Débat du 9 janvier 2011 : « Celui qui aime l’Humanité n’aime pas les Hommes » animé par Gérard Tissier.

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Posted on 6th janvier 2011 by Cremilde in Comptes-Rendus

Janvier. Une fois éteinte l’étoile Spica, partis les Rois Mages et l’enfant de Marie venant d’être circoncis, quoi de 9 ? Le 9, il nous restaient des débris de la galette et qui dit galette dit fève. Et bien, au Café des Phares la légumineuse potagère était assez indigeste ; elle remonterait au XIXème siècle sous forme d’une impérieuse invective : « Celui qui aime l’Humanité n’aime pas les Hommes », indûment attribuée à Dostoïevski, mais l’animateur, Gérard Tissier, l’a prise sous son bonnet pour en faire le sujet de notre débat.

Ce n’était pas crédible, en raison de l’incohérence, l’humanité n’étant rien d’autre que l’ensemble des Hommes, des êtres humains qu’entre autres, il est vrai, le rire caractérise. Ainsi, les rois, qui n’étaient pas encore bien loin, se sont retournés sur la bosse de leur chameaux, puis, frappant avec l’index sur la tempe, ont poursuivi leur voyage rigolant et se disant qu’il devait s’agir d’une dispute oiseuse, basée sur la parricide lubie des « Frères Karamazov » portant à croire que le Divin se serait trompé sur la nature humaine, rendant du coup abominables les Hommes qui auraient la velléité d’aimer l’humanité, ainsi que la liberté, et jouiraient même d’un plus grand bonheur sans elle, alors que le russe insistait sur un espoir de rédemption pour eux.

Enfin. Dostoïevski ayant réellement avoué : « Plus j’aime l’humanité en général, moins j’aime les gens en particulier, comme individus », ce qui est bien différent de l’objet sur lequel nous nous sommes attardés, je suis porté à croire que le but de l’opération était de parler de la marotte de quelques-uns, l’AMOUR, fut-il maternel, tout le monde chantant qu’il en « a deux », et « avec lequel on ne badine pas », puisque l’on a évoqué d’entrée de jeu « le contact charnel par rapport à un lien abstrait » et même « la haine qui nous excite elle aussi, l’Homme n’étant qu’un prédateur parmi d’autres ».

Or, l’intéressant aurait été plutôt le décorticage, comme fait, idéal et idée, du concept d’Humanité (en opposition à celui d’animalité ainsi que d’inhumanité), dans ses dimensions biologiques, morales et métaphysiques allant du « sapiens-sapiens » jusqu’aux humains encore à venir, en conformité avec le plan pré déterminé de la nature et de l’espèce accomplie, voire parfaite, « non bis in idem » (pas deux fois la même chose).

Mais point du tout. Et nous voilà donc partis sur l’Amour. Lequel ? « Eros » ? La concupiscence ? Non. Celui-là est celui dont Socrate se disait être grand connaisseur. « Agapè » ? L’amour oblatif ? Non. Celui-là est celui du Christ pour son Père. « Philia » ?  Apprendre aux parvenus comment se tenir dans la vie » (Cioran), alors que « le souverain bien » est l’expression du désir de l’ensemble des humains, abstraction faite de toute appartenance religieuse, politique ou idéologique ? Va savoir, si l’on part du principe que « l’amour est déterminé par un certain choix » et que « l’Humanité est un risque » en acte pour les Hommes…

Et pourtant, il semblerait d’après des gens sensés que, comme il se passe avec un arbre tout simplement, l’avenir de l’Humanité repose sur l’intelligence collective qui s’accroît de façon exponentielle au profit du QI des individus. Or, le côté tragique du verdict en exergue attribué à Dostoïevski inverserait la problématique, négligeant une réflexion sur « les gens en général ou en particulier » au bénéfice d’une prosaïque question d’aaaamour qui a finalement transformé notre débat en un saugrenu remue-méninges.

Un arbre, pris pour juge dans la fable de La Fontaine « L’homme et la couleuvre », s’en sort avec la remarque suivante : « Si quelqu’un desserre les dents, c’est un sot, j’en conviens mais, que faut-il faire ? Parler de loin ou bien se taire. »

Carlos Gravito

13 Comments
  1. GEORGES TAHAR says:

    DU DEBAT PHILOSOPHIQUE

    Carlos, comme à son habitude, a, une fois de plus, bien résumé l’essentiel du débat de Dimanche sur le sujet de la phrase de Dostoievski…ou est-elle de J.J. Rousseau ?

