croire. C’est ainsi que les enfants croient au père Noël, que deux et deux ça fait quatre, que l’Homme instruit admet le Big-Bang, les sages la vérité, les révolutionnaires la liberté, les savants le savoir scientifique car, si l’on ne croit pas, nous n’avons pas de lieu de repli et sommes toujours exposés à notre propre fragilité, comme un château sur le sable. Mais, ne confondons pas pissenlit et chiendent ; se plaçant dans l’attitude de celui qui, dans son bac, ne s’intéresse qu’à sa pelle et à son seau, l’athéiste remplace le dogme par la certitude et de ce fait, son obédience n’est pas une croyance, tout court. Soyons clairs ; la croyance ne consiste pas à allumer des bougies, ni à brûler des encens devant des autels ou à remplir les temples de cantiques. Par la création d’un « logos », le croyant prétend donner un nom à l’ineffable et une apparence à l’esprit, une audace dont l’athée est incapable, l’athéisme étant un espace vide, comme la particule privative l’indique. Bref, pour le croyant, la foi est un rêve inorganisé mais constant, et chacune de ses prières le mène à se dévoiler, à redresser la conscience et transformer ainsi la réalité. Certes, le fait de croire implique la vulnérabilité du fidèle, mais il l’appelle à la dignité de l’humain, œuvre de l’entendement, et à une contention des appétits primaires qui est bien autre chose que l’affirmation de la sauvagerie ; intuitive et exigeant du sacrifice, la foi assure le fidèle que tout peut être aussi bien révélé que caché, tandis que la logique insinue tout simplement qu’il est sage de déjouer les leurres du désir caméléon. La foi suppose, enfin, des devoirs, et c’est là que le bât blesse car, souffle ravageur de la repoussante médiocrité des fourbes, l’athéiste ne requiert que des droits.

Et pourquoi croit-on, alors, à ce que l’on croit ? Parce que ce que l’on sait est plus lié à nos mots qu’à notre réelle connaissance, l’incertitude de la raison se relâchant tant sur les bégaiements de la philosophie que sur les véhémentes passions de l’Homme ; parlant de sacrifice, là où le soi-disant bon sens suggère invariablement la fuite en avant. Outrecuidante, la philo déshabille les concepts qui, comme des clichés s’émoussent à l’usage et s’estompent dès que surexposés, transformant ainsi tout simplement notre regard sur le réel. D’un côté, si tant est que l’athéisme proclame l’absence d’un Dieu, il admet de facto ce qu’il nie ; de l’autre, puisque nous ne pouvons rien savoir, il ne nous reste qu’à « croire, pour comprendre », comme le dit Saint Augustin « credo ut intelligam ».

Le doute étant suscité donc par l’emploi du mot « croire », notre illustre assemblée devait, dans chaque bréviaire, en disséquer toutes les occurrences, commençant par considérer « qu’il s’agissait-là d’une idéologie liée à l’éducation et que chacun en a sa propre opinion », comme dans une « conversation autour du feu », alors qu’il « était déjà demandé de prouver », « scientifique et pragmatiquement l’existence de Dieu », ce qui fut fait « à l’aide de six arguments », puis d’encore « trois autres, impliquant Auguste Comte », exercices « aussi difficiles que la preuve du contraire », « chaque personne en étant Un », jusqu’à ce que quelqu’un mît en évidence « l’adhésion hors conditions, dès que le concept de Dieu est opérationnel chez les croyants et non croyants », « l’Homme ne pouvant pas vivre sans une transcendance », alors que, « sans confondre religion et foi, chaque philosophe est un fondateur de religion, penser étant bien une prière sans Dieu », « un cerveau suffisant pour cela », « symbolisé par la verticalité de la croix ». On a évoqué ensuite « Montherlant et Dostoïevski qui trouvaient heureux le fait que Dieu existe, pour contraindre les Hommes aux valeurs morales, bien que la preuve revienne à celui qui l’affirme », « Pascal concluant que ‘l’on a bien intérêt à croire’, mais à quoi ça sert, sinon à une fascination pour le mystère ? », d’où « la question sur les idoles que l’on se donne », tout en se demandant « pourquoi les religions existent-elles, alors que celle de Dieu n’a jamais été prouvé ; c’est une faute de goût » qui ne sert « qu’à  pousser les Hommes à faire le bien, même si l’on n’en a pas besoin » et « qu’il met plutôt mal à l’aise », « bien que sans ça, on soit tenus de prendre toute la responsabilité », quelqu’un d’autre opinant « qu’il s’agit-là d’un processus d’apprentissage avant l’autonomie, l’émergence d’une l’intelligence, soit une ‘pensée magique’ en situations de crise, car on a besoin de mythes », d’autres encore comparant Dieu aux « parents, à Internet », « à la psychanalyse », « une illusion nécessaire, semblable au pari de Pascal », tout ça « oubliant que l’on est dans une société laïque », « où le UN est le principe premier », qui a « la fonction d’un GPS », soit : « croire à…, croire que…, croire en…, contre les élites scientistes »…   

Gilles boucla alors le débat, chantant, dans sa poésie : « Dieu est le seul Etre qui, pour régner, n’a pas besoin d’exister… »

Finalement, sachant que seulement 0,0001 %  de tous les accidents ont lieu dans une Eglise, je dirais : n’hésitez pas, allez à la Messe, c’est plus sûr que l’autoroute et vous mériterez le ciel. Mais attention : un billet de 500€ ayant décédé, Dieu l’a placé en enfer, alors qu’il a mis à sa droite une pièce de 20 centimes. Comme le billet se rebiffait contre un tel traitement, indigne au vu de la hiérarchie des valeurs, le Seigneur le sermonna :

-Dis, donc. Quant tu étais sur terre, on ne t’a pas beaucoup vu à l’église !

Carlos

Débat du 18 mars 2012 :  » La fabrication du réel », animé par Pascal Hardy.

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Posted on 19th mars 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Habituellement, depuis le prématuré et regrettable décès de Marc Sautet le 2 mars 1998, le sujet de la bavette hebdomadaire, au Café des Phares®, a été choisi par l’animateur qui en était chargé, le jour même du débat, parmi une dizaine d’autres propositions, en général des interrogations. Ces moments de réflexion, entrelardés d’autres, conduits par des personnalités indiscutables du milieu intellectuel, se sont donc poursuivis le long des années, dans une logique d’entente entre les six animateurs historiques, jusqu’au moment où, l’été 2011, sous prétexte de « ronronnement », un Nouvel Ordre fut imposé par quelqu’un que, hélas, l’infortune avait temporairement éloigné d’une activité dont la noblesse lui tient à coeur. Or, il se trouve que n’étant pas inclus dans le planning qui établit l’Ordre du Jour du Régiment, de février à novembre 2012, élaboré par lui-même, ni dans le dortoir où patientent les domestiques, dans une soudaine démonstration de caporalisme, Pascal Hardy a décidé d’animer lui-même, le 18 mars 2012, un sujet de son cru, « La fabrication du réel ».

