Débat du 29 janvier 2012: « Peut-on dire d’un Homme qu’il n’est pas humain? », animé par Sylvie Petin.

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Posted on 3rd février 2012 by Carlos in Comptes-Rendus

« Chaque jour étant à lui seul une vie », selon Sénèque, et le premier pas vers la philosophie se traduisant par l’immédiateté, après le « bombastic » rassemblement électoral du PS au Bourget, suivi d’un âpre débat télévisé entre François Hollande, son candidat à l’investiture suprême, et le ministre en charge des Affaires étrangères, envoyé au charbon par l’actuel Président de la République en attendant, ce dimanche 29 janvier 2012, sa propre prestation destinée à annoncer les conclusions de son « sommet de crise » et projets d’avenir liés au « A » dans un esprit de Chancellerie, au Café des Phares®, c’était à Sylvie Petin qu’il advenait le rôle d’additionner nos vies et d’illuminer nos existences, animant le débat « Peut-on dire d’un Homme qu’il n’est pas humain ? », le sujet ayant reçu la majorité des voix dans une confrontation avec trois autres des quatorze propositions.

Il s’agissait là d’une Synecdoque, figure de style qui consiste à prendre la partie pour le tout, c’est-à-dire, le genre pour l’espèce, mais faisons comme si rien n’était et tournons en rond ; ça donne l’impression d’aller loin.

On a qualifié donc la chose de paradoxe, fait référence à la « banalité du mal », une barbarie qui est en nous et s’appliquée à la destruction de l’autre, tout en nous étonnant des figures exceptionnelles qu’illustrent la vie des Hommes, établi la différence entre ceux-là et la machine ou évoqué la musique, la parole, le corps, le cœur, l’esprit, le mondain même, qui serait « un autre », aventure du désir qui, ainsi que les idées, ne se partagerait pas, ou l’idée d’éthique appelant à l’impératif catégorique de Kant, à Levinas, Ricoeur, John Rawls, la place de l’autre, le jeu de dés, l’estime de soi, l’humanisme qui nous vient de la Renaissance, etc., jusqu’à ce que quelqu’un se livre disant que « la philo n’est qu’un bricolage ».

En effet, qui a soutenu qu’un Homme n’est pas humain si, par définition, l’élément « hum- » qui est à l’origine du substantif, fonde également l’adjectif ? Qui a prétendu qu’un Homme n’est pas humain si, par ailleurs, Aristote ajoute qu’il s’agit d’un animal politique ? Qui a affirmé qu’un Homme n’est pas humain, si seul lui, parmi tous les animaux, a un langage qui le relie aux autres, permettant ainsi d’exprimer ses sensations, agréables ou pas, susceptibles d’être dès lors partagées à loisir ?

Voyons, donc ! Bien qu’agressif, on le sait d’expérience, l’Homme jouit de la faculté de joindre l’utile à l’agréable et, passant de la violence à la raison, il entreprit de se concerter dès lors avec ses congénères, afin d’élaborer des règles pratiques pour vivre ensemble et ne pas subir les désagréments de la nature. Il ne naît pas « Homme », il le devient. Du latin « Homo », une acception purement objective, (pas « humus », comme il a été conjecturé), le mot « humain » n’a d’autre intention valorisante que celle attribuée à l’être compréhensif et sensible aux maux d’autrui.

Ainsi, un Homme (mâles et femelles confondus) n’est pas considéré comme un Humain, mais comme un Sauvage, s’il NE PARLE PAS, et des exemples abondent, tels les cas de l’Enfant Mouton d’Irlande (1640), l’Enfant Ours de Lituanie (1669), la Fille d’Orenburg (1717), Peter de Hameln (1724), Victor de l’Aveyron (1790), Amala et Kamala, les Fillettes-louves de l’Inde (1920), Andrej, élevé par un chien de garde dans la région de Altaï (2004), ou Kaspar Hauser, le môme séquestré durant 16 ans en Allemagne (1828) jusqu’à, plus près de nous, 2009, Natacha, une enfant de 5 ans qui aboie parce qu’enfermée avec chiens et chats dans une chambre en Sibérie, et une autre Natascha, Natascha Kampusch, enlevée et séquestrée pendant 3096 jours jusqu’à sa fuite en Août 2006, (avant donc de venir à perdre l’usage de la parole). Folie, violence, ou manque d’humanité ?

Folie, violence, OK. Mais, « manque d’humanité ? » De la part de qui ? De celui qui ne parle pas (dit « sauvage ») ou de celui qui n’a pas les dispositions empathiques qui le distinguent des animaux ? Existe-il une définition de l’Homme, en dehors de ce que sont les Hommes, en vertu de leurs différences ? Peut-on parler de Nature Humaine, du fait que rien de ce qui existe ne peut ne pas avoir de nature, alors que les différences de comportement entre les différents individus peuvent être telles, qu’ils semblent ne rien avoir en commun ? Sous quelle catégorie placer leur violence et leur monstruosité ?

De toute évidence, on ne peut pas envisager quelque chose de semblable au Phares, où les phénomènes sur lesquels nous parlons le plus sont d’ordinaire ceux que l’on maîtrise le moins, car l’événement n’est jamais tout à fait là où les gens croient l’avoir trouvé. Et pour cause ; ne cherchant pas à répondre à la question mais à nouer l’intrigue, la Philo y consiste en de simples allusions, par manque d’adhérence au réel et, giratoire, leur sens s’enroule sans cesse autour du sujet, empêchant l’avènement de quelque chose de sublime tel que l’étonnement.

Etre et ne pas être, est-ce vraiment une vie ?

Carlos

 

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  1. Gabriel says:

    On ne peut nier,qu’à priori,le sens commun démontre un optimisme en l’homme puisque son utilisation de l’adjectif « humain » sous-entend que ce qui définit l’homme c’est le fait d’avoir le souci d’autrui, le souci de ses semblables . Quel interlocuteur se permettrait de demander à celui qui juge qu’un individu est « humain  » ce qu’il veut signifier par là , sinon de l’ouverture à autrui, une sincère compréhension ?De même, par opposition,est clairement saisi le sens de l’adjectif « inhumain ». Ainsi, le sens commun , par l’adjectif « humain », essentialise l’homme comme relation d’ouverture à son semblable . Cependant le jugement qui repose sur des faits observés, des témoignages, ne revêt aucun caractère d’universalité . On a déjà vu des personnages qui se sont vus conférer les termes « humain » et « inhumain » selon le point de vue des observateurs, vie privée et vie publique par exemple . D’autre part « avoir le souci de ses semblables  » nous ramène à la question de l’identité et de l’altérité . Celui qui juge considère-t-il autrui comme un autre identique à soi-même ou bien comme un autre différent de lui ?Si une frontière est présente alors l’universalité du jugement est absente .Il ne traduira aucune vérité.
    En conclusion le sens commun peut très bien dire « untel n’est pas humain » puisque pour lui « être humain » , il le dit en synonymie de « a le souci de l’autre », mais la valeur de son jugement tient à sa propre idée de ce qu’il nomme « l’autre ».

    3rd février 2012 at 14 h 24 min

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