    Pour ma part, je voudrais soulever un aspect du débat qui m’a interpellé. C’est la contradiction fréquente entre l’affirmation du caractère philosophique promis par ces débats philo et les déclarations étonnantes faites par certains dans leurs interventions. Le caractère philosophique, à mon sens, serait le fait que chacun de nous, dans ses interventions, fait un effort de réflexion pour extirper de ses affirmations les préjugés, les parti-pris, les a-priori, les approximations, les raccourcis, en un mot « toute la doxa » qui nous habite ; cela donc nous force à être conscient de nos paroles et des messages dont elles sont porteuses, ou, comme dit avec bon sens le proverbe, de réfléchir avant… de parler, d’interroger ce qu’on va dire avant de le dire !

    Quand j’entends : « Je crois profondément que tous les humains sont coupables d’un péché originel », j’hallucine ! Il y a là l’expression d’une croyance (ce qui est déjà quelque chose d’anti-philosophique) et une déclaration qui inclut, sans leur demander leur avis, TOUS LES HUMAINS ! Désolé, Monsieur, je ne me sens coupable de rien, je ne connais aucun péché originel et je me retiens d’appeler votre déclaration une connerie.

    Quand j’entends : « Dom Juan était homosexuel. Il essayait de retrouver dans toutes les femmes l’image de sa mère, etc…etc… » , je me dis « Misères de la psychanalyse ! » Affirmer tranquillement comme un fait établi une ridicule interprétation à la Freud du personnage de Dom Juan, quelle incroyable abus de pouvoir ! J’ai presqu’envie de voter Michel ONFRAY.

    Quand j’entends : « Quand on n’aime pas tous les hommes, c’est qu’on ne s’aime pas soi-même. », je trouve pitoyable ce genre de raccourci fait pour attirer les applaudissements ! Ainsi donc parce qu’on n’aime pas Bush (le père comme le fils) on ne s’aime pas ! Toutes les caractéristiques des Brèves de Comptoir se trouvent dans cette réflexion !

    Quand j’entends : « Quand on n’aimes pas tous les hommes, c’est comme cela que l’on est seul » je vois qu’on règle d’une pichenette le problème de quatre millions de Français (oui, c’est le nombre avancé récemment dans un documentaire), et cela, dans un esprit de compréhension de l’autre et d’amour du prochain qui illustre parfaitement le propos énoncé.

    Allons, faisons preuve d’un peu d’amour envers nos collègues du Dimanche et tout ira mieux dans les prochains débats !

    6th janvier 2011 at 14 h 11 min

  2. Gunter Gorhan says:

    Ne pas penser avant d’écrire n’est-ce pas encore plus critiquable que lorsqu’il s’agit de la parole, de l’oralité ?

    L’écriture a cet avantage de pouvoir prendre de la distance par rapport à l’oralité (des Phares) plus spontanée. Et encore, l’idée qu’on puisse dire ou même écrire qu’en se maîtrisant parfaitement, dans une transparence absolue à soi-même, n’est-ce pas un préjugé méthodique plus grave que les autres, concernant tel ou tel contenu ?

    Pourquoi ?

    Parce que le préjugeant quant au contenu peut éventuellement prendre conscience de sa tâche aveugle (que nous avons tous). Le transparent de principe ne peut y accéder, c’est du chinois pour lui, ce sont les affabulations d’un Freud et cie. Or tous ceux qu’on appelle les philosophes du soupçon, à savoir Nietzsche, Marx et Freud, ont mis en cause le cogito cartésien, transparent à lui-même, sans préjugés. Mais ces philosophes ont probablement dit des conneries, comme celui qui a évoqué le péché originel.

    Or, la plupart des spiritualités évoquent l’existence d’une dette ou d’une culpabilité (le même mot en allemand, « Schuld ») inhérente au fait d’être homme (au sens d’humain, faut-il vraiment le répéter à chaque fois ?), bien avant la psychanalyse.

    Et Freud, contrairement aux élucubrations onfrayennes, a toujours dit, qu’il n’a rien inventé et que les mythes, contes, poètes et philosophes l’ont dit bien avant lui, qu’il a seulement thématisé plus rigoureusement ce qui échappe à notre inconscient – sauf, pardon, à celui de Georges à qui rien n’échappe.

    Certains tirent leur gourdin, c’est-à-dire le bon sens de l’homme de la rue que moi aussi je suis, quand on évoque l’esprit, la vie de l’esprit, des valeurs spirituelles. N’existe vraiment, selon eux, que ce qu’on peut peser, compter, toucher, manger ou boire. Ca, c’est du concret immédiatement accessible au « bon sens » du factologue, du fait-ichiste qui confond l’imaginaire social-historique fécond et proprement humain (Castoriadis) avec des rêveries stériles, au mieux et des utopies dangereuses, totalitaires, au pire.