L’auteur du sujet argua que la « réalité » paraissait augmenter avec la création d’événements et serait un critère de vérité, de pair avec la justice, propos auquel on a ajouté le « réel » qui se trouverait chez Platon en dehors de l’idée, ainsi que la « mémoire » et la « perception », tout ça ayant une apparence binaire : « réel » et « irréel », une mutation du premier, à quoi on pourrait ajouter une « meilleure lecture de la réalité comme il survient avec un DVD ou un GPS, l’un permettant de lire, l’autre de se diriger », à la suite de quoi on a évoqué la manière de voir la réalité de Hegel et la méthode pour y arriver, ainsi que l’« Homme augmenté », ou le Robot. A propos de maternité, on a noté la tendance à dire, d’un garçon qui pleure, qu’« il est en colère », et d’une fille, « qu’elle est triste » ; de la réalité, qu’« elle n’est pas ce que l’on dit, mais ce qui est ». Citant Proust : « celui qui lit se lit lui-même », ce qui « peut être insoutenable », allant « jusqu’au déni » et, se tournant vers Socrate : « connais-toi, toi-même ». Elémentaire, mon cher Watson…  On a ajouté que « la fabrication de la réalité commence par une rencontre », « que chacun de nous est un philtre et que la vérité est notre interprétation des événements », puis que « les choses n’étant pas si simples », cela permet de passer de « la réalité est personnelle, le réel scientifique » , à « l’Homme qui n’est pas là mais son œuvre le sera toujours », à « Mona Ozouf, historienne de la Révolution Française » , à « la construction du Cyborg », au « sur-Homme qui travaille 24/24 heures sans se fatiguer » et au « réel versus réalité, dépendant de nos expériences ».

Nous avons cherché à savoir « pourquoi ne pas construire la réalité ? Construire, instruire, charpenter, alors que l’on abolit un ensemble au profit d’un autre avec le suffixe ‘ité’, vis-à-vis d’une finalité qui rend visible le réel de la fin à chaque personne porteuse de sa propre structure d’un concret qui permet d’obtenir une réalité, évitant ainsi le piège de tourner en rond ». On a fini par « se demander si le réel existe dans un monde non permanent qui évolue sans cesse et où nous sommes toujours dans la réalité sans en avoir une perception totale », alors que « le cerveau se construit en permanence ». Un autre participant ajouta que « l’on imagine, on se fait du cinéma, puis on réalise que l’on s’est trompé », le suivant « que l’on se construit une accoutumance sur huit points, besoin, envie, capacité, méthode, ressources, lectures, contrôle, feedback », un autre encore que « depuis Prométhée les Hommes ont constaté que les projets ne marchent pas, d’où les parcs d’attractions type Disneyland, alors qu’il faut savoir où l’on va ». L’auteur du sujet expliqua que « son idée de départ était un proverbe chinois : ‘le chien aboie dès qu’il voit une ombre’, illustré par ce qui se passe avec le marketing, où il s’agit moins de convaincre que de transformer la perception de la réalité qui nous imprègne totalement, comme on le voit dans la fabrication d’un candidat, de la dette, d’un cadre social, politique, etc. , par la modification du principe de réalité, un ‘storytelling’ dont le but est de se créer des besoins, dénoncé par Arthur Koestler lorsqu’il dit que ‘l’on se passionne de plus en plus pour des fragments dont la réalité est de plus en plus minuscule », et Gilles clôt, ensuite la séance avec un de ses vers : « …finalisation du projet, essence de l’existence… »

Enfin ; peut-être parce que l’on était dans la Semaine du Cerveau, voire des Maths, que la Bastille pavoisait pour le meeting de Mélenchon et que l’on fêtait le 14ème Printemps des Poètes, il planait dans l’air l’ambiance sonore des « Temps Modernes » de Charlie Chaplin, de pair avec le barouf de « La fabrique de la réalité », de David Deutsch (1997), où il est question des implications de la mécanique quantique dans la compréhension de la matérialité de chaque chose. Allons y donc pour l’usinage du concret, quoique pour le profane, « fabriquer », consiste à contraindre certaines matières à prendre une forme déterminée, avec le concours de machines ou d’autres instruments appropriés, en atelier ou en usine, afin de produire ainsi des grandes quantités d’objets, alors que, nous précédant, le Réel s’impose de tous temps à nous, même si l’on cesse d’y croire, c’est-à-dire, de le fabriquer dans notre esprit et que, tout compte fait, nous ne sommes pour rien, dans son surgissement. Il a devancé l’Aventure Humaine, et lui subsistera. Singularité de l’Espace et du Temps, d’après les modèles théoriques le Réel se dilate et se refroidit progressivement 380.000 ans après une causalité devenue nécessité.

Le Réel est donc là, pratiquement depuis toujours, représenté par un nombre infini de gigantesques galaxies dont la fabrication ne pourrait se concevoir que par pure génération spontanée, ou l’action d’un Créateur, et point grâce à un simple façonnage d’objets comme il est le cas chez Darty ou Ikéa. Payant de son temps, il nous englobe, prêt à être observé, au demeurant car, comme le Cosmos, notre cerveau est une réalité holographique aussi complexe que le ciel, actuellement scanné par le télescope Planck, de l’Agence Spatiale Européenne, jusqu’à 14 milliards d’années dans le passé. Moralité : contenant toujours une autre à l’intérieur de la première, chaque réalité est autrement plus difficile à fabriquer que notre propre caravane. Et pourtant, elle s’impose à nous, dès que nous cessons de simplement y croire, c’est-à-dire, cessons de la créer dans notre esprit, car il s’agit d’un milieu interstellaire, un gigantesque espace galactique (proche du vide et dont on ne connaît que 5% de l’étendue), qui, se répandant sur des centaines de milliards d’années lumière, nous englobe. Rien ne nous permet donc d’affirmer qu’il est fini ou infini, toutes les observations faites dans ce sens nous venant d’un passé proche du Big-Bang. S’opposant à l’abstrait, à l’imaginaire, à l’illusoire, au possible, et ne constituant qu’une infime partie de l’univers réel qui contient tout ce qui existe y compris l’espace-temps, qui n’a pas de bords, le Réel échappe à chaque raisonnement, et dès lors, nous nous trouvons face à un paradoxe postulant que la fabrication d’une telle grandeur n’implique pas son existence, d’autant plus que le mot « univers » reste à définir ; tout en ayant une taille finie, le Réel aurait une topologie sans frontières, dans une sorte d’ininterrompue bande de Möbius, qui à long terme, dans des dizaines de milliers d’années, se désagrègera pourtant dans un Big-Rip (grand déchirement), alors même que l’expansion de l’univers semble s’accélérer sans cesse et pour toujours.