    Selon l’hindouisme, cité favorablement par Christian Godin, autre imbécile qui dit des conneries : « L’homme naît dette ». Je rappelle que la culpabilité et la dette sont étroitement liées. Refuser cette dette provoque en général un sentiment de culpabilité. Mais l’hédoniste post-moderne, pour pouvoir jouir en toute paix et tranquillité, doit chasser ce sentiment inconfortable ; il est foncièrement créancier de la Vie, c’est-à-dire foncièrement infantile : le sentiment de dette (symbolique, c’est-à-dire envers la vie qui m’a été donné) présuppose, en effet, une certaine maturité que TOUS les humains sont CAPABLES d’atteindre ; ce n’est pas parce que certains n’y arrivent pas, restent des enfants –c’est quand-même moins injurieux que les « conneries » – qu’on n’est pas en droit d’universaliser et extrapoler à toute l’humanité. Qu’a fait Kant, un imbécile notoire de plus, d’autre en attribuant à tout humain la capacité de se conformer à l’impératif catégorique ?

    C’est vrai, il aurait peut-être fallu, au cours de nos échanges, préciser qu’il convient de distinguer « philosophiquement » entre l’humain « transcendantal » (ce dont il est capable, ce qui correspond à sa vraie nature) et l’humain empirique, tel qu’il existe réellement, objet des sciences humaines, qui étudient les hommes comme des choses physiques, mesurables et prévisibles car closes sur elles-mêmes.

    Or, » l’homme est un animal métaphysique » (Schopenhauer), ouvert sur l’infini, infiniment perfectible, sinon il ne ferait pas de la philosophie ; il se contenterait d’affiner ses capacités d’adaptation et de survie ; il ne ferait que penser au lieu, aussi, parfois, de réfléchir.

    En plus, un père de l’Eglise, je crois Tertullien, je n’en suis pas sûr, repris par d’autres (très bon livre de François Flahaut sur ce sujet), a parlé du « heureux péché » qui nous (pardon, à certains, pas à tous) a permis de sortir de l’innocence animale par la discrimination entre le Bien et le Mal (encore une fois, la plupart des mythes, légendes, etc. rejoignent sur ce point la Bible). Certains postmodernes, Nietzschéens de sous-préfecture, dépourvus à la fois de tout sentiment de culpabilité et de dette symbolique, aimeraient tant retourner à ce stade préhumain : dès qu’on fait allusion à une appréciation, un jugement éthiques, c’est le branlebas de combat : pas de morale, pas d’éthique, on veut rester des enfants/animaux innocents, qui ne font que la différence entre le Bon (iam, iam) et le Mauvais (beehh), pas entre le Bien et le Mal qui pourrait s’y opposer et empêcher le plaisir!

    Don Juan était, en effet un homosexuel refoulé qui n’aimait pas les femmes, à moins qu’on soutienne que le chasseur aime le gibier qu’il tue. Contrairement à Casanova qui aimait vraiment les femmes ; il paraît en effet que les mères honorées par lui le recommandaient à leurs filles et sœurs, et réciproquement. A méditer !

    Une autre erreur, due peut-être au fait que tout ne peut être éclairci au cours du lapse de temps imparti : « Aimer l’humanité » ne veut pas dire aimer tous les hommes, mais avoir un préjugé, un a priori favorable envers nos congénères ; à juger d’après l’intervention péremptoire de Georges, celui-ci fait partie de ceux qui ont un préjugé défavorable, comme l’auteur de cette phrase (il est connu, j’ai oublié) : « celui qui n’aime ni les enfants ni les chiens ne peut être totalement mauvais ». Encore deux livres d’imbéciles notoires sur ce sujet : Nancy Huston : « Les professeurs de désespoir » et B. Stiegler : « Aimer, s’aimer, nous aimer », précédé par ce crétin de Socrate qui a osé dire cette connerie : « Personne n’est méchant volontairement ».

    Considérer Bush et consorts, « les méchants », comme des victimes, car au fond tout être humain, n’aspire qu’à aimer et à être aimé, est-ce vraiment si bête ? Le Christ et Marx n’ont d’ailleurs pas dit autre chose, sauf que Marx a remplacé le diable (dont sont victimes les « méchants ») par un certain système socio-économique qui ne peut survivre qu’en conditionnant, à partir du plus jeune âge, pour l’envie, la rivalité, l’avidité, l’instrumentalisation d’autrui et du monde.

    Dernière connerie, de qui finalement ? : La solitude est une nécessité vitale, de repli régulier, de réflexion sur soi et le monde, à ne pas confondre avec l’isolement et encore moins avec la désolation. Est isolé celui/celle qui n’est plus relié(e) à rien, ni aux autres ni au monde, qui n’a plus de religion – qu’elle quelle soit- ou plus précisément, plus de foi.

    Il faut rappeler à ces Nietzschéens de sous-préfecture que Nietzsche lui-même n’a fait mourir Dieu que pour le remplacer par d’autres dieux, il a fait désespérément appel au divin en l’homme lui-même, au Surhomme. Il ne voyait autour de lui que des derniers hommes qui « ne cherchent qu’à être heureux, en clignant des yeux », ce qui veut dire qu’ils se comprennent entre eux à demi-mot : Nous ne rêvons plus, nous sommes devenus enfin réalistes, plus d’idéaux auxquels aspirer, rien à transcender, rien à dépasser !

    Zarathoustra/Nietzsche essaie de les réveiller : « Vous avez encore assez de chaos en vous pour accoucher d’une étoile qui danse ! » En vain, le dernier homme ne comprend plus : que veut dire étoile ? Il veut de l’ordre, de la sécurité, « des petits plaisirs pour le jour et des petits plaisirs pour la nuit, sinon ça gâte l’estomac ».

    Pauvre Nietzsche, on comprend qu’il ait perdu la Raison ; il a tout de même continué à improviser sur son piano en déclamant des vers incompréhensibles – pour ses contemporains ! Qui sait ?

    Que ferait-il en lisant certains livres (je pense, bien sûr, à Onfray) ou s’il lisait certains commentaires sur ce site ? Il mettrait, probablement, immédiatement fin à ses jours…

    Je considère mon ton inhabituellement violent, j’en conviens, comme réaction à celui de Georges.

    Pour finir, deux précisions :

    -Tout ce que je dis n’a aucune autorité particulière, aucun philosophe n’est irréfutable, chacun est libre (contrairement à tous les autres savoirs) d’y adhérer ou pas. Il n’y a pas d’expertise en philosophie. Mais je ne vais pas à chaque fois répéter : à mon avis, je pense que, il semble que, etc.

    - Je préfère un vrai conflit à une fausse paix, les vraies solidarités ne se forgent qu’à travers des conflits traversés ensemble.

    Encore ceci : personnellement, j’ai trouvé nos échanges de dimanche dernier particulièrement riches, non seulement en ce qui concerne le contenu (ce serait trop long d’en faire part maintenant) mais aussi en ce qui concerne le nombre de prises de parole – dont plus de jeunes et de nouveaux que d’habitude !

    Quant au contenu, nous aurions pu exploiter davantage la polysémie du mot « humanité » – suspendue entre l’animalité (fermée sur son besoin d’auto-conservation) et la divinité (ouverte sur le désir de dépassement/transcendance) et qui constitue, à la fois, sa grandeur et sa misère et l’oblige à « philosopher » ; « Quaestio mihi factus sum » (Je suis devenu pour moi-même une question) a écrit St. Augustin, ni l’animal ni Dieu ou les dieux ne se posent cette question, formulée par mon ami Yannis Youlountas, philosophe et poète tarnais : « L’humanité est une question à laquelle chaque être humain est une réponse ». Certes, il y a en a qui ne se posent pas (encore ?) cette question, mais ils en sont, « par nature », capables…

    Ne désespérons pas en ce début d’année 2011!

    Gunter

    6th janvier 2011 at 11 h 27 min

  3. GEORGES TAHAR says:

    Cher Gunter,
    Enfin un ton « inhabituellement violent » comme tu dis mais « direct et franc » tel que je le vois. Comme toi, « je préfère un vrai conflit à une fausse paix, les vraies solidarités ne se forgent qu’à travers des conflits traversés ensemble. » Tant que nous restons sur le plan de la discussion des idées, je crois que ce ton-là s’impose et qu’il faut appeler un chat un chat!