Conclusion : nous ne pouvons que relativiser et, à ce propos, je vous confie la question qu’un jour me posa un juge :

- Quel est la date de votre anniversaire ?

- Le 19 Mars.

- Quelle année ?

- Tous les ans !

 Carlos

Débat du 11 mars 2011 :  » Etre, est-ce se déchaîner ? « , animé par Gunter Gorhan.

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Posted on 12th mars 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Suivant de près la Journée Internationale de la Femme, au terme d’une nuit de pleine lune lui succéda la semaine à ne pas rater, celle des pimpants défilés de la planète mode, la « Fashion Week », sommet du « must-have » pour l’été, exhibé du haut de vertigineux talons aiguilles et les compassés déhanchements de longues jambes effilées, le 11 Mars, date où le candidat Président, dans la tourmente de la viande Halal, a décidé de présenter son programme d’action en vue de la Magistrature suprême, dans le Parc des Expositions de Villepinte, au Café des Phares®, c’était Gunter Gohran l’animateur « maison » auquel l’Ordre du Jour du Régiment donnait l’occasion de chercher à donner de la vivacité au débat du dimanche, « Etre, est-ce se déchaîner ? », propos attribué à Georges Bataille.

S’il est constant que, pour l’humain, la plus grande souffrance est le mépris ou le ridicule et point la douleur d’être, en raison d’un excès ou vide de soi, de quel sens se revêtait le mot « déchaîner » ? S’exciter ? Se soulever ? Se libérer ? Se débrider, tel un cheval qui, ayant pris le mord aux dents, ne serait plus dirigeable ? Pour les humains, cela équivaut tout simplement à s’offrir la possibilité de procéder à des énergiques résolutions.

C’est à croire que toute cette affaire est partie de l’apitoiement d’un enfant sur le sort d’un cheval [ça ne vous rappelle rien ?], que l’Homme ne considère pas comme son semblable et, à propos des chaînes qui embarrassent l’Ego, il a été évoquée la nécessité morale de s’en défaire, afin d’épanouir sa propre éducation, ce qui serait également valable pour les arts et autres orientations dans la vie, ou résultant de politiques oppressives comme celles d’Hitler et Mussolini, bien que la locution ne soit pas claire et, pour revenir au présent, on déplora à l’occasion que l’on chasse un tyran tandis qu’un autre reprend sa place, ainsi que la mésaventure de Julien Coupat et ses amis, soupçonnés de  sabotage des lignes TGV en 2008.

On a abordé ensuite la dépendance et la multi dépendance, ainsi que l’angoisse vis-à-vis des animaux domestiqués, ce qui n’est qu’un prétexte sachant qu’ils ne sont pas méchants, puis l’Etre-Homme fut replacé à sa place d’humain, par la grâce d’Heidegger, tout en se posant la question du pied d’égalité attribué à la philosophie et à la psychologie, de même qu’à l’Etre et à l’Avoir puisque, dès que l’on possède quelque chose, on s’y attache, alors que Bataille est l’homme de la transgression, libératrice des instincts et des pulsions chaque fois que, pour jouir, il faut dépasser la raison toujours présente dans la banalité de la vie, la thèse enchaînant et l’antithèse déchaînant, même si le doute persistait à propos du moment où se passe cet instant libérateur. Se déchaîner serait aller au-delà d’un comportement convenu ; avoir la liberté totale. Le Prométhée déchaîné remplacé par le Cyborg de la science fiction, le clonage, le  bateau relié à son ancre, quelque chose de stable. Se déchaîner serait aussi passer par la psychanalyse, la dialectique, la prise de conscience, rompre la chaîne dominant/dominé et ne pas céder sur son désir, pour les uns un lien, pour d’autres une chaîne, tout en invoquant le point de vue du chinois qui ne sait pas dire « je » mais pour lequel l’univers est le lieu où se libèrent toutes les formes créatrices, et d’être à même de briser chaque chaîne grâce au Tai-chi, c’est-à-dire, sans exercer de violence.

A part ça, le chef d’Etat Major du Régiment finit la séance, faisant état de certaines nouvelles considérations, puis Gilles  conclut que « se déchaîner est un supplément d’être ».  

Quoi d’autre ?

Il arrive, on le sait, que le cheval prenne le mors aux dents, et des lors, il devient impossible de le diriger. Pour les humains, étant entendu que chacun est maître de soi (Sartre soutint que « les français n’ont jamais été aussi libres que pendant l’Occupation »), « être », c’est s’offrir la possibilité de prendre de bonnes décisions, ou mauvaises, soit si ça leur chante, soit en raison d’un mauvais calcul.

Pourquoi, enfin, « être » serait-ce se déchaîner ? Arriverait-on au monde recouverts de chaînes ou de boulets aux pieds, à la manière des bagnards ? Serions-nous condamnés à nous protéger sous des cuirasses comme les tatous et les tortues ou d’écailles à l’image des homards ? Ou, comme il est naturel,  voudrait-on dire par là, que l’adolescent brise sa carapace d’enfant, puis celle d’adolescent pour devenir adulte ? Dans ce cas, c’est tout simple : Pour être, « Deviens ce que tu es », tel que nous y invite la devise Olympique de Pindare, tirée de son Ode Pythique.  

Etre est-ce se déchaîner ? C’est un peu court ! Dans la vie il y a des hauts et des bas ; on fait avec, car « être », c’est plus que ça, ou bien rire ou bien pleurer. En général, dès que sa petite reine fait « couic, couic », le cycliste est sensé changer de braquet ou, si la chaîne manque d’entretien, il prend une trousse-vélo et procède à son remplacement, avant qu’elle ne déchaîne, « à l’insu de son plein gré ». A l’arrivée, il exulte, et se déchaîne, enfin, pour de bon, s’il soutint l’allure pour l’accélérer dans le sprint final.

Carlos

 

Débat du 4 mars 2012: « Qu’est-ce qu’être solidaire ? », animé par Claudine Enjalbert.

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Posted on 6th mars 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Après les Carnavals qui se sont déroulés un peu partout au cours du mois de Février, c’est assez cocasse d’assister, ces jours-ci, à l’engouement des candidats à la l’Election Présidentielle de Mai qui, comme d’autres toucheraient du bois pour éviter les bâtons dans les roues, vont au Salon de l’Agriculture caresser allègrement le cul des vaches, la chaleur des bovidés suppléant ainsi, en tant que vigoureux stimulant politique, à celle plus douteuse de l’électorat à tournebouler lors de leurs meetings, à l’instar de ce que, le 4 mars 2012, se préparait au Café des Phares®, où les habitués du dimanche Philo, se proposaient de câliner les idées, du genre « Qu’est-ce qu’être solidaire ? », sujet du débat que Claudine Enjalbert allait mener.

Ayant, auparavant, jeté un coup d’oeil sur le nouvel Ordre du Jour du Régiment des Phares®, qui permet au chef d’Etat Major de veiller à la discipline et rigueur des troupes, j’ai pris la mesure aussi bien de l’embrigadement que de la solitude du corps des animateurs, et il me vint à l’esprit le destin de « Jonas, ou l’artiste au travail », récit contenu dans un recueil de nouvelles d’Albert Camus, « L’Exil et le Royaume », où les deux paronymes, « solidaire » et « solitaire » apparaissent, presque indéchiffrables, en bas d’un tableau, à côté de la signature de l’auteur qui, épuisé, est mort de faim. Solitaire, me paraît être le destin de ceux qui doivent marcher au pas, solidaire devrait être l’attitude de tous ceux que ça débecte.

Il a été dit, à propos du thème proposé à discussion, que « dépasser son intérêt personnel est le propre de l’être humain, une bête ne pouvant pas être solidaire d’une autre bête », d’où « l’intérêt de remplacer ‘solidarité’ par ‘fraternité’, plus universel », car « ‘solidarité’ est une hypocrisie qui se résume à l’action », ce qui reste à démontrer, suivi d’« un tas d’autres bonnes intentions », impliquant « la nécessité de définir ce que c’est ‘l’autre’ », du fait que « la ‘solidarité’ demande de la ‘solidité’ », « la soudure avec autrui », et « pas seulement un humanisme » ; une « aide réelle qui ne soit pas de la charité ». On a évoqué alors la « Tontine Chinoise (‘Hui’) », un réseau communautaire de prêts successifs, et « le ‘Système de Retraites’ dans les pays développés », en raison « du mal que l’on a à aller vers l’autre (moi-même) en difficulté, par manque de ‘conscience de groupe’ », « un sentiment défaillant aussi au niveau du pouvoir ».  Il s’agissait là, de « ‘solidarité positive’, alors qu’il y en a d’autres, négatives, telles que celles des ‘caïds’, ‘clans’ et ‘mafias’ régies par ‘la loi du silence’», évoqués « dans ‘Le Nègre’, film de R. Polanski, ou ‘les bavures policières’ sont tues, en raison d’une appartenance corporative » et par le « ‘je me révolte, donc nous sommes’, une valeur collective des existences, exprimée par Camus dans ‘L’Homme révolté’ », ainsi que par le « vécu des Camps de Concentration où, voués à un même destin, la mort, les prisonniers se trouvaient confrontés à la déchirante alternative : ‘c’est moi, ou l’autre ?’ qui mettait en question le problème de la ‘solidarité fondamentale’ ». Finalement, nous nous sommes de nouveau retournés vers le cinéma, cette fois-ci, « Le Pianiste », une autre production de Polanski, épilogue du drame de Varsovie et son ghetto, où le musicien Wladyslaw Szpilman, malade et affamé, est sauvé par un officier allemand, en raison de son talent.

On a parlé encore de « l’égoïsme dans la solidarité », « des méthodes brutales au cours de la guerre d’Algérie » et on finit par là où l’on devait commencer, l’étymologie du mot, qui ne serait ni « devoir » ni « dû », mais « solide », qui vient du langage juridique « in solido » (pour le tout), c’est-à-dire, « responsable envers le tout », suivi d’un vers de Gilles : « …du ‘je’ à l’autre, l’humain d’abord ; l’humain est demain, solidaire… »

Résultat des courses : les bons sentiments reposant sur un calcul rationnel qui permet d’adapter les moyens aux fins, c’est-à-dire, aux objectifs privés à porter sur le devant de la scène, il est manifeste que, l’état de nature correspondant à un isolement complet de l’individu, il s’en suit l’égalité du droit de se nuire mutuellement, d’où il ressort que l’autre constitue éventuellement une menace pour soi (homo lupus hominem), raison pour laquelle les Hommes deviennent solidaires, non par nature mais par besoin.

Ainsi, l’inégalité fondant de gré ou de force la solidarité, elle apparaît dès lors comme une condition de survie, au vu du spectacle d’un monde dont la pierre angulaire est le cynisme de « la main invisible » et où le pauvre d’un pays riche est plus riche que le riche d’un pays pauvre, un « chacun pour soi », qui semble nous convenir, autrement on se révolterait.

Si, face à ces aléas de la vie, nous ne pensons la solidarité qu’en fonction de l’Etat Providence aussi bien que son dépassement par l’Humanitaire, les ONG, la Globalisation, la Solidarité Verte, le Secours Populaire, les Restau du Cœur, l’Abbé Pierre et les Compagnons d’Emmaüs, nous ne sommes pas sortis de l’auberge. La Solidarité est fondée sur un cheminement intellectuel, des savoirs, des raisonnements, même d’un analphabète. Pourtant, confisqué par la pratique politique, le mot nous apparaît tout à coup sous des nouveaux habits, revêtu d’un sens philosophique, alors qu’il s’agit d’affaires sociales. Si l’on en ressent le besoin d’en parler, c’est qu’il est sociologiquement problématique car, question d’éducation, information ou compétences, la réalité résiste à nos rêves d’êtres humains, mais point aux forces naturelles, ce qui fait qu’elle est à la fois possible et improbable puisque partager, aider, accompagner, soutenir, accepter, intégrer, protéger, se soucier, ne survient pas naturellement dans l’esprit de l’humain. La solidarité n’est pas spontanée ; c’est une victoire sur l’égocentrisme, une construction sociale, une conquête fragile de la civilisation. Pour qu’elle se produise dans la société, trois conditions : Faire partie du vouloir, avoir une forme de réciprocité, constituer une sorte de contrat social obtenu au cours de certaines luttes. Ce n’est pas une question de sensibilité mais d’un savoir, dont le contenu est un principe éthique.

L’Homme veut la concorde, parce que la nature veut la discorde et, dans ce sens, la Solidarité est un calcul qui ne peut pas être fondée sur la raison, ni sur un coup de cœur, ni sur les sentiments. Il s’agit d’une vision du sens de l’existence, des pratiques entre individus chez lesquels le partage ne correspond pas à une pensée cohérente, chacun étant tenté de sauvegarder avant tout ses intérêts personnels ; ne penser qu’à soi, et agir de mauvaise foi.