    C’est là où, pour moi, le bât blesse.
    Car d’abord, tu as introduit l’ironie et tu me sers du « ces philosophes ont probablement dit des conneries », du « élucubrations onfrayennes », du « ce qui échappe à notre inconscient – sauf, pardon, à celui de Georges à qui rien n’échappe. » du « ces Nietzschéens de sous-préfecture » et je pourrais citer beaucoup plus d’exemples dans ton commentaire. Dans nos discussions précédentes, tu as toujours manifesté du dégout pour l’ironie facile comme les exemples que je donne ci-dessus.
    Ensuite, dans ton texte difficilement accessible pour moi, tu invoques Nietzsche, Marx, Freud, Schopenhauer, Saint-Augustin, Yannis Youlountas, Castoriadis, Christian Godin à ta rescousse! Je n’ai jamais mentionné aucun de ces noms ni aucun autre de philosophe sauf Michel Onfray parce que ce que j’exprime vient de mes tripes, après avoir fait quelques lectures. Ton livre de citations est remarquable, je le savais, mais sortir des citations à tout bout de champs, ne penses tu pas que cela correspond à quelque chose de spécial –il l’a dir, donc c’est vrai — et finit par lasser? Je n’ai fait aucune citation dans mon commentaire sauf sur ce que j’ai entendu dans le débat.
    Enfin mon cher Gunter pourquoi parler de très haut pour me répondre avec des phrases qui frisent l’incompréhensible. Pourquoi faudrait-il passer deux jours en lecture et relectures de ton commentaire pour en tirer l’esence de ton message?
    Des exemples?En voici:

    « Ne pas penser avant d’écrire n’est-ce pas encore plus critiquable que lorsqu’il s’agit de la parole, de l’oralité ? » Quésaco? Tu veux dire que je n’ai pas pensé avant de faire mon commentaire?Dis-le donc sans périphrase
    D’autre part, qu’en sais-tu Gunter?Pour ton information, J’ai remis cent fois sur le métier mon commentaire, j’ai ajouté et retranché, j’ai essayé de me mettre dans la peau de ceux qui ont dit ce que j’ai relevé (car tu n’es pas le seul cité). Est-ce une insulte ou un procés d’opinion que tu fais là? Je dirais qu’à mon avis, ton commentaire est trop pensé, ce qui n’est pas forcément un mal mais demande du temps pour être accédé.

    « Or, la plupart des spiritualités évoquent l’existence d’une dette ou d’une culpabilité (le même mot en allemand, « Schuld ») inhérente au fait d’être homme (au sens d’humain, faut-il vraiment le répéter à chaque fois ?) ». Je ne connais pas l’allemand et je ne peux donc pas apprécier toute la beauté du mot Schuld. Peux-tu redire la même chose en mots plus simples et plus compréhensibles?

    « Certains tirent leur gourdin, c’est-à-dire le bon sens de l’homme de la rue que moi aussi je suis, quand on évoque l’esprit, la vie de l’esprit, des valeurs spirituelles. N’existe vraiment, selon eux, que ce qu’on peut peser, compter, toucher, manger ou boire. Ca, c’est du concret immédiatement accessible au « bon sens » du factologue, du fait-ichiste qui confond l’imaginaire social-historique fécond et proprement humain (Castoriadis) avec des rêveries stériles, au mieux et des utopies dangereuses, totalitaires, au pire.  » Peux-tu me dire ce qu’est l’imaginaire socio-historique?un factologue? Non, non je t’assure que certains textes de philosophie que j’ai lus non seulement « existent » mais en plus sont d’une beauté étonnante. Mais comme dit Pascal (ce sera ma seule citation) « la vraie philosophie se moque de la philosophie ».

    En conclusion, Gunter, et parce que
    d’une part je suis à la veille d’un voyage et que
    d’autre part je ne voudrais pas lasser nos lecteurs par un texte trop long,
    Je souhaite que tu voyes dans mon commentaire les réactions d’un apprenti philosophe qui n’est pas du sérail, d’un apprenti philosophe qui exprime ses réactions et ses réflexions sur ce qu’il voit et entend tous les dimanche et j’espère que tu ne souhaites pas étouffer la voix de ceux qui sont dans mon cas.
    Georges