Les humains sont solidaires, non par altruisme, mais par besoin, la notion de société désignant déjà un groupement d’individus dépendant les uns des autres, et agissant en conséquence, pour le bien commun. Ils y trouvent leur compte,  la « démerde », c’est-à-dire, le « chacun pour soi et Dieux pour tous », constituant une attitude plutôt égoïste, témoin d’un « ego » qui frôle l’arrogance narcissique.

Par solidarité, peut-être, le corbillard ne boit jamais de bière, l’électricien a des ampoules aux pieds et, tandis que les Chrétiens lisent la Bible, par solidarité, les Musulmans lisent le Coran et les Africains le Livre de la Jungle. Par solidarité, le magicien porte sa baguette chez le boulanger et lorsque celui-ci fume un pétard, c’est le pétard qui est défoncé… Ainsi va la vie.

C’est par solidarité, peut-être, sachant en 1789, que les paysans n’avaient pas de quoi manger, Marie Antoinette n’aurait fait que répéter la phrase que Jean-Jacques Rousseau avait mise dans la bouche d’une autre princesse dans les « Confessions » (1782), « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ». Marie lisait… 

Par solidarité, tout court, il me vient à l’esprit l’attitude d’un Père Noël qui, en Mission Humanitaire à Addis-Abeba, demanda, dans un orphelinat :

- Pourquoi les enfants sont si maigres ?

- Parce qu’ils ne mangent pas.

- Ah ! Celui qui ne mange pas, n’aura pas de jouets !

 

Carlos

Débat du 26 février 2012: « Peut-on vivre dans le présent ? », animé par Michel Turini.

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Posted on 27th février 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Alors que, divisés par leurs intérêts respectifs, les cinq patrons de l’ONU faisaient preuve d’impuissance à contenir les violations des Droits de l’Homme commises en Syrie par Bachar Al-Assad qui, guidant la main criminelle de ses sbires notamment à Homs, multiplie l’assassinat de ses opposants même en milieu hospitalier, où l’on soumet les cadavres ou simples blessés à des infâmes vols d’organes, au surlendemain de la 37ème cérémonie d’attribution des Césars, en attendant celle des Oscars, à Paris, les habitués du Café des Phares® remplissaient le 26 février 012  ce lieu public où, par la substance de leur pensée en échange d’une légère consommation, ils avaient l’intention d’alimenter la controverse soumise à discussion,  « Peut-on vivre dans le présent ? », une pelote dont Michel Turini se proposa d’amorcer le déficelage, en attente de Claudine Enjalbert, prévue par la direction de l’informelle assemblée pour s’en charger.

Il s’agissait, d’après l’auteure du sujet, d’une démarche tendant à « remettre d’aplomb le moral secoué d’une de ses connaissances, l’appelant à saisir toutes les belles opportunités du ‘présent’ », ce dont elle s’était mise à douter.

Il a été convenu « alors de définir le Présent, ce qui n’était pas du goût de tout le monde, et les commentaires sur la convenance ou désavantage d’une telle position ont rempli notre temps de débat, les uns soutenant que le passé n’existe plus, d’autres qu’il n’y a pas de présent sans lui, d’autres encore que le présent n’est qu’une passerelle entre le passé et l’avenir, alors que scientifiquement il paraissait que la constante de Planck arrive à quelque chose autour de trois secondes, bien qu’à vrai dire, il tire sa sève d’époques antérieures. La durée peut nous faire oublier le temps de jadis, aussi bien que nous aider à mieux vivre le moment actuel. S’il n’a pas de futur, le présent n’a pas de sens, de même que séparé de ce qui l’a précédé, et le seul moment déconnecté des deux serait l’orgasme, alors que d’aucuns y voient la musique, mobilisatrice du corps, ou les rythmes lancinants de films tels que « L’Homme sans passé » de Aki Kaurismaki, sinon l’Eternité, moment où, comme dans un orgasme (bis), on s’oublie car, comme dit Freud, quelque chose lâche et on se délasse, voire, on entre en extase, quoique cela exige « d’être-là », ce qui, bien que possible, n’est pas facile, aujourd’hui, parce qu’il nous faut le temps d’atterrir. Surpris par le manque de fenêtres dans l’établissement, quelqu’un a rapporta que vivre n’est pas être dans le présent, suivi d’une interlocutrice qui, étonnée que l’on fasse du sujet une question morale, entendait que c’est aussi bien le présent que le passé et le futur qui font de nous des humains à armer pour l’avenir, tandis que l’intervenant suivant pensait que c’était trop de bruit pour rien car, rappela un autre, nous sommes ancrés dans l’actuel, et la priorité est de survivre, le présent étant le seul moment où nous sommes maîtres de l’action. Après un énième rappel de l’orgasme, il a été fait mention de ce qui se passe en Grèce, en Belgique, etc. pour revenir à Mai 68, au « temps suspend ton vol », et retourner « au présent en tant que pas pensable car il ne peut pas se rembobiner comme la pellicule d’un film », jugeant que « le futur n’a pas de comptes à rendre », et « qu’il n’y a pas eu de ‘feedback’ ». Gilles a finalement bouclé la séance rappelant que « …dans ses ouvrages, René Char est présent, et hors du temps. »    

Alors ? « Peut-on vivre dans le présent ? » Pour faire vite, avant que le passé ne se pointe, chargé de nostalgies, ou que, habillé de nuit, le futur ne décode mes rêves les plus fous, je dirais : « on ne fait que ça, vivre dans le présent ». Contrairement à la térébrante rivelaine du langage conventionnel, universellement admise et philosophiquement supposée, le Temps n’a pas de trajectoire comme une flèche et ne s’écoule pas tel un fleuve. Dès lors, quelle serait la consistance, l’épaisseur ou la durée du « Présent », ainsi que la signification existentielle d’un  instant si fugitif où le futur s’engouffre dans le passé, sachant que, sans Passé, sans Présent et sans Futur, le Temps est un absolu inerte dont le seul rôle dans notre existence est celui de présider à la cohérence et à l’enchaînement des phénomènes ?

N’ayant pas d’existence physique, le Temps dépend de ce que l’on en attend, et si nous considérons qu’il enveloppe tout ou que rien n’existe en dehors de lui, cela n’équivaut pas à une théorie du monde mais à une saisie de l’univers, qui le rend pensable. C’est ainsi qu’il a été divisé en « Chronos », temps accident (les heures), « Kkairos » temps prédicat (l’immédiat), « Aion », temps substance (éternité), et la plus petite unité de l’Expérience, le train-train de l’« Hic et Nunc » (Ici et Maintenant ), « le Présent », en somme, fonda le moment fugitif où le Passé, ayant cessé d’être, s’arrime à ce qui persiste pour se précipiter dans le Futur, qui n’est pas encore, occasion singulière que la conscience saisit comme un tout à posséder, afin de rompre avec les habitudes et préserver le dynamisme du sujet.

 « Ici et maintenant », fut dès lors la posture adoptée en 1966 par le Mouvement Etudiant de Strasbourg au travers de leur pamphlet politique « De la Misère en Milieu Etudiant », et l’Instant, célébré par l’Internationale Situationniste (issue de l’Internationale Lettriste et du Bauhaus) s’appliqua de même à la critique de la Société du Spectacle lors des Evénements de Mai 68, univers du Tout et Rien qui remettait en cause l’Ordre Social passé.

Versatiles, nous avons le sentiment, selon les occasions, de manquer de temps ou de le trouver long, alors que, sans y penser, l’écoulement de la durée ne peut laisser au Présent que trois secondes, moment que nous considérons immédiat et que la conscience saisit comme un tout. Sans réalité propre, entre ce qui a été et ce qui adviendra, le vécu du Présent correspond, tel que le rappelle Ernst Pöppel, au temps d’une gorgée, d’un serrer de main ou d’un clin d’œil. Hélas, au-delà d’un certain seuil, la sénescence s’installe inexorablement dans l’Homme, alors que son cerveau réclame toujours et sans cesse de nouvelles expériences dans un éternel présent. C’est ce facétieux jeu de cache-cache temporel, à peine plus long qu’un battement de cils, qui amena Saint Augustin à proférer son fameux : « Si personne ne me demande ce qu’est le temps, je sais ce que c’est. Mais si quelqu’un me le demande, là je ne sais plus. »

Carlos

Le débat du 19 février 2012 : « Le contraire de la vérité n’est pas le mensonge, mais la conviction » (Nietzsche, a-t-il été affirmé), animé par Nadia Guemidi.

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Posted on 20th février 2012 by Gunter in Comptes-Rendus

Débat du 12 février 2012: « Le suicide: un acte de courage ou de lâcheté ? », animé par Antoine Spire.

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Posted on 13th février 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

De bain de sang en bains de sang, sous les yeux des « Humain Rights » et des pluies de rockets ou d’obus de mortiers, le régime du clan al-Assad sombrait dans une infâme sauvagerie. Prônant l’inconvertibilité des civilisations et soutenu par la Chine et la Russie, c’est au nom d’une barbare poltronnerie que les dirigeants Syriens faisant du Printemps Arabe un lugubre Hiver, aussi atroce que froid, échauffé le jour par une pâlotte naine jaune perdue au milieu des milliards d’étoiles de la Voie lactée, et éclairé la nuit par une lune gibbeuse à faire hurler les loups. Malgré tout, la raison vacillante mais faisant de l’infortune bon cœur, le 12 février, nous sommes venus assister, au Café des Phares®, à un débat animé par Antoine Spire, qui nous soumettait à la question : « Le suicide, acte de courage ou de lâcheté ? », à propos de la Journée Nationale de Prévention du Suicide, sur le fait de se flinguer, en somme.  

Instruits de ça, nous nous sommes appuyés sur Camus (Le Mythe de Sisyphe) « pour qui le suicide, serait une prérogative de l’Homme et son seul problème philosophique », et « la courbe des suicides suivant statiquement celle du chômage », « la vie ne valait pas en effet la peine d’être vécue », d’où « les suicides collectifs à l’image de celui de Massada, où les occupants ont résisté aux Romains jusqu’à la mort, l’année 30 avant JC », ou de certaines sectes comme celle « Du Temple Solaire dans le Vercors », le tout se justifiant par « un mal de l’infini ou par le suicide égoïste que l’on trouve chez Durkheim » et illustré par « la lettre à son fils du film de Radu Mihaileanu , ‘Va, Vis, Deviens’ ». Une fois vanté « L’encadrement juridique de l’Euthanasie assistée, en Suisse, Belgique, Hollande », on apprit que « Hermès engendra Autolycos, grand père d’Ulysse et Eurytos, l’un des argonautes, etc., preuve que l’on peut, par ses propres moyens survivre à la mort ». On a vu « l’impossible lien entre ‘réparer’ et ‘irréparable’ ». On a biglé « l’Affiche Rouge », aperçu « la Résistance » et, « sans trouver de solution, alors qu’il suffisait d’un rien », ou certainement parce que « le désespoir pathologique relève de la psychanalyse » et des « rapports sociaux qui nous constituent », nous nous sommes aperçus que l’on « essayait de moraliser (soit par lâcheté soit par courage), attitudes, certes, spécifiquement humaines, dangereuses et néfastes, mais qui parlent pourtant de notre être », sans doute une façon de nous protéger et nous permettre de vivre tout simplement». Nous avons évoqué encore la « joie de vivre prônée par Spinoza » ainsi que « le suicide comme chose des pays froids, nordiques, alors que la lumière, le soleil et la joie de vivre seraient le propre des pays chauds, épris d’amour et de religieux ». « Il faut donner un sens à la vie, autrement on est en constat d’échec », a-t-on encore entendu, « le contraire du courage étant la lâcheté, qui peut aller jusqu’au règlement de comptes ». Bien sûr, « tous les suicides ne se valent pas, et il vaudrait mieux accepter la mort lorsqu’elle surgit ». « La survie est individuelle, pas collective », ainsi que « le Droit au suicide » ; « tout le monde a, à un moment ou à un autre, pensé à mourir ; d’aller au suicide ou de ne rien faire contre. « Courage ou lâcheté, ajouta Monsieur Spire, ce n’est pas le problème, si nous abordons philosophiquement ce sentiment, 100% déterminé mais entièrement libre, comme l’acte suicidaire l’est ». On n’en a pas le droit, mais il l’a en raison du Libre Arbitre, l’aspect le plus déterminé des choses. « Est-on libre si l’on est bourrés de drogues ?, demanda quelqu’un, alors qu’il s’agit là souvent « d’un Appel au Secours » et que la pire des choses, c’est de dire, « ça ne sert à rien », tout en s’intéressant à l’art, aux artistes et à leurs échecs, bien que l’espoir en l’avenir passe par les autres, leurs visages, leur port, leur grâce, l’objectif de la Philo étant de, entièrement déterminée et entièrement libre, nous faire penser. « La vie ne sert à rien, mais chacun sert la vie, le suicide étant le refus de la servir (de la servir et de s’en servir) », ajouta quelqu’un, en face de moi, et Gilles fit enfin entendre dans l’un de ses vers : «  suicide vécu, suicide vaincu ; la plénitude attitude ».