    6th janvier 2011 at 19 h 29 min

  4. Elke Mallem says:

    De lire « j’ai trouvé nos échanges de dimanche dernier particulièrement riches…» me fait regretter encore plus mon absence ce mois-ci des discussions du dimanche au café des Phares.
    Violent, votre réaction à George ? Non, confrontant. Là ou il y a des mots, il n’y a plus de violence. George peut réagir à vos écrits comme vous avez réagi aux siens. Pour ma part, j’ai trouvé, en lisant ce post, un peu d’apaisement après une joute épistolaire sur l’autre cite ou la discussion s’est enlisée au sujet d’une critique se rapportant à un petit texte de Nietzsche. J’ai du heurter quelques sensibilités pour engendrer un tel ras de marées… De lire de votre plume « aucun philosophe n’est irréfutable » me rassure. Même les plus grands penseurs sont humains. Vous faites très bien d’insister, comme Daniel ailleurs, sur le contexte historique de cet illustre personnage qu’était Nietzsche. On gagne toujours à considérer le contexte pour mieux comprendre. Puisque vous évoquez Freud : jamais, lui-même n’a considéré sa pensée infaillible. Pour ce qui concerne Nietzsche, je suis en train de relire « Ainsi parla Zarathoustra » avec un regard nouveau. J’y trouve du granit et du feu… Il en a fallu des bombes pour en venir à bout… Qu’avons-nous construit depuis ? Spontanément, j’ai envie de dire : des châteaux de cartes. La génération post-68 a été vraiment une bande de fêtards qui laisse aux générations émergeantes un tas de dettes et d’ordures. A présent, nous ne pouvons plus penser par « menace d’une nation par une autre », mais nous apprenons justement à penser « menace pour l’humanité ». Mais la génération papy boom a aussi laissé du bon. Les avancées des sciences de la vie, par exemple. Pouvoir considérer la plasticité du cerveau, faire la distinction entre « penser » (peser : peser pour/contre, pondérer…) et « réfléchir » (contenant la notion de «flèche », mais aussi de « reflet »). Cet organe formidable qu’est le cerveau humain : je suis reconnaissantes aux hommes qui ont su et qui continuent à déchiffrer son histoire onto- et phylogénétique. Nous vivons un « moment » particulièrement heureux de l’histoire des sciences: la rencontre des neurosciences avec S. Freud dont certaines théories peuvent être considérées « scientifiquement » validées. Pas toutes ses théories. Ce qui n’enlève rien à son envergure historique !
    En ce qui concerne plus précisément le sujet : La place des mythes dans l’émergence de l’humanité et plus particulièrement dans l’organisation des collectifs et de la cohésion sociale est tout à fait intéressante. La thématisation de la « chute » me paraît un thème central dans la civilisation judéo-chrétienne (qui, selon un homme rencontré au cours d’une soirée lecture de littérature juive, devrait s’appeler roméo-chrétienne puisqu’elle n’aurait rien de judaïque…). Cette culpabilité a été renforcée par le mouvement de la contre-réforme à un niveau rarement égalé. Je trouve intéressant l’idée de Sloterdijk de mettre en lien le mouvement de l’expansion unilatéral occidentale avec un besoin de « chercher son propre salut en l’apportant aux autres… », Peut-être pour soulager justement une culpabilité devenue insupportable. La culpabilité peut mener vers un altruisme excessif qui ne laisse plus la place à l’autre qu’on voudrait forcer d’être ce qu’on n’arrive pas à être soi-même. Dans ce sens, je peux comprendre cette citation de Dostoïevski (contemporain de Nietzsche d’ailleurs !) : faire le bien à son voisin (manifester son amour) empêche ce même voisin de faire le bien, car sans méchants, pas de bons! Or, nous avons moins besoin de « bons » et de « méchants » que de bras et de têtes pour penser et faire ce qu’il faut faire pour nourrir, protéger et éduquer ce qui représentera l’humanité de demain, chacun à sa mesure. La question que je me pose alors : est-ce qu’on peut changer le mythe fondateur d’une civilisation ? Cette question de la culpabilité et de la dette est une question intéressante à creuser. Dans « dette », j’entends « don ». Je peux me mettre dans une chaîne de transmission. Le don de mes ancêtres, j’en suis « redevable » et je m’en acquitte en le transmettant à notre « descendance ». Le don premier, la vie. Puis tout le reste : savoir, expérience… Dans l’idée de la chute, de la culpabilité, il y a quelque chose du « fardeau » qu’on doit porter malgré soi. Cela éloigne de la « joie » de vivre. L’hédonisme excessif de la génération mai 68 était peut-être une tentative de rompre avec ce mythe? Trouverons-nous un nouveau « mythe » ? J’ai l’intuition qu’il est en train de s’élaborer dans des espaces comme le café des phares, mais aussi dans la pratique de la culture hip hop comme le « Slam ». Certaines naissances ont besoin d’un espace sécurisé pour se déployer, et il s’agit de savoir préserver la parole qui précède et accompagne la pensée même et surtout si elle est balbutiante. Comme vous, je salue la présence des jeunes : l’échange entre plusieurs générations est particulièrement stimulant.