Finalement, voulant décider, au cours de notre digression philosophique, si le suicide est un choix courageux ou lâche, il me semble, quoi qu’il en soit, que l’acte en question n’est pas libre, même s’il peut se charger le cas échéant d’un certain cran, et même d’un réel lyrisme, sitôt qu’envisagé à l’image de l’Ouroboros, le serpent qui se mort la queue représentant ainsi le cycle perpétuel de la nature, une idée de mouvement autofécondateur, d’éternel retour et, dès lors, du paradoxe antinomique. En effet, le suicidaire va vers son acte, conduit par la douleur, et c’est toujours à regret qu’il s’agresse lui-même ou se passe au cou la cravate de chanvre. Et pourtant… son acte peut s’avérer fécond. D’après la légende concernant cette fatale option, en raison d’une érection post mortelle qui se produit chez le pendu, au pied du gibet va surgir une plante magique, la mandragore, à laquelle on attribue en général des vertus aphrodisiaques.

Tout prosaïquement, cette impasse interne peut en effet donner lieu à l’illusion d’une toute puissance capable de soulager ses propres souffrances ou humiliations, résultant du dopage généralisé dans un monde d’« haktivistes », de « mèmes Internet » obsédés par le triomphe facile, voire de cerveaux échangeables, attirés par les projecteurs de la renommé, au prix d’une inexorable déchéance à terme. Ne sont-ils pas des suicidés, « à l’insu de leur plein gré » ?

Quant à moi, j’ai noyé mes pulsions suicidaires dans l’alcool. Peine perdue ! Las, entre-temps, elles ont appris à nager. 

Carlos

Débat du 5 février 2012: « Se sentir vivant… », animé par Alexandra Ahouandjinou.

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Posted on 7th février 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

Les candidats de Mai à la Présidence de la République battaient la mesure, et l’actuel tenant du titre s’étant acquitté de son show de dimanche dernier avec une feinte sincérité alors que son challengeur se trouvait le bec enfariné au cours du meeting qu’il tenait, parce que « à la chandeleur l’hiver reprend de la vigueur », privée de sentiments, la mère nature nous picorait, elle, la chair de son bec corné et froid, enracinant parfois la mort dans les existences. Pourtant, le cœur léger ou peut-être en quête de sensations extrêmes, Alexandra Ahouandjinou se demanda le 5 février, au Café des Phares®, qu’est-ce que « Se sentir vivant… » et (dans des conditions sonores abominables qu’il faudrait régler), entreprit de nous guider dans cette quête, tel si elle retournait des crêpes ou prenait la tête d’un mouvement libérateur.

L’animatrice commença donc par faire un abrégé de la question envisagée, du genre « qui vit ?, quelle efficacité ?, qu’est-ce que ça implique ?, condition de possibilité, etc. » puis, la salle entra en scène cherchant la distinction entre « anima » et « bios » et exigeant une définition du « vivant » ou allant  jusqu’à « la libération des camps de concentration ou du Goulag », « la résistance à la mort », « la somme interagissante des parties », « le désir qui nous transporte », « l’insoutenable légèreté de l’être ( Kundera)», « le vide », « rendre la vie intense, intéressante », « à l’aide de l’art, la religion, la philo, l’amour, la politique », « sentir battre son cœur », « exister sans s’ennuyer », « vivre à 100/h », « s’arrêter un instant », « l’étincelle de démarrage », « le juste milieu », « l’être au monde », « le deuil, le trou noir, vécu près du brouhaha d’une cour d’école », « un rayon de soleil annonçant la sortie de l’hiver », « ‘bios’, le vivant et violence, c.a.d., se sentir vivant et mourant, la joie et la puissance ( sœur Emmanuelle opposée à Hitler) », « ce qui, de l’ordre de l’existentiel, nous transporte et nous transcende ». Pour finir, Gilles nous gratifia de sa poésie, exhortant l’assemblée à « Mettre un peu d’amour dans la vie ».     

« Amour dans la vie », voilà la considération qui m’a incité à examiner la chose dans un esprit zététique, et pour cause : « Rien de nouveau sous le soleil », proclame le Qohelet ou ’Ecclésiaste’ qui, évoquant le sens de la vie, claironne son corollaire, la mort de tout le monde. Puisque tel serait le lot de chaque vivant, face à cette cruelle absurdité, les Hommes n’ont imaginé, comme agrément de toute existence, que le plaisir de se sentir vivants (« carpe diem »). C’est certainement à la recherche d’autres alternatives encore que, comme il est de la connaissance de tous, la nécessité de l’« étant » a un jour forcé le pieux Descartes, fondée sur « son doute méthodologique », a remettre en selle l’« existere » de Saint Thomas et, en en déduisant de sa propre réflexion l’« existence » de celui qui pense, il a proclamé dans la foulée celle de Dieu et du monde aussi.

Tout ça, n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd et cette idée fut traduite plus tard par Heidegger en Da-sein (être là), concept qui est revenu comme un boomerang de nouveau en France, remplaçant chez les intellectuels le vieux mot d’« Existence ». « Se sentir vivant » va donc tellement de soi, que notre question du jour, peut-être parce qu’audacieuse, a du mal à s’asseoir. Il me semble donc absurde de problématiser se sentir sans envisager le vivant, puisque les deux termes se définissent l’un en fonction de l’autre, c’est-à-dire, que se sentir explique la condition de l’animal qui est en vie, car « l’étant se confondant avec ce qu’il est», a la transparence ontologique du « celui qui vit, vit », comme celui qui boit, a conscience de boire. 

Insistant donc sur l’assurance d’être en vie, « se sentir vivant » est en fait une assertion manifestement tautologique, exprimant finalement une émotion qui, insuffisante pour révéler l’Etre, s’empare néanmoins de lui, lors du retour d’une cérémonie funèbre, par exemple, l’être cessant alors de se raconter des histoires et prenant conscience d’Etre-là, « pour la mort ». Il a une durée psychologique qui doit sans cesse « être étée » par l’en-soi, parce que, comme le suggère Lévinas, « on n’est pas, on s’est » ; « on s’est son propre fardeau », ajoute Sartre ou, pour nous arrêter un instant chez Heidegeer, « ‘être dans le monde’ est la condition nécessaire de l’existence humaine » car, n’admettant pas le non-savoir, toute question suppose que l’on sache déjà, c’est-à-dire, puisque les deux termes se définissent, l’un en fonction de l’autre, « Se sentir vivant » ne peut pas susciter d’objection.

Finalement, est-ce la raison qui porte « l’être pour la mort » à « se sentir vivant » ? A l’aide de grands sursauts et autres remous extrêmes, ou avec le concours d’un débordement de soi ?

Dès lors, qu’est-ce que se sentir vivant ? Est-ce bouger ? Casser l’apathie ?

De quelle façon doit-on lire le sens de nous-mêmes, et où trouver les conditions de notre bien-être ? 

Dans l’essence ? Au Loto ? Dans le cannabis ? Dans l’ecstasy ? Dans le saut à l’élastique ?

Comment érailler l’inertie de la mort ? Grâce à l’euphorie ou à la liesse, lorsque l’on a fumé un joint ? L’« Etre pour la mort » aurait-il accès à l’Etant, à la faveur de l’adrénaline dégagée chez lui au moment de se lancer dans le vide à partir du premier viaduc, une action tendant à restituer les impressions éprouvées lors d’une chute libre à la manière du rite initiatique Vanuatu ? Vivre le grand frisson, des convulsions limite et des émotions en vrac, serait-ce « Se sentir vivant » ? Pour l’expérimenter, il nous faudrait sans doute consulter un Guide des folles sensations…

- Tiens, te voilà. Je te croyais mort !!!

- Tu vois, je suis bien vivant !

- Excuse-moi, mais je me fie plus volontiers à celui que me l’a dit.

Carlos

Débat du 29 janvier 2012: « Peut-on dire d’un Homme qu’il n’est pas humain? », animé par Sylvie Petin.

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Posted on 3rd février 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

« Chaque jour étant à lui seul une vie », selon Sénèque, et le premier pas vers la philosophie se traduisant par l’immédiateté, après le « bombastic » rassemblement électoral du PS au Bourget, suivi d’un âpre débat télévisé entre François Hollande, son candidat à l’investiture suprême, et le ministre en charge des Affaires étrangères, envoyé au charbon par l’actuel Président de la République en attendant, ce dimanche 29 janvier 2012, sa propre prestation destinée à annoncer les conclusions de son « sommet de crise » et projets d’avenir liés au « A » dans un esprit de Chancellerie, au Café des Phares®, c’était à Sylvie Petin qu’il advenait le rôle d’additionner nos vies et d’illuminer nos existences, animant le débat « Peut-on dire d’un Homme qu’il n’est pas humain ? », le sujet ayant reçu la majorité des voix dans une confrontation avec trois autres des quatorze propositions.

Il s’agissait là d’une Synecdoque, figure de style qui consiste à prendre la partie pour le tout, c’est-à-dire, le genre pour l’espèce, mais faisons comme si rien n’était et tournons en rond ; ça donne l’impression d’aller loin.

On a qualifié donc la chose de paradoxe, fait référence à la « banalité du mal », une barbarie qui est en nous et s’appliquée à la destruction de l’autre, tout en nous étonnant des figures exceptionnelles qu’illustrent la vie des Hommes, établi la différence entre ceux-là et la machine ou évoqué la musique, la parole, le corps, le cœur, l’esprit, le mondain même, qui serait « un autre », aventure du désir qui, ainsi que les idées, ne se partagerait pas, ou l’idée d’éthique appelant à l’impératif catégorique de Kant, à Levinas, Ricoeur, John Rawls, la place de l’autre, le jeu de dés, l’estime de soi, l’humanisme qui nous vient de la Renaissance, etc., jusqu’à ce que quelqu’un se livre disant que « la philo n’est qu’un bricolage ».

En effet, qui a soutenu qu’un Homme n’est pas humain si, par définition, l’élément « hum- » qui est à l’origine du substantif, fonde également l’adjectif ? Qui a prétendu qu’un Homme n’est pas humain si, par ailleurs, Aristote ajoute qu’il s’agit d’un animal politique ? Qui a affirmé qu’un Homme n’est pas humain, si seul lui, parmi tous les animaux, a un langage qui le relie aux autres, permettant ainsi d’exprimer ses sensations, agréables ou pas, susceptibles d’être dès lors partagées à loisir ?

Voyons, donc ! Bien qu’agressif, on le sait d’expérience, l’Homme jouit de la faculté de joindre l’utile à l’agréable et, passant de la violence à la raison, il entreprit de se concerter dès lors avec ses congénères, afin d’élaborer des règles pratiques pour vivre ensemble et ne pas subir les désagréments de la nature. Il ne naît pas « Homme », il le devient. Du latin « Homo », une acception purement objective, (pas « humus », comme il a été conjecturé), le mot « humain » n’a d’autre intention valorisante que celle attribuée à l’être compréhensif et sensible aux maux d’autrui.

Ainsi, un Homme (mâles et femelles confondus) n’est pas considéré comme un Humain, mais comme un Sauvage, s’il NE PARLE PAS, et des exemples abondent, tels les cas de l’Enfant Mouton d’Irlande (1640), l’Enfant Ours de Lituanie (1669), la Fille d’Orenburg (1717), Peter de Hameln (1724), Victor de l’Aveyron (1790), Amala et Kamala, les Fillettes-louves de l’Inde (1920), Andrej, élevé par un chien de garde dans la région de Altaï (2004), ou Kaspar Hauser, le môme séquestré durant 16 ans en Allemagne (1828) jusqu’à, plus près de nous, 2009, Natacha, une enfant de 5 ans qui aboie parce qu’enfermée avec chiens et chats dans une chambre en Sibérie, et une autre Natascha, Natascha Kampusch, enlevée et séquestrée pendant 3096 jours jusqu’à sa fuite en Août 2006, (avant donc de venir à perdre l’usage de la parole). Folie, violence, ou manque d’humanité ?

Folie, violence, OK. Mais, « manque d’humanité ? » De la part de qui ? De celui qui ne parle pas (dit « sauvage ») ou de celui qui n’a pas les dispositions empathiques qui le distinguent des animaux ? Existe-il une définition de l’Homme, en dehors de ce que sont les Hommes, en vertu de leurs différences ? Peut-on parler de Nature Humaine, du fait que rien de ce qui existe ne peut ne pas avoir de nature, alors que les différences de comportement entre les différents individus peuvent être telles, qu’ils semblent ne rien avoir en commun ? Sous quelle catégorie placer leur violence et leur monstruosité ?

De toute évidence, on ne peut pas envisager quelque chose de semblable au Phares, où les phénomènes sur lesquels nous parlons le plus sont d’ordinaire ceux que l’on maîtrise le moins, car l’événement n’est jamais tout à fait là où les gens croient l’avoir trouvé. Et pour cause ; ne cherchant pas à répondre à la question mais à nouer l’intrigue, la Philo y consiste en de simples allusions, par manque d’adhérence au réel et, giratoire, leur sens s’enroule sans cesse autour du sujet, empêchant l’avènement de quelque chose de sublime tel que l’étonnement.

Etre et ne pas être, est-ce vraiment une vie ?

Carlos