    6th janvier 2011 at 8 h 48 min

  5. ROCA Gilles says:

    « Celui qui Aime L’humanité n’Aime pas Les’ hommes », J J Rousseau,
    Dostoïevski, Gérard T,

    L’humanité …
    rêvée,
    L’homme …
    réalité,
    quand L’homme deviendra, ce qu’il n’est pas, humain,
    humanisé, L’humaine’ humanité sera réalisée … sera Le genre’ humain !,
    sauvée, demain, À naître’, … À être’, … Au monde’,
    et, en beauté, « La beauté sauvera Le monde »,
    Dostoïevski, La beauté de L’humain, de La femme, homme, humain,
    en Lien,
    d’humanité,
    d’une amitié …
    qui Vient,
    concrète … corps – esprit, qui naît …
    intime’, universalité, charnel(le), spirituel(le), Lien d’Amour d’Amitié,
    de … L’Esprit, Incarné,
    de L’homme’, en …fin, humain,
    de part en part, … humanité,
    tout, de L’Amour, humain,
    « Vingt fois, sur L’Amitié … »
    un métier … quel chantier !
    L’un Vers L’Autre’, étrange’…et différent, Le chemin …
    « Chemin, de moi À moi, chemin de moi À toi, de toi À moi, de moi
    À chaque’…une’, À chaque’…un,
    de chaque’…une … chaque’…un,
    hors de sa « chacunière », œillères’ en’ ornière’, À moi … »
    Jean Cardonnel – J C,
    « L’humanité, ce beau nom, ce beau don, féeminin, singulier,
    des’ êtres’ À Li-er,
    du couchant’ Au Levant, femmes’ hommes’ enfants, des peuples’ Au pluriel,
    êtres, humains, pluri-Ailes,
    EnVol d’humanité »,
    J C – G R, du FiliAgapÉros’,
    jusques’ Au Thanatos’,
    Aimer L’humanité,
    tout’ homme’, et tous Les’ hommes, tout L’homme, humanité … Gilles Roca,

    Cas-fée-Philo des nés-nus-Phares, 9’ janvier 2011’, en ces-jours de Nivôse’,
    en’ humanité, d’hommes de femmes phares, on s’ fout de L’homme’ qui ose, G R

    6th janvier 2011 at 10 h 24 min

  6. Elke Mallem says:

    La réaction de Carlos à la contribution de Gunter m’a obligée de relire et relire nos textes puisque un même stimulus a généré une réaction très différente. C’est ce que je trouve toujours très intéressant.
    Premier constat : l’effet et l’intention d’une communication ne sont jamais superposable. Deuxième constat : l’intention n’est jamais totalement exempte d’une banale préservation de soi. Il y a quelque chose d’une « défense des classes » dans nos textes. Citer des auteurs a effectivement du sens uniquement si l’auteur est connu par tous les interlocuteurs. En général, il est cité en référence d’un concept dont il était auteur ce qui donne un « raccourci » dans la discussion qui devient du « charabia » pour ceux qui ne connaissent pas ces concepts et théorisations. Il était bon de lire l’affirmation de soi de Carlos qui revendique qu’on respecte sa « capacité de penser » même s’il n’utilise pas les mêmes outils qu’un « intellectuel ». Ce qui est intéressant : Gunter et Carlos défendent la même chose, la liberté de penser « autrement ».
    Dernier constat : en relisant, j’ai remarqué une erreur intéressante de ma part : Gunter a parlé des « philosophe du soupçon » et je l’avais trop rapidement lu en « philosophe du doute », ce qui n’est pas la même chose du tout. Et cela m’éclaire sur ma « résistance » de lire ces auteurs. Le doute me parle de l’humanité et la confiance d’un avenir possible. Le soupçon me parle de la méfiance de l’homme vis-à-vis de l’homme et d’un avenir devenu impossible puisque l’homme est un animal grégaire et ne survivra seul et isolé. Et si j’approfondis cette chaîne d’argumentation, je serais tentée de réfuter l’affirmation de Dostoïevski (est-elle de lui ou non ?). Seulement si j’accepte l’homme dans sa vulnérabilité et imperfection constitutionnelles, que je décide « qu’il vaut le coup », je peux m’engager dans le travail « pour » une humanité qui dépasse le largement en engagement le travail « pour soi ».

    6th janvier 2011 at 8 h 51 min

  7. Nadia salah says:

    Dans la « foire aux cancres », il est écrit que les trois grandes époques de l’humanité sont l’âge de la pierre, l’âge du bronze et l’âge de la retraite.
    Trêve de plaisanterie !!!
    Essayons d’être un peu sérieux.
    L’humanité existe parce que nous y croyons.! Sans cette croyance , nous ne serions que des animaux sans aucune grâce, sans aspiration aucune à toute élévation de l’esprit et de l’âme. Croire en l’humanité, c’est donner à l’homme cette aspiration au dépassement, susciter son intérêt pour toutes les formes de la création. C’est en quelque sorte faire un choix éthique en pariant sur ses potentialités.
    L’homme, d’une certaine façon, s’invente en créant les conditions de sa métamorphose .
    Il est en instance ! Il est en devenir humain ! Je pense à cette réflexion d’Einstein lorsqu’il nous dit que le nationalisme est une maladie infantile de l’humanité. Il le compare à la rougeole. Il en est probablement ainsi de l’être humain.
    En affirmant que « celui qui aime l’humanité n’aime pas les hommes », Dostoïevsky consacre son mépris, peut être même son dégoût pour la faiblesse et la bassesse humaine et par la même il condamne la part enfouie d’humanité qu’il y a en chaque homme.
    Qu’en est-il donc de l’amour de l’humanité et/ ou des êtres en devenir humain ?
    J’affirme que Rien ne peut advenir sans amour. C’est pourquoi, si nous aimons l’humanité , on n’a pas d’autre choix que d’aimer les hommes sinon , je crois qu’il faut renoncer à toute enchantement ou réenchantement du monde , à l’idée même d’humanité.
    Bonne soirée à tous Amitiés Nadi

    6th janvier 2011 at 23 h 00 min

  8. Carlos says:

    Cette accusation idiote: « Ceux qui aiment l’Humanité n’aiment pas les Hommes » n’est pas de l’auteur de « L’Idiot ». C’est un pur produit « Café Philo », un battement d’ailes…

    6th janvier 2011 at 19 h 38 min

  9. Gunter Gorhan says:

    Rien n’est peut-être plus gracieux et efficace, mon cher Carlos, qu’un vol de papillon.
    Sa grâce légère me fait d’ailleurs penser à ce qu’il y a de plus précieux, pour moi, dans ce que tu écris. Son efficacité (à long terme), je l’associe au fameux « effet de papillon » ; pourquoi ne pas l’extrapoler de la nature à l’aventure humaine entière ?
    D’une aventure dont font partie nos efforts, certes souvent maladroits et peu gracieux, d’amateurs, c’est-à-dire d’amoureux de la philosophie, le dimanche matin aux Phares depuis bientôt vingt ans, sans interruption…

    6th janvier 2011 at 15 h 47 min

  10. Gunter Gorhan says:

    La phrase de Rousseau à laquelle il avait été fait allusion : « Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher au loin des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares pour être dispensé d’aimer son voisin. »
    Elle ne signifie pas exactement la même chose que celle attribuée à Dostoïevski, à tort ou à raison, peu importe : nous considérons les citations sans droits d’auteur, en tant que paroles nous interpellant hic et nunc, ici et maintenant.
    Une autre citation entendue sur France Culture : « Etre humain c’est reconnaître chaque singularité comme expression de l’universel en attente; est inhumain tout ce qui en est insoucieux »
    (Nicolas Grimaldi)

    6th janvier 2011 at 19 h 08 min

  11. Gunter Gorhan says:

    Réponse (trop) tardive à Georges : sois assuré que je ne veux exclure personne de nos rencontres dominicales, aurai-je d’ailleurs le pouvoir ? Je demanderais l’exclusion aux patrons du café uniquement en cas de violation de la loi. Je ne vois pas d’autre raison valable, sans tomber dans l’arbitraire.
    Il est vrai, je me suis laissé aller, je me suis pour ainsi dire lâché – je le fais rarement – mais je pense avoir respecté la règle non-écrite : pas d’attaque ou d’agression personnelles ouvertes, directes !
    Peut-être aussi, en France maintenant depuis plus de 40 ans, je finis par être contaminé par le sport national français, qu’est l’ironie.
    C’était d’ailleurs le thème principal du dernier dîner philo à Ivry : comment distinguer l’humour (par définition bienveillant, créateur de liens) de l’ironie (par nature malveillant, destructrice de liens) ? Tout le monde n’était pas d’accord avec ces définitions. A suivre, mais je t’attends aux Phares, dès ton retour, comme d’habitude…

    6th janvier 2011 at 17 h 19 min

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    6th janvier 2011 at 12 h 07 min

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    Tinney, W. F., Walker, J. W. (1967). Direct solutions of sparse network equations by optimally ordered triangular factorizations. Proceedings of the IEEE, 55, 1801 1809.锘縯ermine pattuito

    6th janvier 2011 at 12 h 09 min

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